Chapitre 17

Il faut que je retrouve mes camarades.

Ma première pensée au réveil a été pour eux. Mes amis sont enfermés au sous-sol, peut-être même torturés en ce moment même. Je veux les rejoindre, voir comment ils vont, et qu'ils sachent que je vais bien. Mais pour ce faire, il faut que je me dérobe.

Andréas est toujours profondément endormi à mes côtés. Alors je décide de me lever, profitant de la situation pour partir. Silencieuse comme une souris, je m'extirpe de l'étreinte du loup et des chaudes couvertures avant de filer vers la sortie. J'abaisse doucement la poignée et tire vers moi pour l'ouvrir légèrement. Puis je me transforme et passe dans la petite ouverture sans faire de bruit.

Malheureusement pour moi, deux hommes sont postés devant la porte, et s'empressent de m'attraper avant que je ne file. Je pousse des miaulements plaintifs qui alertent Andréas qui ne tarde pas à nous rejoindre.

-Elle tentait de s'enfuir. se justifie le métamorphe qui me porte alors que le loup le fusille de son regard noir.

Andréas grogne. Le message est clair, il n'apprécie pas la façon dont on l'a tiré du sommeil.

-Tu n'as pas le droit de la toucher. gronde t-il. Donne-la moi.

Le métamorphe, mal à l'aise, me refile au bêta sans rechigner. Andréas me serre alors contre lui puis regagne la suite en refermant la porte, sans prêter attention aux deux gardes. Il se met à caresser mon pelage mais, trop contrariée pour apprécier ses papouilles, je m'extirpe de son étreinte et me retransforme.

-Tu as encore tenté de t'échapper. dit-il, mécontent.

Je pose mes mains sur mes hanches, vexée.

-Tu as mis ces deux métamorphes devant la porte pour m'empêcher de partir ?

Il hausse les épaules avec nonchalance avant d'aller s'installer sur le sofa.

-Je ne veux pas que tu rejoignes tes camarades de meute, encore moins pour retrouver ce satané félin. grogne le loup, manifestement de mauvaise humeur.

-Est-ce qu'un jour vous allez mettre un terme à cette stupide gue-guerre ?

-Chaque fois que je te vois avec lui, tu es perchée sur son épaule. se justifie t-il en ronchonnant.

Je lève les yeux au ciel puis le rejoins sur le sofa. Je passe ma main dans ses cheveux soyeux et le sens se détendre sous mes caresses.

-Tu n'as pas à être jaloux.

Il hausse les épaules.

-Je suis ici avec toi et tu préfères les rejoindre au sous-sol. se plaint-il.

-Ils font parti de ma meute, Andréas. La tienne a prévu de tous nous exterminer dans quelques jours. Je m'inquiète pour eux. Ils sont ma seule famille, je n'ai pas le droit de les abandonner.

-Peu importe qui ils sont pour toi, bientôt nous partirons dans une autre meute et ces gens ne feront plus partis de ta vie.

J'écarquille les yeux, outrée. Je retire ma main de sa chevelure et prends mes distances, ignorant les grondements du loup.

Andréas se fiche complètement du mal que je peux ressentir en sachant mes amis prisonniers. Il ne comprend pas à quel point Saorsa est important pour moi. Pourtant, je donnerai volontiers ma vie pour les sauver tous, et ce sans hésiter un seul instant.

-Je te rappelle que je n'ai pas encore accepté d'être ta compagne. Je peux choisir de rester à Saorsa.

Il n'est de toute évidence pas ravi de ma réponse. Andréas se lève et se dirige vers la porte de sortie sans me lancer un regard.

-Où est-ce que tu vas ?

-Prendre l'air. me répond-il simplement.

-Est-ce que... je peux venir ?

Il se retourne vers moi. Il est toujours vexé, je le vois bien. Dire qu'il n'apprécie pas que je le rejette est un euphémisme. Je vois bien à la couleur de ses yeux que ça l'enrage. Je suis libre de choisir ce que je veux faire de ma vie. Il n'a aucun contrôle là-dessus, et ça ne lui plait pas.

Ce qu'ils sont susceptibles ces loups.

-Ma partie animal ne va pas apprécier d'être enfermée dans cette suite jusqu'à la fin de la semaine. j'argumente en croisant les doigts pour qu'il accepte.

C'est en partie la vérité, les métamorphes ont beaucoup de mal à supporter l'enfermement. Mais, étant un minuscule chat, je le supporte bien mieux que la plupart de mes compères. Tout ce que je souhaite, c'est sortir de cette chambre et attendre une opportunité pour rejoindre mes camarades de meute.

Andréas réfléchit avant de finalement acquiescer.

-Tu as intérêt à rester près de moi.

J'opine de la tête. Je me lève et le suis à l'extérieur de la suite, narguant les deux gardes devant la porte en leur tirant la langue.

Infantile, moi ? Je crois que vous vous trompez de personne.

