7. "You'll never be Iron Man."

F.R.I.D.A.Y. fit atterrir le jet dans un champ de tulipe, au milieu duquel boitillait une silhouette orange et noire. Tony ne perdit pas une minute de plus pour descendre de l'appareil quand il vit Peter, couvert de bleus et de blessure, se tenant la jambe en peinant pour marcher.

Oh oui, il allait définitivement tuer Fury.

- Peter ? cria-t-il pour couvrir le bruit des moteurs, sa veste battue par le vent.

- Tony, c'est toi ?

Tony fronça immédiatement les sourcils. Qu'est-ce que –

Ses pensées tourbillonnèrent. Le gamin avait-il une commotion ? Avait-il perdu la mémoire ?

- Que – mais bien sûr que c'est moi ! répondit Tony en avançant plus vite, pressé de serrer le petit contre lui pour s'assurer qu'il était en sécurité et qu'il n'avait rien.

- STOP ! s'écria Peter en s'arrêtant soudainement, tendant une main blessée devant lui avec de la terreur dans le regard.

Le cœur de Tony s'arrêta de battre. Peter n'avait jamais eu peur de lui.

Il s'exécuta.

- D-dis-moi une chose que t'es le seul à savoir, exigea Peter d'une voix tremblante, et Tony pouvait voir ses yeux vitreux, de l'endroit où il se trouvait.

- Un truc que je suis le seul à savoir, marmonna Tony d'un air perdu, réfléchissant à toute vitesse. Ok, euh... tu te souviens quand tu es resté à la maison du lac, un week-end, et que tu es tombé malade ? Tu avais beaucoup de fièvre et je me suis occupé de toi, et quand je t'ai aidé à monter les escaliers pour que tu ailles au lit, tu m'as dit –

- Ok, ok ! C'est bon, ça suffit ! l'interrompit Peter en baissant le bras, se remettant à boiter dans sa direction, une expression de soulagement intense déformant ses traits.

Tony franchit la distance qui les séparait. Bien que complètement perdu face au comportement si inhabituel de la part du petit, il n'avait qu'une seule idée en tête : celle de le prendre dans ses bras.

Son vœu fut exaucé quelques secondes plus tard, quand Peter n'hésita pas une seule seconde pour enrouler ses bras autour de son cou, déposant son menton contre l'épaule de Tony. Ce dernier lui rendit son étreinte en faisant attention à ne pas lui faire mal, glissant sa main dans les cheveux ensanglantés de Peter, la gorge serrée.

- Trop content de te voir, souffla l'adolescent d'une petite voix, et Tony fronça les sourcils avec inquiétude.

Il le sentait trembler violemment contre lui.

- Il va falloir que tu m'expliques ce qui se passe...

Peter hocha frénétiquement la tête dans son cou, son souffle erratique s'écrasant contre sa peau, et Tony se détacha lentement de lui, à contrecœur. Il n'alla pas loin cependant, et prit sa tête entre ses mains pour regarder attentivement son visage blessé, prenant note de son air égaré et de ses yeux brillants de larmes qui ne demandaient qu'à couler.

Il caressa doucement la joue du garçon avec son pouce, et ses yeux débordèrent soudainement, parce que Tony était là, il allait l'aider à surmonter tout ça, il le savait, et il était fatigué, tellement fatigué de se battre contre lui-même.

- Viens là, mon grand, murmura Tony en faisant glisser son bras pour les enrouler autour de ses épaules, Peter encerclant sa taille avec le sien.

Il entraina l'adolescent vers le jet, se penchant légèrement pour déposer un baiser dans ses cheveux, et il le laissa s'appuyer contre lui pour marcher du mieux qu'il pouvait.

Une fois à l'intérieur, Tony lui enleva son horrible t-shirt orange qui dégageait une odeur vraiment peu agréable d'alcool et de sueur qui lui firent froncer le nez et rire Peter – de façon tremblante, mais c'était un rire quand même.

Il entreprit ensuite de le soigner du mieux qu'il pouvait, pendant que Peter lui racontait tout. Beck, E.D.I.T.H. Comment il avait tout découvert.

- Aïe, siffla Peter quand Tony tapota sa blessure au dos avec un coton imbibé d'alcool.

- Je croyais que t'étais super costaud, essaya Tony de détendre l'atmosphère, bien que ses dents soient serrées de colère.

