96. Dans ses bras ☑️

Mélody

- Tu dis n'importe quoi Mélody !

- Un aveugle le verrait ! Cette meuf, elle te kiffe.

Aaron me regarde, la mine étonnée.

- Meuf ? Kiffe ? Tu devrais arrêter de traîner avec Alice ! Elle a une mauvaise influence sur toi !

Je me mets à rire en attrapant une poignée de cacahuètes.

- Non mais sérieusement Aaron, elle te bouffe du regard, et toi aussi. Je l'ai remarqué tu sais !

Cela fait maintenant un mois et demi que je travaille auprès de mon ami, et tout se passe bien. Alice m'a expliqué les rudiments du métier, m'a fait des mémos sur les fonctions de l'ordinateur.

Bon, j'ai fait quelques bourdes, mais j'ai réussi à rattraper mes erreurs.

En plus d'être une excellente professeure, Alice est devenue une véritable amie, même si elle n'habite plus le coin. On se parle beaucoup par messages et l'on s'appelle deux fois par semaine. Je ne la remercierai jamais assez de tout ce qu'elle a fait pour moi.

- Tu dis n'importe quoi !

Je roule des yeux avant de me lever pour aller fumer. Il est terrible quand il s'y met !

- Je sais ce que je vois mon cher ami.

Il me suit à l'extérieur, et on s'installe sur le muret devant le café.

Aaron fait désormais partie du spectacle que nous créons à la clinique pour mon plus grand bonheur !

En effet Noah, qui devait être à mes côtés, s'est cassé le pied. Et il nous manquait une personne et j'ai supplié mon ami de nous rejoindre. Après avoir réfléchi quelques jours, il a fini par accepter.

C'est là qu'il a rencontré Jane, une patiente de la clinique. Ils s'entendent plutôt bien, et suis certaine qu'ils formeraient un joli couple !

Mais encore faut-il que mon ami le comprenne.

- Il n'y aura rien entre Jane et moi. Le débat est clos, il me dit, buté.

Mais bien sûr... On en reparlera d'ici quelques jours !

Évidemment, je garde cela pour moi !

- Ce soir j'ai rendez-vous avec Adam, on va au restaurant.

Je le vois se renfrogner. Quoi encore ?

- Mélody, je n'aime pas ce type.

- Ah non Aaron ! Tu ne vas pas recommencer !

Il soupire en se passant une main sur son visage. J'adore Aaron, vraiment, mais l'entendre me répéter de me méfier d'Adam, je ne peux plus le supporter !

- Mélody, ce gars je ne le sens pas !

La moutarde me monte au nez.

- C’est bon, Aaron, assez! Tu n’es pas mon père, et encore moins mon gardien.

Il fronce les sourcils, l’air blessé, mais je suis trop énervée pour m’arrêter là.

- Adam est mon ami ! Si tu n’arrives pas à accepter ça, c’est ton problème.

Je me lève brusquement, écrase ma clope et me dirige vers le café. Juste avant que je n'ouvre la porte, j’entends Aaron murmurer derrière moi :

- Mélody, je veux juste te protéger…

Je me fige un instant, les doigts serrant la poignée de la porte. Je pourrais me retourner, apaiser la tension, mais quelque chose en moi refuse.

- Peut-être que tu devrais commencer par me faire confiance, dis-je en ouvrant la porte.

- Il t'a embrassé Mélody, il t'a fait comprendre qu'il t'aimait bon sang ! Je me tourne vers Aaron, la main toujours sur la poignée. Il t'interdit de voir Tyler, tu ne trouves pas ça étrange ?

Tyler

Depuis cette journée horrible où Mélody m'a quitté définitivement, tout s’est effondré autour de moi.

J’ai tout essayé, tout ce que je pouvais imaginer, pour lui montrer à quel point elle comptait pour moi.

Mais chaque tentative était vaine.

