Épilogue

À mon réveil, la première chose que je constate est le lit vide. Je n'ai plus l'habitude de dormir seule, tellement que c'en est devenu une torture de le faire.

Andréas me manque tant.

On tambourine à la porte de ma chambre.

-Debout la marmotte ! L'heure de la sieste est terminée ! s'exclame vivement Daniel derrière celle-ci.

Mon chat se redresse et s'étire en creusant son dos. Il descend du lit à regret. Les siestes au soleil sont nos préférés. Il passe la tête par la porte, et observe le puma d'un œil mauvais.

-Allez, ne fais pas cette tête, et monte sur mon épaule. Je vais marcher pour toi, comme au bon vieux temps !

Mais les temps ont changé.

Depuis Andréas, j'évite les contacts trop rapprochés avec les mâles. Le loup n'apprécie pas ça. Et j'accepte de ne plus le faire, seulement parce que je sais que je n'aimerais pas non plus le voir s'approcher d'une autre. Et tant pis si je dois faire beaucoup plus d'efforts physique.

De toute façon, on n'a pas dit que je devais me mettre au sport ?

Mon chat baille avant de me laisser reprendre forme humaine.

-Il s'est passé quelque chose ? je lui demande.

-Non. Elle est restée calme. En fait, elle n'a pas dit un mot de toute la journée. m'informe Daniel, une moue sur le visage.

-Où est-elle ? Je veux la voir.

-Dehors, tu la trouveras sans doute à l'est du territoire.

J'abandonne le puma dans le couloir et sors de la maison. Devant moi s'étend les merveilleux paysages de la meute de Saorsa. Un environnement ensoleillé, fait de belles plantes et de petits courts d'eau.

Un véritable petit coin de paradis.

Je marche un moment afin de retrouver la métamorphe qui se balance mollement sur une balançoire. Celle-ci a été construite il y a des années de cela, quand j'ai intégré la meute. Je me souviens y avoir passé des heures, seule dans mon coin. C'était mon refuge.

J'attends que la jeune femme me remarque avant d'avancer plus loin. Les sens plus affutés que les miens, la louve ne tarde pas à se rendre compte de ma présence.

-Salut, Nyce.

Je m'approche doucement.

-Alors, comment se passe ton intégration ?

Après mon rétablissement, il a fallu punir les rebelles. Les trois loups sont morts au combat, mais il restait Nyce, qui a finalement changé de camp. Beaucoup ont voté pour l'exécution, mais ce n'est pas une surprise, cette meute vit encore au siècle dernier. En tant que future femelle Alpha de la meute, j'ai émis une suggestion, que Andréas a fini par accepter.

-Cette meute est régie par de vieilles lois barbares et ce depuis trop longtemps. Il est temps de commencer à améliorer les choses. j'ai déclaré à haute voix devant tous les métamorphes loups.

Je savais que personne ne réussirait à pardonner la trahison de Nyce dans la meute, combien même elle s'en voudrait. J'ai alors exigé que la louve soit transféré à Saorsa, où elle pourra se repentir, obtenir une seconde chance.

Les membres de Saorsa l'ont accueilli les bras ouverts - du moins la majorité - et suite au vote habituel, Nyce a pu intégré la meute, à condition de se plier au règlement - qui n'est rien comparé aux tas de règles qu'elle devait subir au sein d'une meute normale.

Cette semaine, j'ai quitté le territoire des loups afin de rendre visite à ma famille, mais aussi m'assurer du bien-être de Nyce au sein de mon ancienne meute.

Je sais que je devrais lui en vouloir. Mais je m'y refuse. Elle a peut-être cherché à tuer Andréas, mais elle ne l'a pas fait. Elle s'est résignée au dernier moment. Ce n'est qu'une femme à qui l'on a brisé le cœur, puis manipulé à sa guise pour en faire ce qu'on voulait. Elle mérite une chance de se faire pardonner et de vivre une meilleure vie.

Et puis, si je peux faire un peu de pub à Saorsa...

-C'est... très différent de la vie en meute. Avant, je ne pouvais pas me déplacer quelque part sans en demander l'accord à mon Alpha. Aujourd'hui, je peux aller partout, personne ne me l'interdit. Je suis... libre. souffle t-elle.

Au fond de moi, je suis très fière. Je suis persuadée que ce mode de vie peut améliorer le monde des métamorphes. Et Nyce en est la preuve vivante.

