Silas était en face de lui.
Il était plus grand. Plus beau. Plus lui.
Il n'a pas accepté tout de suite. Il boudait un peu, évidement. Silas s'était ennuyé, sans lui, sans leurs baisers dans les arbres.

Il finit par faire son sac, et ils partirent, tout les deux, à la conquête du monde.

C'était beau, ce qu'ils avaient. Ils s'aimaient, et chaque endroit visité gardait un souvenir de leurs deux sourires éclatants.

Paris, Vienne, Barcelone, et des capitales d'Europe. Des concerts dans les rues, au son des violons. Des bars ou de gros musiciens faisaient rougir leurs joues en soufflant dans des trompettes. De longs convois d'oiseaux se détachant du ciel avec une netteté irréelle et magnifiques. Des maisons farfelues, colorées comme une peinture d'enfant. Des paysages époustouflants, des tours, des montagnes, des musées, des restaurants, des cafés, des magasins.

Ils sillonnaient l'Europe à deux.

Leurs jeunes yeux avaient vu beaucoup de choses, mais pas assez quand un problème conséquent arriva.

L'argent.

Il n'y en avait presque plus. Il se dilapidait vite, sans s'en rendre compte. Les deux hommes furent prendre un boulot, fixe, dans une petite ville d'Espagne.

Ils apprirent la langue, et cette situation dura une année. Une année difficile, pour les deux intrépides.

Ils compensaient le manque d'aventures dans des nuits faites de folies imprudentes et de baisers volés. Ils mettaient de côté, et logeaient chez une vieille dame du quartier, pour pas très cher.

Silas finit par se lasser. Ce n'était pas une vie de voyage, c'était une vie où ils s'enracinaient, et il détestait ça.

Les disputes commencèrent à s'insinuer dans leurs quotidiens, dans qu'ils s'en rendent compte. Ils se crachaient des mots moches, violents, blessants. Ils étaient malheureux, leurs nuits étaient calmes, désormais. Plus de complicité, plus de clins d'œil amusés.

Silas fut parti, un matin.

Et notre héros se retrouva seul, avec sa peine, son incompréhension, et sa solitude.