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Au vu de la nature du feu et du nombre d'engins électroniques présents dans la pièce, ma seule chance d'éteindre ou au moins apaiser le feu est de trouver un extincteur adéquat. Je n'y ai pas vraiment prêté attention en arrivant mais j'imagine qu'il doit obligatoirement en avoir un dans les escaliers de service que nous avons empruntés. Quoique cet hôtel n'excelle pas forcément quand il s'agit de respecter les normes règlementaires. L'espoir anime tout de même mes pas alors que je me dirige vers la porte de sortie, sans m'imaginer un instant trouver celle-ci fermée à clé. Pourtant, elle refuse bien de bouger, peu importe le sens dans lequel je tourne la poignée. Comment ce peureux de stagiaire a pu avoir une idée aussi machiavélique ?
Sentant la panique monter en moi, je tente d'appeler l'ascenseur mais celui-ci ne répond pas, son cadran comme bloqué sur « RDC ». Et merde.
– CAMILLE ! j'hurle de toutes mes forces avant de prendre de l'élan.
L'adrénaline annule ma douleur alors que je me jette de tout mon poids sur la porte en bois. Au bout de la troisième tentative, je sens un léger craquement mais malheureusement la porte est toujours en place et nos chances de survie de plus en plus réduites. Il fait si chaud que je sens le masque de peinture commencer à fondre. J'ai beaucoup de mal à le retirer tant il est bouillant au toucher et la fumée qui accueille aussitôt mes poumons me fait tousser. Je lutte pour me remettre d'aplomb quand Camille m'interpelle depuis l'autre bout de la pièce. Je peine à apercevoir sa silhouette à travers la fumée mais je l'entends tousser.
– TALINE, ATTRAPE ! crie-t-elle avant d'envoyer une mallette en cuir à travers les flammes.
Quelques documents et composant électroniques s'en échappe avant qu'elle retombe lourdement sur le sol. Je la ramène vers moi plus par réflexe que par nécessité. L'urgence de la situation et la quantité de fumée qui commence à se répandre dans mes poumons me préoccupent bien plus.
– LA PORTE... EST FERMÉE ! T'AS... UN EXTINCTEUR ?
– NON ! répond-elle. JE VAIS... SORTIR... PAR... LA FE-
Une nouvelle explosion de machine interrompt avec violence notre échange, créant une nouvelle ribambelle de flamme entre nous. J'ai beau craindre pour l'efficacité de son plan, je n'ai plus le luxe de m'en inquiéter. Désormais, c'est chacun pour soi et si je ne parviens pas à venir à bout de cette porte, je risque d'avoir encore moins de chance que la journaliste de m'en sortir.
Je reprends sans tarder mes coups d'épaules dans la porte. Au bout de la sixième ou septième tentative, un gond finit par céder et je sais que je tiens le bon bout mais l'action combinée à la chaleur ambiante et au manque d'oxygène devient de plus en plus pénible. Je ne sais pas si j'aurai la force d'aller jusqu'au bout de ma démarche. Je décide de donner tout ce qu'il me reste dans une ultime tentative.
Un énorme craquement accompagne mon geste suivi d'un mouvement de bascule puis un impact étourdissant. Quand je reprends conscience, je me retrouve tout en haut de l'escalier de service, allongée de tout mon long sur la porte. Je ne saurais dire si le choc de ma chute m'a mis K.O. pendant une seconde ou dix minutes mais, quand je me retourne, la suite du cinquième étage est complètement en feu. À bout d'énergie et d'air, je peine à tendre le bras pour m'agripper à la rambarde et me hisser hors de la porte. Je commence à douter de ma propre survie quand des bruits de pas précipités se font entendre un peu plus bas dans l'escalier. Ma vision est trouble mais je crois bien reconnaitre la crinière de Túlio, venant à ma rescousse une nouvelle fois.
– Taline ? s'écrit-il, surpris, avant de se précipiter à mes côtés.
Puis il m'aide à me redresser et descendre quelques marches.
– Ok, je vais vous lâcher deux minutes pour appeler les pompiers mais je reste avec vous, d'accord ?
J'ai envie de rire et pleurer à la fois alors que mon sauveur me cale contre l'angle du mur. Un mélange de soulagement et de peur quant au sort de Camille m'assaille mais cela ne suffit pas à garder ma conscience à flot et je sens mes paupières se faire lourdes. Devant les flammes dansantes qui troublent ma vision de plus en plus floue, la silhouette du barman m'apparait en double, comme si une sorte de double maléfique se tenait juste derrière lui. Une hallucination étrange de mon cerveau aux batteries complètement à plat. Je ne me souviens même pas du moment où le sommeil me gagne enfin.
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Voyons à quelle fin votre enquête vous a menée...
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Allez en 99.
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