Effervescente
Coucou c'est moi!
Pour tout vous avouez, je ne suis pas sur que j'ai envie de publier ce texte tel quel. Je trouve que rien ne va. C'est pas faute d'avoir essayé de l'améliorer, mais je n'arrive pas à en être satisfaite. Pourtant, ca fait un bail que je suis dessus. J'ai essayé de l'oublier plus de deux mois avant de retourner à la charge avec les idées fraîches, mais non.
Comme m'acharner dessus n'y change rien et que c'est contre-productif, j'ai décidé de faire bouger les choses : je l'ai posté.
Les critiques constructives sont les bienvenues!
Sirroco.
~~~
22h24. La fête bat son plein. Je suis bel et bien venu finalement, emportée par l'excitation du moment. Quelle idiote.
Le dos collé contre un mur, un verre rempli d'un liquide inconnu à la main, je suis pétrifiée. Comment décrire cette sensation... Je me sens comme un poulet dans un KFC. "Fuis!" me hurle mon cerveau désorienté par le bruit et les lumières. Mais je reste immobile, l'estomac ravagé par la peur. Triturant machinalement une mèche de mes longs cheveux blonds, je commence sincèrement à envisager de me fondre dans le mur. Je deviens paranoïaque. Le type là-bas, il m'a regardé, non? Et cette fille, est-ce qu'elle ne vient pas de chuchoter quelque chose à son ami en me dévisageant? Tout le monde se moque de moi, j'en suis sûr. Bon sang Lily, calme toi! J'ai la sensation que tout ce qui me compose est un outrage aux lois de ce monde festif. La tenue que j'ai peiné à rendre convenable semble faire tâche au milieu de toutes ses fringues décontractées que portent ceux qui déambulent autour de moi. Avec ma vieille chemise trop grande et mon jean troué, j'ai presque la sensation d'être en pyjama.
Se faufilant entre les danseurs, j'aperçois soudain Maud qui se dirige vers moi. Honteuse, je baisse les yeux. Elle est magnifique avec son crop top à paillettes et moi j'ai vraiment l'air de rien.
- Je te trouve enfin! Viens danser, aller! Me lance t-elle d'un ton enjoué.
Et avant même que je n'ai pu protester, elle me prend par les mains et je me retrouve au cœur du bruit, au cœur de la foule, baignée par les lumières polychromes. Elle est dingue. Elle est complètement dingue! Ma respiration s'accélère, mes doigts se resserrent sur les siens, je sens que je frôle la crise de panique. Son rire amusé couvre les lourdes basses qui cognent dans ma poitrine avec hargne, vrillant mes tympans avec délices. Je rougis jusqu'au oreille, intimidée par les corps qui m'entourent et me bousculent sans ménagement. Qu'est ce que je fais maintenant? Je ne sais même pas danser! Soudain, elle lâche mes mains. J'ai l'impression de perdre pied. Ma bouée de secours viens de me lâcher. À demi pétrifiée, je cesse de respirer. Le son devient acouphène dans mes oreilles.
Elle me sourit tendrement, replace une de mes mèches blondes derrière mon oreille. Plus rien d'autre n'a d'importance.
-Suis mes pas, j'arrive à lire sur ses lèvres.
Elle esquisse un pas sur la droite. Je l'imite. Un saut en arrière, un tour sur elle même. Je mime. Un déhanché sur la droite, un mouvement d'épaule.
La salle a disparue, il n'y a plus qu'elle. J'ai peur, et pourtant elle provoque en moi l'envie d'affronter le danger.
Contre toutes attentes, le rythme endiablé finit par me posséder et je commence à virevolter sous les flash de lumière épileptiques, tentant même quelques déhanchés imprudents. Soudain, je me sens effervescente, puissante. Avec elle à mes côtés, je suis protégée de la honte qui aurait dû me couvrir en cet instant. Je jette un œil à côté de moi et l'aperçois se laisser glisser comme un courant d'eau impétueux entre les autres danseurs, bouger ses membres frêles avec une grâce hargneuse. Sous la lumière noire, sa peau m'apparaît bleue. Maud n'est plus Maud. C'est un être mystique fait d'éclats d'étoiles.
Au bout d'un moment, on se retrouve face à face, à se renvoyer nos œillades et nos pas. Elle me taquine du regard, glisse parfois une main sur ma hanche ou mon épaule. Ses attaques sont presque fourbes. Soudain, la musique stop et on éclate de rire, tombant presque dans les bras l'une de l'autre. Mon rire est nerveux, maladif. Mais je me sens bien. Elle passe un bras autour de mon épaule et dépose un petit baiser sur ma joue, l'air de rien. J'ai du mal à y croire. Ça vient vraiment d'arriver? Moi, j'ai dansé sur cette musique spasmodique, j'ai dansé sous ces lumières chaotiques, j'ai dansé avec la fille la plus intense de la galaxie! Je m'écroule sur le canapé dans un râle épuisé alors que la musique redémarre, l'entraînant dans ma chute avec moi, pèle-mêle. Des spasmes de rire nous agitent encore et on reste dans cette position inconfortable quelques secondes encore. L'une sur l'autre, hilares, on prend juste le temps de reposer un peu nos muscles enflammés.
- Je sais pas danser! Je lance entre deux rires, étrangement désinhibée. Putain Maud je sais pas danser!
- Ouais, tu caches bien ton jeu c'est tout, me répond t-elle en redressant sa tête, amusée.
- Non, c'était vraiment grâce à toi. T'étais super à l'aise sur la piste. Pour une fille comme toi, rien de surprenant.
- Une... une fille comme moi?