Maintenant que je vais devenir Alpha femelle au côté d'Andréas, je compte bien changer les choses pour la meute de loups aussi. Je ne dis pas que je vais supprimer leur système de hiérarchisation, j'ai bien compris qu'il est nécessaire dans certains cas. Mais je vais l'améliorer.

D'ailleurs, cela me rappelle que le jour de mon union avec Andréas approche un grand pas. Bientôt trois semaines que je l'ai retrouvé, et je suis déterminée plus que jamais à m'unir à lui.

Mais ce sera sous certaines conditions.

Si la réhabilitation de Nyce a été mon premier geste en tant que co-chef de la meute, le second fut quelques modifications à propos de cette union. Notamment tout le passage sur le sang. Désormais, mon union avec Andréas se passera en toute intimité.

-Tu as déjà participé à des réunions de meute ? je demande à Nyce.

La dernière à laquelle j'ai assisté, c'est celle où la majorité a décrété que je partirai sur ce bateau de croisière. A l'époque, je n'étais pas du tout du même avis. Maintenant, je suis heureuse que ce vote ait eu lieu.

-Pas encore. Mais je crois que ça va bientôt venir.

-Tu vas voir. C'est le truc le plus ennuyeux du monde !

Nous discutons un moment, la louve et moi. Nous parlons de tout et de rien, de banalités, puis d'Andréas.

Je lui raconte que pour l'anniversaire de celui-ci - que l'on a dû fêter un peu en retard - je lui ai offert une peluche. Cette dernière est la représentation exacte de mon chat. J'ai fait cela pour me moquer de l'obsession d'Andréas pour mon animal, mais, à mon grand étonnement, j'ai vu Andréas sourire à la peluche comme s'il me souriait à moi, puis il l'a serré discrètement contre lui.

Un vrai bébé.

Quand le soleil commence à se coucher, Céleste vient nous rejoindre.

-Il est temps d'y aller.

Je salue Nyce et suis le faucon jusqu'à la limite du territoire.

Après mon réveil à l'infirmerie, j'ai demandé des nouvelles de Céleste. J'ai appris qu'elle a eu un bras dans le plâtre après son combat avec Nyce, mais elle se porte en excellente forme. Le faucon a pardonné à Nyce, tout comme la louve - qui a elle aussi été blessée par le rapace.

Œil pour aile.

Nous montons dans une voiture, à mon grand dam. Encore quelques heures de souffrance, et je pourrai retrouver mon adorable âme-sœur. A l'heure où nous arriverons, il fera déjà nuit depuis longtemps, et Andréas sera certainement couché puisqu'il ne sait pas que je rentre aujourd'hui.

-Tu as la robe ? je demande à Céleste.

-Tout est dans le coffre, ne t'en fais pas. me rassure t-elle.

Quelques heures plus tard, nous arrivons sur les territoires des loups.

Celui-ci a bien changé depuis le mois dernier. Beaucoup de rénovations ont été faites. D'ici quelques mois, toutes les maisons seront habitables.

Fini le Moyen-Âge, bienvenu dans l'Ère Moderne.

-Ne fais pas trop de folie avec ton loup, et repose-toi bien. Demain va être une grosse journée !

En effet, demain je vais m'unir à l'homme de ma vie. Et je suis plus que prête à devenir officiellement sa compagne.

Pour toujours.

Je quitte le véhicule et rejoins ma maison sans même prendre ma valise dans le coffre de la voiture. Je suis trop pressée de retrouver Andréas. Une semaine sans lui, ça a été un vrai calvaire.

Je monte les marches à pas de loups. Toutes les lumières sont éteintes, Andréas doit dormir, comme je l'ai prédit. Je me métamorphose et entre dans la chambre en passant par la porte entre-ouverte.

La pièce est silencieuse, seule la respiration douce et régulée d'Andréas résonne. Je m'approche tout doucement et monte sur le lit. Lorsque j'arrive enfin devant le loup, je constate avec surprise que celui-ci s'est endormi avec un chat noir entre ses bras.

Mon cadeau lui a plu plus que je ne l'aurai cru.

D'un coup de patte, je dégage la peluche. Puis je me frotte contre Andréas tout en ronronnant.

-Hasna... ? souffle le loup, à moitié endormi.

