XVI

- Où est-ce qu'on va ? Demanda Ambre.

- J'en sais rien... Répondit Juliette.

- Si on allait dans le champ de fleurs ? Proposa Elyas.

- On est en talons. C'est tout à fait impossible, répondit Ambre.

- Bon, eh bien...

- Je propose la terrasse ! Coupa Erwin.

- Mouais, souffla Juliette. À mon avis, il y a trop de monde.

- Alors, je sais où on peut aller, annonça tranquillement Ludovic.

Les huit adolescents entamèrent leur marche, et Ludovic, en tête, les conduisit vers un étroit chemin de dalles, à travers la végétation. Au bout de dix minutes, Ambre commença à se plaindre, car les talons aiguilles de ses escarpins lui rentraient littéralement dans les pieds. Lorsque Ludovic lui annonça qu'il restait moins de cent mètres, elle poussa un soupir de soulagement, rapidement suivie des trois autres filles, qui jusqu'alors, souffraient en silence.

Quelques secondes plus tard, Ludovic annonça :

- Les amis, nous sommes arrivés ! J'espère que vous apprécierez mon palais.

Yuna lâcha la main d'Elyas pour avancer devant le groupe. Elle monta quelques marches d'un escalier, puis observa la magnifique structure qui se tenait devant ses yeux.

C'était un petit kiosque à musique qui semblait abandonné depuis quelques temps. La base de pierre était entourée d'un bois solide, et la peinture blanche qui le recouvrait s'écaillait par endroits. Les tiges de métal défiaient la gravité et montaient à environ trois mètres de hauteur pour donner naissance à une coupole ronde, parsemées d'arabesques de métal régulières. Du lierre grimpait le long des fines colonnes, et un grand arbre que Yuna reconnut comme étant un cerisier ajoutait sa part de décor fantastique. À l'intérieur, le pourtour n'était pas recouvert de barrières de métal comme dans la plupart des structures de ce genre, mais de petits murets de pierre blanche. Trois bancs blancs en bois étaient entreposés en cercle sur le contour du kiosque.

Yuna approcha prudemment, subjuguée par la beauté du lieu. Elle eut un sursaut quand Ludovic posa une main sur son épaule et lui dit avec un sourire :

- Tu peux monter, vas y !

Yuna acquiesça. Suivie de ses camarades, elle pénétra dans le kiosque. Prise d'une joie intense, elle se mit à tourner sur elle même en riant telle une enfant.

Elle s'arrêta lentement, et laissa ses boucles brunes reprendre calmement leur place sur ses épaules.

- Je vois que ça te plaît, Yuna, rit Ludovic.

- Et comment que ça me plaît ! C'est juste magnifique ! Répondit la jeune fille.

Pendant que la jeune fille continuait de s'extasier, Ludovic alla rejoindre Juliette qui s'était accoudée au muret et qui observait le paysage en contrebas, l'air pensif. Il posa sa main au creux de la taille de la jeune fille et lui demanda avec un fabuleux sourire :

- Ça ne va pas ? Qu'est-ce qui t'arrive ?

- Tout va bien ! Répondit Juliette. Je me demandais juste... Si on arrive à battre Aaron, qu'est-ce qu'on fera après ?

- Ne te pose pas encore cette question. On a encore beaucoup de temps avant d'en arriver là.

- Justement, combien de temps ?

Ludovic la regarda dans les yeux et lui dit sérieusement :

- Cela se comptera en années. En longues années. Peut-être trois, peut-être cinq, peut-être dix, vingt !

- Vingt ans ?!

- C'est possible ! Tout dépends de nous.

Juliette acquiesça en faisant pénétrer les paroles de Ludovic dans son esprit.

Quelques mètres plus loin, Elyas s'approchait de Yuna.

- Miss, ton téléphone n'arrête pas de vibrer depuis tout à l'heure. Tu devrais peut être vérifier ce que c'est, non ?

Yuna lui tendit la main et récupéra son téléphone.

Elle déverouilla l'écran et observa les trois messages qu'elle avait reçu.

De : Clem

À : Yuna

- Hey Yuu ! La forme ? Ça fait presque une semaine que tu es partie, et aucun message de ta part... =(

De : Clem

À : Yuna

- Raconte moi ce qu'il t'arrive ! Tu sais ce que je pense des silences radio par SMS...

De : Clem

À : Yuna

- Yuu, réponds moi dès que tu peux. Sinon, tu vas finir par m'inquiéter. Alleeeeez !

