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Je jongle plusieurs fois avec une statuette, la faisant passer d'une main à l'autre pour tester son poids. Puis je vérifie une dernière fois que le hall est toujours dénué de toute vie avant de prendre position. Je vise un des carreaux du bas de la fenêtre, teste le mouvement de mon bras et jette le projectile de toutes mes forces. Il traverse la vitre avec fracas et j'ai vite fait de tourner le visage et me protéger les yeux pour éviter les éclats de verre. Se comporter comme une vandale n'a jamais été aussi grisant. Un courant d'air frais ne tarde pas à se faire sentir.

Excitée et soulagée à la fois par cette réussite, je me dépêche vers un présentoir à magazine près du comptoir et en choisis un au hasard. Je roule le journal en papier glacé sur lui-même et entreprend de faire tomber les morceaux de vitre tranchants qui sont restés accrochés au cadrage de la fenêtre avec. M'échapper oui, mais pas à n'importe quel prix. Cette technique fonctionne étonnement bien et ma sortie est enfin à portée. 

Me voilà libre. Du moins, c'est ce que je crois jusqu'à ce qu'un objet métallique s'abatte sur mon crâne, faisant réverbérer une douleur sourde dans tout mon corps. Je perds brièvement la vue et me sens tomber lourdement au sol. Mon visage rencontre la moquette jonchée de verre puis j'entends au loin un objet qu'on lâche. Je tâte l'endroit où j'ai été frappée et constate malgré ma vue plutôt trouble que mes doigts sont désormais couverts de sang. Un parfum distinctif d'encens se fait sentir tandis que la silhouette de Túlio s'abaisse à mon niveau. Il s'empare de ma main puis de mon menton, tournant ma tête pour mieux ausculter les dégâts.

– Je... Je suis désolé, murmure-t-il tout bas.

Tout mon corps tremble de douleur et chaque respiration me parait de plus en plus difficile. Je n'ai plus l'énergie de lutter. Le barman doit s'en rendre compte car il se met à sourire tendrement.

– Ne vous inquiétez pas, j'ai de quoi vous soigner. Vous serez comme neuve...

Sa voix, à peine un murmure, se brise dans le silence du lobby alors que son corps m'enveloppe d'une chaleur douce. L'homme me berce lentement, accompagnant mes derniers instants de conscience par une mélodie profonde au creux de mes oreilles. Je ne comprends aucune parole mais chaque note vibre en moi alors que je sens mes forces me quitter peu à peu. 


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Voyons à quelle fin votre enquête vous a menée...

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Allez en 99.

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