Diluc et d'autres choses

Je vous le dis tout de suite, ce chapitre n'est pas fun du tout-

Bon décès-

¤

Razor imprègne son épée d'électricité. Il sait que, de cette façon, il peut briser le plus résistant des cristaux magiques. De l'ambre qui s'effrite déjà dans un corps humain n'aura pas la moindre chance.

Kaeya n'est pas le premier humain qu'il tue, mais il est certainement le plus unique. Razor pense qu'il n'a jamais senti la chair d'un humain céder comme celle de Kaeya, accompagnée d'une respiration sifflante et douloureuse. Les fibres musculaires se sont relâchées et son sang s'est brisé, comme si il n'était qu'un morceau de chair imprégné de Géo.

Le torse de Kaeya s'effrite sous la force du coup de Razor et il attrape la moitié supérieure de Kaeya avant qu'elle ne touche le sol, laissant ses jambes tomber au sol et se briser au niveau des genoux.

"Je suis plus Géo qu'humain, désormais." dit Kaeya, lorsque Razor avait demandé Autre chose ? "Je voudrais que les parties Géo de mon corps soient réduites en poussière et que le reste soit réduit en cendres. Si c'est possible, s'il te plaît, disperse la poussière Géo du haut de la Falaise Arrachétoile. Je ne peux que prier pour que le vent l'emporte suffisamment loin, jusqu'à ma terre natale. Les cendres, j'aimerais qu'elles soient enterrées près d'un tapis de fleurs de brume." Elles avaient toujours été ses préférées.

Razor peut facilement écraser les fragments Géo, mais son énergie Électro n'est pas suffisamment puissante pour réduire la chair et les os en cendres. Oh, l'autre fille en rouge très flambante, elle a un œil divin Pyro. Razor sait qu'elle vit quelque part dans les dortoirs des Chevaliers, alors il la cherche là-bas.

Lorsqu'elle lui ouvre la porte de sa chambre, elle se frotte les yeux pour chasser le sommeil, tout en demandant : "Razor ? Qu'est-ce que tu veux, aussi tard dans la nuit ?"

Il la prend par la main et dit : "Aide-moi." Puis, il la guide jusqu'à ce qu'il reste de Kaeya. Lorsqu'ils arrivent dans la cour, les fragments Géo brillent au clair de lune et Amber se raidit sous sa poigne.

Razor sait qu'il n'a rien fait de mal. Kaeya était déjà mort et devait le redevenir, alors il avait fait ce qui était naturel, mais... Le cri d'angoisse qui s'échappe de la gorge d'Amber, alors qu'elle tombe à genoux, fait trembler le cœur de Razor.

✼  ҉  ✼  ҉  ✼

Il y a quelque chose qui ne va pas.

Il y avait quelque chose de lourd dans l'air, qui serrait la gorge de Diluc depuis le moment où Kaeya avait attendu à l'extérieur du Cadeau de l'Ange, sept nuits plus tôt. La chanson chantée par Venti. L'histoire racontée par Kaeya. Il s'agissait probablement de la plus grande information que Diluc put obtenir de Kaeya à propos de son passé et cela le rend malade.

Le malaise s'installe dans sa poitrine et se propage dans le reste de son corps quand, au milieu de ses festivités, Barbatos s'arrête et dit, avec un sourire triste : "C'est vraiment la nuit des nuits."

Diluc déglutit, alors que l'atmosphère devient oppressante, mais personne, pas une seule personne dans la taverne, ne semble le ressentir. Quelque chose ne va pas, ne va pas du tout, alors pourquoi personne d'autre ne peut-il le voir ? Le vent siffle dans toutes les directions et il est si fort que Diluc a envie de se mettre à genoux, de se boucher les oreilles.

"Bar- de. Que se passe-t-il ?" Diluc demande : "Tu sais quelque chose ?"

Barbatos joue un autre accord sur sa lyre et dit, avec mélancholie et chagrin : "Je sais beaucoup de choses, comme la façon dont le vent gémit et dont la terre murmure la longévité et l'achèvement des contrats. Ce que je ne savais pas, jusqu'à présent, c'est la façon dont la lune pleure, éclairant, de sa pâle lumière, un cadavre."

Diluc a du mal à respirer.

