Chapitre 8
La journée s'est écoulée beaucoup plus rapidement que ce que je souhaitais. L'après-midi est passé en un battement de queue, et maintenant il est l'heure de rejoindre la suite d'Andréas.
Assise sur le bord de ma couchette, j'écoute distraitement mes camarades de meute me rappeler les instructions, tout en épluchant une orange.
-Fais-le boire le plus possible, ça lui déliera la langue. Et pose-lui le plus de questions sur sa meute, mais de façon subtile !
-Oh, et évite de répondre aux siennes si ça concerne ta meute et tout ce qui nous implique. ajoute Céleste en démêlant mes mèches noires que j'ai l'habitude de laisser détachées.
Je hoche la tête, puis grimace lorsque le faucon s'attaque à un nœud résistant.
-Rappelle-toi, il faut le séduire, alors essaie d'être un peu moins... toi.
-Comment suis-je censée le prendre ? je gronde.
Daniel hausse les épaules.
-Tu es un métamorphe chat, tout le monde sait que les animaux de cette espèce sont généralement invivable. Et tu ne fais pas exception. se moque t-il en me faisant un clin d'oeil.
Je lève les yeux au ciel. Il est vrai que les chats s'autorisent quelques libertés, comme piquer la nourriture des autres, s'allonger sur la table alors qu'ils travaillent et faire leurs griffes sur leurs vêtements.
Mais à part ça, nous sommes a-do-rables.
En parlant de chat, mon animal est obnubilé par le fruit que je tiens entre mes mains. Il n'attend qu'une seule chose, le moment fatidique où l'orange sera entièrement épluché. Lorsque c'est fait, je me transforme et le laisse prendre le contrôle. Aussitôt, ma chatte se jette sur les épluchures d'agrumes, jouant avec eux, se roulant dessus.
-Oh non, je venais à peine de finir de te pomponner ! proteste Céleste.
Une fois mon chat plus détendu, je reprends forme humaine.
-Non mais regarde ta tenue, elle est toute plissée. boude le faucon.
Je lisse comme je le peux mes vêtements de la main pour donner le change.
-Il est presque vingt-heure. Tu devrais te dépêcher.
Je hoche la tête et me lève pour partir. Devant la porte, Daniel m'attrape le bras pour m'arrêter.
-Fais attention à toi.
Je lui sourie.
-Tu n'as aucune raison de t'inquiéter. Il ne me fera pas de mal.
Le puma grimace, pas sûr de pouvoir me croire. Mais il me lâche tout de même et me laisse partir. Je jette un coup d'œil à ma montre. J'ai dix minutes pour rejoindre la suite du loup, j'ai donc intérêt à me dépêcher si je ne veux pas être en retard.
Mais alors que je m'engage dans un couloir, je m'aperçois que...
Zut, je ne sais pas où est sa chambre.
Je déambule dans un dédale de couloirs, complètement paumée. Les minutes passent à la vitesse de l'éclair, si bien qu'il est déjà vingt heure trente-sept. Andréas doit penser que je viendrai pas.
S'il savait...
Perdue dans mes anxieuses pensées, je ne vois pas l'obstacle apparaitre et me cogne contre le torse d'un inconnu.
-Enfin, vous êtes là ! s'exclame le type avec un certain soulagement.
Hum, on se connait ?
Devant ma mine perplexe, il m'explique qu'il est un loup de la meute d'Andréas, et que celui-ci lui a demandé de venir me chercher pour me conduire dans sa suite.
Et tout ce serait bien passé si je n'étais pas parti moi-même à la recherche de cette maudite chambre.
L'homme m'emmène alors jusque la suite d'Andréas. A sa mine anxieuse, je comprends de suite qu'il va se faire taper sur les doigts pour ce retard. Nous arrivons enfin devant une grande porte contre laquelle le loup frappe. En moins d'une seconde, Andréas nous ouvre.
Son regard, d'abord furieux, se pose sur le métamorphe à mes côtés.
-Il était temps ! Je t'ai envoyé la chercher il y a trois quarts d'heure !
J'entends le loup déglutir sous le regard noir du bêta. Je suis très étonnée de voir Andréas, que j'ai toujours connu aimable et souriant jusqu'ici, aussi froid avec quelqu'un.
