Chapitre 23

Assise sur mon lit, les jambes repliées contre moi, je fixe ma valise. Je suis à peine rentrée, et je n'ai même pas le temps de défaire mes affaires qu'on me redemande de les préparer.

Maintenant que la guerre est finie, Andréas veut qu'on s'unisse une bonne fois pour toute. Autrement dit, il me demande de le suivre, lui et sa meute, et de m'installer là-bas, définitivement.

En jetant un coup d'œil à ma chambre, je me dis que je n'ai pas du tout envie de quitter cet endroit. Saorsa, c'est plus qu'un territoire. C'est mon chez-moi. C'est là où je me sens le plus à l'aise, là où je suis entourée des gens que j'aime, chérie et protégée.

Alors que je ne sais pas si je pourrai dormir sur mes deux oreilles avec la meute de loups.

Même si Andréas a pris la tête de la meute et qu'une trêve a été signée avec Saorsa, les loups ont tout de même essayé de nous tuer. Ils n'ont pas cessé de vouloir me nuire sur le bateau. Et maintenant, on voudrait me faire croire que ça a changé ?

Non, c'est beaucoup trop risqué.

D'un autre côté, j'aime Andréas. Je ne peux pas me résigner à le quitter. Si je viens à le laisser tomber, je finirai par le regretter jusqu'à la fin de ma neuvième vie.

Et puis si je refuse, déterminé comme il est, Andréas va me balancer sur son épaule et m'emmener de force.

Visualiser la scène me fait sourire. Oui, je l'imagine très bien faisant cela. Peut-être même que je pourrai lui dire non, juste pour voir ce scénario se produire.

Moi, méchante ? Pas du tout ! Honnêtement, quel adulte normalement constitué refuserait une fessé de la part d'un si bel homme ?

Certainement pas moi.

En parlant du loup, Andréas apparait sur le seuil de ma porte. Il est si imposant que ma chambre semble rétrécir quand il est là. Je n'ose même pas le faire s'allonger sur mon lit, je suis certaine que ses pieds en dépasseraient.

Il jette un regard à la chambre, puis à la valise toujours pleine.

-Tu as déjà fini ?

-Non. En fait, je n'ai même pas commencé.

Il soupire.

-On en a parlé, non ? On doit avoir quitté le territoire dans une heure, et pas une minute de plus.

J'observe mes mains sur mes genoux. Elles semblent si divertissantes tout à coup. Tout un mystère plane autour d'elle : pourquoi n'a-t-on que dix doigts, et pas vingt ? Et pourquoi ne peut-on pas les faire repousser quand on nous les coupe, alors que notre corps les a déjà fabriqués une fois, il pourrait donc le refaire ?

Andréas vient s'asseoir en face de moi. D'un doigt sur mon menton, il me relève la tête.

-Qu'est-ce qui te tracasse ? me demande t-il doucement.

Je le vois bien qu'il s'efforce d'être patient. Il veut que tout se passe bien, que ce soit parfait. Mais je fous tout en l'air, comme d'habitude.

-C'est trop rapide. Je ne suis pas sûre de faire le bon choix.

Andréas et son loup le prennent très mal, aussi je m'explique pour qu'il n'y ait pas de malentendu.

-Je veux dire, toi tu es génial, je voudrais vraiment devenir ta compagne. Mais il y a ta meute de loups enragés qui me fichent la frousse, et puis Saorsa, je n'ai pas envie de la quitter.

Andréas se déplace jusqu'à être installée à côté de moi. Il étend son bras et m'attire contre lui. Je me laisse aller contre la chaleur excessive qui se dégage de son torse.

Ce que c'est bien d'avoir un loup pour compagnon n'empêche.

-Il n'y aura pas de soucis avec ma meute. Les loups les plus rebelles s'en sont allés. Et quant aux autres, ils m'ont prêté allégeance et obéiront à mes ordres aux doigts et à l'œil. Alors cesse de t'inquiéter.

-C'est plus facile à dire qu'à faire. je grogne contre son tee-shirt.

C'est incroyable ce qu'il sent bon.

Après qu'Andréas ait détrôné son cousin, quelques loups ont de suite montré leur mécontentement. Ils étaient de fervents adorateurs de Lorenzo, et le voir échanger avec un homme bien plus pacifiste ne leur a pas plu. Alors Andréas leur a demandé de partir, puisqu'ils refusaient de prêter allégeance - autrement dit de jurer d'obéir aux lois de leur nouvel Alpha.

Ce n'est pas plus mal d'ailleurs, parce que c'étaient les pires loups de toute la meute.