"Je dois y aller." dit-il, essayant de ne pas vomir. Le mauvais pressentiment qu'il ressent prend de plus en plus de place dans sa poitrine, comme quelque chose de volumineux au point de ne pas tenir sous sa peau. Il fait signe à Charles, en train de nettoyer une table, de s'occuper du bar. Il se précipite hors de la taverne. Kaeya lui a dit qu'il partait le lendemain. Alors, sûrement, sûrement, il est toujours à Mondstadt, dormant paisiblement avant son long voyage.

Diluc arrive à la fontaine centrale. Il entend un cri venant du quartier général des Chevaliers. Chacun des petits malaises qui s'est formé en lui se transforme en horreur, qu'il sent tomber au creux de son estomac. Il escalade le mur, ne se souciant aucunement des gens qui pourraient le voir. Le chemin habituel serait tout simplement trop long. Il y a, de plus, déjà des Chevaliers qui sortent des dortoirs. La moitié d'entre eux sont encore endormis. Ils portent un mélange d'armures, de pyjamas et d'armes, à cause de leur réveil en urgence.

La foule se dirige vers le terrain d'entraînement, derrière le bâtiment, et Diluc s'y précipite. Il tourne au coin, l'adrénaline coulant dans ses veines, et... s'arrête.

Amber, l'Éclaireuse, est assise par terre, paralysée. Debout près d'elle, le garçon-loup, Razor, serre sa main dans la sienne.

Ce qu'ils regardent tous deux, juste devant, est...





Non.

S'il vous plaît, non.

Diluc vacille, frôle les deux jeunes gens et tombe lourdement à genoux, juste devant Kaeya. Le clair de lune scintille d'un bleu profond. Les mains tremblantes de Diluc tirent Kaeya jusqu'à ses genoux, pour que sa tête vienne y reposer. Il ne sait pas à quel point Kaeya se sent léger, à présent qu'il ne lui reste que sa tête, son torse et son bras gauche.

"Kaeya." murmure Diluc, la voix tremblante. "Kaeya."

Ses mains gantées caressent la joue bronzée, la chair froide et immobile. Pourquoi est-ce que tu mens encore ?  Voilà ce que Diluc a envie de demander. Même dans son sommeil, Diluc se souvient de Kaeya roulant d'un côté à l'autre, se déplaçant comme si sa peau ne s'ajustait jamais correctement. Kaeya devait être éternel, jamais blessé ni immobile. Il devait toujours être souriant, habile et agile sur ses pieds.

"Kaeya." Diluc sait qu'il ressemble à un enfant perdu, berçant Kaeya contre son corps et se balançant très légèrement. Ce nom est une prière adressée aux dieux. "Je t'emmènerai chez un guérisseur. La diaconesse pourra te soigner. Elle peut te guérir. Tu seras à nouveau en pleine santé et, ensuite, nous pourrons..." Il sent une main se poser doucement sur son épaule et lève les yeux pour voir Jean. Les traits de son visage montrent son incrédulité, son chagrin et sa pitié.

"Diluc." dit-elle d'un ton rempli de tellement de condoléances qu'il se sent nauséeux. "Il est parti. S'il te plaît, lâche-le."

La colère bouillonne sous sa peau, comme du magma et de l'énergie Pyro s'agitant dans son estomac, tandis qu'il serre le corps de Kaeya de plus près. "Non. Non, Kaeya ne..."

"Regarde-le." dit Jean. "Regarde ce qu'il reste de lui. Nous organiserons des funérailles pour lui et vérifierons son testament lorsque le soleil se lèvera. Nous devrons également enquêter sur la façon dont il est mort. Si cela résulte d'un acte criminel-"

"Les Chevaliers de Favonius sont incompétents." Diluc repousse la main de Jean de son épaule et celle-ci tressaille, mais il ne s'en préoccupe pas. "Ils m'ont causé du tort par deux fois. Comment avez-vous pu laisser cela arriver à votre Capitaine ? Inutiles. Vous êtes inutiles. Je trouverais son assassin et le vengerais moi-même."

Diluc se creuse la tête. Il y a des fragments Géo tout autour du corps de Kaeya. Les deux seuls détenteurs d'œil divin Géo que Diluc connaît, Albedo et Noëlle, appartiennent tous deux aux Chevaliers de Favonius. Lui-même ne les connaît pas très bien, hormis leur réputation et les anecdotes que Kaeya lui a contées au Cadeau de l'Ange. Le responsable serait-il un détenteur d'œil divin Géo ayant voyagé à travers Mondstadt ? Serait-ce un membre des Fatui ? Qui d'autre aurait pu faire cela ?

