Chapitre 5 - Pure


La brise fraiche de ce matin de septembre s'engouffra dans la chambre de Marinette qui sentit alors un courant d'air lui caresser la peau. Elle se réveilla doucement et aurait été incapable de dire à quel moment elle s'était déshabillée.

Dehors, le ciel était couvert. L'automne n'allait pas tarder à arriver et les températures se faisaient plus douces. Malgré la perspective de ce changement de saison qui enchantait la brune, elle se mit à grogner en se retournant dans son lit. Sentant les courbatures dans son dos, elle se redressa doucement et s'étira en grimaçant.

Elle avait soif et voulu donc aller prendre sa gourde d'eau sur son bureau. Du coin de l'œil, elle remarqua une boite qu'elle n'avait jamais vue. Elle se leva et la prit dans ses mains, commençant son inspection. C'était une assez grosse boite, elle faisait la taille de sa main et était faite dans un bois très foncé. Sur son couvercle étaient tracées les lignes peintes en rouges vraisemblablement abimées par le temps. Marinette était sur et certaine de ne l'avoir jamais vu et sa curiosité la poussa à l'ouvrir.

A ce moment-là, la seule chose qui la rattachait encore à la réalité était son incompréhension de ce qui se déroulait sous ses yeux. Si c'était un songe, elle ne se demanderait pas si elle était en train de rêver. Pourtant, ça aurait été plus logique.

Une forme rouge et brillante de la taille d'une balle était sortie de la boite et flottait autour d'elle. Surprise, Marinette poussa un cri en jetant la boite au sol comme si elle lui brulait les mains. Elle recula jusqu'à rencontrer son lit et grimpa dessus. Se rappelant qu'elle ne portait que des sous-vêtements et se disant qu'elle avait peut-être affaire à une nouvelle génération de drone espion de l'armée, elle empoigna ses draps et les utilisa pour se cacher.

Le scintillement de la chose s'estompa et elle put distinguer un tout petit corps avec deux bras, deux jambes et une tête disproportionnée par rapport au reste. Là, deux grands yeux bleus s'ouvrirent et l'observèrent. Son cœur tambourinait si fort dans sa poitrine qu'elle se demandait s'il n'allait pas exploser. Devenait-elle folle ? Elle crut un instant être paralysée mais quand l'insecte géant se mit à lui parler comme un humain, Marinette, prise de panique, commença à lui lancer tous les coussins qu'elle avait à portée de main.

« - N'aie pas peur je ne te veux aucun mal Marinette !

- C'est quoi ce bordel t'es quoi et comment tu sais comment je m'appelle ? »

A court d'oreillers, elle empoigna sa lampe de chevet et montra qu'elle n'avait pas peur de s'en servir.

« - Je m'appelle Tikki et je suis un Kwami ! »

C'était censé la rassurer ? En effet la petite boule n'avait pas l'air agressive et sa voix fluette n'avait rien d'effrayant mais tout de même, tout cela n'avait rien de normal.

« - Quoi ?

- Je suis une créature magique capable de donner des pouvoirs à celui ou celle qui porte mon miraculous. En tant que Kwami de la coccinelle, je donne le pouvoir de création et de purification.

- Et c'est quoi un miraculous ?

- C'est un bijou magique, dans mon cas se sont des boucles d'oreilles. Regarde dans la boite ! »

Toujours prête à attaquer, la brune détacha lentement son regard du Kwami pour vérifier la boite qui était désormais au sol. Il y avait en effet deux petites puces à l'intérieur. Tikki plongea sans gestes brusques vers elles pour ensuite les apporter à Marinette qui ne semblait pas décidée à bouger.

« - Qu'est-ce que tu attends de moi au juste ?

- Tu as été choisie pour être la nouvelle porteuse du miraculous de la coccinelle afin de protéger Paris d'un terrible danger qui approche.

- Ce n'est pas plutôt à la police de s'occuper de ça ?

- La police n'est pas compétente elle n'a aucune chance face à la magie des miraculous.

