Horizon

Je ralentis.

Mes pas forment de petites traces insignifiantes dans l'herbe humide du mois de décembre.

Enfin, je m'arrête et contemple le paysage.

Debout, surplombant l'étendue d'eau salée, j'observe le bleu turquoise de la mer se mélangeant à celui, azur, du ciel immaculé. La ligne d'horizon est incertaine, si bien je suis obligée de plisser les yeux pour bien voir le trait qui sépare les deux couleurs.

Je regarde les vagues en contrebas, cruelles et sans pitié, se briser sur les roches froides et dures de la Méditerranée.

Comme un monstre ne dormant jamais.
Comme mille Hommes criants vangeance sans arrêt.

La rage personnifiée.

Elle s'abat avec toute la méchanceté dont elle est emplie, comme si elle voulait nous montrer à tous qu'elle est là, qu'on doit s'occuper d'elle.

Son cri n'est pas imaginaire, car c'est bien le vent qui nous repousse loin de ses côtes, pour nous empêcher de trop nous approcher.

Pour nous empêcher de polluer son monde comme le nôtre l'est aujourd'hui.

Même si la pollution est bien le dernier de nos soucis actuels.

Enfin, elle est méprisante face à notre faiblesse et elle nous crache sa force sans alte.

Je laisse échapper un ricanement moqueur.

Non.

Bien sûr que non.

La mer n'en a rien à foutre des rochers.
La mer n'en a rien à foutre de mes ressentiments.

La mer n'est pas une figure de style à la con.

De toute façon, je savais que mes cours de Quatrième ne me servirait à rien dans la vie.
Ils ne me servent, à cet instant précis, qu'à penser Poésie au lieu de m'occuper de trouver à manger ou de me mettre à l'abri.

C'est vrai quoi, je pourrais me faire bouffer à tout moment, et moi je reste là, à contempler l'eau comme une des fille de ces livres irréalistes.

Je lève le nez vers le ciel, d'un bleu limpide, sans une once de nuages.

Pas comme ma vie, n'y comme celle du monde tout entier.

Il n'y a aucun bruit parasite : plus de voitures sur les routes, plus de familles ou d'amis sur la plage. Rien qui ne vienne déranger la tranquillité de la nature, en paix avec elle même.

Le mistral fait virvoleter mes cheveux autour de mon visage, et un sourire m'échappe.

Mais, comme toute héroïne à la con de ces films à la con, je le chasse quand afflue la réalité dans mon esprit.

Ma vie parfaite et heureuse il y a encore trois semaines de ça, avec tous les sourires du monde ;

Mes jours de bonheur avec ma famille.

Mes vacances à la rivière, à rencontrer de nouveaux amis.

Mes sorties entre copains, au parc du coin.

Mes rires perdus dans l'espace, abandonnés loin de moi.

Tout ça a disparut, quand cette foutue maladie a commencé à abimer l'histoire, comme si la pluie s'était mise à goutter sur les pages restées ouvertes.

Puis le livre était trop abîmé, alors on l'a balancé à la poubelle.

C'est pas vraiment utile pour la survie, les bouquins.

Et puis, maintenant, moi qui adorait lire, je n'ai plus ce loisir.
Je dois sans cesse guetter qu'un mec en décomposition ne vienne pas toquer à ma porte. Ou la défoncer.

Parce que la Mort se tapit dans les moindres recoins désormais.
Partout, elle guette, à l'affût. Et quand cette pétasse vous voit, elle attend le bon moment et BAM ! Elle vous chope à la gorge et vous tort le cou sans remords.

Quelques personnes âgées succombaient à un virus, comme le covid il y a des années de ça -un siècle me paraît-il.

Quelques personnes âgées, puis les plus jeunes et même les enfants.

Puis la Mort s'est esquivée, et, comme pour se foutre encore plus notre gueule, la maladie s'est transformée en virus zombifiant.

Oui, comme dans les films de science-fiction.
Haha, qu'est-ce qu'on se mare, maintenant.

Ça a pas sauvé Will Smith d'avoir joué dans "Je suis une légende".

T'es rien du tout, mon gars.

T'es plus qu'une horreur méconnaissable parmis toutes les autres qui se baladent dans les rues en geignant.

T'es plus que ce putain de zombie que t'arrivais si bien à buter dans ton film.

Ceux qu'on appelait "infectés" à la base, y'a encore un mois.
Puis ce mot est devenu tellement débile à nos oreilles, qu'on a finit par les appeler par leur nom objectif : "Zombies".
Et même les présentateurs télés qu'on entendaient encore y'a trois jours avant de ne plus avoir de signal, ont finit par les appeler comme ça.
Y'a plus que deux-trois médecins qui les appelles "Infectés", mais c'est juste pour la forme.

Même le président et ses potes s'y sont mit.

Enfin, avant de clamser.

Parce que depuis une semaine, malgré les protections et tout ça, on a plus de nouvelles.
Et le bruit court que lui aussi, il a "succombé à la maladie".

