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Chan observa le fond de son verre puis la piste de danse et de nouveau le fond de son verre. Quand ses yeux se posèrent sur Wongi et Seokmin* qui tournaient dans tous les sens, le sourire aux lèvres et les joues rougies par l'effort, il sentit son cœur se briser un peu plus.

Depuis que le couple était arrivé, il avait fait de son mieux pour les éviter. Il souffrait de les voir ensemble, de la peine et la jalousie qu'il ressentait à chacune de leurs interactions. Il aimait Wongi mais Seokmin était comme un frère et il ne pouvait continuer à avoir des sentiments pour le premier alors que celui-ci avait choisi le second.

« Hé, Chanie ça va ? »

Il se tourna vers Seungcheol qui le regardait avec inquiétude. Il lui sourit.

« Ça va. Je crois que j'ai mangé un truc pas frais. » mentit-il « Je vais prendre l'air.

- Tu veux que je t'accompagne ?

- Non, non. Ça va aller. En plus, je crois que Jeonghan t'attend. »

Seungcheol se tourna vers la piste de danse et se leva rapidement quand il croisa le regard impatient de son fiancé. Il fit un petit sourire d'excuse à Chan puis s'enfuit. Maintenant seul, Chan se faufila parmi les tables, chaises non rangées et invités se déplaçant et sortit de la salle.

Tout de suite, l'air très frais extérieur lui fit regretter de ne pas avoir pris son manteau avec lui. Il songea à aller le chercher mais se rappelant de la difficulté qu'il avait eu à sortir, il préféra aller se balader sans.

La salle de réception était plutôt éloigné du centre-ville, la prochaine station de métro était tellement loin que tous les invités avaient été conseillés de venir en voiture. Chan voulait juste se balader alors ça ne le dérangeait pas plus que cela de dépendre de Seungcheol pour rentrer au palais.

Il quitta le parking et entreprit de suivre le même trottoir jusqu'à ce qu'il se sente mieux. Il leva les yeux vers le ciel et fut agréablement surpris de voir les étoiles aussi bien que s'il était à la campagne. Quand il y vivait encore avec les Yoon, il lui arrivait souvent de rester tardivement éveillé pour pouvoir les observer ; il avait même voulu pendant quelques mois être astrophysicien (juste parce que le nom lui plaisait, il ne savait pas du tout en quoi cela consistait si ce n'est que les étoiles étaient concernées). Il les trouvait jolies, elles se démarquaient du fond noir de la nuit, aidant la lune à éclairer la terre.

C'était peut-être parce que les yeux de Wongi brillaient de la même manière qu'il était tombé amoureux de lui...

Il baissa les yeux vers ses chaussures. Il était sorti pour se libérer de ses pensées maussades et voila qu'il se retrouvait avec une boule dans la gorge. C'était ridicule.

Il accéléra le pas (comme si le fait de s'éloigner de la réception et de Wongi lui permettrait d'oublier plus vite celui-ci) et marcha à se rythme soutenu pendant une bonne dizaine de minute. Il ne ralentit que quand il arriva au niveau d'une rivière qu'il ne connaissait pas.

Elle n'était pas très large mais du peu qu'il pouvait voir, elle semblait profonde. Peu de personnes devaient passer par-dessus puisque le pont assez grand pour laisser deux voitures passer en sens inverse semblait vieux et pas du tout entretenu. Des herbes avaient poussé le long du trottoir et le béton était craquelé par endroit.

Il leva les yeux vers l'horizon (mais pas trop haut non plus, il ne voulait plus voir les étoiles). Même si le cadre n'en donnait pas l'impression, cette rivière n'était pas si loin du centre-ville ; il pouvait voir quelques bâtiments dont il voyait l'autre façade de sa chambre au palais.

Est-ce que Wongi irait beaucoup au palais pour rendre visite à Seokmin ? Est-ce qu'ils se retrouveraient à faire le même trajet en sortant de cours mais pour des motifs différents ? Est-ce que Chan pourrait supporter cela ?

Il soupira. Il ne voulait plus voir la ville non plus. Il regarda droit devant lui, se demandant si ça lui prendrait longtemps pour traverser le pont, ressentant maintenant l'envie de rentrer se coucher et ne plus jamais confronter le monde.

Il fronça les sourcils quand il se rendit compte que plusieurs mètres devant lui se tenait un inconnu trop peu vêtu pour les températures basses en cette période de l'année.

Il se stoppa, se demandant s'il ne risquait rien à croiser la route de cette personne. Elle était suspecte, seule dans la nuit... Tout comme lui, en fait.

Il se remit à marcher, ne la quittant pas des yeux. Il détailla ses cheveux courts et blonds, légèrement jaunis par les lampadaires tout comme son t-shirt blanc ; son short vert kaki et ses longues jambes légèrement musclées dont les pieds n'étaient protégés que par une paire de baskets noires. C'était un garçon, peut-être de son âge.

Celui-ci s'arrêta soudainement de marcher, continuant à fixer ses pieds, les bras le long de son corps et les épaules voutées. Il tourna sa tête vers l'étendue d'eau (tellement lentement que Chan en eut des frissons dans le dos) puis tout son corps. Chan se stoppa.

Ils restèrent tous deux un long moment immobiles.

Quand le garçon se remit à bouger, Chan sursauta.

