La femme adopte une attitude nonchalante, en faisant tournoyer son couteau dans les airs avec des gestes calmes. Je ne sais pas trop ce qu'elle espère en avançant comme ça vers nous. Même si un sentiment de danger m'enveloppe, elle ne pourra jamais avoir le dessus sur nous. Quatre mecs contre une nana, l'issue est connue d'avance. Cependant, je n'ai pas encore donné l'ordre de tirer parce que j'avoue qu'elle me déstabilise légèrement et c'est ma première connerie. Encore une ! Avant que je ne comprenne ce qui se passe, le couteau a quitté sa main pour fendre les airs et venir se planter dans la gorge de Théo. Oh putain ! Je n'en crois pas mes yeux. Le corps de notre camarade s'effondre au sol. Il n'a même pas poussé un cri. Cette pétasse vient de butter Théo !

J'ouvre le feu, mais la blonde a anticipé le coup pour plonger en avant. Dans une roulade maîtrisée, elle arrive au contact, prête à en découdre avec nous. Putain, je n'aurais jamais dû foutre les pieds ici. Je sens qu'on va passer un sale quart d'heure, mais il est hors de question que je me fasse tuer par une femme ! Que dirait mon frère quand je le rejoindrai ? Ce serait la honte assurée pour l'éternité !

Alors que mon cerveau part dans tous les sens, cette garce n'a pas perdu de temps pour planter un deuxième couteau dans la cuisse de Lens. Le pauvre pousse un hurlement de douleur avant de s'écrouler au sol, non loin de Théo. Du coin de l'œil, je le vois empoigner sa jambe dont le sang s'échappe déjà en grandes giclées. Elle a sans doute touché l'artère fémorale et si c'est le cas, il ne lui reste plus longtemps à vivre.

La panique s'empare aussitôt de moi. Avec Fabrice, nous tirons à plusieurs reprises, sans réussir à la toucher parce qu'elle est trop proche de nous et ne fait que bouger. Je ne sais pas comment elle s'y prend, mais rapidement, elle nous débarrasse de nos armes et nous sommes contraints de nous battre avec nos poings. Je la touche plusieurs fois au visage, mais elle tient le choc et n'hésite pas à me frapper durement en retour. Soudain, j'entends la lame du sabre de Fabrice chanter et dans un enchainement presque parfait il manque de peu de lui crever un œil. Le tranchant de son arme lui laisse néanmoins une belle marque sur l'avant-bras qu'elle avait levé pour se protéger.

Je profite de ce moment de flottement pour enrouler mon coude autour de son cou et maintenir son corps chaud contre moi. Fabrice, qui se tient face à nous, baisse alors sa garde, pensant que le combat vient de prendre fin, mais la femme déroule son bras gauche pour le frapper violemment à la poitrine. Avec stupeur, je comprends qu'elle n'avait pas lâché son deuxième couteau et je vois qu'elle l'a enfoncé jusqu'à la garde. Une expression étonnée se peint sur le visage de sa victime. J'ai à peine le temps d'esquisser un mouvement, qu'elle remonte la lame avec force en direction du cœur de Fabrice. Il hoquète, crache du sang, puis comprenant enfin ce qui lui arrive, ses yeux s'agrandissent de douleur et d'effroi avant qu'il ne glisse à nos pieds.

— Salope, tu vas me le payer ! murmuré-je à son oreille.

Je resserre mon étreinte autour de son cou et tente de lui attraper le bras pour la maîtriser totalement. La garce résiste en se contorsionnant dans tous les sens et elle finit par m'échapper. Dans la foulée, elle utilise une prise que je n'arrive pas à parer et je bascule sur le côté avant de me retrouver au sol. Cette fille est une machine de guerre ! Complètement sonné par tout ce qui vient de se passer en quelques minutes, il me faut quelques secondes pour me ressaisir et apercevoir mon pistolet semi-automatique qui git au sol, un peu plus loin. Dans un mouvement désespéré, j'essaye de ramper vers ce dernier. C'est ma dernière chance de m'en sortir face à elle, je le sais.

Une masse se jette sur moi et m'attrape par la ceinture. Je me retourne aussitôt et repousse la femme en lui envoyant mon pied dans la tronche. Elle est coriace, parce qu'elle ne lâche pas l'affaire et revient à la charge. Je l'attrape alors par la taille et avec mon genou, je la fais basculer au-dessus de ma tête. Je me remets sur pieds et lui fonce dessus pour m'asseoir à califourchon sur elle. Cette fois, je ne la laisserai pas faire ! Je lui bloque le bras qui tient toujours le couteau, mais cette pétasse me frappe au visage de son autre main. Surpris, je la relâche un bref instant. C'est ma deuxième connerie.

Une horrible douleur me déchire le ventre. Putain. Cette connerie sera fatale. Cette fois, la chance ne pourra rien faire pour me tirer de là. Je grimace tout en dévisagent la fille que je surplombe. Ouais, elle est plutôt jolie pour une guerrière, parce que c'est ce qu'elle est. Une putain de guerrière qui vient d'avoir ma peau.

Ses mains appuient davantage sur la garde de son couteau. Un grognement sourd s'échappe de ma gorge. La douleur irradie dans tout mon corps pour éclater dans ma tête comme des milliers de bouts verre.

— Tu n'es qu'une salo...

— Oui, je sais, murmure-t-elle, la voix hachée par l'effort. En attendant... la salope... elle a eu le dessus sur vous.

Un peu qu'elle a eu le dessus. Elle nous a tous eus. Un râle d'agonie sort de ma bouche. Putain, je n'ai jamais eu aussi mal de toute ma vie. Heureusement, ça devrait être la dernière fois que j'endure un tel supplice. Les yeux de la blonde se voilent tandis qu'elle remonte la lame d'un coup sec et me repousse sur le côté. Mon corps se vide de son énergie. Ma vision se brouille. Mon souffle se raccourcit. La douleur s'estompe.

Finalement frérot, nous n'aurons pas été séparés trop longtemps.

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Salut la compagnie !

Alexderange m'avait demandé un chapitre bonus du point de vue d'un "ennemi", alors nous y voilà !

Avez-vous aimé redécouvrir cette scène du point de vue de Mousha, alias Mouss, un jeune homme enrôlé dans la milice française de l'IPOC ? De mon côté, j'ai beaucoup aimé cet exercice !

Le pauvre, il m'a fait mal au cœur, parce que j'ai eu le temps de m'attacher à lui durant ces quelques lignes. Malheureusement, il n'a pas fait le bon choix en décidant de rejoindre l'IPOC. Enfin, maintenant il est avec son frère dans un monde meilleur. C'est ce qui faut lui souhaiter !

Si vous avez d'autres envies concernant des chapitres bonus, n'hésitez pas à m'en faire part. Le prochain sera d'un point de vue d'un personnage que Xalyah a croisé dans la Cité de Sourdun sans y faire attention et qu'elle retrouvera plus tard dans la saga. Mais je ne vous dirai pas quand, ni comment ! :D

A la prochaine !