✧・゚:*Au creux de l'eau*:・゚✧
Au final, on en revient toujours au même point.
Je dis ça, mais au fond j'avais vraiment espoir de rester à ses côtés.
Je suis nulle-part. Enfin... peut-être que je n'ai pas choisit ce lieu par hasard, tout compte fait. La rambarde du pont me semble si haute. Je l'escalade, me dresse maladroitement en haut de ce perchoir improvisé, titubant dangereusement vers l'avant. En bas, l'eau reflète le ciel bleu. Il fait sacrément beau aujourd'hui.
Sauter? Oh oui, qu'elle bonne idée. L'eau semble froide et la hauteur d'une dizaine de mètres ne représente pas un réel danger pour ma vie. J'aurais juste l'impression de me donner en spectacle et au fond c'est ce que je veux. Que tout le monde voit ma peine de petite adolescente vaine. Que la culpabilité les ronge tous.
Je ferme les yeux, le vent chatouille mon visage. Puis doucement, mon corps bascule vers ce miroir aqueux.
Tiens? Il me semble bien que c'est sur ce pont que tout a commencé, justement.
Frisson mordant lorsque le vide m'avale. Puis, l'eau m'enveloppe de ses bras glacials. À demi inconsciente, je me laisse couler sans résister. Le courant m'emmène quelque part, vers je ne sais où. Pourvu que ce soit loin.
Je me demande si les passants on crié en me voyant chuter. Bah, peu importe. Tout ça est ridicule.
Elle m'a quitté. Est-ce de ma faute? Suis-je donc si dur à aimer? Pourtant je sais que je ne peux pas la forcer à partager mes sentiments. J'aurais simplement souhaiter pouvoir briser sa carapace, l'empêcher de me mentir. Mais sa main, sa jolie main que j'essayais de serrer si fort, était comme un courant insaisissable.
En y repensant, le creux dans ma poitrine se rouvre. Je réentend les mots qu'elle m'a adressé avec tant de nonchalance brûler mes tympans.
"On va se séparer."
Mais moi, j'ai rien décidé du tout. Malicieuse Maud, je t'aime et tu me rend malade.
Au bout d'une éternité, mon corps heurte quelque chose. La berge. Déjà? Mon visage émerge doucement, je me traîne là où je peux me maintenir à l'air libre, puis m'effondre à nouveau, sur la terre boueuse.
Allongée au creux de l'eau bleu, bercée par le ressac, j'aperçois le ciel se noyer dans la lumière vive et pure du soleil. Les vagues glacées se resserrent en étau sur mes membres à demi immergés, ma respiration tremblotante déchire mes poumons gelés.
J'aurais voulu qu'il pleuve, que la nature se déchaîne, mais même le ciel semble se moquer de moi.
Le vide s'étend doucement dans mon ventre. Peut-être ne suis-je qu'une idiote en mal d'amour et d'attention, mais au milieu du silence, je jure entendre une voix glisser jusqu'à mes oreilles.
"Tu as mal?"
Une voix sans âge, sans genre. Douce et suave, elle semble ne venir d'aucune source précise, comme si elle sortait directement de moi.
"C'est pas de ta faute, tu sais. Mais je peux t'aider à combler ce vide qui te fait souffrir."
Je hoche la tête, machinalement. À ce stade, je suis incapable de réfléchir. Mes émotions sont comme éteintes.
"Bien", susurre la voix. "Donne moi ta main."
Je lève mon bras vers le ciel lumineux, tendant mes doigts à les faire craquer. Un instant passe. Puis une forme noire s'extirpe doucement de ma main. Cette matière informe commence à couler autour de mon bras, ou plutôt à s'enrouler. C'est chaud et visqueux. Mon rythme cardiaque s'accélère soudain, mes yeux s'écarquillent. Une once de conscience crépite en moi, comme une étincelle qui éclaire un bref instant le puzzle de mes émotions. Ce que je vois, c'est une terreur viscérale qui s'ancre en moi à mesure que cette ombre gluante me submerge. J'ai peur. Je viens de réaliser que j'ai peur. Mais bon sang, qu'est ce que je suis en train de faire? Je n'ai pas le temps d'y penser plus longtemps. La masse ténébreuse se contracte autour de mes côtes qui se fissurent en un horrible craquement. Une onde de douleur se répand jusqu'au bout de mes doigts. Je hurle. Mais aussitôt, l'ombre se glisse dans ma bouche pour étouffer le son. Elle s'enfonce encore plus loin dans mes viscères, et se met à broyer ma chair. Une gerbe de sang gicle de ma bouche obstruée et de mon nez. Mes yeux se révulsent.
La douleur cesse, et puis...
Je me réveille en sursaut. Le lit sur lequel je suis assise est d'un blanc immaculé. Le reste de la pièce est simplement inondée d'une clarté pure et aveuglante. Je regarde autour de moi, une main plaquée devant mes yeux pour les protéger. Puis je constate leur présence. Ils sont là, tout autour de moi. Mes nouveaux frères.
Ils sont innombrables. Je n'en connais aucun, et pourtant, avec eux je me sens à ma place. Je suis différente. Une autre moi est née et je l'aime plus que tout. Je ferme les yeux et les souvenirs de cette douleur incommensurable se ravivent petit à petit dans tout mon corps, comme un feu de forêt.
Oh, ce frisson. Je me sens si bien.
Rouvrant les yeux, je saisi la main qu'on me tend et me lève aux côtés de ma nouvelle famille.
Au final, on en revient toujours au même point.
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Boaaarff grosse flemme d'expliquer la fin ou de rajouter un chapitre pour que ça soit cohérent.
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