Il s'approcha de la rambarde, ses mains se posant mollement sur la barre supérieure. Chan crut un instant qu'il allait de nouveau se figer quand il posa un pied puis l'autre sur la barre inférieure ; étant maintenant dangereusement penché en avant.

C'est quand il monta sur une deuxième barre que Chan fut pris d'un sursaut de réalisation. Il comptait sauter.

La voix coupée par l'horreur, Chan s'élança. Il courut le plus vite possible mais le garçon se propulsait déjà à la force de ses bras sur la barre juste en dessous de la plus haute. Il marqua un temps d'arrêt (réalisant peut-être ce qu'il était en train de faire) puis il se reprit, passant une jambe sur la barre supérieure.

Chan n'avait parcouru que la moitié de la distance entre eux. Son esprit en état d'alerte lui ordonnait d'accélérer mais son corps était déjà à son maximum.

Le garçon passa sa deuxième jambe, s'asseyant. Il leva les yeux vers le ciel et prit une profonde inspiration. Ses cheveux partirent en arrière et c'est à ce moment que Chan pu voir les larmes qui coulaient sur ses joues creuses.

Le garçon soupira, baissa les yeux vers l'eau noire puis les ferma. Il lâcha la rambarde et laissa son corps succomber à la gravité et tomber en avant.

Il laissa un petit cri de surprise franchir ses lèvres quand son t-shirt fut attrapé et tiré en arrière.

Chan, tout essoufflé, tira d'un autre coup sec le t-shirt avec sa main droite tandis que son bras gauche passait sous les aisselles du garçon pour le remonter. Heureusement, ses vêtements glissèrent facilement contre la rambarde et il se retrouva bien vite couché sur le dos sur son sauveur qui gémit sous l'impact de son dos sur le béton.

Chan poussa le garçon sur le côté et se redressa. Il était à la fois soulagé d'avoir empêché le garçon de sauter et furieux contre celui-ci.

Il se tourna vers lui et le força à se redresser.

« Mais ça va pas ou quoi ?! Tu penses que les choses s'arrangeront si tu fais ça ?! Ça n'arrange jamais rien ! »

Le garçon, qui avait maintenant le visage pleinement dégagé, fixait Chan avec de grands yeux clairs remplis de larmes. Celui-ci s'arrêta de parler, ne trouvant plus les mots tant il était choqué.

« Qui es-tu ? murmura le garçon, ses petites mais pleines lèvres tremblantes.

- Je suis celui qui devrais poser cette question. » Chan retira sa veste de costume et la passa sur les épaules du garçon ; elle était petite sur lui. « Tu vas être malade. » L'inconnu sourit quand il fourra toute la partie inférieure de son visage dans le col maintenant relevé de la veste, ses grands yeux marron clair ne quittant pas Chan. « Je m'appelle Lee Chan, et toi ?

- Im Seojun.

- Ok, Im Seojun. Que dirais-tu que je te ramène chez toi ? »

Seojun secoua violemment la tête de droite à gauche, ses yeux se remplissant à nouveau de larmes. Il serra la veste entre ses doigts, rapprochant chaque pans l'un de l'autre autour de son corps.

« Alors quoi ? Il faut que tu rentres chez toi, ma veste n'est pas suffisante pour te protéger du froid.

- Pourquoi tu es ici ? » ignora-t-il la question en hoquetant « Tu as l'air plus malheureux que moi... » Percé à jour, Chan se sentit violemment rougir. Il ne savait pas que sa tristesse se voyait si bien que ça. « Tu ne comptais pas... sauter, hein ?

- Non... Je— enfin je me baladais quoi ! »

Seojun rit doucement, son visage prenant des couleurs et ses larmes s'arrêtant de couler.

« Merci de m'avoir arrêté. » Seojun se releva et aida Chan à en faire de même. Il était grand, bien plus grand que Chan qui dû lever la tête haut pour le voir à nouveau. « Je vais continuer à me balader. Tiens, ta veste. »

Chan l'empêcha de lui rendre, la mine sévère.

« Hé bien changement de plan. Tu ne veux pas rentrer chez toi pour l'instant et je refuse que tu traines dehors alors que tu as visiblement froid. Allons prendre un café et discuter de tout... » Il fit un signe général de la main. « ... ça. »

Seojun, sans voix, se contenta de hocher de la tête. Chan se mit à marcher en direction de la ville, Seojun sur les talons.

Ils traversèrent le pont.

?→♥

* Pour ceux et celles qui n'auraient pas lu ROYAL (même si cela m'étonnerait qu'il y en ait beaucoup...) ou qui aurait oublié leur histoire :

- Wongi ne savait pas que Jeonghan est le frère de Chan et l'a insulté.

- Chan et Wongi se sont battus.

- Wongi, qui aimait Chan, a souffert de la méchanceté de celui-ci (malgré le fait que Jeonghan ait pardonné à Wongi)

- Wongi décide d'oublier Chan et Seokmin est là pour le réconforter.

- Wongi et Seokmin finissent par développer des sentiments l'un pour l'autre et sortent ensemble.

- Chan, qui aime en réalité Wongi, tente de reprendre celui-ci.

- Wongi le rejette et reste avec Seokmin.

→ le passage ci-dessus se déroule durant la mariage de Minghao et Junhui, juste après que Wongi ait rejeté Chan.

LullabyForACat

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