Chapitre 4

Je suis déterminée. Je convaincrai papa même s'il n'est pas disposé à m'écouter.

Je laisse mon chariot près du placard à balais et me précipite vers la petite porte de sortie destinée au personnel.

Je rentrerai ensuite par la grande porte. Mon plan ? Tout dire à mon père. Évidemment, ça n'implique pas mettre mon amie dans l'embarras. Elle lui a dit que j'étais sortie, je vais sortir. Elle aura juste omis de dire que je ne suis pas cliente ici.

- Papa ? m'exclamai-je dès que je fus sûre qu'il regardait dans ma direction.

- Luna ! me sermonne-t-il, combien de fois t'ai-je dit de ne pas fuguer ?

- Euh, jamais.

- Tout comme je ne t'ai jamais interdit d'avoir un flingue ! Allez, on rentre.

j'avoue qu'il m'a surpris.

- Papa, je reste.

- Mais qu'est ce que tu raconte encore ?

- J'aime cet endroit !

- J'avoue que c'est un bel hôtel mais sans plus, j'en ai vu d'autres. Et puis tu sais à ton âge des hôtels...

- ...plus grands portaient déjà ton nom, je sais.

- J'allais dire plus majestueux mais bon, j'imagine que ce sont des synonymes donc c'est acceptable.

- Papa ! Il ne s'agit pas de mon nom, je...

- Tu as raison, en leur donnant ton nom on ne saura pas qui a réussi le mieux. Ça pourrait être moi le proprio, ou ta soeur. Si tu veux en tirer les mérites, donner ton prénom est mieux. Quoique, cela pourrait toujours être moi, je pourrais très bien t'aimer au point de donner ton prénom à un de mes hôtels. Il pourrait arriver la même chose vis-à-vis de ta soeur. Je crois que la meilleure chose à faire est de-

- Papa ! Je le coupe, n'en pouvant plus. Je reste ici. Tu ne m'obligera pas à rentrer. J'ai des obligations et-

- Luna !

Oh non, il ne manquait plus que lui...

Le nouveau groom arrive vers nous en courant. Essoufflé, il s'arrête. En levant la tête, il reste bouche bée.

- M...Me... Monsieur Cas...Caste...lo... Monsieur Castelova ! bégaye-t-il.

- Luna ! Qui est donc ce guignol ? Et pourquoi est ce qu'il s'adresse à toi en utilisant ton prénom ?

- Je... je peux tout t'expliquer !

Je n'avais pas prévu ça non plus.

- Nico, je m'occupe rapidement de monsieur Castelova et j'arrive, d'accord ? dis-je en me munissant de mon masque de maître d'hôtel exemplaire.

- Mais enfin, qu'est ce qu'il se passe ici ? interrogea mon père en tapant du pied, tandis que le pauvre groom s'éloignait, perdu.

- Monsieur, s'empresse d'annoncer cette traîtresse de Trudy, mademoiselle Luna a quelque chose à vous dire.
- J'écoute.

- Eh bien voilà, je suis désolée mais j'ai menti. Ce guignol comme tu dis, n'est autre que mon collègue.

- Tu veux dire que... dit Tacha, n'en revenant pas.

- Oui, je travaille ici, et pas au meilleur poste.

- Ma fille porte des bagages d'inconnus à longueur de journée ? C'est impardonnable ! hurle mon père et j'eus envie de partir à reculons.

- Oh mais ce n'est pas ça !

- Tais-toi Trud' je crois qu'il en a assez entendu...

- Entendu quoi ?

Il semble avoir retrouvé son calme, ce n'est pas bon signe...

- Je- allez courage tu peux le faire ! - Jesuisfemmedeménageici !

Oui ! Comment ça ça ne compte pas ? Je l'ai dit très vite, oui. Mais je l'ai dit ! C'est l'important, non ?

- Quoi ?! Tu t'es enfuie de la maison pour récurer des chiottes dans un quatre étoiles ?

Je ne pus m'empêcher de glousser en l'entendant parler comme ça. Grossière erreur.

- T'as raté ta vocation. Tu sais imiter les dindons à merveille.

C'est au tour de Gertrude de s'esclaffer. On verra ça plus tard...

- Je ne récure les chiottes que très rarement ! boudai-je en reprenant ses mots.

- Pourquoi ? demandèrent papa et Tacha (je l'avais presque oubliée, elle) d'une même voix.

Hein ?

- Ça me regarde ! me mis-je sur la défensive.

- Change de ton tout de suite ou tu vas la sentir passer. me menace mon père d'une voix si calme qu'il me fout les jetons.