Quand il m'a dit ne pas être sociable avec ses camarades de meute, je ne pensais pas que c'était à ce point.
Quand l'attention d'Andréas dévie sur moi, je m'attends aussi à des représailles. Je suis d'autant surprise de voir son regard s'adoucir considérablement et ses lèvres s'étirer en un sourire chaleureux.
-Enfin, te voilà.
-Ouais, j'ai eu quelques petits soucis d'organisation.
-L'essentiel, c'est que tu sois là. J'ai cru que tu n'allais pas venir. m'avoue t-il dans un souffle.
Je suis surprise de m'apercevoir que cette éventualité l'ai blessée. Quand je pense à Andréas - et je ne dis pas que ça m'arrive souvent - je l'imagine imperturbable, solide comme un roche. Mais l'infime lueur de chagrin que j'ai vu dans son regard me font changer d'avis à son sujet.
Et je ne suis même pas sûre de désapprouver ça.
-Manquer un délicieux repas ? C'est mal me connaître. je ris avant d'entrer dans la suite pendant que mon guide repart bredouille.
Je siffle d'admiration en entrant à l'intérieur. C'est un salon chic avec un divan beige, une table basse ainsi qu'un grand écran fixé sur le mur d'en face. Sur le côté, un mini bar bien fourni qui illumine les nombreuses bouteilles d'alcool déposées soigneusement sur des étagères en verre.
Et au milieu de tout ça, une table recouverte d'une nappe blanche, de couverts en argent, de verres cristallins et d'assiettes disposés avec soin. Aucune chandelle, aucun pétale, juste une table mise pour deux et une bonne odeur de nourriture qui flotte dans l'air.
Rien de trop romantique, et ça me convient fort bien.
J'aperçois une porte entre-ouverte sur ma gauche et remarque un immense lit aux draps blancs. Ce matelas a l'air si moelleux comparé au mien que j'aurais presque envie de demander à son propriétaire de rester quelques heures de plus pour avoir l'occasion de l'essayer.
J'ai bien dit presque.
-C'est très différent des chambres réservées au personnel. je constate devant tout ce luxe.
Je prends place à table et Andréas vient me rejoindre. Il pose les coudes sur la table et croise ses doigts entre eux. Son regard gris est ancré dans le mien, et me fixe avec tant d'intensité que je sens mes mains devenir moites sous la table.
Si je cessais de les tripoter un instant, ça n'arriverait peut-être pas.
J'ai accepté un diner en tête-à-tête avec un homme plus que séduisant. Il y a de quoi être nerveuse, n'est-ce pas ?
-Tu préfères parler avant, pendant ou après le diner ?
Je mets un instant pour me rappeler l'objectif officiel de ce diner : apprendre à se connaitre. Tout un tas de questions vont être posées ce soir, de la plus banale jusqu'à la plus intime, en passant par la plus embarrassante.
-Et si... on commençait par le vin ? je propose en apercevant la bouteille sur la table.
Le vin ? Tu n'es pas sérieuse, Hasna ? Tu n'aimes même pas ça !
Je regrette vite mon idée lorsque le loup se met à verser généreusement l'alcool dans nos verres. D'un autre côté, ma mission consiste à le faire boire et d'en apprendre plus sur sa meute - et surtout son Alpha. C'est une bonne chose qu'il aime le vin.
Andréas se rassit en face de moi, puis saisit son verre de vin.
-A quoi est-ce qu'on trinque ?
Je réfléchis un court instant. J'attrape mon verre et le tends vers le sien.
-Aux chats qui domineront le monde. je lui réponds d'un ton sérieux.
Andréas m'observe, pantois. Puis il éclate de rire, d'un son mélodieux qui me procure des frissons dans tout le corps. Je suis stupéfaite de constater qu'il est encore plus beau lorsqu'il sourit.
-Très bien, trinquons à ça. concède t-il.
Comment peut-il réussir à être plus beau alors qu'il est déjà la perfection incarnée ?
J'ai chaud, et je n'ai même pas avalé une seule goutte de vin. Cette soirée va être longue et éprouvante.
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