Elle semble soudain se fermer. Un silence dont je ne comprend pas la signification s'installe. Puis, doucement elle se relève, prétextant une envie d'aller au toilettes et s'éclipse en m'adressant un dernier sourire, clairement forcé. J'ai dit quelque chose de mal?
Quant à moi, après avoir autant dansé, je pars à la recherche d'un verre rempli. L'alcool ne me semble pas si désagréable tout à coup. Je n'aime pas vraiment ça, mais peut-être que cela me donnera du courage, qui sait? Je m'approche donc de la grande table où un petit groupe discute, verres à la main. Je m'en sers un, puis m'appuie sur le rebord de la table pour le siroter tranquillement. Quelques dizaines de minutes passent sans que je ne la revoit. Deux verres, trois verres. L'alcool commence à me faire tourner la tête.
Et puis soudain...
Mes pupilles se rétractent, mon souffle s'étrangle. Sous les lumières, je l'aperçois se laisser tomber dans les bras d'un garçon un peu plus âgé, caresser sa peau de ses doigts fins, glisser ses bras autour de son cou. Elle passe une main dans les cheveux en bataille de son partenaire, effleurant son cou de ses lèvres taquines. Il la tient par les hanches, collant son bassin contre le sien dans un déhanché lent et appuyé. Doucement, elle s'élève jusqu'à son visage, les yeux clos comme une sainte. Leur bouche se croisent, leur langue s'entremêlent dans une sensualité qui me soulève le cœur. Je veux vomir. Je veux vomir. Je veux vomir.
La rage me brûle les lèvres et les yeux.
Sale pute.
N'y tenant plus, je m'enfuis, renversant quelques chaises au passage. Je m'en fous. Je m'en fous de cette fille, je veux juste disparaître. M'arracher le cœur et ne plus jamais rien ressentir d'aussi affreux.
En quittant la pièce, il me semble entendre mon nom, noyé par les basses assourdissantes.
Peu importe, je m'enfuis.
À peine mon manteau enfilé, je me rue hors de la maison. Le froid mord mon visage en sueur, de la buée se forme devant ma respiration saccadée. En passant le portillon du jardin, je manque de m'écrouler.
Et puis soudain, une main se resserre autour de mon poignet, me freinant dans ma course. C'est la sienne.
La colère se presse aux commissures de mes lèvres, explosive. Puis, tout dégénère. D'un revers de main, je la repousse avec toute la violence dont je suis capable. Ma gorge se déchire, je hurle de toutes mes forces.
- Ne me touche pas!!
Exaltée par la rage, je laisse mon feu exploser et l'attrape brusquement par les épaules. Finalement elle est comme les autres. Elle se moquait de moi depuis le début. Comment ai-je pu penser ne serait-ce qu'une seule seconde qu'une fille comme elle voulait bien d'une fille comme moi?
- Tu sais très bien pourquoi je suis venue ce soir. Alors pourquoi?! Tu trouvais ça drôle de me faire espérer pour rien, peut-être? Pour une fois, je pensais que c'était sincère.
La honte succède à la rage et me submerge. Je me tais. Pas de réponse. Livide, elle se laisse secouer comme un prunier, le visage tourné loin de mon regard de furie. Ses yeux dérivent vers les balançoires du jardin et se rétractent en de mince interstices, concentrant l'or de ses iris en de fines lignes.
Doucement, je décrispe mes doigts de ses épaules.
- J'avais tord. Tu t'es bien fichu de moi.
Cette fois, je murmure à peine, regardant moi aussi le sol. C'est pitoyable. On dirait une scène tout droit sortit d'une mauvaise comédie romantique.
- Lily, chuchote t-elle.
Silence. Long, pesant. Je n'ai plus rien à faire ici, alors je l'ignore et commence à m'éloigner.
- Ne pars pas, s'il te plaît.
Sa voix se brise de honte.
Ses pas couinent sur l'herbe humide.
Une chaleur écœurante m'entoure. Ses bras croisés sur mon ventre, sa poitrine pressée contre mon dos.
- Lâche moi, je dis sèchement.
Ses cheveux bouclés chatouillent ma nuque. Je frissonne.
- Maud, lâche moi putain!
Je me dégage de force. Ça ne m'amuse plus du tout. Les larmes me brûlent les yeux sans couler.
- À quoi tu joues?
- Je n'essaie pas de t'apitoyer. Quand je suis venue te demander de sortir avec moi, j'étais sincère. J'ai... j'ai embrassé ce type en croyant que tu ne voulais pas de moi...
Je ricane presque, haussant les épaules.
- C'est bon, arrête de te chercher des excuses. Va retrouvé ton crétin bodybuildé et fou moi la paix.
Je pose ma main sur le portail grinçant. Ma gorge se serre. Même d'ici, je peux entendre un soupire s'échapper de ses lèvres.
- Reste, s'il te plaît. Laisse moi une chance de m'expliquer.
- C'est ça, à plus.
- Je suis amoureuse de toi.
N'y tenant plus, je me retourne vers elle, le visage inondé de larmes. La colère et le dépit se noient dans ma confusion. Je ne sais même plus ce que je ressens à présent.
- Alors prouve le moi!
J'ai mal. Ça me crève le cœur de la regarder en face. Pourtant, quand elle s'approche de moi une seconde fois, je me laisse faire. Sa main atteint ma joue. Fébrile, elle passe ses longs doigts sur le bleu de mon âme. Sa douceur pénètre mes plaies et les agrandit. Cette amour me rend malade. Et quand ses lèvres sèches se posent enfin sur les miennes, je sais que je n'en guérirais jamais.
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