Trois mots. Douze lettres
Sa vue commence à s'assombrir mais il continue de marcher jusquà sa voiture.
-Attendez ! Crie Louis mais il ne l'écoute pas.
Une énorme masse pèse sur lui et il commence à perdre ses moyens.
Harry le repousse et monte dans la voiture. Il ne sait pas ce qu'il pourrait faire ; il a l'impression que tout est fini avant même un début. Ses poumons vont exploser, il en est certain. Il croit avoir un noeud autour de la gorge. L'air est absent et ses organes brûlent sous la pression de la chaleur inexistante mais pesante sur lui. Des goutte de sueur froides coulent le long de son dos.
Ses yeux retombent une dernière fois sur lui. Il remarque la lueur dans ses yeux. Il fait marche arrière et se met sur la route. La vitesse atténue la douleur mais ne la supprime pas. Il roule inconsciemment et a droit à quelques coup de klaxon d'autres conducteurs.
Il se hait. Il hait Louis. Il hait sa mère. Il hait Aaron. Il hait toute la race humaine. Il hait l'univers entier. Il n'a aucune idée de ce qu'il va faire maintenant mais un chemin se dessine machinalement dans sa tête.
Ses dents coincent sa langue sèche et un liquide monte dans ses yeux. Il absorbe désespérément autant d'oxygène qu'il peut pour satisfaire son système respiratoire mais cela semble inutile car sa gorge se resserre de plus en plus.
Il voit une personne traverser la route au loin mais son pied ne se décolle pas et il conserve la même haute vitesse.
La silhouette grossit progressivement...
Il la voit passer juste à côté de lui. Ce coup de chance n'améliore guère son état.
Ses mains tremblent et il a du mal à tenir le volant mais il y arrive, il sait distinguer sa maison et sa poitrine semble se gonfler un peu.
Une fois garé, il redescend mais tombe après quelques pas. Il tient ses clés en main difficilement. Il tourne celle qui correspond dans la serrure et le porte présente le couloir.
"Harry ?" Il entend au loin.
Sa mère le rejoint. Elle est rassuré de le voir mais sa joie reste courte quand elle voit son état.
"Harry qu'as-tu ? !"
Il la repousse du dos de la main, Aaron intervient alors.
"Laisse-le dans sa merde, il mérite ce qui lui arrive."
Anne n'entend pas ces paroles, elle continue à l'examiner.
"Anne !" s'énerve-t-il.
Elle recule mais ses traits ne changent guère.
Harry, toujours aussi mal, s'engage dans sa chambre, essoufflé.
Il délace ses chaussures mais ses doigts le trahissent, il s'y prend plusieurs fois. Il tousse jusqu'à déchirer sa gorge. Il tend le bras jusqu'à la table basse, ouvre le tiroir.
Sa main saute de boîtes en boîtes jusqu'à trouver celle qui lui faut. Il espère qu'il lui reste un comprimé : ca faisait un moment que ça ne lui était plus arrivé. Il ramasse le verre d'eau posé près de lui mais celui-ci lui échappe des mains. Le bruit produit reste bref mais assez puissant pour que sa mère l'entende.
Sa visions'assombrit, son coeur accélère.
"Harry !"
Il sait vaguement distinguer sa génitrice. Elle pose sa main glacée sur son front.
"Ca va passer, Harry, ça va passer, mon chéri."
Elle essaye de le soulever mais elle reste impuissante.
"Kayla ! Une ambulance, vite !"
Ellle essaye de le rassurer mais l'écouter est la dernière chose qui passerait dans sa tête.
Il le revoit, lui. Il revoit son visage, il revoit ses yeux. Il le sent, il le sent tout près de lui, allongé juste à coté. Sa langue est incapable de prononcer son prénom, surtout après ce soir. Il a l'impression de pouvoir le sentir.
La derière chose qu'il voit avant de refermer ses yeux est un masque qu'on lui pose sur le visage.
Et il est parti.
*
Une paire de paupières se relèvent et Anne se retrouve face à une paire de yeux verts.
"Harry ? Ca va ?"
Elle prend sa main dans la sienne.
Même décor, même lieu. Même personne, même douleur. Même scène.
Il se relève.
