chapitre i
Les instructions n'étaient pas claires. Tourner à droite après le vieux saule pleureur, puis continuer jusqu'au rocher recouvert de mousse. Arrivé là-bas, en faire trois fois le tour puis suivre le sentier vers le nord pour trouver le sanctuaire.
Sage aurait peut-être dû se douter de leur fiabilité au moment où il les avait reçues. Pour sa défense, il avait été si préoccupé par la fin de l'année scolaire, et la période de partiels qui approchaient, qu'il n'avait pas eu la présence d'esprit de les remettre en question.
Elles lui avaient été présentées sur un morceau de papier, gribouillées au stylo bic bleu. Cali, une fille de son cours d'économie appliquée, lui avait tendu la feuille avec une expression curieuse.
— Tiens, c'est pour toi. Pourquoi as-tu besoin d'un miracle ? avait-elle demandé en penchant la tête.
Le mouvement avait fait glissé ses longs cheveux roux sur son épaule, dévoilant son cou pâle et la pointe effilée de ses oreilles.
— Je n'ai pas besoin d'un miracle, avait répondu Sage en refermant son manuel d'un geste un peu trop sec.
Il s'en était aussitôt voulu mais Cali n'avait pas prêté attention à sa frustration. À la place, elle s'était installée à côté de lui, déposant le papier sur la table et y plantant un ongle pointu.
— Sais-tu au moins ce que c'est, Sage ?
— Une mauvaise blague ?
Elle avait reniflé d'un air dédaigneux, marmonnant dans sa barbe une remarque désobligeante que Sage prit soin d'ignorer. Son estime de soi était déjà assez basse, il n'avait pas besoin d'en rajouter une couche.
— Un putain de coup de main. Ce sont les instructions pour trouver le sanctuaire de Hopewell. Selon la légende, on y exauce ses vœux. Tu as un vœu, Baker ?
Sage avait aussitôt pensé à son grand-père. Un sanctuaire qui accomplit des miracles ? Cela avait l'air trop beau pour être vrai. Quand il l'avait dit à Cali, elle avait haussé une épaule.
— Ce genre d'endroit est assez commun, on en trouve dans tout le pays. C'est le plus connu uniquement car il se trouve à proximité de la ville, dans la grande forêt au nord.
— Et je peux savoir qui t'a soufflé l'idée de me donner ça ?
— Ma mère. Tu la connais, elle a parfois des éclats de génie. Elle appelle ça sa sagesse.
Non, Sage ne connaissait pas la mère de Cali – ni Cali, d'ailleurs, ils ne s'étaient parlé qu'à quelques reprises lors de l'année – mais il savait que c'était une elfe. Si le sanctuaire se trouvait dans la forêt, il n'était pas surprenant qu'elle sache comment s'y rendre.
— Je vois que tu hésites, avait repris Cali en se levant. Tu devrais t'y rendre. Au pire, tu perds ton temps. Au mieux, tu trouveras la solution à ton problème.
— C'est ta sagesse qui te le dit ?
— Non. Tu as des cernes atroces, Baker. Dormir te ferait du bien. Peut-être que le sanctuaire pourra arranger ça. Si tu parviens à te débarrasser de ces affreuses tâches violettes, je suis sûre que tu deviendrais potable.
— Merci pour le compliment...
— Je t'en prie.
Sage avait ouvert la bouche pour corriger Cali, avant de la refermer. Les créatures magiques n'avaient pas de filtre, et des procédés comme l'ironie passaient souvent loin au-dessus de leur tête. Et Cali avait raison : il était épuisé. Il avait abandonné l'idée de se défendre et avait attendu que l'elfe s'éloigne pour fourrer le papier au fond de son sac, où il resta pendant quelques semaines, oublié au profit des révisions qui avaient obnubilé Sage.
Le jeune homme le retrouva par hasard – ou par un coup de pouce du destin, si on croyait en ces choses – quand il rangea ses affaires une fois son dernier examen passé. Il avait enfin pris la peine de sortir le morceau de papier tout froissé pour les lire.
Tourner à droite après le vieux saule pleureur, puis continuer jusqu'au rocher recouvert de mousse. Arrivé là-bas, en faire trois fois le tour puis suivre le sentier vers le nord pour trouver le sanctuaire.
Sa première réaction avait été de hausser les sourcils, surpris, voire presque amusé, avant d'ouvrir Google. Il chercha dans le moteur de recherche le sanctuaire de Hopewell. Les informations étaient peu nombreuses, mais le lieu avait son propre site internet. Il était simple et épuré, ne comptant que quelques photos de fleurs et d'arbustes, ainsi qu'une description promettant la possibilité d'apaiser les maux et les tracas. Les avis des clients étaient unanimes : ils étaient tous extrêmement satisfaits des prestations du sanctuaire.