Je me suis heurté à un mur invisible, à une indifférence qui me dévore. Tu ne me vois plus, tu ne m’entends plus, et c’est insupportable.

Je passe mes journées à vivre dans le passé, comme si rien n'était jamais arrivé.

J'ai vraiment tout fait de travers.

Je suis perdu sans elle. Je ne sais plus quoi faire.

Josh essaye de me secouer, m'invite à sortir, tente de me faire rire.

Je donne le change, mais je sais qu'il n'est pas dupe.

Je me lève du fauteuil et me poste devant la fenêtre, mains dans les poches. Mon reflet dans la vitre fait peur à voir. Je ne me reconnais plus.

Quelle merde.

La dernière fois que nous nous sommes parlés avec Mel, elle a refusé de me voir.

Enfin, pas vraiment refusé, elle m'a juste dit qu'elle n'était pas encore prête.

Le sera-t-elle jamais ?

Rien n’a plus de sens, rien ne m’apporte de réconfort.

Même pas le retour des beaux jours.

Une voiture se gare devant la maison, me sortant de mes pensées moroses.

Qui peut bien venir me casser les pieds ? Je ne veux voir personne !

Génial. Il ne manquait plus que lui. Qu'est-ce qu'il me veut ?

J'hésite à ouvrir alors qu'il sonne à la porte. Après tout, rien ne dit que je suis chez moi. Pas de musique, pas de bruit.

Ça insiste, ça sonne, cogne à la porte.

- Tyler, je sais que tu es là ! Ouvre-moi !

Il me tutoie maintenant ?

D'un soupire las, je me dirige vers l'entrée et déverrouille la serrure.

Je ne prononce aucun mot, alors que l'homme face à moi me détaille de la tête aux pieds.

- Tu fais peur à voir Tyler.

Je croise les bras et tape du pied. Ce n'est pas le jour à venir m'emmerder.

- Il faut qu'on parle, il me dit au bout de quelques minutes. C'est important.

- Je n'ai rien à dire au mec qui saute Mélody.

Il a un rire gêné, mais continue de me regarder.

- Qu'est-ce que tu veux ? Il semble chercher ses mots, ce qui me gonfle. Je n'ai vraiment pas de temps à perdre avec toi. Bonne journée.

Je referme la porte mais il glisse son pied et la bloque.

- Je n'en ai pas pour longtemps.

Je soupire et fini par le laisser entrer.

On s'installe dans le salon et je vois qu'Aaron observe autour de lui. Il écarquille les yeux en voyant le mur près du piano.

- Wouah... C'est un mausolée !

- Je suis chez moi, je fais ce que je veux.

- Oui bien sûr, mais là, il y a combien de photos de Mélo ?

Je me mords la langue en entendant ce con utiliser ce surnom. Il n'en a pas le droit !

- Qu'est-ce que tu veux ? Je répète, agacé.

Il braque son regard sur moi avant de s'asseoir sur le canapé sans attendre que je ne lui propose. Je commence à perdre patience.

- C'est l'anniversaire de Mélody samedi, merci, je le sais ! Et j'organise une fête pour elle. J'aimerai que tu viennes.

- Je ne pense pas qu'elle ait envie de me voir.

- Moi je crois que si. Tu lui manques beaucoup.

Je croise les bras, et lui lance un regard noir.

- Je n'ai franchement pas envie de vous voir coller l'un à l'autre et encore moins de vous voir vous rouler des pelles !

- Tyler, Mel et moi ne sommes pas un couple !

- Vous couchez ensemble, c'est pareil !

Il secoue négativement la tête, avant d'inspirer un grand coup.

- C'est arrivé oui. Mais nous n'avons aucune relation sentimentale Tyler.

J'éclate de rire en entendant ces propos. Il me prend vraiment pour le dernier des cons ! Ils baisent ensemble mais ils n'ont aucune relation ? Laisse-moi rire.

- A ta tête, il reprend, je vois que tu ne me crois pas. Pourtant c'est la stricte vérité. Tu lui manques, elle parle sans cesse de toi, et..

