Nous nous retrouvâmes en plein milieu d'une des nombreuses tempêtes qui tourmentaient notre Grand Océan mondial. Les éclairs bleutés, qui nous entouraient, nous donnaient l'impression de ne pas avoir quitté le hangar de la frégate. Mais de fortes rafales vinrent vite nous prouver le contraire, faisant dangereusement basculer nos engins comme de vulgaires fétus de paille !

J'ordonnai immédiatement aux chasseurs et à la navette de me suivre... Nous sortîmes rapidement de la couche nuageuse. Mais une pluie torrentielle, ainsi que les flashs des éclairs, réduisaient toujours dangereusement notre visibilité.

Je vis alors en face de nous, dans la pénombre de fin de journée, une abbaye, semblant flotter à la surface de l'eau, tel un navire à la dérive. Une statue, représentant un ange en armure dorée terrassant un dragon, dominait son clocher pointu comme une aiguille venant chatouiller la base des nuages !

Une grande plateforme rectangulaire, attachée à l'enceinte de l'abbaye, surplombait les plus hautes vagues. Elle était éclairée par une multitude de torches, disposées à intervalles réguliers sur son pourtour. Cette construction audacieuse tranchait avec l'architecture massive de l'édifice. Elle me parut avoir été construite tout spécialement pour notre visite... Je n'attendis donc pas trop longtemps pour y poser notre formation, en espérant qu'elle soit suffisamment solide pour supporter le poids de nos appareils.

Une silhouette, sortie par la porte du bâtiment principal, vint à notre rencontre. Elle tenait une torche à bout de bras. Ses habits de moine, surmontés d'une cagoule, m'empêchaient de distinguer son visage. Elle me rappela celle de mon père m'attendant dans le rêve que je fis lors de mon arrivée sur Éden.

Le vacarme de la pluie et du vent, combiné au bruit de nos réacteurs qui s'arrêtaient nous empêcha de nous parler. Le mystérieux individu me fit signe de le suivre vers la porte restée entrouverte. Il en émanait une lumière intense qui semblait nous inviter à pénétrer cet étrange navire en forme d'église.

Lorsque nous fûmes à l'intérieur de l'édifice, trois autres personnages, vêtus des mêmes soutanes, nous donnèrent quelques serviettes afin de sécher nos visages trempés par la pluie. Ils nous menèrent vers une petite salle adjacente à l'énorme double colonnade qui soutenait la nef de l'abbaye. Une imposante table ronde trônait en son centre...

Je ne pus cacher ma stupéfaction lorsque je vis trois anges qui nous y attendaient. Leurs ailes étaient de la même taille et du même blanc éclatant que celles de Marie Madeleine ! Celui qui se trouvait au centre portait une armure dorée sur laquelle tombait sa longue chevelure blonde. Il me rappelait cette statue dorée trônant au-dessus de l'imposant édifice qui venait de nous accueillir. Ses deux congénères étaient vêtus de courtes toges blanches qui s'arrêtaient à mi-cuisse.

Lorsque les quatre individus nous ayant amenés ici se furent débarrassés de leurs lourds habits, trempés de pluie, je m'aperçus que leurs vêtements étaient faits du même tissu blanc. Ceux-ci descendaient par contre jusqu'au sol, leur donnant une allure beaucoup plus solennelle. Ils enlevèrent enfin leurs cagoules afin de nous dévoiler leurs visages...

Ils semblaient d'âge mûr et arboraient tous, à part la femme qui les accompagnait, une barbe plus ou moins longue. Leurs traits exprimaient une grande sagesse qui semblait venir nous illuminer dans la pénombre de cette salle, éclairée par quelques rares flambeaux...

— Bienvenue au sein de « la Merveille » : le véritable cœur de cette abbaye, annonça l'être ailé en armure. Nous sommes enfin réunis ici, dans la « Salle des Chevaliers ». Nous vous attendions avec impatience...

— Quel est cet endroit, et qui êtes-vous ? lui demandai-je.

— Nous sommes au sein d'une des pyramides de fortification de notre planète. Elle fut construite, en mon honneur, à la fin du premier millénaire de votre ère. Vous l'appeliez jadis le « Mont-Saint-Michel »...
Comme vous avez pu vous en apercevoir, sa base est à présent complètement immergée. Mais son portail, qui le relie au « Royaume d'Agharta », est resté intact. C'est de là que nous : les Archanges ainsi que les Maîtres Ascensionnés, avons continué, dans le plus grand secret, notre mission protectrice de l'humanité.

— Agharta ? demanda la fille dont l'esprit saturé de nouvelles informations était sur le point d'exploser.

— C'est le nom que nous avons donné à notre royaume : celui de la « Terre Creuse » ! Sa capitale s'appelle « Shambhalla ». C'est de là que nous entrons en contact avec vous lors de vos cérémonies de la pleine lune du Wessak...
Nous y conservons la totalité des anales akashiques de Gaïa, ainsi que celles de la galaxie tout entière ! Nous nous y sommes réfugiés lors de la chute de l'Atlantide et y œuvrons depuis à la libération définitive de votre planète de l'emprise des Forces de l'Ombre.

