Ses boucles au soleil

Je suis là, allongée au creux de l'eau bleu, bercée par le courant. Ma conscience vient d'émerger et la première chose je que ressens, c'est le manque. Tu me manques. Mon cœur se serre, amer, mes larmes s'épanchent.

Quand j'y repense... je me demande si ça aurait forcément du finir comme ça.



Tout commence alors que...



Je suis là, plantée comme une idiote sur ce petit pont de bois, abasourdie par ce que je viens d'entendre. Moi, Lily, 16 ans, j'ai l'impression de tomber en chute libre.

-Pardon? je lance, ayant peine à y croire.

Elle me fixe de ses iris de jaspe, intense, triturant nerveusement ses longs doigts fins. Elle, c'est Maud, 17 ans, ma voisine de classe. On ne s'entend pas particulièrement bien, mais en temps que déléguée de classe, elle est assez populaire et vient parfois me parler. Et surtout...


Elle me plaît.


À la lueur du couchant, son visage me sourit. Calmement, elle réitère sa demande.

- Est ce que tu voudrais sortir avec moi?


Le silence se creuse. Je reste immobile, le regard fixe.

J'y crois pas. Elle vient de le répéter pour la seconde fois. Une deuxième tarte émotionnelle, administrée sans ménagement à mon pauvre cœur rabougri. Le choc me coupe la gorge, seul un bégaiement étouffé quitte mes lèvres muettes. Je m'étais attendue à tout sauf à ça. D'ordinaire, on se parle à peine et je baisse systématiquement les yeux les rares fois où je la croise dans les couloirs, de peur qu'elle s'aperçoive que je l'observe. Et subitement, elle m'aborde avec l'aisance que j'ai convoité dans mes rêves les plus fous, sans même s'inquiéter de l'émoi qui me tord les tripes. Elle, pétillante, extravertie, inaccessible se pointe devant moi comme une fleur et me demande d'un ton désuet si je veux bien sortir avec elle.

Je pourrais presque m'évanouir de joie.

Seulement... Maud n'est pas comme moi. Ses vêtements, sa façon de bouger, ses mots, sa sensualité... Tout en elle est outrageant, déraisonnable, saugrenu et à la fois d'une audacieuse simplicité et d'une sincérité troublante. Et moi? Moi je suis une serpillière. Je tire la tronche, je m'habille mal, je grogne quand on s'approche. J'ai du mal à croire qu'elle s'intéresse à moi. Cela me semble même terriblement insolite, aberrant, absurde. Acceptez sa proposition, ça serait comme créer une faille dans l'ordre naturel des choses, ouvrir une brèche dans la normalité et les convenances. J'aurais l'air ridicule à lui tenir la main, moi, pauvre créature d'ombre. Jusque là, je me sentais déjà reconnaissante de pouvoir l'observer de loin.

Et pourtant... 

- Tu sais quoi? Prends ton temps, je n'ai pas besoin d'une réponse immédiate... s'empresse t-elle d'ajouter pour rompre le silence.

Timidement, elle replace une de ses jolies boucles roses derrière son oreille et me gratifie d'un sourire lumineux. Cette flèche solaire me va droit au cœur et je sens ma poitrine se serrer.

-J'y vais, je vais être en retard. On se revoit à la soirée tout à l'heure, de toute façon!

Puis, avant même que je n'ai le temps d'ajouter quoique ce soit, elle fait volte face et s'enfuit, jouant à cache-cache entre les rayons aveuglant du soleil couchant.

La soirée. Il y a quelques jours, Maud et quelques amis à elle ont entreprit d'organiser une fête d'adieu, étant donné qu'une bonne partie de la classe - dont moi - s'en ira l'année prochaine. Cependant, je n'ai pas envisagé une seule seconde de m'y rendre. La fin du lycée donne lieu à pas mal de séparations, mais personnellement ça ne me fait ni chaud ni froid. Et puis ce genre d'évènement... ce n'est juste pas pour moi. Engoncée dans une tenue trop modeste, entourée d'inconnus imbibés d'alcool, je me sens terriblement mal à l'aise. Les quelques rares regroupements auquel j'ai participé se sont inéluctablement achevés dans le jardin ou sur le balcon, où j'étais seule et frigorifiée, habitée par la désagréable impression de ne pas être à ma place. Un bug dans le système.

Mais cette fois c'est différent. Subtilement, je sens l'excitation monter en moi. Et si... et si j'avais vraiment une chance de...

Je ne peux m'empêcher de sourire comme une idiote et me donne deux claques sur les joues pour m'assurer que tout ça est bien réel. Seule, au milieu de mon petit pont de bois, j'effectue un tour sur mon même, manquant de trébucher. Mon cœur palpite, j'ai la sensation que je vais exploser de bonheur.

Je suis si heureuse, et en même temps...

Je suis morte de trouille.


~~~


Yo, c'est moi! (qui d'autre?)

Cette fois je suis partie pour une histoire en 3 parties. Je n'ai aucune idée de comment ça va finir mais HEY! c'est ça qui est fun.

Sur ce, à une prochaine, n'oubliez pas de sniffez des cookies (c'est important) et portez vous bien!

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