Je pose une patte sur sa bouche, lui intimant de se taire, puis viens lécher affectueusement le bout de son nez. Je me roule ensuite en boule contre lui et m'endors.

Que c'est bon de rentrer à la maison.

La nuit passe vite, et le lendemain je me réveille avant Andréas. Ayant beaucoup de choses de prévu, je quitte le lit sans le prévenir.

Ma journée est si chargée que je ne vois pas le temps passer. J'ai aidé mes camarades à exécuter les travaux, je suis allée chasser avec eux dans la forêt, et pour finir, me voilà dans ma chambre avec Céleste qui tente de dompter ma tignasse brune.

-Tu sais que tes efforts ne servent à rien ? Cette coiffure ne tiendra pas dix minutes après le début de l'union.

Céleste hausse les épaules.

-Tu préfères te présenter devant lui avec ton abominable tronche habituelle ?

-Andréas m'aime, peu importe mon apparence. je réponds fièrement.

Le faucon soupire.

-Ce que tu en as de la chance. J'aimerais tellement qu'une telle chose m'arrive aussi un jour.

Je pose une main sur la sienne dans un geste qui se veut réconfortant.

-Ça t'arrivera aussi, je te le promets.

Le temps passe, et vient le moment fatidique où je dois rejoindre Andréas. Celui-ci ne m'a pas expliqué ce que nous allons faire. Il m'a simplement dit de le retrouver au nord du territoire, sur la plus haute des collines.

Que de mystères.

J'abandonne Céleste et le reste de la meute au village. Ce soir, ce sera Andréas et moi, et personne d'autre. Guidée par les indications des loups, je marche longtemps dans la forêt avant de trouver la bonne colline. Je suis agréablement surprise par ce que j'y trouve.

Une grande et épaisse couverture a été déposée sur l'herbe fraiche. Tout un tas d'oreillers sont disposés ici et là, pour mon plus grand confort. Et sur le côté trône un grand panier d'où s'échappe une odeur délicieuse.

D'ici, la vue est dégagée sur le ciel parsemé de milliers d'étoiles, et en son centre brille la lune, aussi ronde qu'un ballon. Andréas a tout fait pour rendre l'atmosphère romantique.

Mais d'ailleurs, où est-il ?

A l'instant où je commence à le chercher du regard, deux mains viennent se poser sur mes hanches. Puis un souffle chaud se répercute sur mon oreille.

-Alors, qu'est-ce que tu en penses ?

Je me retourne dans les bras d'Andréas et lui souris.

-J'en pense que s'il y a du poulet dans ce panier, la nuit risque d'être magique.

Andréas rit. Je l'embrasse tendrement.

-Et si l'on passait aux choses sérieuses ? souffle t-il contre ma bouche.

Je m'écarte de lui. Je suis un peu nerveuse, je dois l'admettre. Tellement de choses peuvent venir gâcher ce moment. Après tout, je n'ai jamais de chances.

Nous nous observons, les yeux dans les yeux, sans qu'aucun de nous ne fasse quoique ce soit.

Qu'est-ce que l'on est censé faire ?

-Est-ce que je dois faire un discours ? je demande abruptement. Parce que j'en ai fait un à la dernière minute, pour être sûre de ne pas venir les mains vides au cas où il faudrait dire quelque chose.

Je suis tellement agitée que les mots sortent de ma bouche à toute vitesse. Je farfouille dans mon décolleté avant d'en ressortir un bout de papier que je déplie.

-Andréas, je te promets de t'aimer et de te chérir jusqu'à la fin de mes neuf et longues vies...

Mais Andréas m'arrête avant que je ne puisse terminer mon discours - en partie recopié sur Internet, je l'avoue.

-Je suis sûr que ce discours est le plus beau que je n'ai jamais entendu, mais pour ce soir, j'aimerais faire parler les actes plutôt que les mots, si tu vois ce que je veux dire.

Bien-sûr, l'échange de sang.

Si j'ai réussi à négocier l'abreuvement de sang avec toute la meute de loups, il y a une chose sur laquelle Andréas est resté inflexible. Il est évident pour lui que nous devons échanger notre sang, ne serait-ce que lui et moi. Je trouve ces traditions vraiment barbares.

C'est à se demander si leurs ancêtres n'étaient pas des vampires.

J'inspire profondément.

