3. Elyse

Je reste assise à l'entrée de la tente pendant deux bonnes heures. Ce changement au niveau du choix n'est que de ma faute, si je n'avais pas fui, ils seraient restés à dix-huit ans, et Kerry irait bien. Comment ai-je pu être assez naïve pour croire que je pouvais sauver mon frère aussi facilement ? Je ne sais même pas ce qu'il a pu choisir, nous nous sommes quitté bien trop tôt... Je l'imagine en...en quoi exactement ? Peuvent-ils faire travailler des enfants de dix ans ?! Comment peuvent-ils leur demander de Choisir ? C'est impossible !

Je me prends le visage entre les mains, exaspérée. Je sais que je suis désormais seule, prête à partir, alors que je n'ai nulle part où aller. Mon frère n'est peut-être même plus au village ! Comment savoir où ils l'ont emmené ? Ce qu'ils ont fait de lui ? Ils l'ont peut-être torturé pour qu'il dise où je suis partie alors qu'il n'en sait rien...

Kalen est parti avec les enfants chercher des provisions pour leur semaine. Il ne reste que Nikyta, qui dort à l'intérieur. Et moi, assise sur cette fichue pierre à chercher une solution miracle pour sortir mon frère du système. J'aurai aimé que tout soit plus simple, sans cette histoire de Choix. Ou alors, peut-être aurais-je dû rester ?

Je pousse un long soupir et me lève pour marcher un peu autour du caillou, histoire de bouger. Mais dans le fond, ma décision est prise. Je dois partir, trouver mon frère, me faire pardonner. Peut-être même me rendre. Oui, me rendre, afin de sauver le seul membre de ma famille qu'il me reste.

Des bruits de pas attirent mon attention et je me retourne d'un mouvement rapide, mettant ma lame sous la gorge du nouveau venu. Ce geste instinctif est devenu mon préféré, parce qu'il peut me sauver la vie à n'importe quel moment. Je ne sais même pas qui m'attaque. A cause du stress, le sang qui pulse fort dans mes tempes, je ne distingue pas le visage de mon agresseur, je ne fais que percevoir ses gestes. Il tente de m'envoyer à terre, mais étant plus petite et plus rapide, je lui fais une balayette en frappant son ventre avec mon coude, ce qui le fait tomber. Je m'empresse de lui glisser de nouveau ma lame sous la gorge avec un sourire satisfait. Je le bloque parfaitement, même si je sens des muscles contractés sous ses vêtements. C'est donc un homme. Cette fois, je peux clairement voir son sourire, puis petit à petit, son visage. Avec un soupir, je range ma lame. Mais qu'est-ce qui ne va pas chez lui ?

- Ti o fi deruba mi o aṣiwere !

Kalen sourit de plus belle et s'assoit à côté de moi. Il semble lui aussi songeur, comme s'il a un choix à faire et que ce dernier détermine sa vie entière. Je ne peux pas m'empêcher de rester sarcastique, ce qui est méchant pour ce pauvre Kalen qui a toujours voulu m'aider, quoi qu'il lui en coûte. Je me garde de l'interroger, la dernière fois j'ai presque pris une gifle. Je reste à ses côtés tandis que j'entends Khan applaudir dans la tente, alors qu'Ema grogne. Sans doute l'un d'eux a fait une bêtise, et c'est visiblement Ema. Un sourire se dessine sur mes lèvres et je vois Kalen faire de même. C'est la première fois que je vois un sourire aussi net sur ses lèvres. Un sourire fier et presque paternel.

- Tu pensais à ton frère ?

Sa voix me prend au dépourvu. Certes, cela me semble logique vu que c'est pour lui que je fais tout cela, mais je ne peux m'empêcher de prendre un temps de réflexion. Je ne pensais pas à mon frère, mais plutôt à ce qu'il a pu devenir. Je pensais à Kerry, celui que j'avais connu, et à ce qu'il pouvait en rester. Comme réponse, je baisse la tête et ferme les yeux. Kalen comprend et pose sa main sur mon épaule. J'aimerai lui dire que non, que ça va aller, que je vais me prendre en main et aller le chercher. Mais je sais très bien que je ne ferais rien, j'en suis incapable. Comme les mots qui refusent de sortir de ma bouche, mon corps ne bouge plus du tout.