Ouais, bah les zombies lui ont bouffé la cervelle quoi.

De toute façon je m'en fous de lui, et de tout les autres.

C'est vrai, arrêtons de nous voiler la face ; tout ce qui ne nous concerne pas nous passe au-dessus.

Ma meilleure amie est morte.

Enfin, elle n'est pas morte, mais elle n'est plus très vivante non plus.

Mon chien à servit de casse-croûte à ces monstruosités, et on doit tous se terrer sans lumières dans nos baraques.

Rien ne va, et rien n'ira plus.

C'est la merde.

Soudain, je me penche en avant, et, les mains serrés sur mes genoux, je vomis mes tripes.

Toute seule, en haut de la falaise.

Oui, je pourrais tout à fait faire le cliché du "je n'en peux plus, je fais le grand saut".

J'en aurais le droit, après tout.

Qui pourrait me juger ?
Je ne serais pas la première, et certainement pas la dernière.

Malgré tout, il reste ma famille.

Il reste mon humanité, à moi.

Il reste toute une vie.

Je ne peux pas les abandonner.

Je ne veux pas.

Vivre n'est pas donné à tout le monde.
Enfin, techniquement, si ils ont l'appellation "tout le monde", c'est qu'il leur a été donné de vivre. Enfin, ils, je veux dire, les gens que j'appelle "tout le monde".

Enfin non.

Putain, peut-être que je devient folle.

De vomir, je passe à rire.

Un rire hystérique et triste.
Un rire fou et terrifié.

J'ai peur, mais la vie ne peut pas s'arrêter maintenant pour moi.

Je suis jeune, je peut sentir, voir, écouter, toucher, rire, pleurer, sourire, chanter, danser.

Et même si je n'ai aucune envie de faire toutes ces choses, j'ai bon espoir d'en retrouver la force un jour.

Soudain, rugit un cri guttural et malade.
Un cri inhumain, grave et rauque, bientôt suivit de plusieurs autres.

Les zombies rappliquent.

C'est bizarre, de penser ça, non ?

Moi qui adorait les films apocalyptiques il n'y a encore pas longtemps.

Moi qui était fière de dire que je survivrait à une attaque de morts-vivants si elle venait à se produire un jour.

La bonne blague.

Avec lassitude, je me redresse de tout mon corps et baisse le regard vers mes poings serrés.

Ils ne sont ni pleins de sang, ni égratignés.

Parce qu'on est ni dans un film, ni dans un livre.

On ne va pas au devant du danger en buttant quelques morts au passages.

"Butter quelques morts".

C'est drôle.

Totalement illogique.

Non, on fait pas ça.

On court se cacher dès qu'ils s'approchent à moins de cinquante mètres, parce que, si ils nous touchent, même si on les tue après, on est condamnés.

Infectés.

C'est con, n'est-ce pas ?

Les plaintes se rapprochent.

Sont-ils encore humains ?

Pensent-ils encore ?

Ont-ils, quelques fois, un éclair de lucidité, de pitié, de peur ?

Non. Je ne crois pas.
Et je ne vais certainement pas m'amuser à aller regarder dans leurs yeux si le voile se lève.

Troisième alerte.

Secouant la tête, je sors de mes pensées.

Le temps n'est plus à la réflexion, mais c'était sympa de quitter cet enfer quelques instants.

Le sel me monte aux narines, et c'est vifiant.

Avec un sourire peu assuré, je jette un dernier regard à l'horizon de beauté mélangée, puis me détourne de la falaise.

Peut-être que tout finira par aller mieux un jour, qui sait ?

Le destin n'est pas tout tracé.

                         FIN

-

Heyyy !

Comment allez-vous mes chers compatriotes ?

Moi, ça gaze ! Pas comme la nana de ma petite histoire, n'est-ce pas ?

J'espère que ça vous a plu, c'était assez court, je vous l'accorde, mais j'ai adoré l'écrire ! Sachant que je fait plus dans la Poésie habituellement... Là je mélange Poésie et... Familiarité ?

Ça fait un moment que je n'avais pas écrit, et ça fait du bien !
C'était un truc que j'avais inventé dans ma tête cet été.
Pendant tout l'allé d'une ballade à vélo, j'avais imaginé ce petit monologue intérieur !

Bien, c'est à peu près tout... Je n'ai pas grand chose à dire, en fait.

Oh ! Ça pourrait être un texte d'Halloween un peu en retard non ?
Enfin... Zombies-Halloween... En vrai ? Non ? Bon.

Brefff, voilà, merci d'avoir lu, mes chers amis, et n'hésitez pas laisser un petit vote pour me laisser une trace de votre passage !

Merci beaucoup, et à bientôt (Pour de nouvelles aventures, ouaiiiiiiiiis ! Hum. Pardon) !!!

(⁠~⁠ ̄⁠³⁠ ̄⁠)⁠~

❤️

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