31. Iwhaell

J'aurai dû le voir venir et anticiper. Je connais Myala presque par cœur, chacun de ses réactions, chacune de ses mimiques, je connais la signification de ses silences tout comme celui de ses grosses crises de nerfs. Je sais qu'elle ne m'aime pas bien que je n'ai jamais cherché à savoir pourquoi. C'est un soldat, je suis une prisonnière, nous sommes des ennemis naturels. Je n'ai jamais cherché à aller plus loin, à trouver une raison à sa haine à mon égard. J'aurai dû voir que le Président, cette immonde raclure de bas étage, ne fait que la monter contre Troyan. Il lui a raconté comment il a aidé un gamin à s'échapper alors qu'il n'avait que douze ans, la manière dont il a survécu aux tests et surtout son altercation avec une de leurs scientifiques. Il avait pu lire ses pensées. Je le sais parce que j'étais déjà là, j'étais déjà en cage à ce moment-là et j'ai entendu les ragots. On pense que les soldats sont des hommes et des femmes virils et sans sentiments, mais ils sont pire que les journaux locaux quand une information un peu "flash" sortaient : tout le monde était au courant dans les deux heures.

J'ai grandi dans ces maudites cages. Je suis arrivée dans les locaux du Gouvernements à l'âge de deux ans. J'ai été élevée par une dame Koÿn jusqu'à ce que j'aie l'âge de passer les tests. Je ne sais même pas comment j'y ai survécu. Les gens me disent chanceuse, je pense que j'ai eu un ange gardien. Plus tard, il fut révélé que c'était vrai : j'avais été sauvée lors de mon dernier test par quelqu'un d'autre, sinon je serais morte. C'est ce qui m'a valu mon enfermement. Quand la supercherie fut découverte, les tests avaient été arrêtés et aucun scientifique n'a accepté de les relancer, c'était "trop dangereux pour eux". Du coup, j'avais été enfermée dans les cages. Je n'ai vu l'extérieur que lors des sorties de trois heures le midi. Et encore, il n'y a que six arbres, quelques brins d'herbe et un demi-soleil caché par les hautes tours de contrôles. Je ne suis jamais sortie, je n'ai jamais vu de ville ni même d'autres personnes que les gardes. Forcément, en rencontrant Elyse, j'ai eu un choc.

Mais le pire fut de découvrir qui m'a aidé lors de mon dernier test. Non pas parce que je lui en voulait, au départ pas du tout : cette personne avait sauvé ma vie. Certes, elle reste bien misérable ma vie, mais j'aurai pu être un soldat. Rien que l'idée me répugne. Cette découverte brisa mes derniers espoirs d'évasion. Car oui, j'avais l'espoir que mon ange gardien revienne me délivrer. Mais non. Mon "ange gardien" n'était autre que Troyan Solveig, un militaire de l'armée de l'air, un pilote émérite avec quasiment trois cent morts au compteur et deux années de services. C'est Myala qui m'a raconté tout cela, avec le sourire qu'elle réserve sans doute à sa viande avant de la manger. Ce sourire qui fait couler les sueurs froides le long de ton cou, bien doucement, histoire que tu sentes la peur couler gentiment dans tes veines. Je n'y ai pas cru. Pourquoi un soldat m'aiderait à m'échapper ? C'est ce qu'ils veulent, nous voir souffrir !

Ensuite, j'ai appris que c'était comme moi, un Torghol. Double choc, trahison, disgrâce ! Cet homme avait rejoint les rangs de ceux qui nous torturaient comme des rats de laboratoire et osait prétendre au titre de "sauveur" dans la tête ? Non. Donc j'ai haïs Myala pour m'avoir avoué la vérité sur mon sauveur pendant des mois. Elle m'a avoué ça l'année dernière, pendant l'une de nos séances de torture quotidienne. La plupart des cicatrices que j'ai sur le corps, je les lui dédicaces volontiers. Mais jamais je ne lui aurai montré que j'avais mal, que je pleurais de douleur la nuit dans ma petite cage ou que je pensais aux arbres à moitié morts que je voyais dans la cour de la prison pour essayer de ne pas sentir la douleur. J'avais mes manières de ne pas montrer ma douleur qui faisait rugir Myala. Elle me déteste à cause de ça. Si je lui avais montré quelques signes de douleur, elle m'aurait laissé tranquille peut-être. Ou alors elle m'aurait tué.