- Nous irons le chercher dès demain. Je crois que tu as assez attendue, et que tu as suffisamment réfléchi ! Ton cerveau fume.

Sa remarque, quoiqu'amusante, ne fait qu'accélérer ma réflexion. Suis-je prête à découvrir ce qu'est devenu Kerry ? Je crois que non. Je soupire et le remercie du bout des lèvres. Je hoche la tête avec un maigre sourire afin de ne pas faire penser à Kalen que cette idée me terrorise. Pourtant, il le sent, comme toujours, et me laisse seule une nouvelle fois avec mes visions d'horreur.

Je fixe mes bras pour penser à autre chose, et remarque avec soulagement que les brûlures se sont presque toutes résorbées. Satisfaite, je rentre dans la tente aider pour le dîner. À peine arrivée, Ema me saute dessus en hurlant.

- Elyse, Elyse, Khan est méchant, il se moque de moi !

Je souris et la serre contre moi, un sourire crispé sur les lèvres. Mon dernier câlin remonte à Kerry, et cette pensée sert mon cœur si fort que je suis au bord du vomissement. Je lève les yeux vers Kalen, qui sourit négligemment en nous voyant. Je comprends immédiatement son regard attendri. Ema a été réellement attristée par la mort de sa mère, bien qu'elle ne l'ait que peu connue. Inutile de dire que les marques d'affection, elle n'en avait pas reçu ou donné depuis, et à mon arrivée, même si elle m'a vite acceptée, elle montrait une froideur et une réticence à aimer assez rare pour une enfant de son âge. Kalen m'avait expliqué tout ça lors d'une de nos séances d'entraînement, car il me voyait perturbée par le changement de comportement perpétuel de l'enfant. Alors aujourd'hui, ce câlin est une preuve manifeste qu'Ema s'ouvre de nouveau, et que c'est à moi qu'elle donne cette chance.

- Khan, Ema, vous devriez aller dormir, vous avez déjà mangé, et vous avez entraînement demain aux aurores !

La voix moins assurée de Nikyta arrache Ema de mes bras. Evidemment, c'est de l'humour. Les petits ont eu cinq ans hier et ne sont en aucun cas prêt à s'entraîner, hormis à dormir encore plus qu'à présent. La petite m'accorde un dernier regard avant de s'allonger sur son tapis pour s'y endormir rapidement.

Intriguée, je lève les yeux vers Kalen, et le vit mettre de la nourriture dans un sac, ainsi que quelques armes. Avec un hochement de tête, je fais signe que j'ai compris et attrape mes couteaux et mon sabre que j'attache dans le dos grâce à une sangle. Kalen me les as offerts après les avoir volé dans un des magasins spécialisés en arme de la ville la plus proche. Depuis, je les garde toujours prêt de moi. Ce sont les seuls bien que je possède, avec mon sac à dos. Puis je me glisse hors de la tente, frissonnant en entrant en contact avec la fraîcheur de la nuit. Kalen me rejoint juste après. Je me tourne vers lui et souris.

- Je croyais que nous devions attendre le matin ?

Mon ton amusé ne lui échappe pas et Kalen sourit avant de me regarder et indiquer une direction du doigt. Je regarde dans cette direction assez surprise. Qu'y a-t-il de si spécial au Nord-Ouest ?

- Ton village est par là. Quand à ce détail, j'ai simplement appris qu'une patrouille arrivait dans ton village à 5h30 du matin. Si nous voulons le sauver, on doit intervenir avant.