Yuna réfléchit. Clémence était sa meilleure amie, et elle avait une confiance plus qu'aveugle en elle. Cependant, une partie de son esprit la dissuadait de tout lui raconter à propos d'Howl's Academy, malgré le fait que Juliette lui ait parlé des mesures de sécurité concernant les personnes extérieures à l'Académie.

Elle décida finalement de lui raconter ses quelques jours à Howl's Academy en omettant tout ayant un quelconque rapport avec la magie, ainsi que la scène en compagnie de Kurt. "Ce serait stupide de l'embêter inutilement", pensa-t-elle.

Elle tendit son téléphone à Elyas :

- Tu peux le remettre dans ta veste s'il te plaît ?

- Aucun problème !

Juliette et Ludovic se rapprochèrent d'eux. Ils s'installèrent sur les bancs et lancèrent l'une des joyeuses discussions auquelles ils se livraient régulièrement. Les minutes passèrent à une vitesse folle dans ce cadre magique, jusqu'à ce qu'une soudaine agitation sur la terrasse d'Howl's Academy attire leur attention.

- Qu'est-ce qui se passe ? Demanda Yuna.

Juliette plissa les yeux avant de lui répondre :

- Je pense que l'animation va commencer. Par exemple le discours de Sullivan, les feux d'artifices, la présentation de l'élite, tout ça. Ce qui veut dire...

- Qu'on ferait mieux de descendre, et vite, conclut Telio.

Les huit amis dévalèrent les marches quatre à quatre, non sans embûches. La chaussure d'Ambre se prit dans une ronce et elle tomba sur Yuna, laquelle fut rattrapée par deux bras puissants qui retinrent les deux jeunes filles.

- Merci, Elyas, dit elle avec un sourire en coin.

Ils arrivèrent sur la terrasse essoufflés, et constatèrent avec joie qu'il leur restait encore un peu de temps avant leur passage. Ils déambulèrent tranquillement dans la foule quand tout à coup, Hanae se figea.

- Emily, souffla-t-elle. On a perdu Emily.

- Quoi ? Mais ! Elle n'était pas avec nous dans le kiosque ! Réfléchit Erwin.

- Ce qui veut dire qu'on l'a perdue avant de monter.

- Donc, elle est quelque part à l'intérieur.

Ils se séparèrent en quatre groupes, et pénétrèrent dans le bâtiment en appelant la petite fille.

- Emily ! Cria Yuna.

- Ne t'égosille pas comme ça, c'est inutile, répondit Elyas.

- Oh eh, Monsieur rabat joie, ne critique pas ma manière de rechercher une petite fille de dix ans.

- Je ne suis pas rabat joie ! D'ailleurs, Yuu, tu ne pense pas qu'elle serait par là-bas ?

- Si, mais... Attends. Tu m'as appelée Yuu ?

- Effectivement. Ça... Te pose un problème ?

- Pas du tout ! C'est ainsi que beaucoup de personnes m'appellent.

- Alors, tout va bien.

- Eh mais attends ! EMILY !!

Sans laisser à Elyas le temps de comprendre ce qui lui arrivait, elle l'entraîna à travers la foule de danseurs, jusqu'à s'arrêter devant le bar, et en conséquence la petite fille qu'elle avait aperçu.

- Emily ! Tu nous a fait peur !

La petite se retourna pour les regarder, sirotant son cocktail.

- Ah oui ? Dit elle calmement. Je me suis bien amusée, moi, pourtant. Le barman a été très gentil avec moi.

Celui ci adressa à Yuna et Elyas un petit geste de la main.

- Il m'a offert un cocktail, tu vois, dit elle en désignant sa boisson. Et puis regarde, je me suis même fait des amis ! Dit elle en descendant de sa chaise.

Elle se tourna vers un groupe de jeunes adultes gothiques remplis de piercings, de tatouages, portant des pantalons cloutés et des cheveux longs.

- Les amis, je vous présente Yuna et Elyas, dit elle à leur attention. Des amis de ma soeur.

Tout le groupe se tourna vers la jeune fille qui afficha une mine horrifiée.

- Hem, bonjour, souffla-t-elle.

Le groupe lui adressa un signe de tête synchronisé, puis ils retournèrent à leurs occupations.

- Bon... En tout cas, Emily, ta grande soeur te cherche. Je vais l'appeler.

Elyas, en tout bon gentleman, lui tendit son téléphone. Elle lui sourit et composa le numéro d'Hanae.

- Yuna ? Répondit une voix à l'autre bout du fil.

- Oui ! C'est bon Hanae, on a retrouvé ta soeur.

- Merci milles fois ! On se donne rendez-vous dehors, devant l'estrade !

- D'accord !

Yuna mit fin à l'appel d'un glissement de doigt.

- On y va ! Ne ratons pas le discours !

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