- Elle connait mon numéro il me semble ! Si je lui manquait vraiment, elle m'aurait appelé !

- Si tu lui manques. Mais elle suit les conseils de son psy à la con !

Je fronce les sourcils. Aurait-il lui aussi des doutes concernant Adam ?

- Psy à la con ?

Il hoche positivement la tête.

- Je doute sur ces intentions Tyler. Mel suit assidûment ses séances à la clinique, et tout se passe bien. Mais dès qu'elle a une discussion avec Adam, elle retombe dans ces travers. Il s'arrête quelques instants de parler, semblant réfléchir à ses futurs paroles. Avant-hier par exemple, elle a passé sa nuit à pleurer. Elle se braque et je n'arrive plus à communiquer avec elle.

- Ça t'empêche pas de la sauter !

Aaron se lève d'un bond du sofa, pose sur moi un regard noir, et serre ses poings.

- Ça suffit Tyler ! Il crie. Je ne suis pas là pour parler de ce que je fais ou pas avec Mel ! Mais là pour essayer de te faire ouvrir les yeux bordel ! Et surtout, j'ai envie de voir Mel enfin heureuse ! Et d'ailleurs, pour quelle raison ça te touche que je couche avec ? Je n'aime pas ce ton soupçonneux. Tu devrais être content ? T'es libre avec ta Mégane non ?

Je devrais lui en coller une dans sa jolie petite gueule ! Je me retiens, ce n'est pas le moment ! Il n'y a rien qui va dans ma vie, je n'ai pas envie d'en rajouter une couche. Mais putain, je lutte !

- Tu sais ce que je crois Tyler ? Je crois que tu te souviens de tout. Je crois que tu as sciemment menti à Mélody.

J'avale difficilement ma salive et je sens mon visage pâlir.

- Tu dis n'importe quoi, je rétorque en détournant le regard.

- Arrête de me mentir, Tyler. Pourquoi tu n'as pas dit la vérité à Mélody ?

Je ne réponds rien. Je n'ai pas à expliquer le pourquoi du comment à qui que ce soit, et certainement pas à lui !

- Cela a avoir avec Adam, n'est-ce pas ?

Mon cœur rate un battement. Comment est-ce qu'il sait ça ? Je serre les dents, essayant de ne rien laisser transparaître, mais mon silence est sans doute plus éloquent que je ne le voudrais. Il s'approche de moi, lentement, son regard perçant fixé sur moi.

- Je le savais... Mais pourquoi ? Pourquoi ne pas lui dire que ta mémoire est revenue ? Vous pourriez être heureux ensemble au lieu d'être malheureux seul.

Je détourne le regard, sentant la colère monter en moi. Il parle comme s'il comprenait, comme s'il savait tout. Comme si...

- Tu ne sais pas de quoi tu parles, dis-je enfin, la voix plus froide que je ne l'avais prévu.

- Alors explique-moi ! crache-t-il. Parce que pour le moment, tout ce que je vois, c'est que tu es en train de tout détruire entre Mel et toi.

- C'est pour protéger Mélody.

- Protéger Mélody ? Il ricane. La protéger de quoi, hein ? Explique-moi Tyler ? Je reste muet en serrant les poings. Tu sais Tyler, je ne suis pas dans ta tête, ni dans celle de Mel, mais ce dont je suis sûr, c'est que vous êtes fous l'un de l'autre. Vous êtes fait pour être ensemble, et vous laissez un pseudo psy vous détruire, pour que lui, puisse la sauter, mais pour les années à venir Tyler ! Je relève la tête vers Aaron, fixant son regard inquiet. Il est amoureux de Mel ! Un aveugle le verrait !

Je serre les dents, un mélange de colère et de frustration montant en moi. Aaron continue de parler, ignorant ma tension palpable.

