Dans l'ascenseur, Yoris, honteux, observait la pointe de ses chaussures pour éviter le regard accusateur des personnes partageant cet espace avec lui. Il faut dire que l'on voyait peu souvent un jeune homme transporter dans ses bras une adolescente inconsciente à travers le bâtiment, et plusieurs rumeurs avaient déjà vu le jour en à peine quelques minutes. Plusieurs personnes chuchotaient sur son passage et le jeune homme ne savait si il devait rire ou pleurer de cette situation.

Son calvaire prit fin lorsqu'il toqua à la onzième porte du cinquième étage, d'où lui parvenait des éclats de rire. La porte s'ouvrit en grand, et la lumière provenant de la pièce éclaira le couloir. À cette heure de la journée, la baie vitrée orientée plein sud faisait entrer tout les rayons du soleil et la chambre obtenait un aspect d'autant plus féerique. Mais ce n'est pas cette lumière là qui éblouit Yoris, mais une toute autre, dont le jeune homme était chaque fois subjugué par la beauté.

La jeune fille qui se tenait devant lui venait d'avoir seize ans et passait ses journées à lire des romans d'auteurs inconnus du public tout en sirotant un milk-shake à la banane réalisé par sa grand mère adoptive. Juliette, car c'était son nom, regardait Yoris avec un grand sourire. Ses cheveux châtains clair ondulés tombaient en cascade sur ses épaules et son dos, et ses boucles d'oreilles en saphir faisaient ressortir ses yeux bleu marine dans lesquels on décelait à première vue la gentillesse, la bonté et la charité, mais aussi plus loin, une force incroyable. Ses pupilles d'un noir sombre approfondissaient son regard, et les bords de son iris formaient des arabesques d'une beauté à couper le souffle. Ses lèvres fines et rosées dévoilaient des dents parfaites d'un blanc éclatant, et sur sa peau délicate et claire apparaissaient quelques tâches de rousseur. À son cou était accroché une chaine sur laquelle était suspendu un minuscule médaillon en forme de soleil. Ses fines épaules étaient recouvertes d'une robe à manches courtes en liberty rose pâle qui lui arrivait quelques centimètres au dessus du genou et une ceinture de corde marquait divinement sa taille mince. Elle devait mesurer un mètre soixante-dix, ce qui rendait son corps fin encore plus magnifique. Elle était pieds nus, ses ongles étaient ornés d'un vernis nacré très discret qui contribuaient à son charme et sur ses chevilles étaient noués des bracelets brésiliens dans des tons pastels.

Derrière elle s'approcha un jeune garçon âgé de deux ans de plus qui regardait Yoris avec un air plus sérieux. Ludovic frôla la main de Juliette qui eut un sursaut. Elle se tourna vers son meilleur ami et lui pinça la paume en retour avec un sourire malicieux. Le jeune homme se mordit la lèvre inférieure et sourit à son tour. Il ressemblait beaucoup à Juliette, malgré le fait qu'ils n'aient aucun lien direct, hormis celui de l'amitié.

Ses cheveux d'un blond étincelant étaient rejetés en arrière et les quelques mèches qui ne rejoignaient pas la masse encadraient un visage délicieux et une mâchoire carrée. Ses yeux étaient d'un bleu clair pétillant, et ses pupilles dilatées donnaient une contraste avec ses iris tellement incroyable qu'on aurait cru voir dans son regard un monde infini. Ses lèvres rebondies d'un rouge foncé s'associaient parfaitement avec sa peau bronzée, et les lunettes à la remonture noire posées sur son nez ajoutaient une touche sérieuse à son visage. On décelait le long de sa mâchoire une barbe rasée de près, et une série de grains de beauté sur le côté droit de son menton. Ses épaules étaient larges et sa musculature imposante, mais masquée par une chemise bleu clair qui lui allait à merveille. Il portait un pantalon serré d'un gris sombre, et la ceinture de cuir qui l'accompagnait était ornée d'une boucle en argent sur laquelle était dessinés des courbes particulières. Il mesurait un peu plus d'un mètre quatre-vingt-dix, ce qui ajoutait un côté majestueux et imposant à sa posture. Ça aurait pu déranger la plupart des hommes, mais ça n'était pas le cas de Yoris, qui le dépassait de quelques centimètres.

