7. JJ

- Mais pourquoi il t'a déposé ? Me demande encore Parin. Je croyais que tu pouvais pas le voir depuis ce qu'il s'est passé en seconde. 

- Il sait pas que c'est moi. Il m'a pas reconnu. Puis c'était pas vraiment lui, c'était surtout ses amis. J'ai l'impression qu'il a changé. 

J'ai envie de m'arracher la langue rien que pour ça. Ou d'avaler de la javel. 

- Mais t'es amnésique ou quoi ?! Il s'écrie et j'ouvre grand les yeux. 

- Me crie pas dessus Parin. Je balance choqué. 

- Excuse moi. Il baisse la tête. C'est juste que je me souviens à quel point tu as souffert, et je ne veux pas te voir dans cet état encore une fois. 

- T'en fais pas pour moi mon pote. Je ne suis plus aussi fragile qu'à l'époque. Myriam m'a coaché. 

Il esquisse un petit sourire et on entre dans la maison de retraite. Je me sens déjà mal de lui mentir, surtout en sachant que maintenant il s'inquiète pour moi. 

Je reçois un appel de Dean et grimace. 

- J'arrive okay ? 

Il hoche la tête et je réponds. 

- Merde. J'ai oublié qu'on devait rentrer ensemble. J'ai eu un cours d'annulé et je suis avec Parin là. 

- C'est pas grave. Dis moi où t'es, je vais venir te chercher. 

- T'es sûr ? C'est loin. 

- JJ. 

- Je t'envoie l'adresse. 

Je raccroche et lui envoie l'adresse. Je rentre ensuite et retrouve mon meilleur ami. 

- Bon, mamita n'a plus toute sa tête, surtout depuis la dernière fois que tu l'as vu. Elle va peut-être pas se souvenir de toi. Des fois, elle ne sait même pas qui je suis. 

J'hoche la tête en lui frottant le bras. J'ai toujours été chez Parin depuis qu'on se connaît. Et sa grand mère me traitait vraiment comme si on était des jumeaux séparés à la naissance. C'était ma seconde famille, ils m'avaient adoptés. Surtout en sachant à quel point c'était difficile chez moi. 

On arrive devant sa grand mère et elle sourit. 

- Parin ! Mon petit garçon ! 

- Bonjour mamie ! 

Il lui fait un câlin et je souris. 

- Tu te souviens de JJ ? Il est revenu de chez son père. 

Il s'écarte pour me laisser apparaître et je la salue. Elle me regarde comme un inconnu, mais pas totalement. 

- Bonjour mamita. 

Elle acquiesce, se demandant sûrement qui je pouvais bien être dans sa vie. 

- Je vais aller te chercher ton goûter, parle un peu avec JJ pendant ce temps d'accord ? 

- Tu es un ami de Parin pas vrai ? 

- Oui. Depuis la maternelle. J'étais tout le temps chez vous, vous disiez qu'on était des jumeaux séparés à la naissance parce qu'on était tout le temps collés l'un à l'autre. Elle sourit. On faisait beaucoup de gâteaux, et vous nous emmeniez manger des glaces. On faisait aussi des soirées pyjama dans votre salon, on regardait cette vieille émission que vous adoriez. Vous m'avez appris à nager et à faire du vélo. Les meilleurs moments de ma vie étaient avec vous mamita. 

Elle me prend la main alors que la nostalgie me fait monter les larmes aux yeux. 

- Tu sais, je ne me souviens peut-être pas de ton nom, et je ne te reconnais pas... Mais je sais que je t'aime. Je l'ai su dès que je t'ai vu. Je n'ai plus toute ma tête mais mon cœur lui se souvient. 

Les larmes se mettent à couler sur mes joues alors qu'elle caresse mon visage avec douceur, comme une mère, comme une grand mère. Un geste maternel, qu'elle seule m'a donné. Je lui souris malgré les larmes. 