– Tyler, écoute-moi. Ce mec, il joue avec vos têtes. Il vous manipule, toi et Mel, et tu le sais très bien. Alors pourquoi tu restes là, sans rien faire ?

Je baisse les yeux, le souffle court. Parce que je ne sais pas quoi faire. Chaque fois que je tente de la protéger, de lui ouvrir les yeux, elle se braque. Elle le défend. Et ça me tue.

– Tu crois vraiment qu’elle a besoin d’être protégée de lui ? J'insiste, ma voix pleine de scepticisme.

Je secoue la tête, incapable de trouver les mots. Il ne comprend pas. Mel et moi, on partage quelque chose de plus profond que tout ça. Mais ce type… il a trouvé un moyen de s’immiscer entre nous, de distiller des doutes. Et maintenant, elle se tourne vers lui, plutôt que vers moi.

– Tyler, tu ne peux pas rester les bras croisés. Si tu continues comme ça, tu vas la perdre pour de bon.

Je le sais. C’est ça qui me ronge. Cette peur de la voir glisser entre mes doigts. Mais chaque fois que j’essaie de la retenir, j’ai l’impression de la pousser encore plus loin.

– Tu crois vraiment qu’il est amoureux de Mel ? je murmure finalement, brisant le silence tendu.

Aaron hoche la tête.

– Pas qu’un peu. Il est obsédé par elle. Il se sert de ses faiblesses, de ses insécurités pour l’attirer à lui. Et toi, tu es là, à regarder ça se dérouler sous tes yeux.

Son regard croise le mien, intense, presque accusateur. Une part de moi veut lui hurler qu’il a tort, que Mel et moi avons un lien que personne ne pourra jamais briser. Mais une autre part, plus sombre, me murmure que peut-être, juste peut-être, il a raison.

– Qu’est-ce que tu veux que je fasse, alors ? je lâche, la voix rauque.

Aaron me fixe un instant, puis sourit tristement.

– Bats-toi pour elle. Avant qu’il ne soit trop tard.

**

Mélody

J'observe du coin de l'oeil, Adam tapotant sur l'écran de son téléphone. Je ne comprends vraiment pas pourquoi Aaron le déteste. Il est gentil, toujours présent pour moi, et disons-le, il m'a sauvé lorsque je voulais mourir. Sans lui, je serais probablement morte de chagrin, ou je me serais ôtée la vie.

Non, vraiment je ne comprends pas.

D'accord, il m'a embrassé, il m'adore, mais est-ce que cela fait de lui une mauvaise personne ?

- Alors, comment se passe tes répétitions ? Il me demande en posant sont téléphone.

- Plutôt bien ! Nous sommes une bonne petite équipe.

- Ravi de l'entendre ! Et puis cela te permet de penser à autre chose.

Je lui souris, puis nous discutons de tout et de rien en attendant nos plats.

Je l’observe, essayant de comprendre ce qu’Aaron lui reproche. Adam est là, assis en face de moi, tout à fait détendu, à l’aise dans ses gestes, comme s’il n’avait rien à cacher. Pourtant, quelque chose m’échappe, et je ne peux m’empêcher de me rappeler la méfiance d’Aaron à son égard. Pourquoi ce malaise ?

Il est vrai que Tyler s'en méfie aussi, mais pas pour les mêmes raisons. Lui, il est plutôt jaloux de mon amitié avec Adam tandis qu'Aaron, n'a rien à gagner en détestant mon ami.

Mon ancien psy parle, me sourit, et tout en hochant la tête à ses propos, je tente de lire entre les lignes de ses paroles, de capter le moindre signe révélateur du manipulateur qu'il pourrait être.

Rien ne semble suspect dans son attitude, il paraît honnête, peut-être un peu trop. Mais peut-être est-ce justement ça qui me trouble : il est si charmant, si sûr de lui, que cela en devient presque dérangeant.

- Merci, je dis à la serveuse qui vient de poser mes lasagnes devant moi.

