XXVI
Hanae frappa doucement à la porte de la suite de Clotilde et Éric.
Presque aussitôt, une lumière apparut à ses pieds, et des bruits de pas distincts se firent vite entendre.
La porte s'ouvrit dans un grincement et laissa apparaître Clotilde en robe de nuit.
À la vue de Yuna inconsciente, elle blêmit :
- Oh non... Encore ?!
Telio afficha un petit sourire d'excuse et entra rapidement dans la pièce, suivi d'Hanae. Il allongea Yuna sur le canapé et laissa Clotilde s'approcher de la jeune fille.
La vieille femme attrapa son poignet et posa une main sur son front, avant de se tourner vers les deux adolescents immobiles dans la terre :
- Qu'est-ce qu'il lui est arrivé cette fois-ci ?
- Elle a reçu un appel de sa mère, commença Telio. Je ne sais pas ce qu'elle lui a dit, mais Yuu a commencé à hurler et à se tenir le crâne.
- Puis elle est allée vomir dans l'herbe, continua Hanae avec une moue dégoûtée.
- Elle a relâché une grande quantité de magie avant qu'un homme m'aide à la calmer... Après ça, elle s'est évanouie et je suis immédiatement venu te voir.
Clotilde acquiesça.
- Surplus d'informations, annonça-t-elle après un moment.
- Comment ça ? Demanda Hanae.
- Je ne sais pas de quoi sa mère lui a parlé mais visiblement ça a fait surgir en elle une grande quantité d'informations comme des souvenirs, des sensations, des images. Tiens, Telio, est-ce que tu connais le numéro de téléphone de Jade ?
- Jade.... La fiancée de Yoris ?
- Elle même.
- Dans ce cas oui, je l'ai. Tu veux que je l'appelle ?
- Effectivement ! Tu déduis vite. Son aide pourrait m'être précieuse.
Telio se recula dans la pièce pour passer son appel et revint après quelques secondes en annonçant que Jade allait très vite arriver.
Entre temps, Clotilde lui posa d'autres questions concernant Yuna avant ce coup de téléphone, et il lui expliqua que rien n'était anormal chez elle jusqu'à ce moment précis.
La sonnette retentit, et Hanae, serviable, se leva immédiatement pour aller ouvrir, ce qui ravit Clotilde.
Jade entra d'un pas timide, et s'approcha de Yuna en la détaillant de haut en bas.
- Jade, j'aurais besoin de ton aide sur ce coup là, souffla Clotilde. Peux-tu tout d'abord la réveiller ?
- Bien sûr !
La jeune femme posa ses deux mains sous le crâne de Yuna et ferma les yeux. Ses veines apparurent, teintés d'une vive couleur bleu ciel.
Yuna frémit, puis un gémissement s'échappa de ses lèvres. Brusquement, ses yeux s'ouvrirent.
Jade retira ses mains et se recula en soupirant. Yuna se redressa lentement, cherchant sa respiration. Clotilde approcha un verre d'eau à ses lèvres qu'elle but goulûment.
Après s'être assurée qu'elle allait bien, Clotilde se tourna vers Jade avec une moue coupable :
- Je ne devrais pas te faire travailler ainsi, dans ton état...
Jade posa ses deux mains sur son ventre à peine rebondi et répondit :
- Ce n'est rien ! Je ne suis pas encore à plaindre, et ma grossesse se passe à merveille. Je suis traitée comme une reine au quotidien, je peux bien me permettre un peu de travail de temps à autre...
Clotilde ne répondit rien mais son visage montrait encore une expression sceptique. Elle se retourna vers Yuna qui observait chacune des personnes présentes dans la pièce avec des yeux écarquillés.
L'adolescente leur demanda timidement ce qu'elle faisait là, ce qui fit rire Clotilde qui s'empressa de lui expliquer sa situation.
- Tu te sens bien, actuellement ? Demanda-t-elle après son discours.
Yuna hocha la tête et Clotilde lui tendit son téléphone portable.
- J'aimerais que tu rappelles ta mère. Après ça, si ça ne te dérange pas, j'aurais besoin que tu me raconte ce qu'elle t'aura dit.
Nouveau hochement de tête. Yuna attrapa son téléphone dans la main de la vieille femme. Elle se leva et commença à marcher dans la pièce tout en composant le numéro.
Elle portait le combiné à son oreille et ses ongles à sa bouche, car les quatres regards fixés sur elle la mettaient mal à l'aise.
Deux sonneries retentirent avant qu'une voix se fit entendre à l'autre bout du fil.
- Maman...?
- Oh, Yuna ! Que s'est-il passé tout à l'heure ? Tu m'as demandé qui était Clémence et tu t'es subitement arrêtée de parler...
- Ce n'est rien, Maman, ne t'en fais pas.
- Bon, à propos de Clémence, d'ailleurs...
- Que s'est-il passé ? Coupa Yuna. Depuis quand a-t-elle disparu ?
Sa mère marqua un silence.
- ...Trois semaines.
- Trois semaines ?! Hurla Yuna dans le combiné. Pourquoi personne ne m'a prévenue avant ?
- Et bien... Elle devait partir un mois chez son père. Sa mère l'a conduite à l'aéroport puis elle est rentrée, et cette après midi son père l'a appelée pour lui demander si Clémence venait bien le mois suivant. En vérité, elle n'est jamais arrivée chez lui.
- La police est au courant ?
- Sa mère les a prévenu immédiatement. Évidemment, son père est le premier suspect, mais...
- Tu voudrais savoir si je suis au courant de quelque chose, c'est ça ?
- Oui.
- Eh bien... À vrai dire, je ne sais rien. Je n'ai aucune nouvelle d'elle depuis... Trois semaines. Bon sang...
- On va la retrouver, chérie. Ne t'en fais pas.
- Ça va être difficile... Mais merci de m'avoir prévenue le plus vite possible, Maman.
- Ce n'est rien. Mais et toi, ma belle, comment vas tu ? Tout se passe bien ?
- Oui... Je n'ai pas beaucoup de temps, Maman. Je te rappelle dès que je peux.
- Mais Yuna...
Yuna mit fin à l'appel en soupirant. Elle ne voulait pas inquiéter sa mère en lui racontant ses pertes de connaissances répétitives.
Telio s'approcha silencieusement d'elle et posa sa main sur son épaule avec un regard compatissant. Elle lui rendit un bref sourire avant de se tourner vers les autres et transmettre les paroles de sa mère à toutes les personnes présentes.
Clotilde la regarda fixement, puis commença à traverser la pièce de long en large, avant d'attraper un énorme livre semblant avoir plusieurs siècles dans la bibliothèque derrière elle.
Elle le parcourut rapidement et s'arrêta sur une page.
- Je savais que j'avais déjà lu ça quelque part.
- Quoi donc ? Demanda Yuna en s'approchant.
- Parfois, les compétences psychiques d'un élu sont tellement puissantes, qu'elles permettent de modifier le monde alentours. C'est arrivé à un élu il y a trois siècles. Il avait perdu sa fille et il rêvait d'elle toutes les nuits. Il pensait tellement souvent à elle que l'impossible se produisit : sa petite fille réapparut. Au départ évidemment il était heureux, mais vite il comprit que ce n'était pas réellement son enfant, juste une petite fille qu'il avait fait revivre.
- Et que s'est il passé ensuite ?
- Il a fait son deuil. Et l'enfant a disparu.
- C'est terrifiant... Souffla Yuna.
- Yuna, je sais que ce que je vais te dire va être difficile à encaisser, mais...
- Mais ?
- Tes pouvoirs sont peut-être la cause de la disparition de ton amie.
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