26. Arrivée de la frégate
Quelques jours plus tard, la frégate arriva enfin aux environs d'Éden. Dès qu'elle fut en orbite autour de la petite lune son équipage se retrouva à nouveau en condition d'apesanteur, ce qui facilita grandement les préparatifs de l'assaut final. L'étrange vaisseau qui était venu à leur rencontre s'était, quant à lui, stabilisé autour de Luna... devenant ainsi l'un de ses nombreux satellites.
Le Second n'avait plus eu de nouvelles des membres des Forces Spéciales chargés d'observer le campement des Indésirables. Les préparatifs de leur mise en orbite, ainsi que le comportement bizarre de l'énorme vaisseau qui les avait rejoints, ne lui donnèrent pas le temps de trop s'en inquiéter.
L'instant était venu de contacter son équipe au sol afin de finaliser le plan d'attaque. Il leur lança quelques messages fréquents. Mais aucune réponse ne se fit entendre... Après de longues minutes d'attente, un appel lui arriva enfin :
— FXL350 de Bleus, comment nous recevez-vous ?
— Trois sur cinq, Bleus. Quelle est votre situation ? Nous n'avons plus eu de nouvelles depuis plus de deux jours. Quelle est la raison de votre silence ?
— Une forte tempête s'est à nouveau abattue sur notre position, Commandant ; elle vient à peine de se calmer. Ses perturbations électromagnétiques ont complètement déréglé notre matériel de communication. Mais le problème semble résolu à présent. Cette foutue météo ne nous a plus permis d'observer les activités des Indésirables, ni de l'équipe de l'Amiral. Ils se sont réfugiés dans le vaisseau cargo durant les intempéries.
— Et quelle est leur situation actuelle ?
— Ils viennent d'en sortir pour réparer leur campement. Les chasseurs et la navette ne semblent pas avoir souffert. Mais aucun signe de l'Amiral. Elle devrait toujours se trouver à bord du vaisseau.
— Semblent... Devrait... Nous n'avons que faire de vos suppositions Sergent, s'exclama le Second. Donnez-moi, au plus vite, des informations précises !
****
Pendant ce temps à l'intérieur de la Nouvelle Chance, les membres de l'escadrille spatio-temporelle s'inquiétaient de l'absence de leur Amiral. Elle n'était plus sortie de la cabine qui avait été mise à sa disposition depuis le début de la tempête.
Elle s'était fait apporter ses repas et avait demandé à ne pas être dérangée, jusqu'à nouvel ordre... Cela faisait bientôt trois jours qu'elle était revenue de sa dernière visite dans la grotte avec Jean. La tempête avait éclaté juste après leur réunion de la pleine lune où il leur expliqua la situation désespérée dans laquelle l'humanité se trouvait.
L'Amiral avait demandé que personne ne vienne la déranger, afin qu'elle puisse mettre de l'ordre dans ses idées... Ni le Commandant d'escadrille, ni Jean, n'avaient osé enfreindre ses directives. Ils se rendaient pertinemment compte que la décision qu'elle allait devoir prendre scellerait définitivement la destinée de chacun d'entre eux... Et tous deux semblaient prêts à l'accepter, quelle qu'elle soit !
Mais à présent que la frégate venait de se mettre en orbite autour d'Éden, le CO n'avait plus le choix. Il fallait qu'il aille prévenir sa supérieure ! Il se décida finalement à frapper à sa porte.
— Entrez Commandant, répondit-elle comme si elle l'avait attendu. Je suppose que vous venez m'annoncer que notre frégate vient d'arriver ?
— C'est exact Amiral. Ils essayent depuis quelques heures d'entrer en contact avec nous. J'attends vos directives...
L'Amiral enfila son uniforme et se rendit, en compagnie du CO, vers sa navette. Ils prirent place au poste de pilotage en attendant le prochain appel de la frégate.
Celui-ci ne tarda pas :
— Amiral, ici le Second. M'entendez-vous ?
— Cinq sur cinq Commandant. Quelle est votre situation ? lui répondit-elle.
— Nous serons prêts dans moins de vingt quatre heures. Nous sommes en train de finaliser notre plan d'action, comme prévu, en fonction des informations que nous avons reçues de nos Forces Spéciales. Comptez-vous venir nous rejoindre avant que nous n'intervenions ?
— Ce ne sera pas nécessaire, répondit-elle en regardant le CO dans les yeux. Nous avons la situation sous contrôle. Restez en orbite, prêts à intervenir, jusqu'à nouvel ordre. Je vous tiendrai au courant de mes intentions.
