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Quoi qu'il en soit, cette affaire dépasse ma juridiction et mes compétences. Entre les petits services rendus aux voisins et la recherche d'animaux domestiques disparus, cela fait bien trop longtemps que je n'ai pas été confrontée à un meurtre et il est de mon devoir de prévenir la police.
Je replace le portable à sa place et m'éloigne du cadavre pour mieux respirer avant de dégainer mon propre appareil. Je grince des dents en voyant l'icône du réseau vide. Le bras tendu, j'erre dans la pièce pour trouver un meilleur spot quand du mouvement m'attire à nouveau du coin de l'œil. Ma tête se tourne aussitôt vers le couloir et j'ai seulement le temps de voir des yeux briller près de l'encadrure de la porte et disparaitre en un clin d'œil.
Le cœur palpitant, j'accours dans le couloir et suis immédiatement plongée dans une sorte de brouillard qui tamise l'éclairage déjà faible. Je perçois malgré tout une longue silhouette noire s'échapper par les escaliers. Je n'ai pas rêvé. Quelqu'un était bien en train de m'observer. Le meurtrier est-il revenu sur les lieux du crime pour faire disparaitre le corps et les preuves ? Sans vraiment réfléchir, je m'élance à sa poursuite.
L'adrénaline doit m'octroyer une force herculéenne car la lourde porte battante de l'escalier cogne le mur avec écho quand je la pousse. J'entends une autre porte vibrer en réponse au-dessus de moi. En quelques enjambées, j'atteins le palier du troisième. Seule une lucarne éclaire encore d'une lueur faible la porte menant au couloir où résident les chambres 300 à 305. Au-delà, les escaliers en direction de l'étage suivant sont complètement plongés dans l'obscurité. Par où l'intrus est-il parti ?
Hésitante, j'allume la lampe de mon téléphone et le maigre faisceau lumineux me révèle une vérité surprenante. La noirceur qui s'étend vers le quatrième étage n'est pas seulement le fruit de la pénombre. Le sol et les murs eux-mêmes semblent rongés par un mal qui ternit leurs couleurs. Dès les premières marches du troisième étage, moquette et papier peint passent d'un vert impérial à du vert moisi tandis que le blanc du plafond se perd progressivement sous des tâches noirâtres. Et la chose ne s'arrange pas quand je jette un coup d'œil en hauteur. Tout est si noir que je ne distingue même pas la fin de la cage d'escalier. Je n'imagine même pas les bêtes qui ont dû se réfugier dans ce coin de paradis. Cet endroit est un véritable danger public. À ce rythme-là, c'est sur la gestion douteuse de cet hôtel que je vais finir par enquêter... Théorisant que mon épieur ne soit pas aussi fou pour marcher dans ce merdier, je m'engouffre plutôt dans le couloir du troisième étage.
L'atmosphère lourde et poussiéreuse qui règne à l'intérieur me fait tousser dès que j'y pose un pied. Le couloir entier est plongé dans la pénombre et le bruit menaçant de la tempête siffle à travers les murs. Partout où je pointe la lumière de mon portable, de petites bestioles fuient le faisceau à toute vitesse. Un relent de dégoût se coince dans ma gorge. Je déteste les insectes. De ma main libre, je sors et déploie mon couteau de poche. Il me faut énormément de courage pour me décider à avancer dans le couloir. Mes pieds frappent violemment le sol pour dissuader toute bête de s'approcher tandis que je continue d'observer les alentours.
– Hey ! Y a quelqu'un ?
Une porte claque dans mon dos et je me retourne dans un sursaut. Personne en vue. Qu'est-ce que je suis en train de faire au juste à courir après un potentiel meurtrier ? Depuis quand suis-je aussi peu prudente ? C'est fou comme cet endroit me fait perdre toute logique.
Mes doigts tremblent au rythme de mes toussotements en composant le numéro de la police. Des ombres menaçantes dansent autour du faisceau de ma lampe, m'obligeant à tourner dans tous les sens. La connexion de la ligne parait durer des heures alors que j'observe les insectes devenir de moins en moins frileux à la lumière et resserrer leur étreinte. Je manque de trébucher en chassant une mouche un peu trop aventureuse près de ma bouche. Je déteste vraiment les insectes.
« Police municipale. Quelle est votre urgence ? »
La voix me surprend et je bégaye quelques secondes avant de me reprendre.
– Je... viens de trouver le corps d'un jeune homme dans une chambre de l'hôteaaAAAH !
Le cri m'échappe en même temps que mon téléphone et mon couteau quand j'aperçois une araignée se poser sur mon épaule. Complètement hors de moi, je laisse valdinguer les deux objets et recule tout en sautillant et en essuyant frénétiquement mon corps entier. Bordel. Je hais ces putains d'insectes ! Un craquement sourd retentit dans mon dos et je fais volte-face avec le terrible sentiment de me sentir exposée et vulnérable. Du coin de l'œil, je cible mon portable dont une grande partie de la lumière est absorbée par la moquette. Je recule doucement dans sa direction, les mains tendues devant moi.
– Qui que vous soyez, je ne vous veux aucun mal, d'accord ? Je veux juste aider.
L'obscurité devient soudain étouffante et je peine à respirer correctement. Des bourdonnements me frôlent de toutes parts et ma peau me démange. Mon portable est tout proche mais je n'arrive pas à me résoudre à le récupérer sur ce sol grouillant. J'ai l'impression de vivre mon pire cauchemar. Je voudrais partir, loin. La détresse me monte aux yeux et fait trembler tout mon corps alors que je tente de retrouver mes repères dans la pénombre, la bouche solidement fermée et le regard plissé pour éviter toute collision fortuite avec l'un de ces mini-monstres. J'ai beau faire quelques pas à gauche et à droite, l'obscurité reste dense et je ne parviens pas à me situer dans le couloir. J'ai tellement tourné sur moi-même que je ne saurais dire de quel côté je viens. Une chose est certaine : si je reste une minute de plus dans ce couloir, je vais devenir folle.
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Oh bah alors, on s'est perdus ?
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{ALLER À GAUCHE}
Direction le 42
OU
{ALLER EN AVANT}
Direction le 43
OU
{ALLER À DROITE}
Direction le 44
OU
{ALLER EN ARRIÈRE}
Direction le 45
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