- Merci, enchaine Adam. Pourquoi tu prends toujours des lasagnes ?

Je hausse les épaules, avant de lui dire que j'aime tout simplement ce plat.

- Ma mère m'en faisais souvent quand j'étais petite.

- Ah ? Tu ne m'as jamais vraiment parlé d'elle, il rétorque en coupant son steak.

C'est vrai. Je n'en parle jamais. Depuis qu'elle est décédée, j'évite de l'évoquer, comme si garder le silence me protégeait d'une douleur plus profonde.

- Elle était comment ? demande Adam, sa voix plus douce cette fois, comme s'il craignait de me brusquer.

Je prends une profonde inspiration. Ce n’est pas que je ne veux pas en parler, c’est juste que les souvenirs sont parfois plus aiguisés que je ne le voudrais.

- Elle était... pleine de vie. Toujours à sourire, à trouver le bon côté des choses. Même quand tout allait mal, elle faisait en sorte que je ne le ressente pas. Elle adorait cuisiner. Les lasagnes, c'était son plat fétiche.

Je laisse un sourire furtif se dessiner sur mes lèvres, mais il disparaît aussi vite qu'il est venu.

- Ça te manque ? poursuit Adam, les sourcils légèrement froncés, comme s'il cherchait à comprendre ce que je ressens.

Si cela me manque ? Il en a encore beaucoup des questions aussi stupide ?

- Tous les jours, je murmure néanmoins. Mais c’est plus compliqué que ça. Ce n'est pas juste l'absence... c'est ce vide qu’elle a laissé, ce silence.

Je ne m'étends pas sur le fait qu'elle était malade, qu'elle ne savait même plus qui j'étais. Cette foutue maladie a fait mourir ma maman deux fois.

Adam reste silencieux un moment, puis repose calmement son couteau et sa fourchette. Je sens son regard sur moi, mais je garde les yeux rivés sur mon assiette, les souvenirs dansant devant mes yeux, aussi clairs que le jour où tout a changé. Je sens les larmes envahir mes yeux.

- Désolé, dit-il finalement. Je ne voulais pas te faire de mal.

Je secoue la tête, tentant de chasser la mélancolie qui me submerge.

- Non, c'est bon. Parfois, il faut parler de ces choses-là.

Parfois oui, mais pas avec lui.

Le reste de la soirée se passe plutôt bien, entre rire et silence paisible.

Après le resto, nous nous sommes promenés dans les rues presques désertes, puis il m'a raccompagné jusqu'à mon nouveau chez moi.

Là, il a de nouveau essayé de m'embrasser, mais je lui ai fait comprendre que je n'avais toujours pas changé d'avis. Je l'aime bien, mais c'est tout.

Il m'a sourit furtivement, avant de me souhaiter une bonne nuit.

Maintenant que je suis seule dans l'appartement, ma tête se remplit de souvenirs de maman. Cela me fait du bien de voir ces images.

Elle me manque tellement ! J'aimerais l'avoir près de moi, pouvoir lui parler, lui raconter mes malheurs du quotidien.

Pourquoi fallait-il qu'elle s'en aille si vite ?

Je soupire en me laissant tomber sur le canapé et attrape mon téléphone que j'avais posé sur la table.

Je fouille dans mes photos, et agrandi celle que je préfère. Maman et moi devant nôtre petite maison à Washington, le jour de notre emménagement.

Son sourire est magnifique, ses yeux brillants, nos têtes collées l'une contre l'autre...

Maman, nous étions tellement heureuses !

Je retiens mes larmes une nouvelle fois.

Moi

Maman me manque.

Sur un coup de tête, j'envoie un message à Tyler. C'est idiot, il ne se rappelle même pas de ma vie ! Il ne sait que quelques bribes de mon passé ou du nôtre ! Qu'elle idiote !