Si même Google recommandait l'endroit, qui était Sage pour refuser d'aller voir ?
Tourner à droite après le vieux saule pleureur, puis continuer jusqu'au rocher recouvert de mousse. Arrivé là-bas, en faire trois fois le tour puis suivre le sentier vers le nord pour trouver le sanctuaire.
Sage avait fait tout cela. Il avait grimpé dans son vieux pick-up à la peinture qui s'écaillait à l'aube, quand le soleil se levait à peine au-dessus des hauts bâtiments de la ville, et avait roulé en direction de la grande forêt qui s'étendait au nord de Grandville. Il était parti léger, n'emportant avec lui qu'un sac à dos avec de l'eau, de quoi manger s'il n'était pas de retour chez lui avant le déjeuner, et un imperméable pour se protéger de l'humidité qui imprégnait continuellement la région en ce début de mois de juin.
Au début, tout se déroula comme sur des roulettes. Le vieux saule pleureur était probablement l'arbre le plus populaire de tout le pays, et les habitants de Grandville s'y retrouvaient chaque année pour y fêter le solstice d'été. Quand Sage arriva devant l'arbre majestueux, il prit à droite, s'engageant sur une route ombragée. Il s'approchait de la forêt, et une pointe d'excitation le poussa à la vue des branches vertes.
Le rocher fut plus compliqué à dénicher. Google Maps le mena jusqu'à un petit parking désert, où un grand panneau marquait le début d'une piste de randonnée. Elles étaient nombreuses dans le coin. Sage en connaissait certaines comme le dos de sa main, son grand-père appréciant les parcourir avec lui.
À la pensée de son grand-père, le cœur de Sage se serra. Il se força à se vider l'esprit et à se concentrer sur le moment présent, au risque de se mettre à pleurer sans pouvoir s'arrêter.
Il savait de quoi il parlait : c'était ce qu'il avait fait ces dernières semaines.
Il gara son pick-up sur une place libre – ce qui n'était pas une tâche ardue étant donné qu'elles étaient toutes disponibles – et coupa le moteur, enfilant son sac sur une épaule avant de sortir. L'air était encore frais, légèrement mordant, et il fut reconnaissant pour son imperméable. Le gravier crissa sous ses pieds tandis qu'il s'approcha de la pancarte.
Pour son plus grand bonheur, le rocher mousseux était l'un des endroits à visiter à tout prix lorsque l'on se promenait dans les environs de Grandville. Il traça du doigt le chemin qu'il aurait à suivre, l'estimant à une petite heure de marche, et prit en photo la carte. Ce n'était pas qu'il ne faisait pas confiance à sa mémoire, mais il savait qu'il n'avait jamais été très doué pour se rappeler des schémas et des croquis à l'école.
Ce fut à ce moment-là que les choses se compliquèrent et qu'il se retrouva à maudire tout ce qui l'avait conduit à cet endroit.
Oh, il trouva le rocher, mais seulement après un détour qui lui coûta une heure supplémentaire suite à une erreur dans son itinéraire qui l'emmena dans la mauvaise direction. L'effort ne le dérangeait pas, bien au contraire – il avait appris à apprécier la sensation de brûlure dans ses muscles, la satisfaction de se dépenser –, mais il n'avait pas de temps à perdre. Chaque instant qui s'écoulait signifiait que le mal se propageait et que son grand-père souffrait, et Sage refusait de mettre en danger l'homme qui l'avait quasiment élevé.
Le rocher était bien plus grand que Sage ne l'avait imaginé, le dominant du haut de ses trois mères et quelques, la mousse verte le recouvrant lui donnant l'allure d'un géant accroupi observant la vie qui agitait les fourrées. Sage ne put s'empêcher d'effleurer le monticule de roche. La mousse était moelleuse et recouverte de rosée. Le soleil avait beau être haut dans le ciel désormais, les frondaisons plongeaient la zone dans l'ombre et la fraîcheur.
Sage retira sa main en frissonnant et recula d'un pas. Il était temps de passer à la prochaine étape.
— Arrivé là-bas, en faire trois fois le tour puis suivre le sentier vers le nord pour trouver le sanctuaire, murmura Sage. Pourquoi ai-je l'impression que c'est une mauvaise blague et que Cali s'est moquée de moi ?
Il hésita un bref instant. Malgré lui, il trouvait les instructions ridicules. Le rocher marquait la fin du chemin, le seul moyen de partir étant par la même direction par laquelle il était venu. Il fit quelques pas vers le côté pour fouiller du regard la forêt qui s'étendait derrière le roc : elle était complètement impénétrable, un ensemble de ronces et de fougères qui déchireraient probablement son jean et le feraient saigner s'il s'y aventurait.
Sage inspira profondément.
— Je suis venu jusqu'ici, autant aller jusqu'au bout, hein ? Et puis, on n'est jamais à l'abri d'un miracle. Grand-père m'a toujours recommandé de garder l'esprit ouvert à la magie.