- Attends si je comprends bien tu veux que MOI je porte tes boucles d'oreilles et que j'aille me BATTRE contre des méchants ? Tu es sûre d'être au bon endroit ? »

En admettant que tout cela ne soit pas un canular, comment et pourquoi avait-elle était choisie ? La brune était une simple jeune femme de 23 ans avec des amis et un travail qui lui prenaient tout son temps. Elle menait enfin une vie stable et elle n'avait pas besoin que de la magie vienne tout chambouler. Elle ne pensait pas avoir un si mauvais karma.

« - Non tu ne seras pas seule, la coccinelle fonctionne par paire avec le chat et son pouvoir de destruction.

- Il y a quelqu'un d'autre ? Qui ?

- Ça je ne le sais pas, et tu ne dois surtout pas le savoir. Vous ne devrez relever vos identités sous aucun prétexte et il n'y a aucune exception à ça, ce serait trop dangereux.

- Alors je vais avoir des pouvoirs magiques mais je ne pourrais en parler à personne ?

- Tu pourras m'en parler à moi !

- Mais comment je ferais pour te trouver ?

- Je serais à tes côtés aussi longtemps que tu porteras ton miraculous. D'ailleurs, il serait mieux que tu ne le l'enlève jamais.

- C'est de la folie. »

Les questions se bousculaient dans sa tête : qui l'avait choisie ? pourquoi ? comment ses pouvoirs étaient-ils censés fonctionner ? Marinette récupéra finalement la boite et observa le bijou de plus près. Elles n'avaient rien d'exceptionnel, c'étaient juste des boucles d'oreilles comme elle en avait déjà dans son tiroir. Relevant la tête, elle demanda au Kwami de tout reprendre depuis le début. Tikki fut très précise dans ses explications tandis que la brune redoublait d'effort pour ne pas perdre le fil. Elle parla pendant de longues minutes, lui expliquant ce qu'elle devait savoir à propos de ses pouvoirs : comment les utiliser, à quel moment. Tout ce qu'elle pouvait faire mais aussi quelles étaient les limites.

« - Si je comprends bien, il existe plusieurs bijoux magiques qui sont aussi vieux que le monde, gardés par un monsieur tout aussi vieux qui m'a choisi parce que mon âme est pure. Je dois donc garder ces boucles d'oreilles en permanence pour que tu puisses fusionner avec moi et me transformer en super héroïne coccinelle qui se bat avec un yoyo magique. Mais, contre qui je dois me battre ?

- Contre celui ou celle qui a mis la main sur le miraculous du papillon. On ne sait pas qui est cette personne ni ce qu'elle veut. Tout ce qu'on sait, c'est que ses intentions sont mauvaises et qu'il faut l'arrêter et récupérer sa broche avant que des gens ne soient blessés. »

Marinette avait l'impression qu'on lui demandait de porter le monde. Elle n'avait pas les épaules pour ça. C'était insensé. Irréel. Pour elle, il était impensable que quelqu'un d'aussi simple soit capable de tenir un tel rôle. Son mal de crâne s'était intensifié. Doucement, elle referma la boite. Il lui fallait du temps pour digérer tout ça et quand elle voulut le dire au Kwami, celle-ci avait disparu. Elle l'appela mais un silence de plomb résonnait désormais dans sa chambre. Elle fit le rapprochement avec la boite close sur son matelas.

Poussant un soupir, elle se leva enfin. Le pas trainant et la tête embrumée tandis qu'elle passait en mode pilote automatique. Il lui fallait une bonne douche, tout d'abord parce que l'odeur de la soirée d'hier était collée à sa peau, mais aussi parce que rien ne la détendait plus que la chaleur brulante de l'eau dans son dos. Elle resta plantée dans sa baignoire cinq, dix, vingt minutes. Le temps avançait sans elle. Quand la vapeur l'empêcha de voir à plus d'un mètre, elle coupa l'eau et attrapa la première serviette qui trainait pour se sécher. Elle pensait. « Une âme pure... ».

Quand la partie gauche de son cerveau sortit de son état léthargique, la brune était en train de verser de l'eau bouillante dans un pot de nouilles instantanées. Ses cheveux étaient presque secs, peignés et elle portait un kimono d'intérieur. Elle sentit même l'odeur de sa crème fétiche sur sa peau, sans se rappeler avoir effectué tous ces gestes.