- C'est quand même douloureux.

Tony continua à soigner sa blessure, ignorant la tension dans les épaules du gamin.

- Aïe, Tony, siffla-t-il de nouveau au bout d'un moment de silence.

- Du calme, du calme –

Et Peter explosa.

Il se leva d'un bon, surprenant Tony, et se retourna pour lui faire face, le visage rougi, blessé, et les yeux débordant de larmes. La voix tremblante.

- Ne me dis pas de me calmer ! Ne me dis pas de me calmer quand j'ai merdé à ce point ! J'ai fait confiance à Beck, tu te rends compte ? Je lui ai fait confiance, je croyais qu'il était mon ami, et résultat, je lui ai donné E.D.I.T.H., une arme que tu m'as laissée pour que j'en fasse un bon usage, et maintenant, il va s'en servir pour tuer mes amis et une bonne partie de l'Europe, alors, s'il-te-plait, NE ME DIS PAS DE ME CALMER ! s'écria-t-il avec de grands gestes.

Il y eut un long silence à bord. Tony était trop choqué pour savoir quoi répondre, et il se contentait de regarder Peter en clignant lentement des yeux, sa propre colère soudainement évaporée. Remplacée par de l'empathie et de l'incompréhension.

- Pardon, je devrais pas crier, s'excusa Peter d'une voix misérable en pressant ses paumes contre ses paupières brûlantes, avant de s'essuyer le nez avec le dos de sa main, reniflant. C'est juste que...

Il releva les yeux vers Tony, dont la gorge était serrée, et son regard lui poignarda le cœur.

- J'y arrive pas. Je... j'ai tellement merdé, Tony, murmura-t-il, le visage plissé de douleur, comme s'il se retenait de pleurer.

- Peter –

- J'ai merdé, continua Peter, et Fury veut que j'aille le voir à Berlin, pour – pour intégrer son équipe, pour – pour faire mon job de super-héros, et j'y arrive pas, j'y arrive pas, je suis pas fait pour ça ! Je suis pas prêt, j'suis qu'un ado du Queens, ok ? Personne, la petite araignée sympa du quartier, je sais pas sauver le monde ! C'est – c'est même pas que j'en ai pas envie, c'est que j'en suis pas capable, je suis pas toi, je suis pas Iron Man, je suis pas –

- Hé, hé, Peter, calme-toi – l'interrompit Tony en se levant précipitamment pour le rejoindre face à la détresse évidente du garçon, qui parlait si vite que ses mots se bousculaient.

- Je suis rien qu'un ado du Queens, Tony ! s'exclama Peter d'une voix pleine de détresse, ses yeux pleins de larmes se levant vers ceux de celui qu'il en était venu à considérer comme son père, espérant qu'il serait celui qui apaiserait ses souffrances.

Et Tony le voulait. Il le voulait tellement. Chasser ses larmes, le mettre en sécurité loin des horreurs de ce monde, de sa cruauté et de son injustice.

Il le prit immédiatement dans ses bras, le serrant fort contre lui en lui disant de se calmer, qu'il était là, que tout irait bien maintenant.

Ils se séparèrent après quelques longues minutes, et Tony en eut l'estomac retourné. Peter avait terriblement besoin de lui, il fallait qu'il soit là.

- Pourquoi tu m'as rien dit ? Pourquoi tu as fait comme si tout allait bien, alors que visiblement, tu traines tout ça depuis un long moment ?

Au lieu de répondre, Peter détourna le regard et haussa les épaules.

- Pete –

- Pourquoi tu m'as rien dit pour les lunettes ?

- Les –

Tony s'interrompit de lui-même, souffla doucement et se pinça l'arête du nez, maudissant furieusement Fury.

- Ecoute, Peter, je comptais t'en parler –

- De quoi ? De ce que t'attendais de moi ? Je peux pas prendre ta place, Tony, je suis pas Iron Man, je serai –

- Tu seras jamais Iron Man, le coupa Tony fermement, sourcils froncés, en posant ses deux mains, de chair et de métal, sur ses joues pour le forcer à le regarder.

Peter tressaillit à cette affirmation, comme si cela ne faisait que confirmer tous ses doutes et ses incertitudes.