— Mais qui êtes-vous ? répétai-je alors en insistant sur le « vous ».

— Comme vous avez déjà pu le deviner, je suis l'Archange Saint-Michel : le Chef des « Légions Angéliques » et le maître de ces lieux. Deux autres Archanges m'ont accompagné ici afin de vous y accueillir. Il s'agit de Gabriel et de Raphaël.

— C'est marrant, interrompit l'indiscipliné. Nous sommes sept et vous êtes venus ici à sept pour nous accueillir ! Qu'est-ce que ce chiffre a donc de si spécial ?

— Je te l'expliquerai plus tard, lui répondis-je, quelque peu gêné par son attitude désinvolte... Et quels sont donc ces quatre Maîtres Ascensionnés qui vous accompagnent ? repris-je en les regardant.

— Je vais les laisser répondre à ta question, me dit l'Archange à l'armure dorée...

Celui qui semblait être le plus vieux des Maîtres prit alors la parole sans plus attendre :

— Je suis le Maître Melkisédech, le Régent de Shambhalla, et je vous souhaite la bienvenue. Je suis aidé dans ma tâche par onze autres Maîtres, cinq hommes et six femmes. Ensemble nous gérons les douze fréquences mères, dont émanent l'ensemble des couleurs...

Nous formons ce qui s'appelle « la Grande Fraternité Blanche ». Le blanc, comme vous le savez sans doute, est la somme de toutes les autres couleurs. Et les douze fréquences que nous représentons permettent l'incarnation de la conscience dans la matière. De chacun d'entre nous émane un centre de force où se focalise la Conscience Universelle...

Je me suis fait accompagner ici par les Maîtres Saint-Germain et Métatron, ainsi que par la Mère Sekhmet. Ces deux derniers sont chargés de la mise en place de la grille terrestre...
La Mère Marie, qui fait bien évidemment partie de notre groupe, m'a prié de l'excuser. Elle est actuellement fort occupée, loin d'ici, sur une petite lune appelée Éden... si je m'en souviens bien. Mais elle ne va pas tarder à nous rejoindre, car, comme vous devez vous en douter, nous aurons besoin de tous les Maîtres Ascensionnés pour arriver à accomplir la mission que vous avez appelée : « Dragon Bleu ».

— Et comment allons-nous nous y prendre ? demanda la fille.

— Vous allez devoir vous rendre dans un des lieux les plus sacrés de votre planète afin d'y retrouver les douze crânes que nous y avons cachés. Ils y sont en sécurité, car la montée des eaux les a immergés à une bonne dizaine de mètres de profondeur...
Cet endroit s'appelait jadis « Stonehenge ». Sa construction date d'il y a plus de dix mille ans ! Les ruines qui en subsistent furent endommagées par les cataclysmes du début du 21é siècle. Seul douze des nombreuses pierres qui composent cette gigantesque structure mégalithique restent encore debout...

C'est au pied de ces dernières que nous avons caché les douze crânes que vous devrez récupérer. Nous ne pouvons plus nous y rendre, à cause des nombreux monstres marins que les Anunnaki ont réimplantés dans nos océans. Nous aurons donc besoin de votre ingéniosité, ainsi que de votre courage, pour arriver à les récupérer !

— Et nous devrons les amener vers le chakra du cœur de la Terre, continuais-je en tentant d'écourter ce long discours...

— Exactement. Dans un lieu similaire à celui dans lequel nous nous trouvons actuellement : une petite église érigée également en l'honneur de l'Archange Saint-Michel. Il n'en subsiste plus qu'une tour, surmontant une colline appelée jadis « l'île d'Avalon ». Elle dépasse encore de la surface des eaux, tel un navire en perdition, de façon similaire à l'endroit où nous nous trouvons...

C'est là que fut enterré le roi Arthur en compagnie de sa reine Guenièvre. Ce fut également là que fut forgée sa légendaire épée « Excalibur », et que vécut la fée Morgane, accompagnée de nombreux autres êtres de deuxième dimension comme les dragons, les fées et les lutins ! Nous viendrons vous y rejoindre en compagnie de Max, lorsque vous aurez récupéré les crânes de cristal.

— Et c'est alors que nous allons, comme par magie, remplacer la méchante sorcière « Magnétosphère » par notre bon vieux roi « Firmament de Lumière », conclut l'indiscipliné que j'aurais bien aimé bâillonner pour son sens de l'humour tout à fait déplacé !

— Comme votre ami vient de le dire très pertinemment, reprit le Maître Melkisédech sans avoir été offusqué pour le moins du monde par sa remarque... ce ne sera que quand la très méchante Magnétosphère aura été désactivée par l'équipe du gentil Dragon Rouge qu'il nous sera enfin possible d'accomplir notre tâche. Il nous faudra attendre un signal de leur part avant d'agir ! C'est précisément pour cela qu'il sera très important de rester en contact avec eux...