Une heure passe sans que la moindre opportunité ne se présente. Prendre l'air frais dehors m'a fait du bien mais l'impatience commence à me rendre folle.

-Hasna ? m'appelle t-on doucement.

Je me retourne vers Andréas qui ne m'a presque jamais quitté du regard depuis que nous sommes sortis.

-Oui ?

Il s'approche et soudainement m'enlace.

-Je suis désolé pour mon comportement de tout à l'heure. C'était déraisonnable. Mais comprends-moi, je suis à cran. Ca fait trois jours que je t'ai demandé d'être ma compagne, et tu ne m'as toujours pas répondu. Pire encore, tu me fuis chaque fois que tu en as l'occasion.

Je soupire et me laisse aller dans ses bras un instant. J'ai sans cesse la pression depuis le début de la semaine. Tuer l'Alpha, veiller à ce qu'Andréas ne se doute de rien, puis finalement gérer le fait qu'il sait tout, et pour finir ma meute enfermée au sous-sol.

Je n'en peux plus.

La présence d'Andréas, lorsqu'elle est bienveillante comme maintenant, m'apaise et me redonne la force de poursuivre.

-Andréas ?

Le loup se retourne pour voir son interlocuteur, sûrement un loup de sa meute. Il soupire et m'embrasse sur le front avant de s'écarter et de rejoindre son camarade.

J'ai cru que ce moment ne viendrait jamais !

Profitant de cet instant où Andréas est trop occupé pour me voir, je ne perds pas de temps pour me transformer et file. Je ne connais pas le chemin mais grâce aux plans du bateau accroché ci et là sur les murs, j'arrive à descendre jusqu'au sous-sol.

Revenue sous ma forme humaine, je pousse la porte qui me sépare de mes camarades de meute avant de me précipiter à l'intérieur. Aucun métamorphe ne gardait l'entrée. En revanche, je ne doute pas une seconde qu'Andréas est déjà à ma recherche, et qu'il a facilement deviné où je me trouve.

Je n'ai pas de temps à perdre.

-Hasna ! s'exclame Daniel en m'apercevant entrer dans la pièce.

Mes trois camarades sont attachés, les miens liées dans le dos, éloignés des uns des autres.

-J'ai besoin de Céleste.

J'accours vers elle et m'empresse de la détacher.

-Nous accosterons en France d'ici deux jours. Il faut que l'on prévienne Saorsa que nous avons échoué.

Le faucon se relève en acquiesçant.

-Je resterai cachée jusqu'à que nous soyons assez proches de la rive pour que je puisse prendre mon envol.

Nous ne perdons pas de temps et sortons. Encore une fois, personne ne se dresse sur notre chemin. Ceci s'explique sûrement par l'heure du déjeuner. La majorité des gens est attablée en ce moment même. Nous arrivons vite jusqu'au pont désert. Céleste se tourne vers moi.

-Surtout, fais bien attention à toi. Je ne sais pas ce que complote cette meute, mais s'ils ne nous ont pas tué tout de suite, c'est qu'ils ont une idée derrière la tête.

-Ne t'en fais pas pour moi, il ne m'arrivera rien. je la rassure.

Céleste hésite avant de finalement me prendre dans ses bras. Je la serre à mon tour contre moi avant de la lâcher.

Un instant plus tard, Céleste prend la forme d'un faucon majestueux qui s'envole et s'élève au-dessus du navire. Elle tourne plusieurs fois autour de l'imposant bateau avant de se poser dans un endroit sûr.

On a réussi.

-Enfin je te retrouve.

Je sursaute et me retourne brusquement. Andréas est là, et n'a pas l'air ravi.

-Que tu le veuilles ou non, je fais partie de Saorsa. Je leur serais à jamais fidèle pour ce qu'ils ont fait pour moi. je déclare fièrement, la tête haute. Ton idée de me faire rejoindre une meute de loups, tu peux te la foutre au cul, je n'ai pas envie de l'intégrer.

Andréas grogne et ses yeux se teintent de nuances bleus. Je suis consciente de le pousser lui et son loup à bout, mais c'est plus fort que moi. Je ne peux pas rester dans sa suite à être traitée comme une princesse alors que mes amis crèvent de faim dans ce sous-sol.

-Rentrons. Je n'aurais pas dû te laisser sortir.

Il s'apprête à m'agripper le bras, mais je recule loin de lui.

-Je ne veux pas rentrer avec toi, Andréas. Je veux être avec ma meute. C'est là qu'est ma place.

Visiblement vexé, Andréas montre les crocs. Il est possible que je regrette ce choix. Andréas est peut-être ma seule porte de sortie. Mais j'ai bien trop d'honneur pour que j'abandonne mes amis, ma famille, aux mains de ces monstres.

-Tu veux rejoindre les tiens ? Parfait ! Je t'emmène avec eux au sous-sol, et demain, lorsque nous serons arrivés sur vos terres, je te laisserai te faire exécuter comme les autres.

Si mourir est la seule issue, eh bien je mourrai dignement avec ceux que j'aime.


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