✅ 165, 166

Ma main vient se poser sur l'épaule de la journaliste qui lève des yeux emplis de détresse vers moi. Je vois cependant l'effort qu'elle met pour contrôler ses émotions. Je ne peux imaginer la lutte qui se joue à l'intérieur d'elle en ce moment mais impossible de me résoudre à la laisser seule dans sa décision.

– Quoi que tu choisisses, je suis là.

– Merci, murmure Camille avec un petit sourire.

Elle respire un bon coup avant de pousser la porte. Je lui emboîte le pas presque aussitôt. L'odeur est plus poignante que dans mon souvenir. En vérité, tout me parait bien plus clair et précis que lors de ma première visite, et bien moins terrifiant également maintenant que je sais. Même le corps qui nous attend dans le placard n'est pas aussi terrible à voir. Ma vision avait dû être déformée par l'inhalation du gaz. Mais Camille ne bénéficie pas d'années de formation à la police où visionner ce genre d'images violentes est obligatoire. Dès qu'elle l'aperçoit, son corps se raidit et sa respiration se coupe. Je vois son teint pâlir à vue d'œil avant qu'elle ne détourne finalement le regard, tremblante.

Je m'approche pour la réconforter mais elle me tient à l'écart d'une main, me demandant de fermer le placard. J'obéis, impuissante face à sa détresse tandis qu'elle tombe au sol et éclate en sanglots. J'aimerais pouvoir la consoler mais l'heure tourne.

– Camille, je suis vraiment désolée mais il faut qu'on parte maintenant ou tout ça n'aura servi à rien.

Je l'entends renifler avant de se redresser, essuyant ses larmes du revers de sa main. Elle acquiesce sans bruit et pose le regard sur son ordinateur qui repose sur le lit. Je l'aide à rassembler ses affaires dans son sac puis me dirige d'un pas rapide vers la sortie mais Camille ne suit pas. Je la vois regarder sous le lit et les fauteuils en sifflant. Je me souviens alors de l'ombre qui s'est enfui de dessous le lit lors de ma première visite de la chambre. C'était son chat. Qui sait où il a bien pu aller après ça ?

– Camille, on reviendra le chercher plus tard, c'est promis. Pour l'instant, il faut qu'on quitte cet hôtel.

Cette fois, Camille ne rechigne pas même si je sens l'inquiétude sur son visage. Elle enfile son sac et nous reprenons d'un pas rapide notre descente. 

Ce n'est qu'une fois le rez-de-chaussée en vue que je prends le temps de me retourner pour contempler une cage d'escalier définitivement déserte. Avec un léger pincement au cœur, mes mains s'accrochent à la porte qui nous ramène au hall de l'hôtel. Le souffle court, nous découvrons un lobby quasiment désert. La musique d'ambiance qui accompagnait mon arrivée résonne encore. La lumière du jour que les grandes fenêtres du hall laissent passer donne à la moquette et au papier-peint rouges une brillance encore plus chaleureuse que dans mon souvenir. Toujours aucun client dans les parages mais, cette fois, il y a bien quelqu'un derrière le bureau en bois vernis de l'accueil. Une femme blonde portant un uniforme hôtelier et un petit badge semble affairée à ranger les documents éparpillés sur le bureau en rouspétant doucement. L'horloge de l'accueil au-dessus indique qu'il est déjà sept heures du matin passées.

Je prends le temps de me recoiffer rapidement et tirer sur ma veste avant d'accrocher mon coude à celui de Camille. Calmement, nous nous dirigeons vers la sortie en évitant soigneusement le regard de la réceptionniste. Elle ne semble pas nous avoir remarquées. C'est difficile à croire mais encore quelques mètres et nous serons enfin sauves. Mes pas se font soudain lourds et douloureux. L'adrénaline me quitte, révélant toutes mes blessures de guerre laissées par cette nuit improbable. Je ne lâche pas mon objectif des yeux pour autant. Camille presse une main d'encouragement sur mon bras et je lui souris. Savoir que je ne suis plus seule est rassurant et sa simple présence emplit mon cœur d'une émotion positive. Serait-ce...

•~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~•

À vous de choisir...

•~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~•

{DE L'AMOUR ?}

Allez en 110

OU

{DE LA RECONNAISSANCE ?}

Allez en 61