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Équipée de lunettes de protection pour soudure sur la tête, je suis Camille pour entamer la montée en direction de la suite du cinquième et dernier étage en retournant d'abord au quatrième. Les plans de sécurité montrent en effet qu'un escalier de secours dissimulé à côté des toilettes du restaurant connecte le quatrième étage à la suite juste au-dessus. Même si l'ascenseur semble de nouveau fonctionnel, nous nous accordons pour emprunter les escaliers, redoutant que ma mésaventure ne recommence, et je suis presque surprise de trouver le restaurant désert et plongé dans l'obscurité avant de me souvenir que nous devons probablement approcher de cinq heures et demie du matin. Même le lounge est éteint et ne laisse plus échapper son jazz enivrant. Tout n'est que silence. Je me demande même si Túlio n'était pas sur le point de fermer boutique au moment où j'ai débarqué tout à l'heure.
Fort heureusement, les larges fenêtres de cet étage permettent à la lumière de la lune d'éclairer l'espace et nous ne tardons à trouver ce que nous cherchons. L'intérieur de cet escalier est beaucoup plus simple et sobre que l'escalier principal, se contentant de murs et de marches en béton grisâtre et de néons d'une lumière agressive. Mais au moins on y voit plus clair. Cela n'empêche pas l'angoisse d'accélérer mon rythme cardiaque au fur et à mesure que nous approchons de notre objectif. Qu'allons-nous trouver là-haut ?
La porte de la suite nous apparait enfin. Elle est fermée mais la clé que Camille a récupérée plus tôt dans la soirée la déverrouille sans problème. Des milliers de scenarios différents défilent dans mon esprit mais rien ne me prépare vraiment à ce qui nous attend. Camille m'adresse un hochement de tête déterminé avant d'entrer en première sous le grincement bruyant de la porte. Je ne tarde pas à sortir de ma torpeur et lui emboiter le pas, sans oublier d'équiper mes lunettes en vitres teintées. Ces dernières assombrissent aussitôt ma vue tandis que mes yeux se posent sur l'incroyable contenu de la suite du cinquième étage.
La pièce immense, au moins aussi grande que le restaurant de l'hôtel, a tous les aspects d'un laboratoire secret comme on pourrait se l'imaginer. L'atmosphère y est sombre et inquiétante, les volets des larges fenêtres sont fermés et les plafonniers dépourvus d'ampoules mais des rangées d'écrans et de machines à l'usage inconnu projettent une lumière teintée de bleu, de vert et de rouge sur l'ensemble de la pièce principale. Cet endroit devait faire office de salon il fut un temps car je détecte des meubles de rangements, une table basse et un buffet, tous les trois ensevelis sous les tonnes d'appareils et de câbles amoncelés ici et là. Des bruits électroniques venants de toutes parts accompagnent nos pas alors que Camille et moi avançons prudemment dans cette jungle technologique.
Les distractions visuelles set sonores sont telles que j'ai du mal à me concentrer sur une chose en particulier. Mais un écran finit par attirer mon attention. J'y reconnais l'image du lobby de l'hôtel puis celle du couloir du premier étage. Je m'abaisse à la hauteur du poste de télévision et retire ma visière un instant. Devant moi, les vidéos des caméras de surveillance de l'hôtel défilent, montrant un à un les différents étages et l'intérieur de l'ascenseur. En apercevant ma propre image de dos, penchée vers un téléviseur, j'opère un demi-tour sec sur moi-même et repère l'objectif de la caméra vissé dans la charpente de la pièce. Il pointe vers l'entrée de la suite et les portes de l'ascenseur. Ces tarés nous observent depuis le début !
– Taline, viens voir ça ! m'interpelle Camille avant que je n'ai le temps de lui révéler ma découverte. C'est vraiment...
Ses mots se perdent dans sa gorge alors que je parcours les quelques mètres qui nous séparent. Son regard est tourné vers deux lits en métal disposés à la verticale et clairement aménagés pour y allonger et attacher quelqu'un qui trônent chacun au milieu d'une sorte de cabine métallique en forme de tube dont les portes vitrées sont ouvertes. Un porte-manteau transformé en perche à perfusion, des bouteilles d'oxygène et de petits moniteurs pour le moment éteints sont postés entre les deux cabines, attendant patiemment d'être utilisés. Non loin, une desserte avec un masque à oxygène et d'autres matériels médicaux est proprement rangée. Quelle sorte d'expérience détraquée est menée ici ?
Camille et moi échangeons un regard d'inquiétude. Aucune de nous ne s'attendait à trouver des preuves aussi perturbantes. Effectuer des recherches sur le cerveau est une chose mais le faire clandestinement dans la suite d'un hôtel miteux en est une autre. Et au vu des dispositions mises en place, je doute que les sujets de ces expérimentations ne soient consentants.
Un flash silencieux m'éblouit un court instant et je me retourne pour voir Camille avec une toute petite caméra, prendre des photos et vidéos de la scène. L'aisance avec laquelle elle se déplace, capturant méticuleusement chaque élément dans un temps record, me surprend. J'imagine que ce n'est pas la première fois qu'elle se trouve dans ce genre de situation.
– Continuons à chercher pendant que la voie est libre, déclare-t-elle finalement en jetant un coup d'œil vers l'ascenseur. Il doit forcément y avoir des preuves expliquant ce qu'ils font ici.
D'un commun accord, nous continuons notre avancée vers un large couloir sobrement décoré de peintures abstraites et de natures mortes. Sur la droite, le mur s'ouvre assez rapidement sur un espace cuisine plutôt moderne et terne, tandis qu'à gauche une grande porte est ouverte sur une chambre tout aussi spacieuse. Prenant d'abord le temps de s'assurer que les deux pièces sont vides de toute présence malvenue, nous décidons de nous séparer pour parcourir plus de terrain.
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À vous de choisir...
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{ALLER DANS LA CUISINE}
Continuez en 126
OU
{ALLER DANS LA CHAMBRE}
Continuez en 127
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