3. "I have a heart condition !"

Bon, peut-être qu'il avait eu tort de penser comme ça. Peut-être même que Tony et May avaient eu raison d'insister, et peut-être que May avait bien fait de lui glisser son costume dans la valise à son insu.

Peut-être.

Parce que Peter ne savait pas quelle était cette chose aquatique qui avait attaqué Venise, mais une chose était sûre, ça craignait. Heureusement, ce mystérieux super-héros surgi de nulle part avait eu les pouvoirs adéquats pour le vaincre, car Peter s'était senti terriblement impuissant et inutile en voyant que ses propres pouvoirs étaient complètement inefficaces contre à lui. La seule chose qu'il avait pu faire, c'était d'évacuer les civils restants et de ralentir la chute de cette misérable tour.

Tu parles d'un super-héros.

Raison de plus pour que Nick Fury arrête de l'appeler. Pourquoi ne recruterait-il pas cet espèce d'Aquaman avec une cape, à la place ? Non mais, vraiment.

Ils étaient de retour désormais dans cet hôtel miteux, tous un peu secoués par ce qui venait de se passer. Peter était allé se changer, son pantalon étant complètement trempé, et quand il revint dans la pièce commune, tous ses camarades étaient rassemblés autour de la télévision qui diffusait la scène de cet après-midi, ou autour de leurs téléphones, à lire les nouvelles et les théories farfelues à propos de l'identité de l'homme qui avait terrassé cette chose qui les avait attaqués.

Peter soupira. Il avait trois messages de May, cinq de Tony, et autant d'appels manqués de l'un et de l'autre. Les derniers SMS le sommaient de rappeler immédiatement. Il valait mieux qu'il se dépêche s'il ne voulait pas les voir rappliquer ici dans quelques heures.

Il passa une main dans ses cheveux en descendant les escaliers, puis se dirigea vers un coin un peu plus tranquille de la pièce, décidant d'appeler May d'abord.

Elle répondit dès la seconde sonnerie.

- Peter ! Tu vas bien ? Qu'est-ce qui s'est passé ?

- Ça va, May, je vais bien, t'inquiète pas –

- Tu n'es pas blessé ?

- Non, j'ai rien –

- Je t'avais dit de prendre ton costume !

- Oui, enfin il m'aurait pas été très utile, pour le coup, je sais pas si t'as vu, mais ce truc était entièrement composé d'eau...

- Oh mon Dieu, Peter, je me suis tellement inquiétée quand j'ai vu ce qui s'était passé !

- Je vais bien, t'en fais pas.

Il passa quelques minutes à la rassurer. Il détestait l'inquiéter. Pour lui, tout s'était passé très vite et il s'était surtout concentré sur le fait de devoir ralentir la chute de la tour, mais pour May, qui avait dû tout voir à la télé en sachant que son neveu se trouvait sur place était sacrément stressant.

Un de ces jours, il allait falloir qu'il se calme où elle finirait avec le cuir chevelu recouvert de cheveux blancs bien plus vite que prévu...

- Tu devrais appeler Tony, il s'est beaucoup inquiété aussi, tu sais comment il est, et en plus –

- Je sais, oui, il peut pas bouger.

Quand Tony avait claqué des doigts, six mois plus tôt, sur ce champ de bataille dévasté, il avait passé de longues semaines plongé dans un coma artificiel après que Banner et Cho aient fait tout leur possible pour le sauver. Quand il s'était ensuite enfin réveillé, c'était pour découvrir qu'il passerait le reste de sa vie avec un bras manquant et de terribles cicatrices le long de son visage. Il avait fallu de longues semaines à Tony, Peter, Banner et Shuri pour lui créer un bras nanorobotique qui lui convienne, et il ne le maitrisait pas encore complètement. Bucky disait qu'il lui avait fallu presque un an pour s'adapter au sien, et même si Tony faisait tous les efforts possibles, il était loin de pouvoir encore l'utiliser de façon optimale, ce qui le frustrait souvent.

Ainsi, même s'il le voulait ardemment, il lui serait impossible d'enfiler une armure. Un coup dur, pour Iron Man. Surtout quand Peter se mettait dans des situations pareilles et qu'il ne pouvait plus intervenir... C'était un peu bizarre pour Peter de se retrouver seul, en quelque sorte, du jour au lendemain. Quand il s'était évanoui sur Titan, il l'avait justement vécu comme une perte de connaissance ; quelques secondes plus tard, il était de retour, et Tony avait pris cinq ans, avait une fille, et n'enfilait plus son armure... Eux qui avaient fait équipe pendant près de deux après la débâcle de Peter contre le Vautour, ils n'étaient désormais plus que partenaires de labo, Tony restant aussi souvent au téléphone avec lui pendant ses patrouilles. Mais si Peter était complètement honnête, il avouerait que combattre aux côtés d'Iron Man était une chose à laquelle il s'était habitué, et elle lui manquait.

