1.1 : Bandidos 1
Quand le soleil transperça le léger voile de ses paupières, Clay grimaça. Il prit une profonde inspiration avant d'ouvrir les yeux... et se retrouva nez à nez avec le canon d'un révolver. Un cliquetis tinta dangereusement dans son oreille.
Avec un soupir résigné, il posa la flasque qu'il tenait toujours, et resserra les doigts sur... du vide. Un coup d'œil à sa ceinture lui apprit qu'on l'avait délesté de ses armes pendant son sommeil.
Il jura intérieurement.
Avec une lenteur résultant plus des vapeurs d'alcool qui obscurcissaient encore son cerveau que de la prudence, il se redressa pour faire face aux trois hommes qui le scrutaient, circonspects.
Il les fixa, l'un après l'autre, d'un air apathique.
— Lequel vais-je devoir tuer en premier ? souffla-t-il.
Il passa une main sur son visage marqué par la lassitude.
Celui qui pointait le canon de son vieux Colt devant son nez s'esclaffa. Ses compères le regardèrent, avant de sourire à leur tour.
Les éclats de rire résonnèrent en tout sens sur le plateau désertique.
Clay avala sa salive — plus pour enrayer la nausée qui montait que par désespoir — et appuya une main au sol pour se relever.
Il se rendit alors compte que la position debout n'était pas la meilleure chose à faire sitôt après un réveil alcoolisé. Il vacilla de longues secondes avant de se stabiliser totalement.
Les hommes le raillèrent.
Il tendit une main.
— Eh, gringo ! Qu'est-ce que tu veux ?
Le fort accent du type et sa peau basanée ne laissaient aucun doute sur ses origines mexicaines.
— Rendez-moi mes révolvers, lança Clay sur le ton de la conversation.
Les trois hommes éclatèrent à nouveau de rire.
Le premier avait l'allure d'un paysan : des vêtements usés, un pantalon de toile blanche troué aux genoux, une large ceinture noire où étaient calés ses Smith & Wesson.
Clay lorgna un instant ses armes, puis son regard plongea vers ses pieds. Le type portait des sandales de cuir.
Il venait de se faire détrousser par un bandit en sandales.
S'il avait eu encore un peu d'humour, il aurait ri. Mais il était loin d'en avoir envie.
Derrière le premier voleur, se tenait un second à l'allure de gentleman. Ou presque. Il doutait que le veston de soie sombre lui appartienne. Surtout avec deux trous au niveau du cœur. Il aurait pu passer pour un homme de loi, s'il n'était pas fagoté de façon très approximative : un pan de sa chemise pendait hors du pantalon, ce dernier était trop grand et traînait dans la poussière, sans parler du chapeau melon qui ne voulait pas tenir droit sur sa tête.
Clay s'interrogea furtivement. Combien de temps mettrait-il à mourir ?
Quand il se tourna vers le dernier comparse, il manqua de rire. Il dévisagea la gamine aux cheveux graisseux, à l'allure dégingandée qui osait à peine lever les yeux vers lui.
Il ouvrit la bouche pour l'apostropher, lui demander si elle désirait vraiment se retrouver dans de sales draps, mais il resta coi.
Tout le monde choisissait son destin. Tout comme lui et les fantômes qui le hantaient.
Il soupira et revint à la réalité lorsque le chef le bouscula.
— Eh ! Gringo, est-ce que tu as quelques pièces dans tes poches ?
Il se dandinait d'un pied sur l'autre, jetait des regards sur ses amis.
Il ne semblait absolument pas inquiet de se trouver devant un pistolero.
Clay se mit à rire. Un sentiment à mi-chemin entre la consternation et le comique de la situation.
Le mexicain l'observa, hésita avant de sourire à son tour.
— Tu ne sais pas qui je suis, n'est-ce pas ?
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