Voilà qu'il se parlait à lui-même. Il était temps pour lui de rentrer. Mais avant qu'il ne puisse faire demi-tour et retourner dans son petit appartement inconfortable, il devait se rendre au sanctuaire.
Et pour cela, il allait devoir faire trois fois le tour de ce maudit rocher.
Les instructions ne précisaient pas dans quel sens alors, dans le doute, Sage suivit celui des aiguilles d'une montre, comptant à voix basse chaque passage.
— Un... deux... et trois, déclara-t-il en s'arrêtant après son dernier tour. Je suppose qu'il n'y a toujours pas d'autre chemin.
Il supposait mal. Quand il se pencha, il eut la surprise de découvrir une ouverture dans les fourrées, un sentier à peine plus large que lui qui serpentait entre les ronces et les troncs noueux. Le passage n'était guère accueillant, mais le choc était tel que Sage mit un moment à réaliser ce qu'il voyait.
Quand son cerveau comprit enfin, il jura et fouilla dans son sac à la recherche de sa boussole. Sa main tremblait, tout comme l'aiguille, mais il devinait sans peine la direction qu'elle indiquait.
Le nord.
Sage avait sous les yeux une démonstration de magie si clichée qu'il était persuadé d'avoir déjà lu une scène dans le genre dans un livre. Mais après tout, la réalité était la meilleure source d'inspiration, n'est-ce pas ? Il aurait dû savoir que la magie pouvait se manifester n'importe où. Les profondeurs d'une forêt n'étaient pas un endroit très étrange, après réflexion.
Sage avait juste l'habitude d'être à la périphérie des manifestations magiques, un simple observateur, plutôt que d'en être l'acteur.
— Peut-être que je suis en train d'halluciner, murmura-t-il en empochant sa boussole. C'est probablement comme une oasis : elle disparaîtra dès que je m'approche.
Avec l'impression de rêver, Sage s'engagea sur le chemin qui ne s'évanouit pas, fort heureusement.
Il avait le sentiment d'avoir mis les pieds dans une autre dimension. Un frisson courut le long de son dos et il se demanda si c'était vraiment une bonne idée. L'air était encore plus froid et humide : sa respiration formait un petit nuage blanc sous son nez à chaque fois qu'il exhalait. Oublié, l'été qui approchait à grands pas ; on se serait cru en pleine saison d'Halloween.
Les ronces noires et les toiles d'araignées tissées entre les troncs n'amélioraient pas l'ambiance. Il n'était pas le bienvenu. Il n'avait pas besoin d'avoir du sang d'elfe comme Cali pour lire les signes que la forêt lui envoyait : fais demi-tour.
Il les ignora et continua à avancer, motivé par la pensée de son grand-père. Il était prêt à tout pour le vieil homme, même à braver une forêt hantée et le sentiment d'être continuellement observé, de savoir que chacun de ses faits et gestes étaient traqués par des yeux invisibles.
Il espérait tout de même qu'il reviendrait sain et sauf. Il n'avait que vingt ans, et la vie devant lui. Il serait dommage qu'il la perde dans cet endroit étrange, où il faudrait des semaines, voire des mois pour que son corps soit découvert par un garde-forestier malheureux, ou les prochains clients du sanctuaire qui lui paraissait de plus en plus inaccessible.
Il ne manquerait pas de souligner la difficulté d'accès quand il postera son avis sur Google. Le chemin n'était pas du tout adapté pour les personnes à mobilité réduite.
Sage ignora pendant combien de temps il marcha. Chaque pas qu'il prenait ressemblait au précédent, et le paysage restait identique. Il continuait à avancer sur une ligne droite. À ce rythme-là, il s'aventurerait bientôt sur les montagnes qui se dressaient tout au nord de la région. Selon la rumeur, des ours y vivaient.
Sage ne voulait pas croiser d'ours.
Quand il sortit sa boussole pour vérifier qu'il avançait toujours vers le nord, il eut la joie – non – de découvrir que l'aiguille s'agitait dans tous les sens. Il secoua l'objet, en vain. Elle lui était inutile. Tout comme son téléphone qui, après inspection, semblait avoir perdu toute sa batterie. Il avait beau presser sur le bouton, l'écran restait résolument noir.
Il regarda par-dessus son épaule, songeant que s'il faisait demi-tour, il pourrait revenir en étant mieux équipé. Les ronces s'étaient refermées sur son passage, lui interdisant de rebrousser chemin.
Pour la première fois, une pointe de peur s'imposa dans le simple malaise qu'il ressentait jusqu'à présent. Il s'arrêta de marcher, remonta son sac sur ses épaules, et croisa les bras sur sa poitrine. Autour de lui, la forêt bruissait, comme si quelque chose rampait dans les fourrées, s'approchant de lui pour mieux bondir et l'attaquer. Il ferma les yeux et soupira.