Son ton plus grave et sévère me remet en place, plus efficace qu'une claque. Mon frère a besoin de nous, et c'est mon devoir en tant qu'aînée de l'aider. De plus, si une patrouille vient dans ce village pourtant éloigné de la capitale, c'est qu'ils nous attendent. Autant y aller à la seule heure où nous pouvons encore les surprendre.

Nous avançons en silence vers mon village, sans bruit, nous camouflant grâce aux feuillages et la nuit. Le vent souffle face à nous, donc impossible pour eux de nous entendre venir. Les paysages se succèdent, et la première vision d'un arbre me fait sourire. Dans les déserts, c'est peu fréquent. Chez moi, ça l'est déjà plus. Enfin chez moi... Où est-ce ? Avec Kerry ? Avec Kalen ? Qui est ma famille ? Plongée dans mes pensées, ne n'entends pas la voix de Kalen, et je me sens directement propulsée au sol, sans ménagement. Je grogne et Kalen étouffe un petit rire.

- Les gardes sont déjà là, ils nous attendent. Soit prudente !

Un hochement de tête de ma part, et nous revoilà en mouvement. En entrant dans le périmètre, je frissonne. Cela fait des mois que je n'ai pas mis les pieds ici, depuis que j'y ai lâchement abandonné mon frère et ma meilleure amie.

Honteuse, je baisse les yeux, et c'est la main de Kalen sur mon bras qui me ramène à la réalité. Nous sommes arrivés à la lisière de la forêt qui limite le village. Je reconnais la bordure, avec deux gardes. Ma maison était un petit peu plus sur la droite, entre deux grands sapins. D'ici, je vois l'école de Kerry, et quelques maisons qui fument. Il y a encore de la vie dans ce village ! Kalen me ramène à la réalité en claquant des doigts devant mon visage. J'avais l'air d'une enfant voyant le père Noël pour la première fois.

Nous avançons donc vers le village doucement, de peur de se faire voir par une ou deux personnes. Si quelqu'un nous voit, nous sommes fichus ! C'est donc avec prudence que je slalome entre les arbres, essayant d'être aussi rapide qu'une ombre d'oiseau. Kalen finit par m'arrêter en me désignant du menton un endroit.

Je fixe dans la direction indiquée et mon cœur saute de joie : Kerry ! Entre deux arbres, avec une arme à feu à la main, ainsi que deux couteaux attachés à sa veste. Visiblement, il a choisi d'être patrouilleur, ce qui veut dire qu'il se souvient de moi ! Il est là, à quelques mètres, devant nous. Il semble plus grand, plus actif. Mais je reconnais ses cheveux et sa démarche, toujours proche de celle du canard. Je sors de ma cachette et m'approche lentement de lui, sans bruit pour ne pas attirer les autres sentinelles.

- Kerry ?

Ma voix n'est qu'un faible murmure, j'ai si peur qu'il ne m'entende pas. Et si jamais il ne m'entendait pas ? Mais il se retourne, je vois luire dans la nuit ses yeux violets si caractéristique. Je souris et m'approche, le prenant dans mes bras. Les larmes coulent lentement, il est là, j'ai retrouvé mon frère, mon Kerry ! Je le serre, étonnée qu'il ne le fasse pas en retour. Je bouge un petit peu la tête, regardant autour de nous. Peut-être sommes-nous épiés et il ne veut pas montrer qu'il me connaît devant l'armée ? Mais il n'y a personne. Qu'est-ce que...

Je lui passe la main dans les cheveux et sent la sienne passer sur mon ventre, me rendant sceptique. Sur mon ventre ? Mais... D'un seul coup, je suis propulsée à quelques mètres de lui. Sonnée, je lève les yeux et croise brièvement ceux de mon frère. Il en au-dessus de moi, arme à la main, prêt à frapper. Je fronce les sourcils et entrouvre la bouche.

- Kerry ?

Il frappe et je sens la lame traverser la jambe. Je me retiens de hurler et tente de m'écarter. Mais qu'est-ce qui lui prends ? Je ne peux pas me battre contre lui, je ne peux même pas tenir debout ! Je grimace.

