Forever

Le premier challenge que j'ai réalisé : 

Demandez à quelqu'un de sélectionner une chanson pour vous (avec ou sans parole et vous pouvez définir quelques critères avant le choix si vous voulez) et écrivez un texte à partir de cette chanson.

Donc moonicane m'a attribué (en premier) If I Could Fly - One Direction

Ce fut plutôt simple, j'adore le groupe ET la chanson... Tellement que ça m'a inspiré une nouvelle. J'avoue que je tarde un peu à la faire avancer mais... je ne perds pas espoir de la finir rapidement.

Prenez soin de vous.


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— Tu te rends compte du chemin qu'on a parcouru depuis cette époque ?

Le souffle presque indifférent qu'expire mon ancien camarade m'extorque un sourire, et je déporte mon attention dans sa direction. Le châtain aux iris clairs semble plus inspiré par les mots posés sur la feuille devant lui que par ceux que je prononce. Cette pièce est emplie de souvenirs d'une autre époque. J'ai le sentiment que tellement de temps s'est écoulé depuis que toutes ces chansons ont été écrites... Même si j'en chante encore certaines, elles n'ont plus la même saveur. Pas que je n'aime pas celles d'aujourd'hui, mais je suis un brin nostalgique en revoyant les photos des personnes que nous étions avant la dissolution du groupe.

Mes yeux visitent cet endroit qui me semble tout à coup beaucoup trop chargé en émotions. Ne pourrons-nous jamais rattraper le temps perdu ? Sera-t-il possible de revoir ces sourires, cette tendresse ? Alors que ma matière grise s'évertue à trouver des connexions, des signes, des pistes pour toutes les questions que je me pose depuis que nos chemins se sont recroisés, mon corps s'obstine à revivre des souvenirs douloureux. Ma respiration s'accélère, mon cœur s'emballe et avant que la tristesse ne me submerge complètement, je décide d'aller prendre l'air.

Ce moment d'abandon rarement offert par Lesley m'hypnotise, et lorsque mon regard percute ses billes azur, je me fige.

— Du chemin tu disais ?

— Euh... oui. Depuis tout ça, je veux dire, hésité-je, en désignant chaque bribe de notre passé commun, en même temps que je tourne sur moi-même.

Alors que je me perds dans la douceur de ses prunelles, je ne suis plus certain de vouloir préciser mes propos. Après tout, ce n'est qu'une pensée, quelque chose qui m'a échappé. Qu'est-ce qu'il pourrait bien avoir à dire ?

— Quelle époque en fait ? Parce que tout allait très vite. Trop vite.

Mes yeux se posent sur la seule affiche du groupe, représentant notre dernier album. Après m'avoir fixé un moment, il s'intéresse à l'objet de ma contemplation.

— Beaucoup de choses ont été dites à cette époque. Je suis pas sûr qu'elles aient toutes été entendues, ni même comprises. Mais a-t-on vraiment avancé ? Les choses ont-elles jamais changé ? reprend-il sans me laisser le temps de lui répondre.

Ces deux questions restent en suspens, alourdissant l'air d'un poids que je ne saurais qualifier. Mon cœur rate un battement, impossible de calmer mon souffle. Le doute s'empare de moi. Il y a tellement de sous-entendus dans cette courte réponse... Intimidé par la tournure que prend cette conversation, je laisse la pointe de mes boots s'entrechoquer pour occuper mon esprit capricieux. Ni sarcasme, ni jeu de mots n'est capable de franchir la barrière de mes lèvres. Après un certain temps, il finit par me proposer :

— Tu veux boire quelque chose ?

Il frôle mon épaule et quitte la pièce sans plus de cérémonie. Je reste coi quelques instants puis le rejoins en suivant le son des placards qu'on referme à la hâte et d'un rire qui n'appartient qu'à lui.

— Je fais avec ce que j'ai, hein ! s'excuse-t-il sans s'apercevoir que je l'ai rejoint.

Je le retrouve devant le plan de travail en train de préparer un je-ne-sais-quoi de son cru, se dandinant sur une chanson qu'il doit sans doute fredonner intérieurement. D'aussi loin que je me souvienne, Lesley a toujours adoré manger, mais cuisiner : pas son truc. Je laisse le silence envahir ce moment et apaiser mon cœur.

Quittant l'embrasure de la porte, mes prunelles fouillent chaque recoin de la pièce à vivre comme pour s'en imprégner. Quelques secondes plus tard, le voilà de retour, ses cheveux châtains en bataille, son sourire ravageur et ce regard bleu qui atteint directement mon âme. Peut-être n'a-t-il pas tort, peut-être que certaines choses n'ont pas changé.

