1.3 : Pourquoi ne pas demander au cheval ?


Le cheval avançait lentement, à peine mené par son cavalier. Le plateau aride brûlait sous un soleil de plomb.
Clay soupira et frotta ses yeux fatigués pour émousser cette sensation de miroitement qu'il voyait sur l'horizon. Il porta le goulot de la gourde à sa bouche, et grogna tandis que l'eau chaude coulait dans son gosier.
S'il ne dénichait pas vite une source, il mourrait de soif.
Un court ricanement secoua sa poitrine.
Adieu, les fantômes...
Il serait enfin en paix ; ou il se consumerait vraisemblablement en enfer.
Le cowboy grimaça à nouveau.
Il était déjà en enfer. La chaleur était insupportable, il était seul au milieu de nulle part, et il revoyait sans cesse en pensée les yeux vides de la gamine.
Au loin, il entraperçut les reliefs des montagnes. Avec un peu de chance, il ferait plus frais par là-bas.
Il lâcha la bride de sa jument qui suivit l'unique chemin qui se dessinait dans la terre. Elle n'avait pas besoin de lui pour savoir où se diriger. Ils faisaient équipe depuis si longtemps que Clay avait pris l'habitude de lui faire confiance sur la direction à prendre.
Ils crapahutaient depuis plusieurs heures quand le crépitement caractéristique d'un serpent se fit entendre. Le cheval fit un pas de côté et hennit.
Clay sortit son arme et tira en une fraction de seconde. Le corps coupé en deux du serpent à sonnette retomba dans les buissons, silencieux.
Il tapota l'encolure de sa bête, et fit claquer sa langue.
— Du calme, ma belle. Tu ne risques plus rien.
La jument se calma instantanément et secoua la tête.
Clay rangea son révolver, non sans avoir rajouté une balle dans le barillet, et avoir constaté la poussière qui l'encrassait.
Il allait devoir prendre un peu de temps pour le nettoyer. Il ne pouvait pas garder des armes encrassées. Si elles s'enrayaient au moment fatidique, il serait mort.
Les heures s'écoulaient avec lenteur. Il avait l'impression d'être dans ce désert depuis une éternité. Il dut s'assoupir car il se réveilla en sursaut quand sa jument secoua son dos.
Il était sûr qu'elle l'avait fait exprès pour le sortir de sa léthargie.
Il se redressa et jeta un coup d'œil autour de lui. Le paysage n'avait pas beaucoup changé : de la terre et du sable, des buissons épars et un soleil assommant. Les montagnes paraissaient plus proches ; ou bien, était-ce un effet d'optique, un mirage comme on en voyait tant par cette chaleur. Il était déshydraté, la bouche desséchée. Il était probablement en train de rêver.
Le cheval hennit et virevolta brusquement. Clay se retint au pommeau.
— Eh ! Attention !
Puis il remarqua le bout de bois fendu, accroché à un poteau chétif. Il descendit de cheval.
— C'est ça que tu veux me montrer ? demanda-t-il à sa bête.
Cette dernière s'ébroua.
Il redressa le panneau de bois pour lire l'inscription.
Sérénité.
Un petit rire ironique flotta dans l'air lorsqu'il considéra son animal.
— Vraiment ?
Le cheval gratta le sol du sabot.
Clay soupira ; il était temps de changer de cap.
— En avant pour Sérénité.
Avec un peu de chance, il y trouverait peut-être un peu de quiétude. Mais rien n'était moins sûr.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top