Parin revient et s'inquiète. 

- JJ ça va ? 

- Oui oui, t'inquiète pas. Je le rassure. 

Il pose le plateau et s'assied pour aider sa grand mère à manger. Je reçois un message et essuie grossièrement mes joues. 

- Dean est venu me chercher. Je vais vous laisser... Mais promis mamita, je reviens vite. 

Elle sourit. 

- D'accord... Dit Parin. Si jamais ça ne se passe pas bien avec lui, promets moi de m'en parler. 

- Promis. 

Je sors dehors en reniflant, le cœur serré. Ce qu'elle m'a dit m'a bouleversé d'une manière à laquelle je ne m'attendais pas. 

Je vois Dean appuyé contre sa voiture. Il se redresse et fronce les sourcils en me voyant. 

- T'a pleuré ? 

Une larme s'échappe encore. 

- C'est quoi ? C'est un de tes grands parents... 

- J'ai pas envie d'en parler. Je maudis ma voix tremblante. 

Les larmes redoublent alors que je n'arrive pas à me calmer. Il me regarde et d'un seul coup, m'entoure de ses bras. 

Je n'ai pas la force de le repousser, je fais même le contraire. Je me mets à pleurer dans son épaule en m'accrochant à sa chemise. 

Après quelques minutes, il me fait asseoir dans la voiture. Il monte derrière le volant et je soupire en regardant en l'air, dans un élan désespéré pour tenter de retenir mes larmes. 

- J'ai pas envie de rentrer chez moi. 

Je n'ai pas la force de me confronter à ma mère. 

- Tu veux venir chez moi ? 

J'hausse les épaules et il démarre. Les valves dans mes yeux se ferment enfin alors qu'il conduit jusqu'à chez lui. 





On arrive devant un petit appartement et on rentre. 

- Tu vis tout seul ? Je demande. 

- Oui, c'est plus proche de la fac. 

Je m'assieds sur le canapé alors qu'il allume la télé. Je pense encore à mamita. 

Quelques instants après, Dean arrive avec deux ramens minute. 

- Bon, c'est pas de la grande cuisine, mais ça réconforte quand même. 

- Merci. 

Je prends le ramen et les baguettes. Il s'assied à côté de moi et commence à manger. 

- C'est la grand mère de Parin qu'on est allés voir. Je balance. 

Il se tourne vers moi. 

- Elle m'a pratiquement élevé aussi. Elle a Alzheimer. 

Je m'enfonce dans le canapé et le regarde. 

- Elle ne m'a pas reconnu. J'ai passé toute mon enfance avec cette femme, elle était comme ma mère. Et elle ne m'a pas reconnu. Puis quand je lui ai parlé, elle m'a dit quelque chose qui m'a fait craqué... 

- Qu'est-ce qu'elle a dit ? Il demande d'une voix douce. 

- Elle m'a dit qu'elle n'avait plus toute sa tête, qu'elle ne me reconnaît pas, mais qu'elle sait qu'elle m'aime... Parce que son cœur se souvient. Qu'elle l'a su dès qu'elle m'a vu. 

- Oh putain... Il chuchote en posant son pot sur la table basse, se redressant pour me regarder un peu plus sérieusement. 

- C'est dingue, mais c'est la première fois depuis que je suis revenu que je me suis senti à la maison... Elle m'a regardé avec tellement d'amour, et elle m'a caressé le visage exactement comme elle le faisait quand j'avais 7 ans. J'ai eu l'impression d'être revenu dans le passé et mon cœur était un peu plus léger l'espace d'une seconde. Ça m'a fait du bien. 

Il me fixe toujours du regard et je fais de même, l'air triste. 

- Et ça va maintenant ? 

Je fais la moue. 

- Je sais pas vraiment... Mais merci de me laisser rester ici. 

Il me fait un signe de tête. Je mange mes nouilles en regardant l'écran devant mes yeux. 

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