"Je l'ai fait."

Amber cesse de pleurer et s'exclame, scandalisée : "Razor !" Le garçon-loup penche la tête. "J'ai fait ce que monsieur Kaeya a demandé."

Diluc perçoit une tourbillonnante chaleur, des flammes effleurant ses cheveux et une rage telle qu'elle imprègne son œil divin. "Toi." grogne-t-il. "Tu as fait ça ?"

Sa claymore apparaît dans sa main sans même qu'il ne s'en rendre compte, son esprit n'étant guidé que par une seule pensée : Comment oses-tu ? Comment oses-tu ? Comment OSES-TU ?! Son énergie Pyro brûle, les flammes courent sur la peau de Diluc, tandis qu'il pose délicatement Kaeya sur le sol et se relève. Le feu recouvre la lame de son épée, qu'il tient prête à l'usage. Doucement, sur un ton brûlant et dangereux, il dit : "Tu vas payer pour cela."

Razor semble indécis. Il fait à son tour apparaître sa claymore et se met en garde. Il a l'air si jeune. pense Diluc. Il a tué Kaeya. se rappelle-t-il ensuite.

Levant la pointe de sa lourde lame, l'éloignant du sol de pierre, des cristaux Géo brisés et des lambeaux de chair, Diluc fonce sur le garçon-loup. La rage bouillonne sous sa peau comme du magma remontant le long d'un volcan, prêt à tout brûler...

Soudainement, ses pieds quittent le sol et il est soulevé dans les airs. Ses pieds se débattent, essayant de trouver un point d'appui pour continuer à avancer et atteindre le meurtrier de Kaeya, mais il n'y a rien, pas de sol sous lui. Son élan s'arrête et Diluc flotte doucement au-dessus du sol.

"Barde." grogne Diluc. Toute once de respect envers l'ancien dieu de Mondstadt est cachée derrière un voile de chagrin et de rage recouvrant son esprit. Au diable les conséquences, laissez-moi me faire frapper. veut-il dire, alors qu'il atteint le sol et que ses genoux se dérobent. Barbatos se contente de le regarder gentiment en se dirigeant vers Kaeya.

"Grande Maîtresse Suppléante." dit Barbatos. "Vous pouvez congédier le reste des Chevaliers. Maître Diluc et moi avons à parler de certaines choses."

Jean a l'air fatiguée, à bout de forces, en deuil et tellement, tellement épuisée. Elle lève toutefois la main et dit aux Chevaliers vigilants : "Retournez dormir, maintenant. Je vous ferais un compte rendu demain matin. Pour l'heure, sortez cet incident de vos esprits. Nous nous en occuperons demain."

Ils ont l'air dubitatif, certains ont même l'air angoissés, mais ils rentrent tous à contrecœur dans les dortoirs, en discutant à voix basse.

Diluc ricane pendant qu'ils partent, mais il n'a toujours pas récupéré la moindre force dans ses jambes. Barbatos se penche en avant pour soulever Kaeya, dont il caresse la tête comme un parent apaisant son enfant, puis s'adresse à Diluc. "S'il vous plaît, ne vous en prenez pas à Razor. Il a simplement fait ce qu'il avait à faire."

Diluc grince des dents. "Tu ne fais pas de rimes." Barbatos s'agite. "Sir Kaeya m'a demandé de ne pas faire de rimes ce soir, comme dernière volonté me concernant."

Il installe Kaeya sur les genoux de Diluc, lui permettant de voir ce qu'il reste de lui à la lumière de la lune. Il ne reste que la moitié du torse, un bras et la tête. Il a l'air... paisible.

"Sir Kaeya a été tué il y a sept jours. Le vent pleura longtemps et fort pour lui, mais la terre s'est soulevée et l'a soutenu assez longtemps pour qu'il puisse mettre de l'ordre dans ses affaires. C'est peut-être une tête de roc, mais je crois que même lui a appris à comprendre le chagrin et la nostalgie..." Barbatos murmure. "N'êtes-vous pas heureux, Maître Diluc ? Au cours de ses sept derniers jours sur cette terre, il n'a pas une seule fois laissé ses pensées s'éloigner de Mondstadt. Et vous, Sir Ragnvindr, avez été à la fois la première et la dernière personne qu'il a saluée pendant ce temps supplémentaire qui lui a été alloué. Quel honneur."