Aujourd'hui, je suis poings et pieds liés, les mains attachées au-dessus de ma tête, du sang coulant de son visage et de mon dos. Myala m'a frappé avec le plat de son épée sur le dos et m'a entaillé le visage avec son couteau. Elle sait comment s'y prendre pour faire mal sans tuer. Elyse en est la preuve vivante. Elle se tient au mur, face à moi. Je sais que sa jambe lui fait toujours mal et qu'elle n'arrive pas à marcher correctement ni même à courir. Je ne sais pas si ce handicap est définitif ou non, mais je sais que cela vient contrecarrer mes plans d'évasion, encore une fois. Et il y a cette histoire de Choix. Je sais qu'Elyse ne veux pas trahir Troyan bien que je ne sache pas pourquoi. Certes, il a déserté et il m'a sauvé, c'est pour cela que je lui ai demandé de le protéger lui, mais c'est surtout à cause de la lueur que je vois dans son regard quand les autres parlent de lui. Elle l'aime bien, je ne saurais pas dire à quel point. Cela doit être difficile, de s'être attachée à un homme qui ne vous aimera jamais.

Et Myala vient de lâcher une réelle bombe avant de quitter la salle en riant. Elyse n'a plus que deux heures avant de faire son choix, celui qui va me permettre de savoir si je reste ou non en vie. Mais la révélation de Myala va faire changer la donne. Si Elyse pensait protéger Troyan, telle que je la vois maintenant, je sais qu'elle fera tout pour me sauver. Troyan est mon frère ? Même moi, j'ai du mal à y croire. Cela expliquerait pourquoi il m'a sauvé, mais pourquoi n'être jamais revenu pour moi ? Pourquoi être entré dans l'armée et avoir tué toutes ces personnes pour un Président qui me torturait pour le plaisir ? Quel genre de frère peut laisser cela arriver ? Elyse lève les yeux vers moi et je découvre des larmes. Le reflet des miennes, que je sens couler avec le sang le long de mes joues.

- Tu le savais ?

Je devine à sa question qu'elle tente de reconstituer le puzzle. Un puzzle dont Troyan moi et elle avons les pièces, mais que nous ne pouvons compléter qu'ensemble. Or, il nous manque l'un des plus grosses pièces de ce maudit puzzle : Troyan. Lui, il est dehors, en train de "sauver la Terre" selon Elyse. Je ne sais pas qui est Terre ni ce qu'elle représente pour mon "frère", mais visiblement elle compte plus pour lui qu'Elyse ou moi. Je n'essaye pas de répondre, je sais que ma gorge est trop endommagée pour que je le fasse sans m'arracher quelques cris de douleur. J'ai suffisamment crié hier soir pendant la nuit pour savoir que ma voix n'est plus d'actualité. Je me contente de secouer négativement la tête. Non, je ne savais pas.

- Tu m'avais dit que tu connaissais bien mieux Troyan que je ne le pensais. Si tu ne savais pas qu'il était ton frère, comment le connais-tu ?

Je n'ai plus le choix. Elle ne me laisse plus le choix. Je dois lui répondre, commencer à compléter son puzzle. Je tire sur mes bras pour soulager la douleur de mes épaules et redresse doucement la tête jusqu'à sentir ma gorge se débloquer. Je sens aussi la douleur venir depuis ma nuque, qui se tient dans une mauvaise position, mais j'en fais abstraction pour me concentrer sur ce que je suis supposée répondre.

- Il...

Rien que ce mot m'écorche affreusement la langue et me brûle l'œsophage, mais je me dois de continuer. La vérité doit être dite, je ne peux plus la garder en moi. Plus maintenant que l'on partage plus qu'une simple cellule de prison. Elle connait l'homme qui se dit être mon frère.

- Il m'a sauvé la vie. Il t'a parlé des tests ?

Elyse hoche la tête à son tour. Je ne sais pas ce qu'il a pu lui dire sur ces tests mais elle ne semble pas très effrayée. Peut-être at-t-elle connu pire ?