-Et pour Saorsa ?

-Tu pourras toujours leur rendre visite de temps à autre. Maintenant que je suis chef de meute, je ne vais pas avoir autant de temps à t'accorder que je ne le voudrais.

Ce qui n'est pas déplaisant non plus. J'aime Andréas et les moments passés avec lui sont magiques. Mais je sais très bien que s'il n'était pas devenu Alpha, il m'aurait collée aux basques vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Et en tant que chat, ou même être-vivant en fait, j'ai besoin de respirer de temps en temps.

-Et pourquoi vous ne rejoindriez pas Saorsa ? Si tous tes loups sont devenus aussi pacifiques que tu le dis, ça ne devrait pas poser problème. Et on est prêt à accepter n'importe qui s'il accepte de se plier aux règles.

Il secoue le tête.

-Il est dans la nature des métamorphes d'être dominant ou soumis. Mes camarades de meute vivent dans ce système depuis trop longtemps. Les plus dominants ont besoin d'avoir quelque chose à dominer, tout comme les plus soumis ont besoin d'avoir un chef pour prendre les décisions à leur place. Crois-moi, ce serait une mauvaise idée.

Je gonfle les joues tout en soupirant. Quelle histoire bien compliquée.

-Je n'aime pas ces histoires de dominer ou être dominé.

Andréas caresse mes cheveux en un geste de réconfort.

-Tu va être leur Alpha femelle. Tu pourras peut-être changer les choses.

Hum, ça c'est une idée intéressante.

De ce que j'ai pu voir cette semaine, il y a de gros changements à faire dans cette meute. Les louves par exemple, celles qui nous ont servi nos repas lorsque nous étions enfermés. Elles sont tellement dociles que si on leur ordonnait de s'arrêter de respirer, elles le feraient !

La terreur, c'est fini.

Enfin, ce le sera. Si j'accepte de rejoindre Andréas et d'intégrer sa meute.

-Y a rien de prêt ? s'exclame tout à coup une voix masculine.

En me redressant, j'aperçois Daniel sur le pas de la porte.

-Ça fait deux heures que t'es enfermée là-dedans. Qu'est-ce que t'as foutu ? T'as compté les moutons de poussière ?

Je grimace. Nous avons été absents une semaine, et entre temps, personne n'est passé pour faire le ménage à notre place. Et avec notre odorat surdéveloppé, la poussière est l'ennemi numéro un du métamorphe.

Mettez-en une poignée dans un grenier, et vous obtiendrez un concerto de " Atchoum ! " très prononcé.

-Elle hésite à partir. ronchonne Andréas près de moi.

Daniel croise les bras sur son torse et fait claquer sa langue contre son palais.

-Ah non, non, non. Tu ne vas pas te défiler comme ça. Maintenant que la guerre est finie, tu vas prendre tes clic et tes clac et t'en aller illico-presto avec ton prince charmant.

-Tu vas me jeter à la porte ? je le défie.

-Je vais pas me gêner !

Je sais ce qu'il pense de tout ça. Andréas est mon compagnon - peut-être même mon âme-sœur mais ça c'est une chose dont on doit encore discuter - et je peux être heureuse avec lui. Tous mes camarades se réjouissent pour moi. Ils pensaient tous que je ne trouverai jamais chaussure à mon pied avec mon sale caractère.

Eh bah détrompez-vous, Cendrillon a trouvé sa pantoufle, et c'est une putain de Louboutin.

-Allez, hop hop hop ! Tu fais tes bagages maintenant. me presse le puma.

A la hâte, il attrape tout ce qui se trouve à sa portée et le mets au hasard dans un carton vide.

-Ça va, je vais le faire ! je râle en me levant.

Je vais faire ce grand saut et rejoindre Andréas dans sa tanière. Je vais rejoindre sa meute, jouer mon rôle d'Alpha femelle, et m'unir à l'homme que j'aime. Pas seulement parce qu'ils ne me laissent pas le choix, mais parce que j'en ai envie. Je vais être heureuse là-bas. J'y trouverai ma place.

Enfin, j'espère.

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Salut les loulous !

A l'initial, c'est ici que l'histoire se terminait. Mais j'ai décidé de prolonger l'histoire encore un peu ( beaucoup ) parce qu'il se trouve qu'écrire cette histoire... c'est le pied total, je m'éclate, vous pouvez pas savoir XD
Mais bon, j'imagine que ça ne doit pas vous déplaire, n'est-ce pas ? ;)

Les aventures d'Andréas et Hasna continuent donc, et ne sont pas prêtes de s'arrêter !

Bye les loulous,
PicMacBook

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