Chapitre 33 - #2

Le véhicule sort enfin du tunnel, roulant à plus vive allure que la jeep de tout à l'heure. Si la couleur et le flocage sont identiques, le modèle, lui, diffère. Plus gros et plus puissant. J'analyse sa trajectoire et fais rouler la grenade sur la chaussée après l'avoir dégoupillée. Le chauffeur ne réalise pas tout de suite que l'objet roulant dans sa direction n'est pas un caillou et lorsqu'il m'aperçoit enfin sur le bas-côté, il donne un violent coup de volant. La jeep se renverse sur le côté conducteur, mais subit quand même une partie de l'explosion.

Tandis que la portière du passager s'ouvre, j'arme mon fusil et tire une rafale sur la silhouette qui tente de sortir. Elle chute au sol, inerte. À l'arrière, deux personnes s'échappent par le coffre et l'une d'elles me tire dessus avec un pistolet semi-automatique. Je réplique, ne leur laissant aucune chance.

Après avoir rejoint le véhicule, je pose mon sac au sol et me hisse par la portière ouverte. À l'intérieur, le chauffeur se vide de son sang, essayant de passer un message radio. J'attrape mon Wallgon-X et l'achève à son tour. Je ne sais pas ce qu'il a réussi à dire, alors il va falloir faire vite.

Le coup de feu résonne encore dans mes oreilles tandis que je sors une nouvelle banderole noire pour peindre les quatre cercles et l'accrocher sur la voiture. En apparence, mes gestes sont précis et calmes, mais au fond de moi, je suis terrorisée par ce que je viens de faire avec une telle froideur.

Lorsque j'ai fini, je me recule pour observer la scène. Ma mâchoire se crispe et mes mains se mettent à trembler le long de mes cuisses. Je ne peux pas croire que je me sois abaissée à leur niveau de cette manière. Cette fille, là, celle qui a buté une cinquantaine de types dans un magasin, puis dézingué deux véhicules et leurs occupants, ce n'est pas moi. Je n'ai pas envie que ce soit moi. Je ne veux pas continuer sur cette voie. Même si au fond, ils méritent probablement leur sort pour s'être engagés du mauvais côté, je n'ai pas envie de jouer ce rôle de faucheuse sans âme. Cela va à l'encontre de mes principes. Mon père ne serait pas fier de moi, ma mère aurait honte, j'en suis sûre. Et Sarah et Samuel... je crois bien qu'ils seraient terrorisés.

Tandis que je reste au milieu de la route, en proie à un terrible sentiment de culpabilité, j'entends des véhicules s'approcher au loin. Merde. La cavalerie n'aura pas traîné. Il faut que je me ressaisisse ! Je ne sais pas vraiment d'où ils arrivent, mais dans tous les cas je ne peux pas emprunter le tunnel. Ils m'y piégeraient sans problème. Je balance hâtivement mon sac sur mon épaule et dégage au pas de course en prenant sur la gauche. Si je veux pouvoir disparaître des radars, j'ai intérêt à gagner vite fait bien fait le lotissement que j'aperçois pour m'y cacher.

Plus facile à dire qu'à faire. Le poids de mon sac ralentit considérablement mon sprint et avant que j'atteigne la première maison, je sais qu'ils m'ont repérée. En face, deux véhicules approchent à grande vitesse. Dans mon dos ils sont trois. Merde. Je m'engouffre dans la rue et entre dans la première maison en défonçant la porte d'entrée à coup d'épaule. Les véhicules s'arrêtent devant le lotissement et les portières claquent sèchement à mesure que les hommes en descendent. Je me pince l'arête du nez. Putain, Xalyah, pourquoi tu ne réfléchis pas avant d'agir ? T'as voulu assouvir ta soif de vengeance et voilà le résultat. Les retrouvailles avec mon paternel ne seront pas tristes, au moins, pensé-je avec cynisme.

Je traverse la maison silencieusement et sors par une fenêtre. Dans le jardin, les herbes sont hautes et je progresse sans être vue pour rejoindre l'habitation voisine. La porte à l'arrière est ouverte et l'intérieur a été entièrement pillé et saccagé. Je continue ainsi pendant un bon quart d'heure, avançant de maison en maison en évitant furtivement les patrouilles qui se sont déployées dans le quartier. En dehors d'eux et moi, c'est désert. Les habitants ont quitté les lieux depuis longtemps.

Alors que j'ouvre une énième fenêtre pour l'enjamber, des mains m'attrapent violemment pour me faire chuter au sol.

— Je la tiens ! s'écrie le soldat qui essaye de me faire une clé de bras.

Merde, je ne l'ai pas vu venir, celui-là ! Ce fumier m'attendait sagement sans bouger. Je me débats et lui assène un violent coup de coude au niveau de la tempe qui l'assomme à moitié. Aussitôt, je me relève pour rejoindre en courant l'autre côté de la rue. Je saute par-dessus la palissade, dérape sur les dalles du sol verglacées et traverse le jardin aussi vite que possible.

Derrière moi, j'entends les renforts qui s'organisent et me retrouve bientôt cernée au milieu d'une allée menant à un garage. Une dizaine de gaillards, l'air passablement énervé, s'avancent vers moi. L'un d'eux braque son pistolet dans ma direction.

— Bouge pas, sinon je te bute !

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