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Un mois plus tard, l'agente de police Lily R. Bow, une ancienne collègue de Taline, vint lui rendre visite. Cela faisait bientôt trois semaines que Taline l'avait contactée pour lui demander une entrevue d'urgence à laquelle elle ne s'était finalement pas pointée. Les parents de Taline ne parurent pas inquiets de cette nouvelle. D'après eux, s'isoler ainsi sans donner de nouvelle était une spécialité de leur fille. Malgré tout, l'agente voulut en avoir le cœur net et son inquiétude s'accentua quand, dès son arrivée dans l'immeuble, la concierge l'interpella avec urgence pour se plaindre d'une odeur qui infestait les couloirs depuis quelques jours.

La policière appela et toqua à plusieurs reprises à la porte de l'appartement de Taline. Personne ne répondit mais la sonnerie de son téléphone se fit entendre de l'autre côté. L'agente autorisa alors la concierge à déverrouiller la porte et leurs narines furent aussitôt assaillies par une pestilence sans nom : un mélange de renfermé, de nourriture moisie et de décomposition. Même en se bouchant le nez, la vision de l'appartement n'était pas plus agréable. Bureau, table à manger et sol étaient couverts de déchets indiquant que la résidente ne se nourrissait que de boissons énergisantes et de plats réchauffés au micro-ondes. En tout, il devait y avoir une semaine de déchets amoncelés mais l'état des emballages et les nombreux insectes qui fourmillaient et voletaient autour laissaient à penser que personne n'avait fait le ménage depuis un bon mois.

– Quelle horreur, marmonna la concierge depuis le pas de la porte sans oser s'aventurer plus loin.

D'un pas prudent, l'agente s'aventura à l'intérieur de la pièce, dégageant quelques canettes sur son passage d'un coup de pied. Un mouvement dans la cuisine attira son œil et elle se retourna juste à temps pour apercevoir quelques souris disparaitre sous le frigo. Elle inspira un grand coup pour se calmer puis regretta amèrement quand l'odeur ambiante la fit tousser. L'eau commença à lui monter aux yeux mais elle fit de son mieux pour ne rien laisser paraitre, sentant le regard attentif de la concierge dans son dos. C'est alors qu'elle aperçut, laissé à l'abandon sur le comptoir de la cuisine, un emballage de colis vide daté du jour où Taline l'avait appelé. En y regardant de plus près, un petit mot était collé à l'intérieur :

« Je sais ce que vous cherchez et j'ai la preuve qu'il vous faut. »

Intriguée, la policière se mit à chercher au milieu des déchets et découvrit des piles de dossiers et de documents éparpillés ici et là. Elle s'empara de quelques feuilles au hasard, faisant s'envoler une nuée de moucheron par la même occasion. Il y avait de tout : des listes de noms, des notes prises à la va-vite, des conversations imprimées et des photos. Il n'en fallait pas plus à la policière pour conclure que Taline était devenue un peu trop obnubilée par ses recherches. Bien évidemment, elle savait que sa camarade avait mal vécu la mort de son frère et son départ de la police, mais pas au point de se transformer en complotiste lunatique. Taline s'était-elle enfuie du jour au lendemain, persuadée que le gouvernement la traquait pour une quelconque raison ?

Un cri strident interrompit sa réflexion. À sa droite, la concierge qui avait finalement pris son courage à deux mains pour s'avancer dans l'appartement, affichait une expression d'horreur, fixant de ses yeux exorbités un coin de la pièce. L'agente suivit du regard le doigt tremblant que la bonne femme levait en direction du salon. Elle dut faire un pas de côté pour contourner la bibliothèque avant de voir la cause de tant d'effroi. Là, sur le canapé, gisait le cadavre plus très frais d'une femme. Elle se tenait paisiblement assise, comme si elle avait attendu tout ce temps qu'on vienne la chercher. Malgré sa chair en décomposition, Lily n'eut aucun mal à identifier la longue chevelure brune et la silhouette sportive de son ancienne collègue.

L'enquête qui suivit cette morbide découverte fut étrangement rapide. Il fut déclaré que Taline Ashjian était morte dans son sommeil quelques heures après avoir demandé une audience à l'agente Lily R. Bow, soit trois semaines avant que cette dernière ne découvre son corps. D'après le rapport du légiste, son cœur aurait simplement dysfonctionné et arrêté de battre. Personne ne questionna ce verdict ou le contenu du colis mystère et la mort fut classé comme naturelle. En somme, un tragique incident que personne n'aurait pu prévenir, ou presque...

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Bravo ! Vous avez atteint la fin d'Hôtel Paradis !

Enfin, une fin...

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