— Tadaaaaa ! s'exclame-t-il avec fierté.

Quand mes yeux se posent sur le plateau composé de sandwichs au beurre de cacahuète et de verres jus de fruits, je ne peux retenir le rire sonore qui explose dans ma gorge.

— Je fais toujours pas la cuisine et j'ai plus de bière. Pour ce soir, faudrait qu'on aille chercher des boissons et qu'on commande de quoi manger, renchérit-il avant que je n'aie repris ma respiration.

Alors que je l'observe pour graver cette image aussi dans ma mémoire, il penche la tête sur le côté, semblant analyser ma réaction. Sans m'arrêter de sourire, je me décale afin qu'il s'assoie près de moi et lui réponds avec douceur :

— T'as pas changé !

Il me scrute pendant plusieurs secondes, . J'attrape un des sandwichs et le croque à pleines dents, laissant échapper ma satisfaction le plus bruyamment possible.

— Et toi t'aimes toujours la grande gastronomie à ce que je vois, répond-il

Il éclate d'un rire qui me contamine bien vite, alors que je termine mon repas et que je prends une gorgée du liquide sucré.

— Désolé de t'avoir coupé dans... Je sais pas en fait. Tu faisais quoi ? le questionné-je après quelques minutes de silence.

— J'écrivais deux trois trucs.

— J'aurais pas deviné, Captain Obvious ! Tu peux pas être plus précis ?

Comme il ne semble pas pressé de poursuivre la conversation, je m'accoude au dossier de son canapé pour l'observer. Malgré les quelques fois où nous nous sommes vus ces derniers temps, nous n'avons pas eu l'occasion d'être seuls. Et j'ai l'impression que tout ça pourrait disparaître à tout moment, n'être rien de plus que des instants volés, encore une fois. J'y suis préparé, alors je veux tout garder, tout enregistrer, avant que tout s'envole.

Même si un petit rictus apparaît sur son visage, aucun son ne s'échappe de sa bouche. Je sais qu'il ne me dira rien, il tient trop à son mystère... En d'autres temps, j'aurais sûrement su lui tirer les vers du nez. Ce constat fait disparaître le sourire qui barre mon visage depuis que nous sommes dans son salon, mais je ne veux pas m'enfoncer plus que nécessaire dans les affres du passé. Nous nous sommes retrouvés et c'est bien tout ce qui compte.

Pour m'éviter de trop me torturer avec toutes ces questions, je me dirige vers l'enceinte connectée et charge mes poumons d'une grande goulée d'air histoire de me donner de la contenance. L'appareil déjà allumé, j'attrape la tablette posée juste à côté, constatant qu'une liste de lecture est mise en pause. Sans réfléchir, je la relance. N'importe quel morceau fera l'affaire tant qu'il éloigne ces préoccupations. La musique a toujours eu une vertu incroyable sur moi, elle a toujours su m'apaiser.

Dès les premières notes de piano, je reconnais cette chanson que j'ai écrite. Abasourdi, mes sourcils s'élèvent en même temps que mes yeux s'arrondissent. Je me retourne brusquement et nos prunelles se percutent. Vert contre bleu. Je suis incapable de déterminer ce que je lis dans l'azur qui me fait face. Malgré toutes nos discussions silencieuses passées et présentes, le cours de mes pensées est bien trop puissant pour que je puisse analyser quoi que ce soit.

Ce n'est pas la version du groupe mais un live d'un de mes shows en solo, presque comme si je lui chantais directement ces paroles qui lui ont toujours été adressées. Est-ce sa playlist ou une pure coïncidence ? Ou alors peut-être que je me fais des films et que c'est tout simplement l'une de ses sœurs qui est passée par là. Mais pourquoi cette mélodie ? Pourquoi maintenant ?

Perplexe, j'ouvre la bouche à plusieurs reprises mais aucun son n'en sort. Ses yeux sont toujours ancrés dans les miens. Il est désormais debout. Mon esprit bouillonne, mon corps ne coopère pas et mon cœur semble me lâcher quand Lesley contourne la table basse pour me rejoindre. J'évite d'interpréter, comme figé face à un danger ultime. Alors qu'il s'apprête à prendre la parole, j'abaisse mes paupières avec vigueur, pour éviter l'impact.

— Tu as toujours été une partie de moi.

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