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Mes doigts se resserrent sur mon verre et mon esprit se perd un instant dans son contenu. La couleur crème du liquide ne couvre plus que la moitié des glaçons qui s'entrechoquent avec un bruit satisfaisant. Je viendrais certainement à le regretter mais ma décision est prise. M'armant pour le pire, je finis ma boisson d'un cul sec et vient cogner le comptoir de mon verre vide avant de confronter les traits anxieux de Túlio.

– Vous avez l'air d'aller mieux, observe-t-il. Voulez-vous que je vous raccompagne à la salle de repos ou à l'accueil ?

Son visage sourit avec douceur mais ses yeux me paraissent toujours aussi absents. Cet homme a clairement besoin d'aide et je m'en veux de l'abandonner à son sort, mais si même lui ne parvient pas à se libérer du mal qui le ronge, je ne vois pas comment une novice comme moi pourrait l'aider. Je me redresse, solennelle.

– Pas la peine, je vais me débrouiller. Merci pour tout.

Malheureusement pour moi, le destin en a décidé autrement car je sens soudain ma tête tourner. Túlio me rattrape de justesse.

– Je ne peux pas vous laisser partir dans cet état.

Son étreinte pourtant chaleureuse m'étouffe mais mes tentatives de le repousser sont vaines tant mon corps me parait terriblement lourd et las. Je n'arrive même pas à formuler plus de deux syllabes. J'étais pourtant pleine d'énergie il y a encore quelques minutes.

– Qu'est-ce qu'il lui arrive ? résonne la voix inquiète de Jivan au-dessus de nous.

– Ce n'est rien, répond calmement Túlio. Elle a juste besoin d'un peu de repos après toutes ces découvertes.

Alors que le monde commence à se flouter autour de moi, mon regard se fige sur l'aura du barman mêlant lumière et obscurité et dans laquelle une étrange ombre semble se dessiner. La présence sinistre a presque un aspect humain et pendant un bref instant mon cœur se glace d'effroi quand je crois apercevoir deux mains grisâtres fermement agrippées au cou et à la poitrine de Túlio.

– Vous mentez, réplique Jivan avec colère. Je sens que vous mentez ! Qu'avez-vous fait ?

Malgré la peur et mon instinct qui me crient de ne surtout pas m'endormir, mes paupières deviennent trop lourdes pour rester ouvertes et Morphée m'accueille à bras ouverts.


•⚜•


Mon esprit s'éveille au son d'un chant grave et transcendant, quasiment tribal. Le parfum de l'encens me pique les narines et mes yeux s'ouvrent enfin sur un plafond plongé dans une lumière tamisée. Je reconnais les luminaires et le papier peint propres à l'hôtel malgré les nombreuses tentures chaleureuses qui ornent les murs de la pièce. Les flammes de plusieurs bougies font vaciller des ombres tout autour de moi tandis qu'un magnifique encensoir en cuivre minutieusement gravé embaume la pièce et mon esprit de son odeur réconfortante. Pourtant, je suis tout sauf rassurée devant la scène qui s'offre à moi.

Au centre de la pièce, dans un cercle de bougies, Túlio se tient à genoux, dos à moi et torse nu, et fredonne des mots qui me sont étrangers. Devant lui, une sorte d'autel arbore plusieurs objets que je ne parviens pas bien à distinguer de ma position. C'est en essayant de me redresser pour mieux voir que je me rends compte de ma situation inquiétante. Mes mains sont attachées ensemble au-dessus de ma tête, probablement au pied du lit sur lequel je suis adossée. Malgré la peur que l'idée d'être captive fait monter en moi, je tente de garder mon sang-froid et teste la solidité de mes liens. Au toucher, je semble avoir été attachée avec un bout de tissu. Les nœuds me paraissent difficiles à défaire mais si je parviens à détendre un peu le tissu, je pourrais peut-être avoir assez de jeu pour me libérer. En revanche, cela va me demander pas mal de patience et du temps que je n'ai sûrement pas.

Mon attention se tourne à nouveau vers Túlio dont les épaules se soulèvent et s'abaissent en même temps que ses bras se contractent à rythme régulier. Une odeur florale envahit la chambre. On dirait qu'il est en train de moudre quelque chose. Que peut-il bien être en train de préparer ? Et ai-je réellement envie de le savoir ?


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Ok... Et maintenant ?

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{TENTER DE SE DÉTACHER}

Direction le 108


OU


{INTERPELER TULIO}

Allez en 107

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