Prologue
1858, Colorado.
Le canyon résonnait des bruits de sabots du cheval qui arpentait difficilement ses pans rocailleux. L'homme qui maniait sa monture sur les pentes escarpées était habillé entièrement de noir. Un grand chapeau sombre recouvrait son visage et cachait totalement ses traits.
Si on se tenait sur l'un des flancs du ravin, à bonne distance, on ne pouvait pas voir le sang qui coulait de sa blessure au ventre, ni celle de sa cuisse. Par contre, on pouvait certainement apercevoir sa main droite déchirée, sanguinolente, posée en travers du pommeau. Ses doigts frémissaient à chaque balancement du cheval.
Et si on s'approchait un peu de lui, on pouvait voir ses traits crispés par la douleur, son regard flou, et entendre sa respiration laborieuse.
Un aigle glatit, haut dans le ciel, comme un mauvais présage pariant sur la vie de l'inconnu. L'homme leva légèrement la tête et observa l'animal tournoyer au-dessus de lui. Un rictus effleura le coin de ses lèvres, avant de disparaître aussitôt. Comme s'il défiait la mort elle-même.
Le cheval descendit un petit escarpement. Des plaques entières de pierres et de sable se décrochèrent. Elles roulèrent sous ses sabots, et lui firent presque perdre l'équilibre.
L'inconnu, qui était un chevaucheur hors pair en temps normal, se laissa surprendre par le faux mouvement de sa bête et manqua de vider les étriers, mais il se remit d'aplomb tant bien que mal alors que le cheval stabilisait sa descente.
Malheureusement, l'effort considérable qu'il avait fourni pour ne pas tomber sapa toute son énergie.
Le corps penché sur l'encolure de la bête, la main valide crispée sur le pommeau pour se retenir, il sentit sa vision se noircir. Ses forces l'abandonnèrent sur le chemin qui sortait du canyon, à l'orée d'une forêt de grands arbres centenaires.
Alors qu'il glissait de sa selle, le cheval, surpris, fit un pas de côté qui acheva de le débarrasser de son propriétaire.
Lorsque son corps toucha le sol, une douleur fulgurante traversa l'épaule sur laquelle il était tombé, et lui arracha un grognement étouffé. Il réussit à se retourner, et, allongé sur le dos, il regarda l'aigle tourbillonner, prêt à fondre sur lui. Un sourire éclaira brièvement son visage. Cette fois-ci, il n'avait pas été le plus rapide. Il commençait à se faire vieux. Ses yeux se fermèrent, et il se dit que cela n'avait plus vraiment d'importance maintenant.
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Avant de recevoir un énième message à propos des charognards :
"Aigle" est le nom vernaculaire de plusieurs espèces de rapaces, dont l'Aigle Royal, le Pygargue (aussi nommé "Aigle Américain") et l'Aigle Chauve (qui est en fait un pygargue)... un peu compliqué, je l'admet.
Ces 3 animaux (je vous passe les nombreuses autres, car ils sont plutôt nombreux) sont en partie charognards.
Voici 4 liens pour vous documenter un petit peu :
- https://www.bestioles.ca/oiseaux/pygargue-tete-blanche.html
- https://gaite-lyrique.net/article/il-faut-laisser-a-laigle-son-caractere-hautain
- http://observatoire-rapaces.lpo.fr/index.php?m_id=20047 (cf. Régime Alimentaire)
- http://monde-animal.over-blog.com/article-17466786.html
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