- Mais parce que c'est dégueulasse !

Évidence ? Présent !

- Au diable les toilettes ! Je te demande pourquoi tu travailles en tant que femme de ménage, dans un quatre étoiles qui plus est.

- Premièrement, ils ont rajouté une cinquième étoile y a pas si longtemps alors arrête de répéter quatre étoiles à tout bout de champ ! Deuxièmement-

- Regarde moi bien, me coupe-t-il en m'indiquant son visage avec sa main, réponds-moi honnêtement, est ce que j'ai l'air d'en avoir quelque chose à foutre ?

- Monsieur !

- Reste en dehors de ça, Tacha.

- Je disais, deuxièmement, j'ai des amis ici ! Tu as vu Trudy et Nicolas, ils sont plus proches de moi que Michel et Edna ne l'ont jamais été ! Tout ce qui intéresse ces derniers, c'est que je les amène à toi, ou plutôt à ta fortune.

- Tu crois que je ne le vois pas ? Ne me prends pas pour un jambon, jeune fille ! Je te laisse les fréquenter uniquement parce qu'ils ont une bonne influence sur toi, ils sont l'exemple parfait de ce que je voudrais que tu deviennes.

- Tu me laisse les fréquenter ? Tu m'y oblige, plutôt ! De quelle influence tu parles ? Tu veux que je devienne une fifille à papa qui ne jure que par les bijoux et qui méprise les gens dans le besoin ? Ça n'arrivera jamais !

- Arrête ce cinéma, tu veux ? Je n'ai pas envie de me donner en spectacle.

- Oh mais je le sais très bien ! C'est pour ça que tu vas me laisser tranquillement mener ma vie ici sans faire plus d'histoires !

- Qu'est ce que tu insinues ?

- Rien, juste que ce serait mieux d'éviter des histoires inutiles, alors qu'on sait très bien comment tout cela va finir.

- Te laisser ici ? Il fit mine de réfléchir.

- Alors ? Tentai-je face à son silence.

- C'est d'accord. Dit-il enfin et je vis Trudy faillir.

- Tu acceptes ? Pour de vrai ?

- Non, tout ceci est un prank, fais coucou à la caméra ! N'oubliez pas les poces bleus ! Imbécile...

- Ton père est un fan d'*censure pour cause de citation de personnalité, merci de votre compréhension* ! Ça alors !

- Je ne savais même pas qu'il allait sur YouTube...

- Je dois dire que moi aussi, ça m'en bouche un coin.

- Tacha ! hurle-t-il, Si tu rejoins leur camp, ton salaire risque de ne pas trop apprécier !

Elle baisse la tête et se fond en excuses. La pauvre.

- Va m'attendre dans la voiture. J'ai deux mots à dire à mon héritière.

- Bi-Bien monsieur. begaye-t-elle avant de s'exécuter.

- Toi... dit-il en se retournant finalement dans ma direction.

J'ai pété les plombs, j'ai quitté l'école. Si seulement tu savais, tout le mal que je-

- LUNA !

- Euh pardon j'étais dans les nuages. Tu disais ?

- J'accepte. Mais à une condition.

- Laquelle ? demandai-je en m'attendant au pire.

- Que personne ne découvre ta véritable identité.

- Mais-

- Laisse-moi finir ! J'ai des contacts dans cet hôtel. Si l'un d'eux laisse échapper ne serait-ce qu'un doute sur le fait que tu sois ma fille, je te traîne à la maison, illico-presto. J'espère que c'est clair.

- Ça devrait faire un bon scénario de Manga. me chuchote Ruby à l'oreille.

- La ferme.

- N'empêche, ton père t'a donné son accord, je ne peux que m'incliner ! Même si je trouve ça un peu trop rapide et facile...

- Un marché est un marché !

- Cette fille a l'air de savoir, mais je passe l'éponge pour cette fois.

- Mais...

- Juin, juillet, août ! Bon, c'est pas que vous m'ennuyez mais j'ai un rendez-vous important.

- Au revoir papa.

- Au revoir monsieur.

- C'est ça...

18/12/2017

- Enfin partis ! s'exclame Trudy en s'étirant.
- Et on n'a même pas eu besoin de faire appel à Vanessa ! ajoutai-je avec une pointe de fierté.
- Vrai.
- Ceci dit, il paraît qu'elle a des doigts de fée. me rappelai-je.
- Rien ne nous empêche de modifier les termes de notre petit accord. me fit remarquer mon amie.
- J'aime bien l'idée. On y va ?
- Je te suis !

13/03/2021

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