32. Elyse
Je suis devant sa cellule. Après dix ans de mensonge, me voilà devant la cellule qui abrite ma génitrice. Ma main trombe tandis que j'agrippe la poignée. Je suis incapable de la nommer "maman". Que dois-je faire ? La libérer et lui apprendre que je suis sa fille ? Aurais-je l'envie et la patience de lui réapprendre à me connaître ? Voudra-t-elle de moi ? Je lâche la poignée comme si je venais d'être brûlée et tourne le dos à la cellule. Que choisir ?
Myala, Iwhaell, tous ceux que j'ai connus m'ont menti en me laissant croire qu'elle était morte à cause du Gouvernement alors que je n'avais que neuf ans. Kerry n'avait qu'un an et il devait déjà vivre sans sa mère. Tout cela, toutes ces années à me croire orpheline, c'était du vent. Un mensonge que l'on m'a laissé croire. Je ne peux pas continuer à vivre dans le mensonge, je dois connaître la vérité. Et il n'y a qu'une personne qui soit capable de me la donner, au diable les conséquences !
Un bruit sourd se fait entendre. Je me tourne vers la source du bruit, braquant l'arme de Myala dans sa direction. J'ai dû assommer Myala pour avoir cette arme, j'espère qu'elle ne m'en voudra pas... Le bruit s'arrête après quelques secondes. Doucement, j'avance en claudiquant. Une fois devant la porte d'où provient le bruit, je marque une pause. Il ne faut pas se précipiter. J'entre dans la pièce adjointe à la cellule pour découvrir trois cadavres sur le sol, tué d'une balle dans la tête. Aucun signe du tireur. Quelle que soit la personne qui a fait cela, c'est un professionnel.
Je m'approche des corps, enjambant le premier cadavre pour m'agenouiller devant le second. Je baisse mon arme pour observer la blessure. Un seul impact, bien propre, sans éclaboussure de sang. Non seulement me tireur les as descendu avec un silencieux, mais il était face à eux et à une distance de quelques centimètres, car le canon de l'arme était posé sur leurs fronts. Je pose ma main sur le visage du cadavre et lui ferme doucement les yeux. J'ai beau haïr les soldats, personne ne mérite de mourir ainsi.
Un nouveau bruit me fait me relever. Je me retourne, arme à ma main, d'un mouvement assez rapide pour que ma jambe suive sans douleur. Iwhaell lève deux mains en l'air en signe de paix et je vois son regard dériver avec horreur vers les cadavres au sol. Elle pâlit et je lis dans ses yeux toute l'incompréhension du monde. Iwhaell me regarde à nouveau et je comprends avec stupéfaction qu'elle me considère comme coupable. Je range mon arme à la ceinture.
- Je ne les ai pas tués. Je n'ai tué personne !
Elle ne me croit pas. Elle recule, les larmes aux yeux.
- Tu l'as dit toi-même. Tu es un monstre.
J'accuse le coup. Elle a raison, je suis un monstre. Mais je n'ai pas tué ces gardes. Je n'ai tué personne. Elle doit me croire ! Je fais un pas vers elle, lançant mon arme sur le sol. Le bruit de la chute sembla réveiller Iwhaell qui me dévisagea. Je secouais la tête sous son regard interrogatif.
- Je suis un monstre parce que j'ai déjà tué par le passé. J'ai tué des gens de ma famille, des gens qui comptaient pour moi et qui comptaient sur moi pour les sauver. J'ai trahi énormément de gens, Myala en est la preuve vivante.
Iwhaell grimaça.
- Était.
Je fronçais les sourcils devant l'intervention d'Iwhaell. Ce n'était pas son genre de m'interrompre pendant mes explications. Elle qui voulait tellement en apprendre plus sur moi et mon passé.... Je me rapprochai d'elle tandis que son regard balayait le sol.
- Était ?
La jeune fille releva les yeux vers moi et hocha la tête. Elle désigna les gardes allongés sur le sol avec un air grave. Je vis une larme couler le long de ses joues. Iwhaell pleurait ? Qu'est-ce qui avait bien pu se produire ?
- Tu l'as libérée !
Le cri d'Iwhaell aurait pu réveiller les morts. Il venait de son cœur, elle hurlait toute sa détresse et sa peur à qui voulait bien l'entendre et l'aider. Je m'approchais et la pris dans mes bras, étouffant son cri qui laissa place à des larmes. Je n'étais pas la seule à avoir été brisée par ma prison.
- Quoi ? Non, je n'ai libéré personne. Ma mère est toujours dans sa cage. Je...je n'ai pas eu le temps de le faire.
Je me sentais coupable. Après la scène que je lui ai faite plus tôt, je me sentais coupable de ne pas avoir libéré la personne responsable de cette dispute. Mais trop de questions trottaient dans ma tête... Iwhaell s'écarta de moi et alla ramasser l'arme de Myala, enlevant la sécurité.
