2.0 : Fièvre

Cassie dormit peu cette nuit-là, dans le vieux fauteuil à bascule de son père.

Sa couche occupée, elle n'avait nul endroit où s'allonger.

Le chien émit une plainte à côté d'elle. Elle posa la main sur sa tête, et le gratta faiblement derrière les oreilles.

— Oui, mon gros, c'est mal parti, déplora-t-elle.

Devant elle, le lit grinça.

Elle entrouvrit les paupières et découvrit ce qu'elle savait déjà : l'inconnu était fiévreux. Avec de telles blessures, il y avait peu de chance pour qu'il en réchappe. Malgré tout, elle avait espéré qu'il passerait au travers.

Elle l'observa, dans la pénombre, se débattre avec des démons invisibles. Une note plaintive fusa de sa bouche. Elle tendit l'oreille. Il émettait des sons, des mots confus qu'elle n'arrivait pas à comprendre.

Elle somnola vaguement, la tête appuyée contre le siège qui se balançait doucement, mais se réveillait à chaque gémissement.

Lorsque le vent commença à souffler, toute la maison se mit à grincer/geindre. Elle décida qu'elle ne dormirait plus.

Elle se leva et gagna la fenêtre. L'aube n'était pas loin, et de larges nuages menaçants affluaient du nord. Frissonnante, elle rajusta le châle posé sur ses épaules avant de remettre une bûche dans le feu.

Elle s'éternisa devant les flammes qui dansaient dans l'âtre.

Lorsqu'elle entendit un bruit derrière elle, elle se dirigea vers le matelas. L'homme transpirait à grosses gouttes. Sa tête oscillait de droite à gauche. Il balbutiait des paroles incompréhensibles.

Cassie laissa tomber son châle sur le dossier et se pencha sur lui pour replier les couvertures. Le drap était trempé de sueur.

Elle plongea un morceau d'étoffe dans l'eau et épongea son front pour le soulager un peu. Même si l'homme ne parut pas s'en rendre compte, elle continua néanmoins à essuyer son cou et sa poitrine.

À plusieurs reprises, il ouvrit des yeux hagards et terrifiés.

La jeune femme éprouva une certaine détresse. Il semblait brisé, affaibli. Sans armes, dénudé, blessé et dévoré par la fièvre, il n'était plus rien.

— Chut... Personne ne viendra vous tuer ici...

La jeune femme crut apercevoir une lueur de compréhension dans ses iris sombres avant qu'il ne retombe dans un sommeil agité.

Elle demeura près de lui jusqu'au point du jour, puis décida de vaquer à ses occupations.

Elle devait s'occuper du ranch. Sinon, il tomberait en ruine et ses terres finiraient dans la poche d'Hubert Clapp, le plus grand propriétaire terrien du coin. Il avait plusieurs fois proposé de lui racheter sa misérable propriété, mais la jeune femme avait jusqu'ici refusé.

Ses parents étaient enterrés à proximité de l'habitation. Ainsi que ses frères et sa sœur. Pour rien au monde, elle ne les abandonnerait. Même à trente-cinq ans, ils lui manquaient toujours autant.

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