- Écoute-moi jusqu'au bout, tête de linotte, lui dit Tony, son regard plongé dans le sien. Tu seras jamais Iron Man. Et je ne veux pas que tu sois Iron Man. Je veux que tu sois toi. Je veux que tu prennes tes propres décisions quant à ce que tu veux faire. Je te l'ai dit, Pete... Je veux que tu sois meilleur que moi. Parce que tu es quelqu'un de bien, et pas moi. J'ai été trop imbu de ma personne, trop égocentrique.

- Tu –

- Laisse-moi finir. Je sais que ce n'est pas comme ça que tu me vois, mais c'est la vérité. Je ne suis pas parfait. J'ai fait des erreurs. Et tu en feras aussi, assurément. Ce que je veux dire par là, bambino... c'est que j'ai confiance en toi. Je sais que quoi que tu choisisses de faire, tu le feras avec ton cœur. Tu feras toujours de ton mieux pour faire ce qui est juste. Et je te soutiendrai quoi qu'il arrive.

Peter pleurait clairement maintenant, et Tony essuyait ses joues rougies de larmes.

- Quoi que tu fasses, quoi que tu décides. Si tu décides de remballer, de vouloir avoir une vie aussi normale que possible, je te suivrai. Mais il faut que tu fasses ce choix avec ta conscience. Tu comprends ? Personne ne te forcera à rien.

- J'avais l'impression – j'avais l'impression de – hoqueta Peter, incapable de formuler une phrase clairement.

- Shhh. L'impression de devoir me rendre fier quoi qu'il arrive ? Tu croyais que tu n'arriverais jamais à rien et que tu me décevrais toujours ? Mh ? 

Une expression surprise traversa les traits de Peter.

- Co-comment tu sais ?

Tony eut un sourire infiniment triste.

- Parce que c'est comme ça que mon père m'a fait me sentir toute ma vie. Et je refuse que tu vives la même chose. Je suis fier de toi, Peter, asséna-t-il en le regardant droit dans les yeux. Je suis. Fier de toi. Toujours.

Il attendit que Peter hoche frénétiquement la tête, et Tony lui fit un petit sourire.

- Allez, viens là.

Peter n'hésita pas une seconde à se blottir dans ses bras, et ils restèrent comme ça un long moment. Tony comprenait mieux les réactions de Peter, maintenant. Il était effrayé. Il avait perdu confiance en lui après tout ce qui s'était passé. Il ne se pensait pas à la hauteur. Et il croyait décevoir Tony...

Quand ils se séparèrent, les larmes du gamin avaient séché sur ses joues, et un petit sourire incurvait ses lèvres.

- Désolé, je suis vraiment –

- Tututu, le coupa Tony en lui faisant de grands yeux. Plus d'autodénigrement. Je veux pas entendre ce que t'avais à dire. Capiche ?

Peter eut un petit rire qui réchauffa le cœur de Tony.

- Capiche.

- Bien. Alors, qu'est-ce que tu comptes faire maintenant ?

Le regard du jeune homme se métamorphosa sous ses yeux. De l'amusement ils passèrent à la détermination.

- Je vais l'éclater, déclara-t-il, et Tony comprit immédiatement qu'il parlait de ce Mysterio.

Tony sourit et tapota son épaule.

- Là je te reconnais. Comment tu comptes faire ça ?

- Il va me falloir un costume, et je vais retrouver ma classe avec ton téléphone, au cas où Beck me surveillerait encore.

- Tiens. Moi, je m'occupe du costume.

Il lui tendit son téléphone et se dirigea vers l'avant du jet, appuya sur un bouton et avec un sourire narquois, vit les yeux du gamin s'écarquiller d'émerveillement quand un labo miniature se matérialisa devant eux.

- Wow ! C'est mortel !

Il observa l'équipement pendant quelques secondes avant de se reprendre, surfant sur le téléphone de Tony à toute vitesse.

- Ok... ok... Ok, ils sont à Londres !

- Alors on y va ! s'exclama Tony. Prépare-nous un super costume, moi je m'occupe de la musique.

- C'est vrai, je peux faire mon costume ?!

- Si je te le dis !

Tony appuya sur un nouveau bouton pendant que Peter se dirigeait vers l'arrière du jet, et la chanson Black in Black d'AC/DC retentit. Mythique.

- Génial, j'adore Led Zepplin ! s'exclama Peter pour couvrir le bruit de la musique, en faisant tourner une clé à molette entre ses doigts, et Tony manqua de s'étrangler d'indignation.

- Quoi ?! 

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