Après avoir raccroché avec May, et lui avoir promis mille fois qu'il serait prudent, Peter composa le numéro de Tony, sachant déjà ce que serait leur conversation.

Évidemment, il décrocha immédiatement.

- Peter –

- Ok, ok, avant toute chose : oui, je vais bien, non, je suis pas blessé, et non, je sais pas qui est ce type a anéanti l'autre face de flotte.

- Bon sang, gamin, me fais pas de telles frayeurs ! Je suis vieux, maintenant ! Je suis cardiaque !

- Oui, ça c'est quand tu veux, se moqua Peter. T'inquiète pas, je vais bien, ajouta-t-il plus sérieusement.

- T'as plutôt intérêt. Est-ce que tu veux que je t'envoie un jet pour rentrer ?

- Quoi ? Non ! Non, je veux rester, c'est rien, ok ?

- Ça m'a pas l'air d'être rien, petit, sérieusement –

- Écoute, l'autre gars l'a éliminé, ok ? Je vais bien, et j'ai mon costume, je vais continuer ce voyage tranquillement, et tout se passera bien.

Il y eut un long silence à l'autre bout du fil, et Peter savait que Tony était sans doute en train de peser le pour et le contre. Vraiment, quand il s'agissait de sa sécurité, depuis la défaite de Thanos, Tony était surprotecteur. Peter était certain que s'il pouvait le garder enfermé chez lui, à la maison du lac, il le ferait.

Il avait encore un peu de mal avec tout ça, avec Tony qui s'inquiétait pour lui, qui lui montrait son affection sans filtre, qui le prenait dans ses bras, qui le surprotégeait... il était devenu un vrai père, en cinq ans. Peter ne savait pas quoi en penser. Il avait parfois du mal à réagir correctement.

- Bon. Très bien, finit par capituler l'homme après avoir poussé un long soupir. Mais je veux que tu me promettes que tu m'appelleras si ça ne va pas, d'accord ? Si les choses se dégradent, je veux le savoir, pigé ?

- Pigé.

- Promets-le-moi, Peter, je suis sérieux.

- Je te promets de t'appeler si ça ne va pas. Mais je gère, ok ?

- Peu importe que tu penses gérer ou pas. Appelle-moi. Immédiatement.

Peter roula des yeux. Il allait continuer son voyage, avouer ses sentiments à MJ en haut de la Tour Eiffel, et rentrerait à New-York le cœur léger, la tête reposée et loin de tous ces trucs de super-héros dont il avait voulu s'éloigner de prime abord.

- Promis.

- Profite bien, d'accord ?

- T'en fais pas pour ça.

- Et fais attention à toi. Je t'aime.

- J-je t'aime aussi, bégaya-t-il.

Il y eut un léger silence, puis la ligne se coupa.

Il n'avait vraiment pas, mais vraiment pas l'habitude de ces déclarations à cœur ouvert. Malgré tout, celle-ci lui avait fait du bien. Il n'avait jamais eu de mal à dire aux gens à qui il tenait qu'il les aimait. Peter, lui, était sans filtre. Mais il s'était toujours retenu devant Tony, malgré son affection profonde pour l'homme, parce qu'il savait qu'il abhorrait tout ce qui avait trait aux sentiments. Aujourd'hui... aujourd'hui, tout était différent. Il lui fallait du temps pour s'ajuster à la situation. Mais il savait qu'il y arriverait.

Peter rangea son téléphone dans sa poche et retourna avec ses camarades, les bras croisés sur son torse, s'appuyant contre la rampe d'escaliers aux pieds desquels était assise MJ.

- Mysterio... ça sonne bien, comme nom, déclarèrent Ned et Betty dans un même ensemble, avant de s'extasier face à leur synchronicité.

- Qui que ce soit, il arrive pas à la cheville de Spider-Man, marmonna Flash, et Peter crut qu'il allait exploser de rire.

Surtout quand il se retourna vers lui et ajouta :

- Ça va, face de gland ? J'ai cru que tu t'étais noyé.

Ce contraste entre l'admiration de Flash pour Spider-Man et son harcèlement permanent à l'encontre de Peter était... amusant pour Peter, qui se contentait de l'ignorer, désormais, et particulièrement énervant pour certaines personnes, comme Tony, par exemple qui, lorsqu'il l'avait appris, et bien... n'avait pas forcément bien réagi.

Peter se contenta d'hausser un sourcil d'incompréhension, avant de se retourner vers la télévision qui diffusait les images du combat de ce... Mysterio, contre le monstre d'eau.

Qui que ce soit... il avait sauvé la vie de tout le monde, aujourd'hui, quand Peter en avait été incapable. Voilà pourquoi il n'était que la petite araignée sympa du quartier. Arrêter des vols de voitures, des cambriolages, des trafics de drogue, c'était à sa portée. Aller dans l'espace sur un donut volant et combattre des aliens, c'était trop grand pour lui.

Il n'était qu'un adolescent, pas vrai ? 

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