2.5 : Bain - 2

Il s'était réveillé au moment où elle avait lâché sa main. Il avait senti sa caresse sur son visage, et le frôlement de ses cheveux.

Mais il était resté immobile, simulant un sommeil qui l'avait déserté.

Lorsqu'elle avait quitté le lit, il avait ressenti un grand froid l'envahir. La chaleur de son corps lui avait tenu chaud pendant des heures.

Il suivait ses mouvements, sans mot dire, les paupières à peine entrouvertes.

Cassie commença à se savonner. Elle s'attarda sur sa chevelure épaisse et son crâne.

Le visage couvert de mousse, elle reposa le savon à tâtons, puis saisit le bol qu'elle avait gardé à proximité pour rincer ses cheveux. Des gouttes éclaboussèrent le sol.

Une fois rincée, elle se redressa et laissa l'eau s'écouler de sa peau dénudée.

L'homme prit une profonde inspiration, moins pénible que les précédentes. Il sentait la fin de ce calvaire approcher.

La femme se leva et s'emmitoufla rapidement dans une serviette. Nue, elle s'agenouilla enfin devant la cheminée et entreprit de sécher sa chevelure.

L'homme examina l'endroit. Il ne connaissait pas la maison, et ne savait pas où il se trouvait. Mais le plus angoissant pour lui était de ne plus sentir le poids de ses armes sur ses hanches. Il gigota pour essayer de retrouver la pesanteur de ses membres. La douleur le transperça et s'y attarda. La mine crispée, il déglutit avec peine.

Dieu, qu'il avait soif !

Sous le drap, ses doigts se posèrent sur son ventre. Sa plaie avait été pansée avec soin. Celle de sa cuisse également. Il remua son épaule avec précaution. Il avait une légère raideur, mais le plus douloureux à cet endroit demeurait le bleu qui avait viré au noir. L'articulation paraissait bien remise. Bien sûr, il devrait se ménager quelque peu, mais il savait qu'il finirait par s'en remettre. Ce n'était pas la première fois qu'il encaissait ce genre de blessures.

Par contre, sa main droite racontait une autre histoire. Il s'ingénia à bouger les doigts, mais en fût incapable. Même son poignet le tourmentait. Il se concentra sur ses doigts. Au bout d'un effort intense, il réussit à les mouvoir légèrement, mais il comprit que plus jamais il ne serait le même. Cette main était tout ce qui faisait sa vie. Sans elle, il était un homme mort. Il exhala un soupir et coula un œil vers la femme.

Elle n'avait pas remarqué qu'il l'observait. Les cheveux encore humides, elle se redressa et ses yeux traînèrent sur ses courbes.

Il passa la langue sur ses lèvres.

Cassie renfila sa chemise, qui colla à sa peau mal essuyée, et son pantalon. Elle entrebâilla la porte, et contempla l'aube poindre comme des milliers de fois auparavant. La pluie de la veille avait lessivé la terre et l'avait transformée en boue collante.

Ce matin-là, la température était plus clémente et elle espérait le retour du soleil bientôt. Elle abhorrait ces journées mornes et pluvieuses où les heures défilaient aussi lentement qu'un troupeau de vaches. Un moineau vint sautiller sur le bord de la balustrade qui entourait l'habitation.

Il lança un piaillement avant de s'envoler à toute vitesse. Un sourire sur les lèvres, la jeune femme prit la direction de la grange.

Dès son entrée, elle entendit l'énervement du cheval bai. Elle flatta son encolure pour le calmer, et lui passa la bride autour du cou.

La jument les regarda sortir sans manifester l'envie de les suivre.

Elle le dirigea vers l'enclos qui servait autant aux moutons quand elle en avait, qu'aux poules, voire même aux cochons de temps en temps.

Elle enleva sa bride, et tapa sur sa croupe. Il hennit puis bondit pour finir par trotter le long de la clôture. Quand il eut fait plusieurs fois le tour, il ralentit, puis alla brouter les touffes d'herbes qui parsemaient l'enclos.

Dans l'ombre de la bicoque, derrière la fenêtre, l'homme surveillait la femme qui caressait l'animal.

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