Tyler

Je n'arrive pas à trouver le sommeil. Cela fait plus d'une heure que mes yeux fixent le plafond. Cela devient la routine à force ! Ma conversation avec Aaron ne cesse de me hanter. Cela ne fait que confirmer ce que Josh pense, et ce que je crois aussi.

Mais comment ouvrir les yeux à Mélody ? Comment sortir de mon mensonge ?

Adam a réussi à tisser une toile autour Mélody, mais je refuse qu'elle y reste.

Je refuse qu'Adam en fasse une proie, ou que sais-je encore ! Aaron a raison, je dois me battre pour elle, pour nous, avant qu'il ne soit trop tard.

Mon téléphone émet un son, signe d'un message. Je l'attrape et je suis surpris de voir le nom de Mel s'afficher.

Mélody ❤️

Maman me manque.

Moi

Je le sais qu'elle te manque. Je n'ai peut-être pas retrouvé toute ma mémoire, mais je sais qu'elle est partie. Je suis désolé Mélody.

Mélody ❤️

J'aimerais que le Tyler d'avant soit là. Il m'aurait serrer dans les bras, m'aurait rassurée. Lui aussi me manque terriblement.

J'ai envie de hurler, de tout lâcher, de courir vers la femme que j'aime et de tout lui avouer. Je déteste la savoir mal et de ne pas pouvoir l'aider, de ne pas la consoler.

Moi

Le Tyler que tu aimes, est là, quelque part en moi Mélody. Il va revenir, j'en suis sûr. Fais lui confiance.

Mélody ❤️

Je n'espère plus. Lui aussi m'a oublié, comme ma mère l'a fait avant de mourir. Bonne nuit Tyler.

Mélody

Tu veux que je vienne ? Je te sens mal, laisse-moi t'aider.

Je n'ai pas de réponse à ma question. Putain de merde ! Je ne sais pas quoi faire. Est-ce que je vais chez elle ? Est-ce que je contacte Aaron ? Je sais qu'il s'est rendu chez des amis pour la soirée, mais...

Je me lève rapidement du lit, enfile en quatrième vitesse mes vêtements.

Je ne peux pas la laisser comme ça !

**
Je me gare devant l'immeuble, sort rapidement de la voiture et appelle Mélody.

- Oui ?

- Tu veux bien m'ouvrir ? Je suis en bas.

La communication se coupe et la porte d'entrée s'ouvre.

Je fonce dans le hall et me dirige vers l'ascenseur. Merde, c'est à quel étage ?

Je n'ai pas le temps de rappeler Mel, que je reçois un message de sa part. 5 éme étage.

Pourquoi ce putain d'ascenseur est si lent ? Je tape du pied, énervé. Mel va mal, et ce soir, elle était avec Adam.

Aaron a raison. Putain les soupçons de Josh, d'Aaron et les miens se révèlent vrais ! Adam la manipule pour mieux l'attirer à lui !

Arrivé à l'étage, je cherche la porte d'entrée.

J'entends une porte se deverouiller, aussi je m'y rends et vois dans l'encadrement, le visage triste et auréolé de larmes de la plus belle des femmes.

Mon cœur rate un battement, puis un second. Je ne peux pas supporter de la voir dans cet état.

Je m'approche doucement, mon regard s'accroche à celui de ma jolie brune. Ses yeux, semblent presque éteints, ternis par la tristesse qui l’envahis.

Sa bouche, fine et délicate, tremble sous le poids des émotions, et malgré sa fragilité apparente, je remarque qu'elle tente de maintenir une posture digne, comme si elle refusait de s’effondrer totalement. Ses bras sont croisés devant elle, comme pour se protéger, mais ses doigts, crispés sur les manches de son pull, trahissent son désarroi.

Son expression me déchire un peu plus. Je voudrais parler, trouver les mots justes pour apaiser sa douleur, mais rien ne semble vouloir sortir de ma gorge, rien d'assez fort pour guérir sa souffrance.

Sans réfléchir davantage, je brise la distance entre nous.

- Mélody... Je murmure, ma voix presque cassée par l’émotion.