- Tu ne comprends rien Elyse ? Je t'ai dit qu'elle était dangereuse ! Si tu ne l'as pas libérée, je ne sais pas qui l'a fait, mais cette personne nous a condamnés à mort !
Je plisse les yeux.
- Quoi ?
Iwhaell rechargea l'arme avec les munitions de l'un des morts et mis les autres dans ses poches.
- Ta mère a été programmée pour tuer. C'est une machine de guerre. Les morts justes ici, c'est elle. Elle a aussi....elle a dû tuer Myala quand tu es partie. Elle pensait que j'étais déjà morte car j'étais dans les vapes.
Le choc de cette nouvelle manque de me faire tomber. Je me rattrape de justesse au mur. Ma mère est une tueuse professionnelle ? Myala est morte ? Mes yeux fixent le sol et je sais que mon cerveau essaye tant bien que mal de comprendre, de faire une connexion entre toutes ces informations mais je n'y parviens pas. Iwhaell me parle, quelques bribes parviennent à mes oreilles mais pas le reste. J'ai compris qu'on devait bouger mais je ne trouve pas la force de le faire.
D'un seul coup, je me retrouve à terre, poussée par une énorme force. Mon front heurte le sol, m'arrachant une grimace. J'entends Iwhaell crier mon nom, ainsi qu'une détonation avant que le silence ne revienne. Je retrouver instantanément la voix et hurle le prénom de mon amie pour rassurer mon cerveau paniqué. Je me retourne, restant le dos collé au sol. Iwhaell est là, elle me regarde depuis l'entrée de la salle. Sa jambe saigne là où Myala a tiré, mais je remarque surtout qu'elle se tient l'épaule qui saigne également. Une nouvelle balle lui a traversé l'épaule.
Une ombre passe devant Iwhaell qui ne bouge plus, pétrifiée. Cette silhouette se plante devant moi et je ne distingue que l'arme braquée sur moi. Petit à petit, je remarque de longs cheveux violets identiques aux miens, des yeux verts forêt et surtout des tâches partants sur son avant-bras dénudé. Dans ses yeux, je ne lis que la mort et le désespoir. Ses muscles ne tremblent pas, elle va tirer. Pourtant, elle se contente de me menacer, mais aucun coup ne part. Je ne bouge pas non plus, je la regarde.
- Ma.... Alya ?
Ma question sonne faux, elle résonne dans la pièce. Iwhaell n'a pas bouger, elle n'ose pas. Elle a peur de cette femme, je peux le sentir. Je n'arrive pas à croire que la femme face à moi, qui menace de me tuer, c'est ma mère. Et que ma mère à tuer mon ancienne meilleure amie. J'entends l'arme faire un bruit que je ne connais que trop bien : la sécurité a été enlevée. Je regarde alors l'arme, me rendant compte que c'est celle de Myala est non l'arme avec laquelle elle a tué les précédents soldats.
- Qui t'as permis de prononcer mon nom ? Tu travailles pour celui qui a fait de moi ce monstre. Il croyait avoir réussi cet enfoiré ! Il l'a fait, créer un monstre capable de tuer sur commande. Mais il n'a pas réussi à détruire tous mes sentiments. Je le hais, lui et ses petits chiens ! Je me demande encore pourquoi je ne t'ai pas déjà abattu. Tu es un monstre.
Deux fois en l'espace de quelques minutes, mon cœur va imploser. Mon propre sang me voit comme un monstre. Quoi répondre à cela ? Ma mère va me tuer. Comment imaginer une plus belle fin ? Je ferme les yeux, regrettant déjà d'avoir accepté de porter cette fichue combinaison. Cela expliquait pourquoi Iwhaell n'était pas morte. Ma mère n'allait pas la tuer mais l'aider ! Je me demandais quand même si tout le monde dans la forteresse était mort... La sonnerie stridente d'une alarme me permit de comprendre le contraire. Cette femme avait peut-être tué des gardes, mais pas le Président et sa clique. L'arme vint se coller à mon front tandis que deux yeux verts confrontèrent mes yeux bleus.
- Être un monstre semble être de famille.
Je vis ses yeux briller sous l'effet de la surprise et en profitait pour la faire tomber à son tour. Je me relevais et couru vers Iwhaell qui semblait toujours incapable de bouger. Je lui pris la main tandis que la tueuse derrière nous se relevait d'un bond. Si Iwhaell ne bougeait pas, nous étions mortes ! Je pris une mesure drastique : je mis une gifle à mon amie qui s'éveilla enfin. Elle posa une main sur sa joue avant de me suivre vers la sortie de la salle. J'entendis derrière nous des bruits de course, ce qui me poussa à accélérer. J'entendis une nouvelle détonation et mon cri se répercuta sur les murs de la salle tandis que mon corps chuta lourdement au sol.
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