- Oui. Cela semble affreux. Tu y étais aussi ?

Je souffle.

- Oui. Il m'a sorti de là pour m'éviter la mort, mais il m'a condamné à la prison à vie.

J'eu un petit rire amer. Je venais de résumer ma vie en une phrase. Je devrais être morte à l'heure qu'il est. Connaissant Myala, je sais qu'elle se ferait un plaisir de rectifier le tir. Avec une bonne balle dans la tête, sans trop de sang ni de douleur. Quelque chose de rapide. Je vois Elyse se laisser tomber sur le sol et se recroqueviller sur elle-même. Puis je l'entends pleurer à chaudes larmes. Ses nerfs lâchent, elle ne se retient plus. Elyse, le petit bout de femme fragile physiquement mais si forte mentalement, vient de craquer devant mes yeux. Comment suis-je supposé garder espoir après ça ? Si je suis encore debout, c'est parce que je ressens une irrépressible envie de l'aider, même si je dois mettre ma vie en danger.

La porte s'ouvre à la volée, Myala rentre. Elle est blanche comme un linge, je ne l'avais jamais vu comme ça. Ses yeux se posent sur Elyse, qu'elle ne doit voir que comme une vague ombre à même le sol. Elle ne bouge pas, elle se contente de la regarder. Son visage blanc reprend petit à petit des couleurs. Je sais que je ne devrais pas demander... Au diable les règles ! Je ne les ai jamais suivies, je ne vais pas commencer maintenant !

- Hé bah alors Myala, on a vu un fantôme ?

Ma voix est peut-être cassée, mais elle arrive parfaitement à transcrire l'ironie que j'avais en tête. Elyse sursaute et se retourne, trouvant Myala qui la fixe toujours. Elle n'a pas relevé ma pique, elle reste juste là, bras ballants, sans rien faire. Ce n'est pas normal. Myala, c'est quelqu'un qui crie ou qui rit pour extérioriser sa colère, pas quelqu'un qui reste de marbre, tout gentiment. Et puis quoi encore ? Elyse a dû rejoindre ma pensée car elle se relève et s'approche clopin-clopant de Myala. Je ne sais pas ce que ces deux-là ont vécus ensemble, mais vu que Myala déteste Elyse, je ne sais pas si aller vers elle est une bonne idée de sa part. Elyse s'arrête avant d'arriver à côté de Myala et ne bouge plus. La pièce est devenue silencieuse, beaucoup trop silencieuse.

Dehors, j'entends une alarme se déclencher. Myala ne réagit toujours pas, alors Elyse s'approche de moi pour détacher mes mains. Je tombe dans ses bras avec délice, laissant quelques larmes de joies couler. Je suis enfin détachée ! Je l'étais depuis si longtemps que j'avais oublié que j'étais entravée. Je me poste devant Myala et claque des doigts devant elle, ce qui semble la réanimer. Elle me fixe et je regarde ses yeux hagards et son uniforme déchiré au niveau des épaules. Elyse, derrière moi, recule d'un pas. C'est le plus sage, probablement ce que je devrais faire également. Mais je ne peux pas m'en empêcher. Myala est juste devant moi, elle ne répond à aucun signal normal... Est-ce que je peux m'amuser quelques minutes ? Je souris et pose mes deux mains sur les épaules de Myala, la forçant à me regarder. Pour une fois, elle est à ma merci. Avec une grande inspiration, je la frappe avec ma tête. Elle recule en hurlant et je ne peux m'empêcher de sourire.

- Ca, c'est pour toute la torture que tu m'as fait subir !

Elyse m'attrape le bras, sans doute pour me réprimander. Mais je ne laisserais personne me gâcher un moment aussi parfait. Myala est sur le sol, se tenant la tête, avec du sang qui coule. Elle est en position de faiblesse, elle connaît enfin un petit peu la douleur qu'elle m'a infligé et Elyse voudrait quoi, qu'on s'en aille ? Non ! Même si je dois mourir ici, je ne peux pas laisser Myala s'en tirer à si bon compte ! Je m'approche de la soldate au sol et la frappe, poings fermés, de toutes mes forces. Je répète le mouvement, laissant ma rage s'exprimer. Le monde est cruel, le monde est injuste, le monde nous force à devenir des monstres. Pourquoi devrais-je en avoir honte ? Je ne l'arrête que lorsque Myala arrête de se battre. Lorsqu'elle arrête de se débattre comme une folle contre mes assauts. Quand elle ne bouge plus, inconsciente sur le sol. Elyse n'a pas bougé, elle me regarde depuis le petit coin dans lequel elle s'est réfugiée. Je ne sais vraiment pas pourquoi elle n'a pas souhaité prendre part à ça.