Il détache brusquement la main de la sienne.
"-Harry ! Calme-toi ! Qu'est-ce qui ne va pas ? ! On dirait un fou !
-On ne dirait pas un fou, je suis fou ! Vous m'avez tous rendu fou !
-Ne dis pas ça...
-Lâche-moi ! Je pars."
Elle n'en peut plus. Elle comprend que rien ne va changer et, prise de peur, presse le bouton d'urgence qui flotte sur le mur près du lit. Elle le repousse, le garde couché même s'il tente de s'opposer.
"Tu ne peux pas sortir comme ça !"
Il gémit. Il a peur. Il panique. Ses yeux s'humdifient et une boule se forme dans sa gorge.
La porte s'ouvre soudainement et il surgit.
"Madame, sortez s'il vous plait; je vais m'occuper de lui."
Il ravale de suite ses larmes. Elle le laisse prendre place et quitte le lieu.
Harry sent son coeur délirer. Une fois la porte refermée, il s'étouffe dans son coussin mais un brui vague s'en échappe.
"Je ne veux pas te voir."
Il entend ses pas et il en déduit qu'il s'approche.
"Harry..."
Il redresse la tête et tombe sur ses yeux toujours aussi impénétrable. Il tourne la tête et cherche quelque chose à mettre aux pieds. Une fois au sol, le froid aide à crisper ses orteils.
"Tu ne dois rester."
Il retrouve enfin ses bottes. Il pose son derrière sur le sol glacial et se met à les enfiler.
"-Ecoute-moi...
-Non ! Je ne t'écouterai pas... comme tu ne m'as pas écouté... hier... soir..."
Il s'accroupit. Harry essaye d'échapperf à ses yeux, il fixe ses lacets mais Louis le perturbe et il doit s'y prendre à deux fois.
"Je suis désolé."
Trois mots. Douze lettres.
Harry n'aurait pas penseé cela possible mais ils semblent l'avoir troublé.
Ses mouvements ralentirent et sa respiration se calma soudainement.
"Tu aurais dû me laisser mourir..." réussit Harry à articuler.
"Un vivant vaut toujours mieux qu'un mort."
Il lève les yeux au ciel.
"Un vivant vaut toujours mieux qu'un mort mais un vivant et un mort ne valent jamais mieux qu'un autre mort." ajoute Louis.
"-Quoi ? Je te préviens si tu essayes de me retenir ici en citant du William Faulkner je..."
Il s'arrête. A-t-il bien entendu ?
"Tu... tu l'as lu ? ! Tu connais Le Bruit et La Fureur ? !"
Il hocha.
"-Merci, j'ai très apprécié.
-Attends... c'est moi qui te l'ai fait connaître ?
-Oui.
-Mais... tu l'as lu quand alors ?"
Louis se lève et tend la main à Harry. Il hésite puis la prend. Il l'aide à se remettre debout.
"Il fait froid, assieds-toi plutôt sur le lit."
Il lui obéit.
"-Tu l'as lu quand ?
-Toute la nuit."
Il en perd les mots. Louis l'a lu. Louis a lu son livre préféré. Louis a lu son livre préféré de lui pour lui.
"Désolé, encore, je ne savais pas que c'était si... Je vais appeler ta maman. Tu vas bientôt pouvoir sortir, rien de grave, une autre crise seulement."
Il se retourne et avance vers la porte.
"A-Attends !... Je m'excuse aussi... je n'aurais pas dû m...
-On ne sait pas s'excuser soi-même.
-Quoi ?
-On ne s'excuse pas soi-même.
-Euh...
-Laisse tomber."
Et il s'en va.
"Harry ! Ca va mieux ?" demande Anne inquiète.
Il aquiesce.
"Tu le connais ?"
Il sourit bêtement.
"Oui."
Il revient sur sa première pensée, Louis est bien différent.
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Chapitre ENFIN publié. J'espère qu'il vous plait. Je l'ai écrit en écoutant How to save a life de The Fray.
Harry a juste fait une crise d'angoisse, ce qui m'arrive souvent ahah.
Rentrée dans 3 jours pour moi. :(
Un tome 2 pour Geek et Populaire est en route et le prologue sera publié demain normalement.
Bref, merci ily <4
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