Lorsque Yuna se réveilla, il faisait nuit noire. La jeune fille observa autour d'elle et se rendit compte qu'elle était de retour dans sa chambre. Elle se pencha sur sa table de nuit et attrapa son téléphone pour voir l'heure, et la lumière de l'appareil affichant 4:43 l'aveugla pendant quelques secondes. Ces seize heures de sommeil l'avaient bien revigorée, et elle n'avait aucune envie de se rendormir. Ne sachant trop quoi faire, la jeune fille chaussa sa paire d'espadrilles et décida de sortir dans le couloir. Elle referma doucement la porte et eut la bonne idée de retenir l'inscription sur le mur indiquant l'étage et le numéro de sa chambre.
Elle marcha doucement dans les couloirs frais, guidée par la lumière de la lune à travers les grandes fenêtres. Elle manqua de chuter lorsque son pied découvrit un escalier menant à l'étage inférieur. Yuna l'emprunta, n'ayant rien trouvé qui vaille le détour aux alentours de sa chambre. Les semelles de ses espadrilles claquaient sur les marches faites en un métal noir indéfinissable, et l'écho produit sur les murs renvoyait un son très plaisant.
Yuna descendit encore trois étages avant d'arriver au rez de chaussée qui semblait contenir autre chose que des chambres à perte de vue. Elle marcha quelques temps avant d'apercevoir la grande porte en bois qu'elle avait vu le midi même. En face de celle ci, à cent mètres tout de même, mais toujours à l'intérieur du bâtiment, se trouvait une porte qui lui ressemblait en tout point, mais plus grande encore. Elle était légèrement entrouverte et la curiosité poussa Yuna à se faufiler à l'extérieur. Elle prit une grande bouffée de l'air frais de la nuit, et descendit les marches du gigantesque perron. Elle s'avança lentement sur la cour pavée, et pivota sur elle même pour se retrouver face au bâtiment. La première fois qu'elle l'avait vu, elle avait tellement été impressionnée par sa taille qu'elle n'en avait même pas admiré la splendeur ni l'audace de l'architecture. Le bâtiment était sûrement imposant, il faisait au moins cinq-cent mètres de large. La base était faite de briques rouges, mais de nombreux blocs blancs sortaient de part et d'autres de la façade. Ils étaient tous pourvus d'une ou deux baies vitrées, et Yuna comprit alors qu'ils s'agissait de centaines d'autres chambres comme la sienne. Des plantes grimpantes pourvues de fleurs roses grimpaient ça et là sur les murs, devenant de plus en plus rares sur la hauteur du bâtiment. Orientant à nouveau son regard sur la grande porte de bois massif, Yuna remarqua une silhouette masculine qui l'observait avec intérêt. La jeune fille se sentit honteuse en pensant à l'homme qui l'avait probablement vue s'extasier devant la beauté du bâtiment alors qu'elle pensait être parfaitement seule.
Ayant vu que la jeune fille avait remarqué sa présence, l'homme s'avança pour être éclairé par la lumière d'un réverbère.
Sa carrure était impressionnante : il devait probablement dépasser Yoris en taille et Yuna s'imaginait bien que ses gigantesques biceps, bien que masqués par un costume trois pièces, avaient le pouvoir de briser n'importe quelle articulation. Elle frissonna à cette idée et se concentra sur le visage de l'homme. Ses cheveux poivre et sel étaient rejetés en arrière et ils semblaient être d'une douceur infinie, à tel point que Yuna mourrait d'envie de passer sa main dedans, ce que l'homme fit pour elle. Ses yeux d'un bleu azur semblaient avoir étés créés par le ciel lui même, et les minuscules étincelles jaunes au cœur de ses iris complétaient la splendeur de son regard. Ses lèvres rebondies étaient d'un rouge sombre viril qui collait parfaitement avec le personnage, et les lignes musclées de sa mâchoire et de son cou suivaient les autres muscles de son corps et créaient une harmonie délicieuse. Ses jambes qui paraissaient tout aussi musclées étaient recouvertes d'un pantalon droit qui suivait parfaitement ses courbes, et il était certain qu'il s'agissait d'un costume sur mesure. L'homme s'avança lentement, sa cigarette à moitié fumée à la main.
- Tu dois être Yuna Hellflow, n'est-ce pas ? Nous n'avons pas encore eu l'occasion de nous rencontrer, annonça-t-il.
La jeune fille acquiesça, incapable de parler tant l'homme immense exerçait une pression insoutenable sur elle.
- Mon nom est Sullivan Koyl. Je suis le directeur général de Howl's Academy.
Yuna écarquilla les yeux. Ainsi, cette montagne devant elle, en costume trois pièces à quatre heures du matin, était le directeur de cette immense académie ?
- E-enchantée... Arriva-t-elle à articuler.
Sullivan eut un léger sourire.
- Ne sois pas si effrayée. Je ne ferais jamais le moindre mal à un de mes élèves, soit en certaine.
Yuna eut un léger soupir de soulagement. Mais elle resta sur ses gardes, car, croiser un homme seul sur un perron au milieu de la nuit finissait souvent en véritable catastrophe.
- Tu as peut-être rencontré mon fils, Ludovic ? Demanda-t-il.
Yuna secoua la tête. Elle n'avait réellement rencontré que deux personnes à Howl's Academy, et ils se prénommaient Clotilde et Yoris.
- Cela ne saurait tarder. Il est véritablement proche de ta compagne de chambre, finit il.
Compagne que je n'ai pas encore rencontré non plus, pensa Yuna.