Finalement, elle vient vers moi et me relève. Elle jette un Myala un regard noir et je passe ma main sous ses épaules pour l'aider à marcher. Je devrais lui demander ce qu'il s'est passé entre elle et Myala dans le passé pour qu'elle refuse de frapper cette atroce blondasse, mais je me retiens. C'est Elyse qui m'a appris que parfois, il fallait garder ses questions pour soit pour ne pas blesser la personne. Dans un monde aussi pourri que le nôtre, je n'ai qu'Elyse sur qui compter. Si on se fâche, je serais seule à jamais, vouée à mourir. Je ne survivrais pas deux heures lâchée dans une ville et je le sais. J'aide Elyse à marcher jusqu'à la porte, jusqu'à ce que Myala commence à parler. Je pensais qu'elle ne débitait que des paroles en l'air, mais en voyant le visage d'Elyse se décomposer, je comprends qu'un petit bout de son passé vient de ressurgir, et que ce n'est pas un bon petit bout.

- Elle est ici... Alya est ici... Elle est ici... Elle est vivante...

Je presse Elyse pour quitter cette pièce qui me fou carrément les jetons. Myala est dedans, en sang et en train de délirer ! Il n'y a que moi qui veut me tirer très loin, me refaire une vie dans une petite ville sympa ? Visiblement oui, car Elyse se détache et retourne vers Myala en boitant. Je ne sais pas ce qu'elle veut faire, mais vu son visage plus blanc qu'un drap, ça sent les ennuis. En effet, à peine Elyse atteint Myala qu'elle se laisse tomber au sol pour lui mettre une énorme gifle.

- Je t'interdis de parler d'elle ! Je t'interdis de dire ça ! Ma mère est morte ! J'avais six ans quand elle est morte ! Elle s'est pris une balle dans la poitrine !

Je sens la colère d'Elyse jusqu'ici. C'est une sorte de règlement de compte entre les deux filles. Visiblement, les deux ont connus la maman d'Elyse. Attendez... Alya ? Comme la scientifique ? Je fais demi-tour à mon tour, m'approchant d'Elyse qui se relève doucement. Myala essaye aussi de se remettre debout, peine perdue. Je l'ai bien amochée.

- Alya ? Comme la scientifique qui... Cette Alya ?

Myala sourit, un sourire remplit du sang. Visiblement, je ne l'ai pas loupé. Cette vision pourrait me faire rire si Elyse ne me dévisageait pas avec autant d'incompréhension. Elle ne sait rien de tout ça... Elle n'a aucune pièce du puzzle que je veux terminer. Elle ne pourra pas répondre à mes questions. Elle est plus perdue que moi !

- Ouais. La folle qu'ils ont interné parce qu'elle racontait partout que Troyan avait lu ses souvenirs.

Elyse pousse un hurlement de rage et frappe Myala dans la mâchoire. Je peux comprendre qu'Elyse n'a connu sa mère que cinq ans dans sa vie et a sans doute des souvenirs merveilleux avec elle. Elle ne sait pas qui est sa mère ni ce qu'elle a fait. La traiter de folle, c'est parce que Myala ne croit pas aux même Déesses que nous. Puis Elyse relève les yeux vers moi. Derrière ses mèches violettes qui lui recouvrent le visage, c'est une lueur de furie que je peux lire dans ses yeux. Elle m'en veut de ne pas lui en avoir parlé. En même temps, comment étais-je supposé aborder le sujet ? "Tu connais la folle qu'on a interné il y a de cela des années ?". Comment pouvais-je avoir établi un lien entre ce monstre de cruauté et la gentille Elyse que j'ai toujours connu ?

- Ma mère est vivante ?