Juliette invita le jeune homme à entrer avec empressement, et il déposa Yuna sur son matelas. Juliette se mit à genoux à côté du lit et étendit ses bras au dessus de sa colocataire. Elle ferma les yeux doucement, et une lumière verte apparut au centre de ses paumes. La puce GPM qu'elle possédait dans la nuque s'éclaira d'un minuscule voyant bleu, preuve qu'elle utilisait de la puissance magique. La lumière se répandit dans toute la pièce, enveloppant les deux garçons qui ne se lassaient jamais de ce fabuleux spectacle. Des orbes de lumière voguaient autour de Juliette qui affichait un sourire de satisfaction. Une délicieuse odeur de lavande émanait de la jeune fille, ce qui arracha à Ludovic un sourire délicieux, lui qui aimait tant cette odeur qu'il sentait depuis toujours.

La lumière s'estompa lentement et Juliette ouvrit les yeux et afficha un grand sourire.

- Les mêmes symptômes qu'hier. Elle va dormir encore très longtemps mais il n'y absolument rien de grave.

Yoris poussa un profond soupir. Juliette se leva et se dirigea vers le coin de la chambre, où se trouvait une table basse et quatre fauteuils. Elle déposa sur la table un plateau de thé richement décoré d'une mosaïque colorée.

- Vous en voulez ? Demanda-t-elle aux garçons avec un sourire qui aurait mis un roi à genoux.

Les deux hommes acceptèrent sans hésiter face au charme dévastateur de la jeune fille. Ils s'assirent l'un en face de l'autre, et Juliette pris un siège entre eux deux. Elle leur servit le thé d'un air connaisseur dans des tasses de porcelaine bleues. Ayant bu quelques gorgées, Ludovic se lança dans un sujet important. Étant le fils unique de Sullivan Koyl, il avait reçu en premier la nouvelle du transfert de Yuna.

- Père est venu tout à l'heure nous porter une nouvelle, commença-t-il.

Tous les yeux se tournèrent vers lui et Juliette lui lança un regard  encourageant.

- Il nous a fait part de sa décision concernant le transfert de Yuna dans l'équipe que tu diriges.

- Alors il a accepté ? Coupa Yoris.

Ludovic acquiesça lentement.

- Elle devra cependant travailler d'arrache-pied ce mois-ci si elle veut être à la hauteur.

- Mon équipe va être considérée cette année comme l'élite de Howl's Academy. Je ne tolèrerais pas que Yuna ait un niveau inférieur à celui de mes élèves. D'ailleurs, as tu la liste ?

Ludovic se leva et alla chercher un papier sur le bureau de Juliette. Il s'appuya dessus avec une pose virile et commença à lire :

- Feront partie de l'équipe d'élite d'Howl's academy, encadrée par le Mentor Yoris McCoy, les membres suivants : Ludovic Koyl, Juliette Werner, Telio Walton, Hanae Meiko, Ambre Mesny, Erwin Gardner, Kurt Atkins, et Yuna Hellflow.

- Bien, répondit Yoris. Je vais aller consulter tout ces dossiers. Celui de Yuna est un peu vide, mais je m'assurerais de le remplir avec le temps. Sur ce, dit-il en se levant, je vous laisse. Passez une bonne après-midi, et occupez vous bien de ma petite protégée ! Lança-t-il avec un clin d'oeil.

Il attrapa le papier que lui tendait Ludovic et s'en alla. De nouveau seuls, les adolescents se sourirent. Ludovic se rassit et Juliette vint s'installer sur ses genoux. La tête posée contre le  torse du jeune homme, elle pouvait entendre les battements réguliers de son coeur qui l'apaisaient dans n'importe quelle situation. Ludovic attrapa une loutre en peluche sur le lit de la jeune fille et entreprit de la caresser distraitement.

- Ça va être une année mouvementée, tu ne penses pas ? Demanda-t-il.

- Évidemment que je le pense. En revanche, je pense que ça va aussi être une année formidable, répondit Juliette.

Le jeune homme inclina la tête et ne répondit pas. Il se contenta de poser sa main sur la tête de son amie en signe de protection. Puis d'un geste commun, leurs regards se tournèrent vers Yuna, qui dormait paisiblement.

- Et elle, qu'est-ce qu'elle en pense ? Se demandèrent-ils.