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Les maux de tête s'aggravent.
Louis sourit, fait semblant de ne rien remarquer. Après leur interview avec Ellen, il s'effondre dans les bras de Harry en coulisses, la douleur le paralysant presque, et s'endort sur ses genoux sur le chemin du retour à l'hôtel.
Il pleure ce soir-là, alors que ses mains tremblent tellement qu'il ne peut même pas appuyer sur le fichu bouton de l'ascenseur. Il est tellement habitué à pouvoir arranger les choses, les corriger et les rendre comme neuves et putain, il ne peut pas arranger ça.
Louis passe tout son temps en Amérique à regarder les paysages de partout où il se rend, mémorisant des visages et des lieux parce qu'il sait qu'il ne pourra probablement jamais revenir.
Malgré tout, ça va lui manquer.
°°°
C'est un dimanche après-midi, la neige fondue tombe régulièrement devant les fenêtres et ils sont toujours au lit. Louis est assis en tailleur sur le matelas, tressant les cheveux de Harry, les doigts glissant entre ses boucles sombres. Bruce est recroquevillé à ses côtés, la queue tapant contre sa jambe. Harry a mis un album de l'un de ses terribles groupes indie sur l'enceinte posée sur la commode. C'est agréable.
Laissant un instant les cheveux de Harry, Louis presse son visage dans sa nuque, rougissant de chaleur même en ce mois de novembre glacial.
"Et pour les enfants ?" Demande-t-il après un long moment. La posture de Harry se fige un peu et Louis sourit tristement. Ce n'est pas comme s'il s'attendait à autre chose.
"Lou," geint-il en se tournant de moitié, et Louis peut déjà voir que ses yeux sont humides. "Ne fais pas ça."
Et normalement, Louis laisserait simplement tomber la conversation, chuchotant je suis désolé encore et encore contre la peau de Harry et faisant un suçon d'excuse dans son cou avant de recommencer à jouer avec ses cheveux, mais au lieu de çaa, il reste assis sur ses mains tremblantes, se mord la lèvre et essaie à nouveau. "Mais comme... tu sais, si on pouvait. Avoir des enfants, je veux dire. Des prénoms. Je sais qu'on en a déjà parlé, mais j'ai besoin de savoir. Et, par exemple, lequel serait amoureux de toi et lequel je corromprais et emmènerais manger une glace pour le goûter. S'il te plaît, Harry. Je... C'est débile mais..." Louis fait une pause, tripotant les manches de son sweat - qui est en fait celui de Harry - et essayant de jauger l'expression de Harry. "J'ai juste l'impression que c'est quelque chose que je veux savoir, avant.... Tu sais." Sa voix n'est pas plus haute qu'un murmure au dernier mot, mais il est quand même fier.
Harry reste assis tranquillement pendant un long moment, presque étrangement immobile alors qu'il regarde par la fenêtre. Finalement, tellement doucement que le cerveau endormi de Louis ne l'entend presque pas, il dit : "Tu réussirais à les corrompre, pas vrai ?" Les commissures de ses lèvres se retroussent légèrement.
Louis hoche la tête, presque trop enthousiaste. "Bien sûr que j'y arriverais. Et tu serais le parent qui fait des brownies d'épinards, et on te dirait tous qu'ils sont bons parce qu'on t'aime trop pour briser tes rêves comme ça." Ça vaut un petit ricanement de la part de Harry, au grand plaisir de Louis. "Mais après je les emmènerais manger des sundaes au chocolat et à la Chantilly et ils reviendraient à la maison avec de la glace partout sur le visage, mais ils te diraient jamais la vérité, car je suis le papa cool." Il sourit diaboliquement, enroulant ses bras autour de Harry et le tirant jusqu'à ce qu'ils soient couchés côte à côte, épaule contre épaule et hanche contre hanche.
"On aurait peut-être un autre chien. Ou un chat. On l'appellerait Felix," dit Harry, fermant les yeux et souriant affectueusement. "Mon Dieu, les enfants t'adoreraient. Enfin, ils m'aimeraient aussi, mais ils t'adoreraient vraiment putain, Lou."