Marinette, pleinement consciente de son corps cette fois-ci, prit place sur le canapé. Elle posa son pot de nouilles sur la table basse et s'allongea. Elle avait trois minutes avant que son repas ne soit prêt et elle avait envie de fermer ses yeux.

Bien sûr, elle s'endormie quelques heures. C'est la voix de sa meilleure amie qui rentrait qui la sortit de son sommeil, laissant derrière elle les troubles qu'elle trainait depuis le matin. La brune se redressa pour la saluer.

« - On peut savoir où tu as passé la nuit ? »

Question rhétorique, bien sûr. Alya était en plein walk of shame.

« - Chez un homme. Et je pense que Chloé aussi. Elle n'est pas là ? »

Mari haussa les épaules.

« - Aucune idée, je me réveille d'une sieste. » Elle vit que son repas avait disparu. « En tout cas quelqu'un a volé mes nouilles. »

La journaliste se moqua d'elle et lui dit qu'elle allait se changer pour aller faire un footing. Comment pouvait-elle être aussi motivée un dimanche ? La brune avait un programme bien différent. Elle alla se repréparer un repas et lança une série au hasard sur Netflix devant laquelle elle resta toute la journée. Elle ne pensait plus. Chloé, qui était rentrée alors que sa colocataire dormait sur le canapé, l'avait rejoint une fois sortie de son bain. Alya leur avait envoyé un message pour leur dire qu'elle passait la soirée chez ses parents. Elle avait donc raté les explications de la blonde quant à sa nouvelle aventure.

Heureusement pour Marinette, son amie ne lui parla pas d'Adrien. De toutes façons, il n'y avait rien à dire et la brune avait d'autres chats à fouetter.

La nuit s'installait quand elle retourna dans sa chambre. La boite était toujours sur son lit, là où elle l'avait laissée quelques heures auparavant. Cette fois ci, elle ne poussa aucun cri quand elle l'ouvrit et que le Kwami s'en échappa.

« - Je suis ravie que tu aies changé d'avis Marinette !

- Doucement Tikki, je suis juste curieuse de voir si ce que tu m'as raconté est vrai. »

Elle accrocha donc le miraculous à ses oreilles.

« - Je dois dire quoi déjà ? Transforme-moi ? »

Instantanément, la créature magique pénétra son nouveau bijou et une lueur l'enveloppa des pieds à la tête. Elle ressenti comme des picotements mêlés à une brise fraiche. Cette sensation s'estompa et ses yeux s'écarquillèrent quand elle croisa son reflet dans le miroir. Au début, elle fut choquée de se voir dans un costume magique de coccinelle. Puis elle se mit à rire, trouvant ça génial. Le yoyo à sa hanche s'ouvrait comme un vieux téléphone à clapet.

« - Je suis une putain de totally spies. »

Marinette éteignit la lumière de sa chambre et sortit sur son balcon, le yoyo accroché à son majeur, elle le lança vers une cheminée à quelques mètres de là et tira dessus sans trop vraiment savoir ce qu'elle faisait. La brune se fit emporter sur le toit qu'elle avait visé et manqua de se cogner contre la gouttière. Venait-elle de voler ? La sensation était grisante, elle voulait recommencer sans attendre. Elle envoyait le yoyo de plus en plus loin et ses atterrissages se faisaient plus gracieux.

A force, elle s'était rapprochée de la Tour Eiffel et voulu voir jusqu'où l'objet magique pouvait l'emmener. Elle se concentra et le lança aussi loin qu'elle put. Il s'enroula autour d'une des rambardes du dernier étage et, à la manière d'un aimant, elle se fit attirer vers la dame de fer.

Jamais elle n'avait eu l'occasion d'admirer la capitale de cette façon. C'était spectaculaire. Les lumières de la ville s'étendaient à perte de vue. Elle avait l'impression de respirer un air nouveau.

Rien n'aurait pu gâcher ce moment.

Rien à part une soudaine explosion à quelques quartiers d'elle.

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