Sa respiration était tremblante. Il se souvint de la première et dernière fois où il était entré dans une attraction hantée, à la fête foraine qui s'installait en ville pour Halloween chaque année, quand il était encore au collège. Il avait suivi ses camarades de classe sans discuter, poussé par leur enthousiasme, même s'il n'avait jamais été amateur des histoires de fantômes.
Il avait tellement hurlé que sa voix s'était cassée et que son grand-père avait dû venir le chercher. Il avait fait des cauchemars pendant une semaine et n'avait jamais plus osé entrer dans l'attraction – ni sortir avec ses anciens copains.
Sauf qu'il n'avait plus treize ans, et qu'il ne pouvait plus descendre du petit train. Il était coincé sur ce chemin mystérieux, complètement seul et sans défense.
— Je veux juste trouver le sanctuaire pour aider mon grand-père, chuchota-t-il. C'est tout. Je m'en irai tout de suite après, c'est promis...
Sage ignorait à qui il s'adressait. À la forêt ? Là où il y avait de la nature, il y avait des membres de la communauté magique. Il n'était pas idiot de penser que quelqu'un, n'importe qui, entendrait sa prière. Il n'avait plus qu'à espérer qu'il ne s'agisse pas d'un monstre prêt à l'attirer dans sa tanière pour le dévorer tout cru.
Il avait eu raison – pour la prière, pas pour le monstre. Quand il trouva le courage d'ouvrir enfin les yeux, il dut froncer les sourcils à cause de la lumière qui l'aveugla. En face de lui, à moins d'une dizaine de mètres, se trouvait une ouverture dans les fourrées. Le sentier de terre battue se transformait sans crier gare en une allée de pierres rustiques qui serpentait non plus au milieu des ronces et autres mauvaises herbes, mais plutôt à travers un jardin à la pelouse bien verte envahi par diverses plantes et fleurs colorées. Il aperçut le coin d'un bâtiment brun derrière ce qui ressemblait à un pommier dont les branches ployaient sous le poids de fruits rouges et à l'apparence juteuse.
Sans réfléchir, trop soulagé de pouvoir enfin sortir du labyrinthe effrayant, Sage se dirigea en direction de ce jardin d'Eden. Le soleil réchauffa sa peau glacée et chassa la peur qui y avait planté ses griffes.
Il prit son temps pour examiner les fleurs qu'il dépassait. Son grand-père avait toujours aimé jardiner et s'occuper de ses plates-bandes ; il aurait probablement été capable de nommer toutes les espèces que Sage se contentait d'admirer.
Le chemin le mena jusqu'à un petit cottage qui paraissait tout droit sorti d'un conte pour enfant. C'était une petite maison à l'apparence rustique, équipée d'une grande cheminée qui laissait s'échapper un filet de fumée continu dans le ciel d'un bleu tendre. Du lierre grimpait sur la façade et des fleurs qui ressemblaient à des marguerites poussaient entre les tuiles rouges du toit.
Une pancarte était accrochée à la porte en bois massif : Bienvenue au sanctuaire de Hopewell ! Veuillez frapper avant d'entrer. Une couronne d'herbes séchées, de corde et de petits talismans en os surmontait l'inscription. Sage reconnaissait l'assemblement : c'était une amulette de protection.
Sage s'était longuement imaginé à quoi ressemblerait le sanctuaire. Le site Internet ne l'avait pas aidé à s'en faire une idée, alors il s'était rabattu sur les informations qu'il avait pu rassembler sur le Net quand aux autres sanctuaires. Il s'agissait généralement de lieux en pleine nature – même si des exceptions existaient, comme cette aire d'autoroute connue pour aider les insomniaques à trouver le sommeil – et difficilement accessibles : une grotte au sommet d'une montagne, un puits perdu dans des ruines oubliées de tous, une île au milieu d'un océan ravagé par les tempêtes...
Hopewell ne correspondait pas à l'image que Sage avait imaginée. L'endroit était accueillant, presque rassurant après l'enfer qu'avait été la forêt.
Il n'arrivait pas à y croire : il avait réussi. Il avait trouvé le sanctuaire. Il s'était montré plus fort que les instructions obscures de la mère de Cali, plus fort que la nature protectrice, plus fort que sa propre peur. Il était fier.
Il allait pouvoir aider son grand-père.
Empli d'un courage qu'il ignorait posséder, Sage s'approcha de la porte et y frappa trois grands coups.
A/N : Le voilà, le premier chapitre ! J'espère qu'il vous a plu, et que vous êtes curieux de découvrir la suite. Comme vous l'avez sûrement remarqué, il est plus long que ce que j'ai l'habitude de publier, mais c'est tout bénef' pour vous.
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