Louis ne peut pas contenir son sourire, glissant son visage contre l'épaule de Harry. Il lui faut un peu de temps pour calmer le vertige qui l'envahit de plus en plus, le cœur battant. "Mais ils t'aimeraient aussi," dit-il finalement. "A chaque fois qu'ils seront tristes ou effrayés, ils iraient d'abord vers toi. Tu serais celui qui se lèverait à la seconde où ils commenceraient à pleurer au milieu de la nuit, prêt à les bercer et à leur chanter tes horribles chansons indie pour les endormir." Les mots ne sortent pas comme il l'avait prévu, c'est de plus en plus difficile de trouver les mots qu'il recherche, mais il ne veut pas que Harry le sache.
Harry change de position afin qu'il soit allongé sur le côté, appuyé sur son coude et faisant face à Louis, souriant comme un fou. "Je crois que oui. Mon Dieu," rit-il en inclinant son visage vers le ventilateur au plafond. "Ça serait le chaos. Tout le temps. On aurait besoin d'une plus grande maison. Genre... Vraiment plus grande."
"Evidemment," acquiesce Louis. "Sinon, comment on pourrait faire rentrer tout ce chaos ?" Il serre les lèvres en réfléchissant. "Et les vacances. Les vacances de Noël seraient les meilleurs moments. Toute la maison serait recouverte de guirlandes et de lumières et les enfants fabriquaient des rennes avec des yeux qui bougent et des trombones et on achèterait des bonnets de Père Noël pour tous les animaux de la maison."
"Et on aurait un sapin, un grand. Encore plus grand que celui qu'on a actuellement," dit Harry, le regard planté dans le vide, comme s'il était ailleurs. "Et même là ça serait encore difficile de faire rentrer tout le monde autour."
Louis acquiesce joyeusement. "Ouais, bien sûr. Et évidemment il faudra inviter les garçons. Et Perrie et Sophia et ta mère et Gem et Robin et toute ma famille. Toutes les filles." Il sourit mais sent les larmes lui piquer les yeux quand il imagine toutes ses sœurs et son petit frère se rassembler autour d'un sapin, les bras de Harry autour de lui avec des enfants aux cheveux bouclés gloussants, pratiquement suspendus à eux, avec les garçons les regardant affectueusement.
Harry le remarque immédiatement et essaie de détourner la conversation de ce sujet particulier. "Et à Halloween tu serais celui qui fait ça à fond. Tu mettrais plein d'automates ensanglantés pour effrayer les enfants."
Louis a l'impression que son cœur va éclater et il se sent soudainement très fatigué. Ses paupières sont lourdes et il a du mal à les garder ouvertes. "Mmh," fredonne-t-il, se sentant somnolent et heureux alors qu'il se blottit plus profondément sous la couette, se rapprochant de Harry jusqu'à ce que leurs torses soient collées l'un contre l'autre. Harry passe une main dans ses cheveux avec affection et Louis soupire joyeusement, laissant ses yeux se fermer complètement, marmonnant : "Continue de parler."
Harry change de position pour pouvoir passer la tête de Louis sous son menton, ses mains enroulées de façon protectrice autour de sa taille et continue à parler. "Et bien sûr, tu les élèverais aussi, pour qu'ils ne deviennent pas des hipsters ridicules comme moi. Tu leur apprendrais probablement à faire du skate avec Zayn, pas vrai mon cœur ?" Louis fait simplement un petit bruit d'accord, le visage enfoui dans son torse.
"Tu serais un si bon père. Putain, Lou. Tu serais génial." Harry renifle un peu avant de continuer, sa voix est rauque et ça donne envie à Louis de pleurer aussi.
Harry parle toujours mais Louis est déjà en train de s'endormir, des visions de petits enfants aux yeux verts et aux cheveux bouclés persistent dans son esprit, et si les paroles de Harry sont coupées par un sanglot étouffé, Louis serre simplement ses yeux plus fort et fait semblant ne pas avoir entendu.
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