Chapitre bonus - Khenzo Eneour - #5

Je n'hésite pas une seconde et fais demi-tour pour me diriger en direction des coups de feu qui reprennent de plus bel. Les armes utilisées sont diverses et variées d'après les sons qu'elles produisent et il y a même des explosifs. Putain, ça sent mauvais tout ça ! J'aurais dû revenir sur mes pas bien plus tôt !

Alors que je cours d'un rythme soutenu, je me rends compte que Xalyah me suit de près. Je ne lui ai rien demandé et elle avait l'air de vouloir foutre le camp, alors pourquoi est-ce qu'elle est derrière moi ? Le silence retombe au-dessus de la ville morte qui nous entoure. Merde. J'espère que ce n'est pas mauvais signe.

Je décide de ne pas continuer en direction du combat qui a eu lieu, qui se trouve éloignée de l'endroit où je les ai laissés. Je bifurque dans une rue pour reprendre l'axe principal et gagner du temps afin de rejoindre la planque. S'ils s'en sont sortis, ils iront là-bas en premier lieu. Les minutes semblent s'étirer et je ne sais pas depuis combien de temps je tiens cette cadence avant de m'engager dans une ruelle pour passer plus inaperçu. À l'angle, je m'arrête subitement et la jeune femme, surprise, me rentre dedans de plein fouet en étouffant un juron. Le souffle court et sur les nerfs, je l'attrape vivement par les épaules pour la coller contre le mur et lui faire signe de la fermer. Les joues rougies par l'effort, elle obtempère sans parler et je la relâche pour jeter un œil au boulevard principal. La banque nous surplombe et les alentours semblent déserts.

D'un geste de la main, je fais comprendre à Xalyah que nous devons avancer avec prudence. Le message a été reçu et je la vois vérifier les balles que contiennent son Wallgon-X, une évolution récente du Desert Eagle, bien plus puissante que mon petit modèle. Elle échange son chargeur à moitié plein par un neuf puis retire le cran de sécurité, prête à me suivre. Ce qui est certain, c'est que cette fille n'a pas froid aux yeux. Le danger ne lui fait pas peur, ou alors elle ne le montre pas. D'une certaine manière, je trouve son geste noble. Dans le monde actuel, peu de personne m'aurait suivi jusqu'ici au péril de sa vie. Chacun pour sa gueule. C'est le principe de l'après Rupture entre inconnus.

Je traverse la rue rapidement et silencieusement, Xalyah sur les talons. Nous échangeons un regard pour s'assurer que chacun reste sur ses gardes. J'aimerais bien savoir ce qui se passe dans sa tête, mais ce n'est pas le moment. Je dois rester concentré sur l'objectif principal : retrouver mon groupe.

Nous longeons le mur jusqu'à ce que je m'arrête devant le grand rideau de fer. Le cœur battant à tout rompre, j'espère les trouver de l'autre côté. Je m'apprête à demander de l'aide à Xalyah pour le soulever lorsque ce dernier s'ouvre d'un coup sec. Surpris, je pointe le canon de mon pistolet vers l'intérieur en sommant aux sombres silhouettes de poser leurs armes au sol. La jeune femme m'imite tout comme les personnes qui nous font face, cachées par l'obscurité du lieu.

Le silence revient.

Je range mon DE-HF10 tandis que Tim sort de l'ombre pour venir me prendre dans ses bras. Soulagé, je ne lui refuse pas cette étreinte et jette un œil aux autres pour m'assurer qu'ils vont bien.

- Que s'est-il passé ? lui demandé-je.

Le visage de Tim s'assombrit et il se gratte la tête d'un geste nerveux. Le reste du groupe s'avance et tous regardent Xalyah d'un œil méchant. Je les détaille davantage et me rends compte que le combat a été âpre. Leurs vêtements sont plus abîmés que tout à l'heure et certains sont couverts de taches de sang. Je cherche Camélia et Samuel des yeux, mais je ne les vois pas. Une boule se forme dans mon ventre et un goût amer emplit ma bouche.

- On est tombé nez à nez sur une patrouille du NGPP en revenant ici.

- Vous aussi..., murmuré-je d'une voix qui ne laisse rien paraître. Il y a eu de la casse ?

Tim se tourne vers le fond du hangar. Je crains le pire.

- En face, ils ont eu leur compte, mais Samuel y est resté et Camélia s'est pris une balle dans l'épaule.

Les mots qui sortent de ma bouche m'écorchent la langue.

- Samuel... fait chier, putain !

La boule explose et une sourde colère m'envahit. Je n'ose même pas imaginer dans quel état doit se trouver Camélia. Elle commençait tout juste à s'épanouir avec nous et Samuel y était pour beaucoup, d'où leur récent rapprochement.

- Même si on a pu récupérer quelques armes et équipements sur leurs putain de charognes, ces connards ont détruit une bonne partie de notre matériel et de nos réserves en nous balançant des grenades, continue Tim, sombrement. On n'a plus rien pour extraire la balle ou désinfecter la plaie de Camélia. Elle a déjà perdu beaucoup de sang, j'ai peur qu'elle y passe avant qu'on ait pu atteindre la Cité.

Ce serait le pire des scénarios. Je tâte ma ceinture à la recherche de ma sacoche où je range mon matériel de premiers secours, mais elle ne s'y trouve plus. Je ravale un juron au fond de ma gorge. Je l'ai sans doute perdu dans ma poursuite après Xalyah, ou lors de notre altercation musclée.

- J'ai de quoi assurer les premiers soins pour votre blessée.

La jeune femme s'avance vers moi et avant même que je puisse lui répondre, Tim se tourne et l'empoigne violemment par son manteau pour arrêter son visage à quelques centimètres du sien. La tension est à son comble et le regard de Xalyah s'embrase aussitôt. Elle prend sur elle pour se contrôler, mais je crois deviner qu'elle mettrait bien un coup de tête à Tim si nous n'étions pas aussi nombreux à la cerner. Et j'avoue que là, tout de suite, je ne lui en tiendrais pas rigueur car je trouve l'attitude de Tim déplacée. Elle nous propose son aide et voilà comment il la remercie. Bel exemple pour Jeremy.

- T'es qui toi ?! siffle-t-il.

- Moi c'est Xalyah.

Elle ne se démonte pas et je ne peux m'empêcher d'admirer cette forme de courage qui frôle l'inconscience. Tim ne lui laissera aucune chance si elle montre les dents. L'ambiance devient encore plus pesante et tout le monde se tient sur le qui-vive, prêt à dégainer s'il le faut. Xalyah a l'intelligence de ne pas surenchérir et Tim finit par la relâcher ce qui fait immédiatement redescendre la tension d'un cran.

- C'était bien toi dans la banque ? C'est toi qui as ameuté ces connards par ici ?!

- Tim arrête, interviens-je alors, t'es ridicule là.

- J'en ai rien à foutre, Khenzo. Qui te dit que cette gonzesse n'est pas en train d'informer le NGPP ou l'IPOC de notre position et de nos forces ?

Ce qu'il peut être chiant quand il agit comme ça...

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