— Bien compris Amiral, répondit le Second, tout étonné. J'avais pourtant l'impression que vous étiez pressée...
— Et je le suis toujours, reprit-elle. Soyez-en persuadé ! Qu'est-il advenu du mystérieux vaisseau qui nous a accostés ?
— Plus aucune trace, Amiral. Il semble s'être mis en orbite autour de la géante gazeuse...
L'Amiral interrompit la communication pour s'adresser au Commandant d'escadrille.
— Je sais que vous attendez impatiemment mes directives. Vous comprenez certainement qu'il ne me fut pas facile de prendre ma décision. Voici ce que nous allons faire...
Elle lui expliqua, en détail, son plan d'action. Le CO sembla surpris, mais il acquiesça sans aucune discussion. Il lui demanda simplement :
— Quand comptez-vous annoncer la nouvelle aux Indésirables Amiral ?
— Je le ferai lors de la pleine lune, cette nuit. Mais je voudrais tout d'abord que vous alliez en discuter avec les membres de votre escadrille. C'est à moi que reviendra de prendre une décision finale, mais votre avis me sera fort utile. Vous en savez autant que moi à présent... Aidons tout d'abord nos futurs prisonniers à réparer leurs installations, comme si de rien n'était. Ils ne savent pas encore que notre frégate est arrivée en orbite, et c'est très bien ainsi.
Ils sortirent de la navette pour aller rejoindre Jean et ses compagnons occupés, avec les autres membres de l'escadrille, à reconstruire leur campement pour la seconde fois en très peu de temps ! La fille semblait avoir développé une affection toute particulière pour lui. Sans doute s'était-elle demandée, pendant toutes ces longues années, qui pouvait bien avoir été ce fameux pilote dont son aîné lui avait parlé de façon si élogieuse. Le fait de l'avoir enfin rencontré avait dû, quelque peu, lui faire tourner la tête ! Son attitude plus qu'amicale envers l'un des insurgés avait néanmoins tendance à inquiéter ses compagnons.
Marie Madeleine ne semblait pas non plus voir cela d'un très bon œil. Sans doute le fait d'entrer en concurrence avec une véritable femme la mettait-elle mal à l'aise. Elle réalisa alors combien elle s'était attachée à Jean, au fil de leur long voyage. Elle ne voulait pas le perdre... Mais elle se doutait bien que sa mission le forcerait bientôt à retourner vers la Fédération, en allant rejoindre ce monde qu'elle n'avait jamais connu.
Elle ne pourrait pas l'y accompagner. Ses enfants avaient besoin d'elle ici, sur Éden. Elle n'aurait plus alors qu'à espérer qu'il lui revienne sain et sauf, le plus vite possible ! Elle se contentait à présent de s'interposer, tant bien que mal, entre Jean et sa concurrente. L'envie ne lui manquait pas d'emmener cette dernière avec elle dans les airs pour lui montrer ce qu'était une véritable pilote !
Les heures passèrent dans l'insouciante reconstruction de leur petit monde... Jean et ses compagnons allèrent se coucher en fin de journée, l'esprit calme et reposé. Les membres de l'équipage de la frégate faisaient de plus en plus partie intégrante de leur petite communauté. L'Amiral s'en rendait pertinemment compte. Elle décida de s'adresser à ces derniers lorsqu'ils furent réunis dans leur tente commune, avant qu'ils ne s'endorment :
— Le Commandant et moi-même avons reçu un appel radio du Second il y a quelques instants. Notre frégate s'est mise en orbite. Elle attend mes ordres pour intervenir. Je leur ai demandé de ne rien faire pour l'instant... C'est exactement la raison pour laquelle je m'adresse à vous. Comme vous avez pu vous en rendre compte, les insurgés ne semblent pas être les sombres meurtriers que l'on nous a décrits. Mais ils n'en ont pas moins enfreint les commandements de la Fédération... Nous joindre à leur cause nous ferait devenir, tout comme eux, des hors-la-loi ! Si vous estimez que notre devoir est de continuer à accomplir notre mission, le reste de l'équipage sera certainement du même avis que vous... Prenez le temps d'en discuter. Je resterai seule dans la navette. Je n'entendrai donc rien de ce que vous allez vous dire. Je n'ai nullement l'intention d'influencer votre opinion. Venez me l'annoncer, dès que vous serez prêts, avant la pleine lune. Et ne vous méprenez pas ; c'est bien à moi, et à moi seule, que reviendra la responsabilité de nos actes.
Personne ne lui répondit. Ils avaient tous et toutes bien compris le message de l'Amiral. Ils la laissèrent partir avant d'entamer leurs débats...
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