1.0 : Cassie

Cassie lança un sifflement puissant.

Le chien, un colley bâtard, arriva à toute vitesse vers elle et, une fois à ses pieds, se tortilla pour quémander une caresse que sa maîtresse lui donna avec plaisir.

Son poil noir et blanc était luisant, doux au toucher.

— Alors, tu étais où, mon gros ?

Comme pour lui répondre, le chien se détourna pour courser un lapin qui venait d'apparaître dans la clairière. La jeune femme rit de bon cœur.

— Si tu me le ramènes pour le dîner, tu pourras en manger la moitié ! cria-t-elle au chien déjà hors de vue.

Un aigle émit un son strident, vers le nord. À travers les branches des arbres, elle découvrit l'oiseau de mauvais augure.

Il tournait en rond sur le Canyon de Creek Blue. Le « canyon de la dernière chance », comme l'appelaient les gens du coin.

Cassie soupira.

« Encore un qui n'a pas pris garde », pensa-t-elle, l'air soucieux.

Cette gorge avait mauvaise réputation. Creusé à même la roche, son lit était pentu et caillouteux. Mais le plus dangereux était son sol instable. Une rivière avait dû y couler il y a fort longtemps, car sous les cailloux, du sable fin glissait au moindre pas, ce qui en faisait un passage aussi glissant qu'une pente neigeuse en hiver.

De nombreux voyageurs y avaient trouvé la mort.

La jeune femme se dirigea vers son cheval, une vieille jument alezane aux poils longs et épais, et fit claquer sa langue pour l'appeler. La bête leva la tête et secoua sa crinière crème. Cassie caressa son encolure avant de sauter sur son dos.

— Allez, ma belle, on va se promener un peu plus loin.

Elle tira sur la bride et la haquenée suivit la route que lui indiquait sa maîtresse. Elles longèrent le chemin de terre sombre, recouvert d'aiguilles de pin, et traversèrent enfin le rideau d'arbres qui leur cachait la vue.

Cassie gardait un œil vers le ciel. En règle générale, ces rapaces n'étaient pas nécrophages. Mais la jeune femme en avait aperçu certains s'arracher des proies mortes. Ce canyon était aussi aride qu'un désert. Il ne recelait pas beaucoup de proies. Voire aucune. Si l'oiseau était toujours là, c'est que quelque chose avait attiré son attention. Et la jeune femme espérait qu'il ne s'agissait que d'un mouton égaré.

Le paysage lui coupa le souffle, comme à chaque fois qu'elle se baladait par ici. Elle contempla les deux grandes parois gigantesques qui se jetaient dans le ciel d'un bleu limpide. Un soleil de plomb frappait la roche, et réchauffait l'intérieur de la gorge comme un feu sous une marmite.

Dès qu'elle était sortie de la forêt, la jeune femme avait senti la différence de température. À l'ombre des pins, l'air était plus doux et agréable.

Elle vit un animal venir à sa rencontre. C'était un magnifique étalon bai brun, racé et musclé.

Elle descendit de sa jument et leva doucement les mains pour l'arrêter. Il semblait un peu énervé. Il piaffa quelques secondes, pendant qu'elle attrapait sa bride.

— Du calme, mon beau, dit-elle avec douceur, en caressant ses flancs couverts de sueur.

La cheval se calma.

— Qu'est-ce qu'il t'arrive ? D'où viens-tu comme ça ?

Cassie l'inspecta pour vérifier s'il était blessé. Il ne paraissait pas blessé, mais ce n'était pas bon signe d'avoir un si bel animal en liberté.

Elle contourna l'étalon et repéra de suite les taches qui maculaient sa robe. Elle passa les doigts dessus.

C'était poisseux et rougeâtre.

La jeune femme fit la grimace et scruta le sentier.

Elle réfléchit un instant, puis le tira jusqu'à la lisière de la forêt et l'attacha à une branche haute.

— Tu vas m'attendre ici, hein, mon grand. Je crois que tu as perdu quelqu'un en route...

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