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À l'image du reste de la suite, la chambre est grande et plongée dans la pénombre. Un pan entier d'écrans accrochés le long d'un des murs éclaire cependant la pièce d'une lueur blanche. Une longue table en bois qui devait initialement se trouver dans la salle à manger est recouverte de claviers et de surfaces de contrôle tandis que des centrales électroniques tournent à plein régime à ses pieds. Je m'approche pour observer sans vraiment comprendre les différentes informations qui défilent sur les écrans. Certains font défiler des suites de nombres et de lettres incompréhensibles tandis que d'autres montrent une pièce entièrement blanche. Un écran retient tout de même mon attention. Il affiche une modélisation structurelle d'une personne ainsi que de son cerveau, avec comme titre « Sujet n°78 ». D'après les informations inscrites à côté du modèle, il s'agit d'une adolescente de dix-sept ans du nom de Constance Mercier et possédant un Q.I. de 101 points. Sur le côté de la page, une liste d'autres sujets me fait comprendre que cette jeune fille n'est pas la seule à avoir ses informations enregistrées dans cette étrange base de données.
J'attrape le premier clavier que je vois et enfonce la touche du haut pour remonter la liste. Des cinquantaines de noms, de photos et de modélisations d'inconnus défilent devant mes yeux. Des jeunes, des adultes, des vieux, de tout âge et tout horizon. Plus je remonte, plus je tombe sur des profils marqués par une mention effroyable : « Hors service ». Mes soupçons sur la véritable signification de ces mots se confirment quand j'arrive à la fiche du sujet n°12, Adeline Berger, elle aussi indiquée comme étant hors service. Camille avait raison, sa mort est liée aux expériences qui se déroulent ici. Je m'apprête d'ailleurs à prévenir la journaliste de ma découverte quand un son me paralyse soudain : la sonnerie de l'ascenseur.
Je fuse en direction du couloir et croise Camille qui sort de la cuisine avec affolement, l'air étrangement pâle. Ses yeux ronds d'appréhension reflètent mon état. Je peux entendre mon cœur battre avec violence contre ma cage thoracique alors que nous nous tournons d'un même corps vers l'entrée de la suite.
Les lucarnes qui décorent l'intérieur de l'ascenseur éclairent d'une lumière jaune une silhouette élancée que je ne reconnais que trop bien. Sa peau lisse et brillante renvoie les lumières colorées que diffusent les différentes machines sur son passage. Sauf que ce n'est pas vraiment sa peau. Maintenant que je prends le temps de l'observer, je me demande même comment mes yeux ont pu me tromper à ce point. Car ce qui sort de l'ascenseur en avançant péniblement n'est rien d'autre qu'une sorte de combinaison épaisse, semblable à un costume antiradiation, dans lequel se trouve très probablement une personne des plus humaines. La visière en demi-cercle qui lui permet de voir et que j'avais jusqu'alors pris pour un visage plat est trop sombre pour pouvoir distinguer ses traits. Cela ne doit fonctionner que d'un côté cependant car le nouveau venu s'arrête soudain en nous apercevant. Merde.
Sans réfléchir, je m'élance dans sa direction pour l'empêcher d'opérer un demi-tour. Mais au lieu de s'enfuir, l'inconnu se rue vers une machine dont il active plusieurs boutons. Un rugissement mécanique fait trembler la pièce en même temps que les portes de l'ascenseur se referment, replongeant l'endroit dans une semi-pénombre menaçante. Je m'arrête à mi-chemin, Camille sur mes talons. Je ne sais pas ce que cette personne vient d'activer mais cela ne présage rien de bon.
– Arrêtez cette machine !
Je suis obligée de beugler pour me faire entendre à travers le vacarme.
– N'approchez pas ! réplique une voix étonnement jeune et peu assurée à travers la combinaison blanche.
S'agit-il du stagiaire des laboratoires Cheng dont Camille m'a parlé ?
– Qu'est-ce que..., murmure Camille, choquée. Est-ce qu'elle essaie de communiquer ?
Je comprends à la peur qui fait trembler sa voix que nous ne percevons pas tout à fait la même chose. Le masque aérosol doit me protéger de l'illusion d'une façon ou d'une autre car Camille dévisage le nouveau venu avec terreur et incompréhension. Sa réaction démesurée est si étrange à observer. Nous sommes pourtant face à la même personne mais nos réalités sont complètement divisées. C'est forcément en lien avec la substance gazeuse que l'inconnu vient de relâcher dans l'air.
– Attention ! crie soudain Camille en me tirant en arrière.
Je ne vois que trop tard la seringue que l'inconnu vient de sortir d'une poche ventrale. Camille parvient à le contrer mais pas assez rapidement. Une partie du liquide doit s'être déversé dans son sang car je la vois tituber en arrière et s'écrouler à moitié sur une rangée d'appareils. Je n'ai pas le temps d'amorcer un pas vers elle que le garçon pointe sa seringue vers moi d'un air menaçant.
– Ne bougez pas ! rugit-il, visiblement paniqué. Je... Vous n'auriez pas dû venir.
Pour avoir déjà été confrontée à ce genre de situation, je sais que le garçon n'est clairement pas dans son état normal. Le raisonner serait difficile et dangereux. Il est tellement paniqué qu'il en devient imprévisible et capable de tout. Le moindre faux pas de ma part pourrait entraîner des conséquences terribles. Paumes en l'air en signe de paix, je tente de prendre une voix douce dans un effort de le calmer.
– Nous ne vous voulons aucun mal. Nous savons que tout ceci n'est pas votre faute, vous ne faites qu'appliquer les ordres. Laissez-nous vous aider.
Du coin de l'œil, j'aperçois Camille tituber et finir sa course contre le lit vertical d'une des étranges cabines. Je n'ose pas bouger de peur de contrarier mon interlocuteur.
– Vous ne comprenez pas ! grince-t-il. Je n'ai pas le choix !
Son ton à la fois accusateur et plaintif est difficile à interpréter. J'ai l'impression que le moindre argument pourrait le faire céder comme il pourrait le faire complètement vriller. Devrais-je profiter de sa confusion pour tenter de le l'immobiliser ou puis-je encore espérer le convaincre en me montrant pacifique ?
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Quelle sera votre tactique ?
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{LE CONVAINCRE}
Allez en 133
OU
{LE NEUTRALISER}
Direction 134
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