-Bien, alors, euh... Qui commence ? je demande, anxieuse.

Andréas m'invite à venir s'allonger près de lui sur la couverture. Mon chat est obnubilé par la délicieuse odeur qui s'échappe du panier non loin de nous. Je suis de son avis, nous avons hâte de passer au moment du repas.

-Je me posais une question. dit alors Andréas.

-Hum, vas-y, je t'écoute. je lui réponds, un peu distraite par le doux fumet.

-Comme tu es à moitié humaine et à moitié chat, je ne suis pas sûr... Quand tu seras enceinte de moi, est-ce qu'on aura un seul bébé ou est-ce que tu auras une portée de plusieurs enfants ?

J'écarquille les yeux de stupéfaction, ne m'attendant pas du tout à cette question.

Comment ça " quand je serais enceinte de lui " ?

-Euh, je ne sais pas, je crois que... euh... Nous sommes plus exposés au risque d'avoir plusieurs enfants d'un coup contrairement aux humains, mais il est possible que je n'en ai qu'un... Tu prévois d'avoir des enfants ?!

Andréas est si calme, à l'inverse de moi. Il n'a pas cessé de sourire depuis que nous sommes ici.

-Je rêve d'avoir des chatons. m'avoue t-il finalement.

Je cligne des yeux, abasourdie.

-Tu ne préfères pas des louveteaux ?

De toute façon, la question ne se pose pas. Il est impossible de choisir à quelle espèce notre enfant - ou nos, à l'entendre parler - appartiendra.

-J'aimerais beaucoup avoir de petits chatons. Ils ressembleront à leur mère comme ça.

Cette demande me prend au dépourvu. De toute ma vie, je n'ai jamais songé à devenir maman. Il faut dire que je n'ai pas eu un très bon exemple après l'abandon de mes parents.

Je suis tirée de mes pensées par Andréas qui vient m'embrasser. Son baiser est comme une caresse, doux, agréable, et addictif. Andréas descend jusque dans le creux de mon cou.

-Ah, ça chatouille ! je m'exclame vivement en essayant de me dégager, en vain.

-Prête ? souffle Andréas.

-A quoi ? Avoir des bébés ?

Il rit contre ma peau. Puis, quelques secondes plus tard, ses crocs s'enfoncent dans mon cou.

La vache, il aurait pu prévenir !

Contre toute attente, ce n'est pas douloureux. En fait, ça en deviendrait presque agréable. Andréas est là, son corps chaud et ferme collé au mien, et il boit mon sang.

Non, en fait ça reste toujours aussi bizarre.

Andréas relève la tête. Il passe la langue sur sa lèvre inférieure pour y lécher un peu de liquide vermeille.

J'ai envie de lui.

J'attrape Andréas par le col de sa chemise et le tire vers moi, jusqu'à ce que nos lèvres se soudent.

-Et si on les faisait, ces bébés ? je souffle contre sa bouche.

Tout ça va sans doute trop vite. Peut-être bien que je le regretterai un jour. Mais je ne peux rien refuser à cet homme.

Il est mon grand amour, mon grand méchant loup à moi, et ce pour le restant de mes nombreuses vies. Et tant pis s'il faut que je ressemble à une grosse vache avec mes six chatons pour les neuf mois à venir. Je veux le rendre heureux par tous les moyens.

-Je t'aime. je lui susurre au creux de l'oreille. Et tu sais pourquoi ?

Andréas grogne doucement.

-T'as ramené du poulet. On peut le manger maintenant ? J'ai peur qu'il refroidisse.

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Fiou, j'ai bien cru que cet épilogue n'en finirai jamais ! J'avais trop d'idées à écrire, je n'arrivai plus à m'arrêter, bref ce chapitre fait un kilomètre de longueur XD

Bon, cette fois ça y est, c'est définitivement la fin de Hostile Désir. Je suis heureuse d'avoir réussi cette réécriture, l'histoire est mille fois mieux qu'avant maintenant !

Avant de clore une bonne fois pour toute cette superbe histoire - qui va beaucoup me manquer - je tenais à vous remercier, vous tous, fidèles lecteurs. Une histoire n'en serait pas une si personne n'était là pour l'écouter. Vous êtes tous merveilleux, vous et vos magnifiques commentaires qui me réchauffent le cœur.

On se revoit pour le prochain livre ?

A bientôt,
PicMacBook

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