"Quelle injustice." dit Diluc, en passant sa main dans les cheveux bleu nuit et en s'approchant Kaeya, appuyant son front contre le sien.

Kaeya.



"Tu aimes ton père ?" demande Diluc, regardant Kaeya avec de grands yeux. Cela fait des heures qu'ils attendent à l'endroit où Crépus a rencontré l'étranger pour la première fois. Les deux jeunes garçons installés sur une natte de pique-nique sous un arbre fruitier, le pommier crépusculaire, leurs servantes vigilantes assises suffisamment loin dans le sous-bois pour ne pas entendre leur conversation.

"Bien sûr !" Kaeya insiste. Ses yeux se tournent non pas vers la route, mais vers la forêt où sont assises les servantes. Il a l'air... coupable, effrayé et quelque peu triste. "Il a dit qu'il allait chercher du jus de raisin."

Diluc réfléchit à ces mots. "Mais il n'est pas encore revenu." Kaeya se met en colère si soudainement que cela fait presque peur à Diluc. "Il m'aime ! Il m'a serré dans ses bras ! Si Monsieur Crépus ne revenait jamais pour toi, est-ce que tu l'aimerais encore ?!"

"Bien sûr que je l'aimerais encore !" Diluc hausse la voix à son tour et ouvre la bouche pour le faire à nouveau, avant de se rendre compte de la stupidité de ses paroles, de sentir ses lèvres se refermer et un rouge ardent colorer ses joues. Il se réinstalle sur le tapis de pique-nique, des larmes chaudes perlant au coin de ses yeux, et dit : "Désolé, j'ai été stupide. Il est probablement revenu et ne t'a pas trouvé. Il reviendra bientôt."

Kaeya baisse son regard vers l'herbe et en arrache une poignée, qu'il presse entre ses doigts avant de la déposer sur les genoux de Diluc. Il renifle et dit : "Oui, tu es plutôt stupide."

Aucun d'entre eux ne mentionne les larmes coulant sur les joues de Kaeya.

Kaeya.

Lorsque Diluc revient à Mondstadt, Kaeya a tellement changé qu'il peut à peine dire qu'il s'agit de la même personne. Il marche d'un pas assuré et tranquille, n'ayant plus rien à voir avec le petit garçon maigrelet qui s'était présenté derrière Crépus, trempé jusqu'aux os.

Il est devenu plus grand, plus robuste, avec de longues jambes, de longs cheveux, de longs cils et un torse qu'il montre au monde entier, comme si les chemises qu'il porte ne pouvaient pas tout contenir. Diluc ne lui arrive qu'aux yeux et, des années plus tard, il hésitera entre le soulagement qu'il ait si bien grandi et l'indignation qu'il ait usurpé sa position de plus grand des deux. Mais, à ce moment-là, tout ce que Diluc peut voir, c'est le visage stupide de Kaeya, l'odeur de la pluie et de la terre fraîchement retournée et le son de l'espion de Khaenri'ah, alors il ne ressent rien d'autre que de l'amertume et de la trahison, frôlant Kaeya et ignorant ses salutations.

Au Cadeau de l'Ange, il se lamente parfois en frottant les tâches et les marques sur le verre, tandis qu'il entend les mensonges et la tromperie couler des lèvres de Kaeya comme un poison bien affiné.

Ah, où ce petit garçon était-il passé ? Celui qui, la première nuit où Crépus avait posé la main sur une chevelure bleue, les deux dégoulinant sur le paillasson, avait regardé la peau pâle de Diluc, écarlate, avec quelque chose semblable à de l'émerveillement dans ses yeux.

Celui qui, avec admiration, avait regardé le festin que Crépus avait fait préparer par les serviteurs, lui disant : Tu es trop maigre, mon garçon. Celui qui, les mains tremblantes et les yeux pleins de doute, avait pris la première bouchée de viande fumante, manquant de s'étouffer à cause de l'inhabituelle saveur. Il avait mangé et mangé, jusqu'à ce qu'il en régurgite une partie sur ses genoux, failli pleurer d'humiliation et, après que les servantes eurent nettoyé, mangé encore. Diluc avait regardé ses bras osseux et s'était dit : C'est bien.