Sullivan porta sa cigarette à ses lèvres, et souffla un nuage de fumée en direction des étoiles. Il regarda sa montre avec une pose superbe, puis annonça :
- Il est un peu plus de cinq heure du matin.
Il observa Yuna de haut en bas.
- Tu devrais peut-être aller te recoucher, lui dit il.
Yuna obtempéra. Elle rentra lentement dans le bâtiment, puis grimpa tous les escaliers quatre à quatre, et couru dans les couloirs à une vitesse impressionnante. Elle rentra dans sa chambre avec un grand claquement de porte, et se vautra sur son lit en quelques secondes. Les battements de son coeur étaient probablement audible quelques mètres à la ronde, mais l'emprise que Sullivan avait eu sur elle l'avait tellement terrifiée qu'elle n'y portait pas d'importance. Cependant, un mouvement dans l'autre coin de la chambre attira son attention. Yuna se retourna, les sens en alerte. Une silhouette approchait.
- Yuna ? Demanda Juliette à la forme recroquevillée sur le lit.
La forme en question s'assit sur le lit et alluma le plafonnier. Juliette lui apparut, magnifique comme toujours. Ses cheveux dénoués glissaient sur ses épaules dénudées et son petit médaillon pendait sur son débardeur. Ses yeux tout juste ouverts brillaient pourtant de mille feux, et sa main fine se posa doucement sur l'épaule de Yuna.
- Est-ce que ça va ? Demanda-t-elle.
Le choc électrique qui parcourut Yuna la sortit de sa contemplation. Il se dégageait de la main de Juliette une sensation indescriptible de bien-être.
- Ah, oui... Répondit simplement Yuna.
Elle se redressa.
- Mais... Tu es...?
Juliette eut un mouvement de recul et se frappa le front.
- Excuse-moi ! J'avais oublié que c'est la première fois que tu me vois. Quand je te voyais, tu étais toujours endormie ! Dit elle en riant. Je m'appelle Juliette. Je suis ta colocataire, et en plus de ça, je ferais partie de l'équipe d'élite avec toi.
- L'équipe d'élite ? Demanda Yuna en inclinant la tête sur le côté.
- Yoris ne t'en a pas parlé ?
Yuna secoua la tête et Juliette réfléchit un instant.
- À partir du mois prochain, Yoris deviendra le mentor de huit adolescents désignés comme l'élite d'Howl's Academy, annonça-t-elle finalement.
- Et dans quel but cette équipe est elle créée ?
- As-tu déjà entendu parler d'Aaron Callahan ?
Yuna fit "non" de la tête.
- Clotilde t'as sûrement parlé de la Légende ?
Après un court moment d'hésitation, Yuna acquiesça.
- Aaron est l'homme de la légende. Le nom de l'enveloppe charnelle qui accueille actuellement le Mal. Depuis quelques années, les manifestations du groupe de fidèles d'Aaron ne cessent de se multiplier, et elle sont de plus en plus violentes. Massacres, enlèvements, viols, tortures, tout est permis chez eux... Finit Juliette, et un voile passa dans ses yeux.
Yuna posa gentiment une main sur son épaule, et la jeune fille eut un sourire triste.
- Ça fait quelques temps que Howl's Academy prépare un plan d'envergure mondiale pour éliminer définitivement Aaron. Mais bon, tu t'en doute, ça ne se fait pas en un claquement de doigts. Sullivan se donne corps et âme dans ce projet, à tel point qu'il néglige ses heures de sommeil et sa santé. Nous, nous sommes là pour que tous ses efforts ne soient pas vains et qu'il puisse mener son projet à bon port. Sullivan est un joueur, nous sommes les pions. Sans nous, son armée, sa stratégie n'a pas de raison d'être.
Yuna acquiesça. Apprendre en quelques jours qu'un combat aussi gigantesque se déroulait tout autour d'elle sans qu'elle ne s'en soit jamais rendue compte était difficile à avaler.
- J'ai des amis et de la famille en dehors d'Howl's Academy. Ils finiront bien par apprendre ce qu'il se passe et ils voudront évidemment prendre de mes nouvelles ! Dit elle.
- le secteur d'Howl's Academy est entouré d'une barrière magique. Lorsque tu as reçu ta lettre d'admission, une quantité infime de puissance magique s'est déposé sur toi. Cette puissance magique particulière agit comme un pass. Lorsque tu pénètres dans la zone d'Howl's Academy, tu vois le bâtiment, le champ de fleur, la verdure, les montagnes, les gens. Quelqu'un qui ne possède pas le pass voit simplement une route et des prés. Si tu parle à quelqu'un de l'intérieur de la barrière magique, il oubliera tout en quelques minutes. Tu n'as donc pas à t'inquiéter à ce propos.
Yuna soupira de soulagement. Elle pourrait ainsi raconter tout ce qui lui arrive à Clémence sans conséquences.
- Combien y a-t-il de résidents ici ?
Juliette réfléchit un instant.
- Un peu plus de trois mille, je pense.
Yuna acquiesça. Ce n'était pas une armée imposante, mais elle imaginait que la plupart étaient bien plus puissants que de simples soldats. Elle se rendait bien compte que face à un ennemi aussi imposant que le Mal en personne, un combat de front n'avait aucun intérêt. La stratégie de Sullivan était sûrement basée sur l'infiltration ou le combat à distance.
Juliette bailla aux côtés de la jeune fille qui eut un petit rire et lui dit d'aller se recoucher. Elle troqua son jean et son pull contre un short et un débardeur rose, éteint la lumière et se rendormit d'un sommeil sans rêve.
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