J'essaye de me relever et le supplie d'arrêter. Pourtant, Kerry me lance un couteau au visage, que j'esquive de justesse. Apeurée, je lève les deux mains en l'air et souffle. Je n'aurai pas été apeurée en temps normal, mais là, c'est mon frère qui me vise pour me tirer dessus !

- Kerry arrête ! Je t'en supplie, arrête !

Ma voix se brise tandis que je monte dans les aigus. Mon propre frère m'a oublié, et essaye de me tuer. Kerry n'a plus dix ans, il en paraît quinze. Comment a-t-il pu changer à ce point en quelques mois ? Qu'a fait la voisine pour le convertir à devenir ce criminel ? Des larmes involontaires coulent le long de mes joues.

Il n'a fait que suivre mon exemple, rentrer dans l'armée, et subir le programme MEMORIAE. Il ne pouvait y avoir qu'un gagnant dans ce combat, l'un de nous allait devoir mourir. Je renifle et refoule les larmes, prenant conscience que je suis la seule à pouvoir être capable de sauver d'autres enfants, si je ne peux sauver mon propre frère. Mais la détermination que l'on peut lire dans mon regard indique bien que si mon frère ne peut être sauvé, personne ne le peut. Et Kerry allait rentrer avec moi, de force ou de plein gré.

- Je t'en prie Kerry, je vais te ramener à la maison, tout sera comme avant !

Je lève un bras pour esquiver un nouveau coup, en encaissant un autre. Je ne peux pas me résoudre à tuer Kerry, nous avons tellement partagé dans le passé...

Alors que je m'apprête à lancer à mon tour un couteau, pour le faire s'arrêter de combattre et pouvoir lui parler, une balle fuse à côté de moi et se plante dans l'abdomen de Kerry, qui s'écroule. Horrifiée, je cours vers lui et rattrape sa tête avant qu'elle ne heurte le sol, fixant sa blessure, sous le choc. Je passe une main sur son ventre, la retirant pleine de sang. Je ne peux même pas parler, les mots fusent mais mes pensées s'entrechoquent, s'emmêlent entre elles.

Kalen sort de sa cachette, derrière un arbre, et rapidement tue le garde qui s'est approché de trop près. C'était moi qu'il visait, et non Kerry... J'aurai dû me prendre cette fichue balle... Mes yeux ne peuvent se résoudre à quitter le corps de Kerry, sans que les larmes le coulent.

La douleur à la jambe s'estompe sous le poids de mon coeur qui se brise. J'entends Kerry suffoquer, il s'étouffe alors que ma gorge est sèche. Je serre sa main dans la mienne et ferme les yeux, incapable de dire un mot. Le monde s'est arrêté autour de moi, je n'entends plus que la respiration difficile de Kerry. Il va mourir sans même savoir qui je suis, ni ce que nous étions. À cette pensée, je verse une larme.

- El..El..y..se ?

Sa voix n'est que spasme et tremblement, il ne peut déjà plus aligner une simple phrase. J'ouvre les yeux et me penche sur lui, essayant de sourire malgré les larmes qui pointent déjà dans les yeux. Ne me quitte pas petit frère. Ma supplication muette le fait hoqueter encore, comme s'il m'entendait. Il lutte pour vivre. Il m'a reconnu, trop tard. Je lui mets une main sur la bouche en le couvant du regard. Mon petit bébé.

- Je suis désolée Kerry, c'est ma faute...

Kalen s'accroupit à côté de nous, me signifiant en un regard que sa mort risque d'être lente et douloureuse. Je ne veux même pas le voir mourir ! Je secoue la tête de gauche à droite, et Kerry pose sa tête contre mon ventre, pour que je puisse pleurer à ma guise. Mais je n'en fais rien, me contentant de renifler et hoqueter aussi. Je dois être forte, nous pouvons encore le sauver !