De l'espoir. Dans sa voix pointait de l'espoir. Elle veut y croire, elle veut me l'entendre dire. Je baisse les yeux.

- Visiblement.

Elyse se relève et s'approche de moi.

- Visiblement ? C'est tout ce que tu me dis ? Tu savais qu'elle était en vie et tu ne m'as rien dit ?

Je fronce les sourcils. Comment j'aurai pu le savoir ? Je ne connais pas l'arbre généalogique d'Elyse !

- Je ne savais pas que c'était ta mère !

Elyse accuse le coup. Ses poings se serrent, sa mâchoire se contracte et elle recule d'un pas. Visiblement, j'ai manqué quelque chose car elle me tourne le dos en se murmurant quelque chose. M'a-t-elle déjà parlé de sa mère ? Je n'en ai aucun souvenir...

- Je t'ai parlé d'elle. J'ai essayé de te parler. J'ai la preuve que tu m'écoutes, c'est rassurant.

Le cynisme dans sa voix me procure des frissons. Elle m'en a parlé et j'ai oublié. Ou je n'ai pas écouté. Je me rends compte que je l'ai déçue. Comme moi, elle pensait sans doute que l'on puisse compte l'une sur l'autre. Mais qui veut avoir comme amie une fille qui ne t'écoute même pas parler ?

- Elyse je suis désolée. Vraiment. Mais la femme qui était enfermée.... ce n'est pas une mère. C'est un monstre !

Elyse éclate de rire avant de se tourner vers moi. Je remarque dans ses yeux une lueur dangereuse, proche de la folie. Elle s'approche doucement, ralentie par sa jambe. Une fois face à moi, à quelques centimètres l'une de l'autre, elle bloque ses yeux dans les miens et je suis comme hypnotisée. Elyse est dangereuse, beaucoup trop pour que je me sente en sécurité. Je veux reculer mais je n'y arrive pas. Elle me bloque totalement, je suis paralysée.

- Tu crois réellement que je n'en suis pas un ? Regarde-moi dans les yeux et ose me dire que je ne suis pas un monstre. Mon père, Kerry, Nikyta. Des milliers d'enfants de dix à dix-sept ans. Ils sont tous morts parce que j'ai fait des choix. De mauvais choix. Cela fait de moi un monstre.

D'un seul coup, je me sens voler sur quelques centimètres avant de heurter le sol avec fracas. Je grimace et gémis sous l'impact, restant au sol le temps de retrouver une respiration normale. Ma tête heurte violement le sol à son tour, m'entraînant dans les abysses. Je fronce les sourcils et me relève après ce qui me semble être une éternité. Myala est toujours à terre, elle ne bouge plus. Je remarque que son arme, habituellement à la ceinture, a disparu. Je marche vers elle à quatre pattes, mes jambes sont trop endolories pour me porter. Sur son front, un trou caractéristique d'une balle saigne encore. Ses yeux sont ouverts et reflètent une peur sans nom. Ses lèvres sont bloquées sur un mot, impossible de savoir lequel. Je n'arrive pas à croire que Myala soit morte. Son corps est sous mes yeux, immobile. Mais je n'y parviens pas. Penser qu'Elyse ai pu tirer sur Myala, juste pour me prouver qu'elle est un monstre, je ne parviens pas à y croire.

Je ferme les yeux de Myala, incapable de voir le gris de ses yeux fixer une personne qui n'est plus à et me relève. Mes jambes tremblent sous mon poids si soudain, mais je dois retrouver Elyse. Je sais qu'elle veut retrouver sa mère qu'elle croyait morte. Mais sa mère n'est plus celle qu'elle a pu connaître... Pour l'avoir déjà vue, Alya est un monstre génétiquement modifié par le Président lui-même. Sans sentiment, sans souvenir du passé, une machine de guerre. Elle n'obéit qu'aux ordres du Président et il s'en sert pour éliminer des cibles depuis que le programme de tests est terminé. Sa mère est et restera à jamais un monstre. Elyse peut être sauvée. Au moment de passer la porte, mon regard bloque sur cinq cadavres de soldats, morts d'une balle dans le front, comme Myala.

- Elyse, qu'as-tu fais ?

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