1.4 : Poker 1
Le saloon était plein à craquer ce soir-là.
Eden rajusta sa robe dénudée, la rehaussa sur ses seins qui menaçaient d'en jaillir — comment les filles, qui portaient ça, s'arrangeaient pour tout garder en place ? – et sortit son jeu de cartes.
D'une démarche qu'elle espérait provocante, elle se dirigea vers une table. Deux hommes sirotaient un whisky. Avec ennui, semblait-il.
— Bonsoir, Messieurs.
Les cowboys levèrent les yeux.
— Une partie de cartes ?
L'individu de droite releva son chapeau à bord plat, qu'il avait eu l'indécence de conserver. Ses yeux plongèrent dans son décolleté, et il se redressa pour s'adosser à sa chaise.
— Et quelle serait la mise ? demanda-t-il d'une voix lente et provocatrice.
— Un baiser...
La jeune femme arbora un sourire candide.
Intérieurement, elle frissonna. C'était le moment le plus délicat. Allaient-ils saisir cette opportunité, ou la chasseraient-ils comme certains malotrus ?
Les deux hommes se concertèrent du regard. Eden en profita pour étaler des cartes sur la table.
— Allons, Messieurs... vous n'allez pas laisser passer une occasion pareille ?
Elle disposa d'autres cartes sur les premières.
Une partie en échange d'un baiser, pourquoi pas ? Ils étaient sûrs de remporter la mise.
— D'accord, lança le type au chapeau. Mais je te préviens ma jolie, je prendrais tout mon temps.
Il se mit à rire.
Eden lui servit son plus beau sourire, un brin séducteur, un brin coquin.
L'autre cowboy, qui était demeuré silencieux jusque là, poussa son verre et tendit les mains pour récupérer les cartes.
Sa tendre et douce pouvait bien patienter quelques heures de plus à la maison, il n'était pas pressé de l'entendre râler.
Eden donna une tape sur ses doigts.
Il la dévisagea, ébahi.
— C'est moi qui m'en charge, mon mignon.
Elle se pencha en avant, appuya ses seins sur la table, et ramassa les cartes.
Les deux hommes ne pipèrent mot, le regard plongé dans son décolleté.
Avec une dextérité peu commune, Eden distribua le jeu. Et elle savait exactement quelles cartes glissaient sous ses doigts.
Même l'œil le plus averti n'aurait pu voir qu'elle donnait de temps en temps une carte du dessous, au lieu de celles situées sur le paquet. De toute façon, les bougres étaient plus préoccupés par l'échancrure de son corsage et ce qu'il y avait dedans, que par le jeu.
La jeune femme attribua cinq cartes à chacun. Ses adversaires observèrent ce qu'ils avaient en main.
Eden ne prit pas la peine de vérifier. Elle savait qu'elle n'avait que deux paires.
Elle se tourna vers le type à sa gauche.
— C'est à vous de miser.
Ce dernier eut un sourire confiant. Il fouilla dans sa poche et flanqua un dollar sur la table.
Eden haussa un sourcil. Ce n'était pas une somme énorme, mais c'était un début.
L'homme au chapeau misa à son tour.
Lorsqu'ils la fixèrent du regard, la jeune déploya une belle moue sérieuse. Comme ils l'examinaient toujours, elle crut bon de préciser :
— N'oubliez pas : un baiser...
Elle tapota ses lèvres avec un clin d'œil.
Les deux cowboys affichèrent un sourire entendu.
À tour de rôle, ils continuèrent de miser.
Six dollars reposaient maintenant sur la table. De quoi dormir quelques nuits dans une pension respectable, et avoir un repas pour aller avec.
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