Ses pas se succédaient l'un l'autre, tandis que la nuit se finissait doucement. L'orangé remplaça le bleu profondément apaisant, et il sourit, les yeux en l'air. Il allait pouvoir dormir, maintenant.

Il monta des escaliers quatre à quatre, silencieusement, pour ne pas réveiller la vieille, et se jeta dans son lit, avant que sa tristesse et sa mélancolie ne le rattrapent. Il avait peur de la vie. Depuis toujours. Elle était trop compliquée à comprendre, il avait du mal à profiter, il cherchait un sens à sa présence sans jamais trouver.

Il se sentait bête, ça oui. Surtout depuis que Silas n'était plus là.

Mais il n'y comprenait rien. Sauf la nuit.

La nuit le rendait infini, puissant, invincible, heureux. La nuit drappait tout d'un voile sombre, masquant les inquiétudes de la journée, laissant place à une beauté auquel lui seul était sensible. Il s'asseyait souvent sur un banc, les yeux dans le vague, une musique sans paroles lui vrillant les tympans et lui grillant l'âme.

Il se sentait tellement vivant, tellement là, quand il faisait nuit. C'était un sentiment qu'il adorait.

Chaque jour était une lente torture, il les passait à dormir et à travailler. Chaque nuit était une bouffée d'oxygène, un nouveau monde de possibilités qui s'ouvrait à lui. Et le sens de la vie lui paressait clair, quand les étoiles brillaient au dessus de sa tête.

Mais aussitôt le jour venu, ses belles convictions disparaisaient, et laissaient place à la même question.

"C'est quoi, le sens de la vie ? "

Être heureux, changer le monde, faire de beaux discours, inspirer le autres, sauver des vies ? Trouver l'amour ?

Je l'ai perdu, l'amour.