Celui qui avait été vraiment, vraiment réticent à sortir, lorsque la première chute de neige de l'hiver était arrivée. Diluc avait presque dû le traîner dehors et, quand le premier flocon de neige avait atterri sur son nez, il avait tressailli si fort qu'il avait retiré ses mains de celles de Diluc, avant de s'arrêter et de dire, avec une crainte timide : Ça ne fait pas mal ?

Mal ?

Habituellement, les chutes de cendres brûlent les yeux et le nez.

Ce ne sont pas des cendres ! C'est de la neige, faite à partir d'eau très froide.

Oh, c'est vrai.

Ce garçon avait réussi à s'éclipser et à mourir pendant que Diluc ne regardait pas. Ou bien, il avait été mis dans une boîte et envoyé si loin qu'il ne verrait plus jamais la lumière ou la neige. Ou bien, il avait été découpé, toutes les parties innocentes et joyeuses avaient été coupées en tranches à partir des os amers, pour être salées et conservées comme des fragments de souvenirs à long terme.

Pauvre, pauvre Kaeya.



Diluc se réveille.

Il est assis sur un tabouret de pierre, devant une table de pierre. Un bol de soupe fumante et une tasse de thé chaud se trouvent devant lui. À sa droite, un petit esprit du vent est assis sur la table, se versant joyeusement un verre de vin de dent-de-lion. En face de lui se trouve Kaeya. À côté de lui, doré, brun et majestueux, un satané dragon.

"Hm." dit bêtement Diluc. Une feuille virevolte et atterrit dans sa soupe. C'est une feuille de Gingko. L'arbre aux quarante écus. Ce doit être Liyue.

(NDT : L'auteur emploie le terme "Maidenhair tree". Comme il s'agit du nom communément donné au Gingko biloba en anglais, j'ai choisi de le replacer par "arbre aux quarante écus", qui est le nom communément donné en français au Gingko biloba.)

"C'est un plaisir de te voir ici." dit Kaeya. Le sourire qu'il arbore sur son visage lui donne l'air d'être sur le point de pleurer. L'esprit du vent soulève le verre, qui fait presque la moitié de sa taille, et boit l'alcool. "Il était temps. Sans mon Gnosis, j'ai vraiment eu du mal à t'amener ici."

Le dragon, enroulé autour de son tabouret, laisse échapper un grondement qui semble secouer la terre elle-même, comme des plaques tectoniques qui s'entrechoquent. "La dernière nuit n'est pas encore terminée. Jusqu'à ce que le soleil se lève, le contrat d'achèvement de toutes les affaires matérielles n'est pas terminé."

"Ne vous préoccupez pas de nous." dit l'esprit du vent, "Morax et moi avons beaucoup de choses à rattraper. Cela fait des centaines d'années que nous ne nous sommes pas vus, après tout."

Un étrange et troublant silence s'installe, lorsque l'esprit du vent et le dragon se mettent à l'écart, comment à converser tranquillement. Les mots qu'ils prononcent s'écoulent dans l'esprit de Diluc, comme des grains de sable entre les doigts, alors il cesse d'essayer de les entendre. Kaeya le regarde, dans un mélange de tendresse et de tristesse.

"Est-ce que je peux toucher tes cheveux ?" demande-t-il.

Est-ce que je peux toucher tes cheveux ? Des doigts maigres et minuscules parcourent les mèches écarlates, doucement, prudemment, démêlant tous les nœuds qu'ils rencontrent dans les boucles. Ça ressemble tellement à du feu, mais ça ne brûle pas du tout !

À partir de cette simple question, la conversation entre eux se fluidifie, comme l'eau d'une source. Ils se souviennent, ils rient, ils bavardent et, à un moment donné, ils se mettent tous les deux à sangloter, des pleurs forts et déchirants s'échappent de leurs poumons.

"Il est temps." dit le dragon. L'esprit du vent soupire. "Il est temps, en effet."

Kaeya se lève, ses manches sont trempées de larmes, et il réussit à dire : "Prends soin de Klee pour moi, veux-tu ? Parfois, Albedo part pour de longues expéditions et Klee est mon amie, d'accord ?"

