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✅ 5, 11
Aussitôt le bouton activé et la grille refermée, les portes de l'ascenseur se referment dans un léger grincement, étouffant la musique si plaisante du hall. La cage d'acier commence alors sa lente ascension dans un concerto de cliquetis métalliques. J'observe la flèche dorée glisser imperceptiblement vers le chiffre 1 de son cadran avant de me tourner vers le miroir central. Mon double m'accueille avec un bâillement que je ne peux réprimer. Je ne sais même plus quand est-ce que j'ai réussi à passer une bonne nuit de sommeil pour la dernière fois. C'est devenu un rêve inatteignable depuis quelque temps déjà, depuis que je suis soudain devenue enfant unique. Ce n'est pas faute d'essayer pourtant. Voilà quelques mois que je ne bois plus tous les soirs et que j'essaie de me rendre utile, de trouver un nouveau sens à ma vie. C'est ce qu'il aurait attendu de moi, j'en suis persuadée.
Mon reflet me rend un sourire triste tandis que j'observe avec nostalgie les iris chocolat qui ressemblent tant à celles de mon petit frère. Je tente de me souvenir de son visage mais ma mémoire est aussitôt entachée de sang et de cris. Je ferme les yeux pour faire partir la vision quand des secousses me ramènent à la réalité. Ma main s'accroche à la rambarde de l'ascenseur qui chevrote de façon inquiétante. Je veux bien croire qu'il soit vieux mais je ne pense pas que tant de fracas soit normal. Comme pour confirmer mes dires, la lumière se met à dysfonctionner en clignotant dangereusement alors qu'un affreux raclement métallique fait trembler la cage d'ascenseur. Ni une ni deux, je me rue sur le panneau de contrôle et active la tirette d'urgence. L'habitacle s'immobilise d'un coup sec, m'envoyant valdinguer contre la paroi opposée. À peine ressaisie, je fonce à nouveau sur le panneau, appuyant avec vigueur sur le bouton d'appel à l'aide. Je réitère l'opération plusieurs fois mais demeure sans réponse. Le cadran m'informe que je n'ai pas encore dépassé le deuxième étage. Et, effectivement, je fais face à un mur, ou presque. Je peux voir à travers les grilles de l'ascenseur que la partie basse de la cabine donne sur des portes qui doivent elles-mêmes mener à un étage.
Ne désirant pas attendre de voir combien de temps cette vieille cabine va tenir, je commence par replier la grille de l'ascenseur qui n'oppose aucune résistance. La cage est si petite que les portes du couloir sont à portée de main et elles n'ont pas l'air bien solides. Mes doigts tremblent sensiblement alors que je les plonge dans la poche intérieure de ma veste, encore trempée par la pluie, pour en sortir mon fidèle couteau de poche. Je le déplie avec aisance tout en m'abaissant au niveau des portes en métal. La lame se glisse parfaitement dans l'interstice et je parviens avec un peu d'huile de coude à faire levier. Les portes cèdent dans un énorme fracas et le choc m'éjecte en arrière. Mon dos vient heurter la cabine de l'ascenseur qui se met à balancer dangereusement. Je prie pour qu'elle ne lâche pas tout de suite en me cramponnant de nouveau à la rambarde. Heureusement, cela ne dure que quelques secondes après lesquelles je contemple ma situation.
L'interstice donnant sur le couloir est assez grand pour que je puisse passer mais, en me rapprochant du bord de la cabine, j'observe la fosse vertigineuse qui sépare les deux espaces. Elle est si sombre que je n'en perçois même pas le fond. Ce n'est peut-être pas si loin mais je n'ai pas intérêt à rater mon saut. Sans oublier que le sol de la cabine est actuellement plus haut que celui du couloir. Il faudrait que je réussisse à prendre suffisamment d'élan en restant accroupie mais également que je retombe sans me faire trop mal.
Pas tout à fait certaine d'aimer cette option, je sors mon portable pour appeler l'accueil de l'hôtel quand des bruits de tôle se font entendre au-dessus de ma tête. Je lève immédiatement les yeux et aperçois alors une trappe sur le plafond de la cabine. Si je parviens à l'atteindre, je pourrais certainement sortir par le haut et peut-être grimper jusqu'au deuxième étage. Mais l'ascenseur tiendra-t-il encore assez longtemps ?
Les grondements de la vielle cage de métal s'intensifient alors qu'au bout du fil, une boite vocale à la voix cruellement monotone me somme de laisser mon message après le bip. Pas le choix : il va falloir prendre un risque.
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Oups ! Sortir risque d'être plus difficile qu'entrer...
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{SE JETER DANS L'INTERSTICE}
Direction le 14
OU
{GRIMPER PAR LA TRAPPE}
On monte en 13
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