Galvanisée par cet espoir, je pose un bout de tissu sur la plaie, comme pour faire un garrot. Kalen suit mes mouvements des yeux mais ne fait rien pour m'aider. Paniquée par la quantité de sang et trop perdue pour réfléchir, je ne me rends même plus compte de l'inutilité de mes gestes jusqu'à ce que je frappe Kalen dans le bras un petit peu trop fortement. Je le vois grimacer et il pose enfin les yeux sur moi.

- Kalen, fait lui un garrot, le temps de rentrer, Nikyta peut le sauver !

Les yeux de Kalen m'apprennent que l'espoir que j'ai n'est qu'illusoire. Cette blessure ne se guérit pas. Mais je veux y croire, tellement fort, que je refuse de comprendre ce regard et continue d'essayer de le sauver. C'est inutile, mais j'essaye encore et encore, comme si cela allait le ramener à la vie. C'est idiot, mais je ne peux pas m'empêcher de le faire. Pourquoi tout cela m'arrive à moi ? Il y a des milliards de personnes sur cette planète... Pourquoi ?

- On est venu le sauver Kalen, pas me tuer.

Ma voix ne ressemble à rien. Entre la douleur, les larmes qui coulent lentement et la fatigue, plus rien de cohérent de traverse mon esprit. Juste cette phrase. Nous sommes venus le sauver. Nous sommes venus le sauver. Je m'accroche à cette idée comme à une bouée de sauvetage. Kerry serre ma main, comme pour essayer de me rendre forte.

Je sais ce que je dois faire, mais suis-je assez courageuse ? Suis-je assez bonne ? Je ferme les yeux et attrape un couteau derrière moi, tombé pendant l'attaque. Tout en serrant la main de Kerry dans la mienne si fort que je peux lui broyer les os, j'enfonce la lame du couteau dans le corps de mon petit frère, dont le cœur s'arrête instantanément.

Ses yeux se figent, son dernier souffle rompt le bruit atroce de sa respiration difficile et s'élève dans la nuit vers le ciel aux reflets noir. Je retire le couteau et le jette au loin, avec un cri de douleur que je ne peux pas retenir. Tant pis si les autres m'entendent, ils ont tué mon frère ! Je relève la tête et crie ma douleur et ma haine au ciel avant de laisser libre court à mes larmes et poser ma tête sur le torse du défunt.

Mon frère est mort. Je devrais m'en réjouir, me dire qu'il est dans un endroit où plus aucune peine ne peut l'atteindre, que quelque part il est avec moi pour toujours, mais une part de moi ne le digère pas. Il devrait être dans la tente avec Ema et Khan, s'entrainant avec nous. Je viens de perdre le dernier membre de ma famille.

Kalen me tire le bras pour me relever, car une nouvelle patrouille approche. Je suis tentée de rester pour tous les tuer, afin d'envoyer un message à la Capitale. Mais j'y renonce lorsque j'aperçois le corps de mon frère, posé au sol. Je ferme les yeux de Kerry et embrasse son front avant de me relever. Mes yeux sont secs et brûlent d'une rage si immense qu'elle pourrait raser la planète. Kalen le voit et me sert contre lui quelques secondes avant que je ne le repousse avec force. Je ne veux pas de sa pitié, je ne veux celle de personne. Je veux mon frère.

- O dabọ arakunrin.

Puis, traînée par Kalen, je m'enfonce dans la forêt pour retrouver le désert, laissant mon corps marcher tandis que mon esprit s'envole là où seul mon frère peut l'entendre. Mon petit frère, pour qui j'aurai tout donné. Mon petit frère, la seule personne que je me devais de sauver. Il est parti. Il a rejoint mon père et ma mère. C'est la seule chose qui m'aidera peut-être à me supporter tous les jours. Comment me regarder dans une glace, quand j'ai causé la mort de mon propre frère ?


Tu m'as fait peur crétin !

Au revoir mon frère

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