"D'accord." Diluc gémit, alors qu'il s'étouffe dans ses larmes. L'esprit du vent vient s'asseoir sur son épaule, lui tapotant légèrement la joue.



C'est la quatrième fois.

La quatrième fois que Diluc perd Kaeya.

La première fois est sous la pluie. Un sentiment de trahison coule alors dans ses veines, pendant que Kaeya le regarde, une série de mensonges aux lèvres. Pour la seconde, il est seul, exsangue, et fixe le dos d'un Brutoviandu s'éloignant en quête d'une nouvelle tribu. La troisième est sous une lune larmoyante, accompagnée d'étincelants fragment Géo et d'une chaire immobile. La quatrième, enfin, se produit lorsque, résigné, il s'éloigne de lui, encadré par deux dieux.

Diluc sanglote en tendant la main. Quelle honte. murmure son esprit. Tu l'as perdu il y a très, très longtemps, alors pourquoi t'accroches-tu encore ?

Diluc se réveille.

Il est dans son lit, dans la chambre au-dessus du Cadeau de l'Ange. Il est dans un état lamentable, son oreiller est tâché de larmes, sa gorge est brûlante, ses yeux sont gonflés et rouges. Il est convoqué au quartier général des Chevaliers de Favonius.

Il s'y rend.

À l'extérieur d'une pièce, dans le couloir, une petite fille vêtue de rouge est allongée sur le sol. Elle dessine quelque chose sur un papier, avec un crayon bleu.

"Monsieur Diluc." dit-elle d'un air incertain, en le regardant s'approcher. "Êtes-vous aussi ici pour les affaires de Monsieur Kaeya ?"

"Aussi ?" demande-t-il.

"Oui !" dit-elle dit en agitant ses pieds. "Monsieur Kaeya est parti en voyage, mais Mademoiselle Barbara dit que c'est un autre genre d'aventure que ma mère a vécu ! Monsieur Kaeya ne reviendra pas avant un super loooong moment !"

Prends soin de Klee pour moi, veux-tu ? Diluc caresse sa tête et essaye de parler sans laisser sa voix trembler. "C'est exact. Je crois que je suis ici pour récupérer certaines choses pour Kaeya. Oh ? Qu'est-ce que tu dessines ?

Klee lève son papier, pour montrer fièrement son dessin. "C'est Monsieur Kaeya ! Et c'est moi ! C'est Monsieur Kaeya qui explique à Klee toutes les règles de survie de Klee. Je vais faire un dessin de lui tous les jours jusqu'à ce qu'il revienne, parce qu'il a dit qu'il aimait beaucoup mes dessins. Savez-vous qu'il garde tous les dessins que je lui donne ?"

Il regarde le dessin d'un œil sévère, puis acquiesce. "C'est un très bon dessin."

Klee sourit à Diluc. Il ne peut s'empêcher de se rappeler le regard tendre et lointain que Kaeya avait sur son visage lorsqu'il avait dit : Klee est mon amie.

Ah.

Diluc comprend, désormais.



Jean semble fatiguée. Elle semble avoir pleuré pendant des heures, tout comme Diluc. Elle lui remet une épée dans son fourreau, puis une petite et lourde boîte.

Diluc l'ouvre et constate qu'il s'agit d'un œil divin. L'œil divin de Kaeya. La gemme en son centre est terne et grise, loin d'être aussi froide qu'elle aurait dû l'être. D'une certaine manière, c'est en la voyant de ses propres yeux que Diluc réalise que tout est vraiment fini.

Kaeya devait être éternel, mais il ne l'est plus, désormais. Il est parti. Tout ce que Diluc peut faire est de formuler des prières, d'employer tout ce qu'il lui reste de foi pour supplier les Archons et les dieux de permettre à Kaeya de reposer en paix.



Je prie pour que, dans ta prochaine vie, le monde soit plus accueillant envers toi, pour qu'il te protège de toutes les injustices. Je prie pour nous puissions nous rencontrer à nouveau.

Reste en sécurité, mon adorable frère.

¤

Vous allez bien ?

J'espère que oui-

Il reste encore deux petits chapitres (que je peux qualifier « d'annexe », mais qui ont tout de même leur importance)

Initialement, je prévoyais aussi de traduire la note de fin de l'auteur, mais j'ai pas la foi-

Je la traduirais peut-être un jour-

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