Je tends la main, hésitant un instant, avant de finalement poser mes doigts sur son bras, un geste léger, presque imperceptible. Mais cela suffit.

En un instant, toute la distance qui nous séparait s’efface. Je l’attire doucement contre moi, et mes bras s'enroulent autour d'elle.

Je la serre contre moi, laissant ma chaleur l’envelopper, espérant que, même sans mots, elle comprendrenne que je suis là, que jamais je ne la laisserait affronter sa tristesse seule.

Mélody

Je ne m'attendais pas à le voir débarquer ici. Et encore moins passer ma nuit avec lui. En tout bien tout honneur, évidemment.

Cela m'a fait du bien d'avoir retrouvé la chaleur de ses bras, presque comme avant.

Quand il est apparu devant moi, j'ai espéré, prié même, pour qu'il m'enlace. Et ma prière a été exaucée.

Pendant un instant, j'avais retrouvé ma place, entre ses bras. Cette endroit où je pensais rester pour l'éternité.

Mon cœur s'est mis à battre fort contre ma poitrine, tandis que mon corps frissonnant se collait au sien.

Comme avant.

Après quelques minutes, j'ai fini par me détacher de son étreinte, pour lui offrir un sourire léger. J'ai effacé mes larmes d'un revers de la main, et j'ai plongé mon regard dans le sien.

- Merci, je lui ai murmuré. Entre.

- Pourquoi me remercier Mélody, il m'a rétorqué en carressant mon visage.

J'ai haussé les épaules et me suis écarter pour le laisser passer.

Une fois dans l'appartement qu'il a observé avec attention, on s'est installé sur le sofa, avec un café.

Pendant un moment, nous n'avons pas prononcé un mot, chacun de nous perdu dans ses pensées.

Nous étions bien.

Et puis, Tyler a brisé le silence.

- Je n'aime pas te savoir triste, il m'a dit, comme si il répondait à la question que je ne posais pas. Alors je suis venu.

Je lui ai souri, encore et encore.

- C'est ce qu'aurait fait l'ancien Tyler.

A son tour, il m'avait offert son beau sourire, celui qui fait ressortir ses faussettes. J'ai cru que j'allais craquer et lui sauter dessus pour les embrasser.

- Je te l'ai dit, l'ancien Tyler est là, il est juste encore endormi.

Endormi. Mais pour combien de temps encore ?

Je ne me fais pas de film, je sais qu'il ne reviendra certainement pas. Me faire une raison est très compliqué. Mais j'avance progressivement. Chaque jour est une nouvelle victoire.

- Tu as laissé en plan ta copine pour venir me voir ? Je lui ai demandé alors que nous étions toujours enlacés.

Il s'est crispé avant de se détendre légèrement. Il m'a alors expliqué qu'il était chez lui lorsque je lui ai envoyé le message, et que dans tous les cas, il n'avait pas de compte à lui rendre.

Cela m'a fait sourire intérieurement, même jubilé... C'est une réaction de gamine, j'en conviens. Mais il a préféré ma compagnie à la sienne.

- Tu voudrais qu'on aille à Washington ? Sur la tombe de ta maman ? Il m'a murmuré contre mon oreille.

Alors j'ai craqué. Je me suis mise à pleurer encore et encore. J'en avais besoin.

Tellement besoin. Ces dernières semaines ont été tellement difficiles ! Le manque cruel de Tyler, de ses bras, de sa chaleur. Les séances avec mon nouveau psy qui me poussent dans mes retranchements... Les répétitions, le travail.

Et maintenant ma mère

Tout s'est accumulé. Et il fallait bien que ça sorte.

Il faut absolument que je lève le pied, que je trouve quelque chose où je pourrais m'évader.

Mais quoi ?

Je me laisse tomber sur le fauteuil, et ferme les yeux.

Faire le vide, c'est déjà un bon début.

Tyler, je t'aime.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top